A chacun sa façon de jardiner bio

Loin du sectarisme de certains, je n’ai jamais voulu cantonner ma pratique potagère à tel ou tel courant : biodynamie, permaculture, bio-intensif…

Je respecte évidemment le droit à chacun de s’inscrire dans l’un ou l’autre de ces courants, mais je ne peux approuver ceux qui affirment que seule leur pratique est viable et réellement écologique. Car non seulement, ils font montre de prosélytisme aveugle, mais ils manquent alors aussi cruellement de discernement.

Non que je sois fermé à ces approches, bien au contraire. Mais plutôt que de prendre pour argent comptant ce que préconisent par exemple les biodynamistes ou encore les adeptes de la permaculture, je préfère puiser dans chacune de ces approches les pratiques ou techniques qui conviennent le mieux à mon environnement spécifique, mais aussi à moi-même.

En effet, tout comme une technique sera adaptée ou non à un climat ou un sol donné, chacun a une sensibilité et des aptitudes qui lui sont propres.

À mon sens, il convient donc non pas d’adapter celles-ci à la biodynamie ou à la permaculture, mais au contraire d’adapter la biodynamie et la permaculture à son environnement et ses convictions personnelles… Tout en essayant de trouver une cohérence globale.

Les principaux courants de jardinage biologique

Définissons le bio (ça peut se discuter, mais simplifions les choses) comme la pratique générale englobant toutes les autres.

Par bio, j’entends toutes les techniques culturales respectueuses de la nature (pas d’engrais ni de traitements chimiques, pratiques respectueuses de l’environnement), donc notamment aussi de l’humain.

Le Bio “Minimaliste”

Je me contente de ne pas apporter d’engrais chimiques et de ne pas traiter mes cultures avec des pesticides de synthèse…

Cette façon de procéder est évidemment insuffisante : jardiner bio doit impliquer une remise en question de sa façon de faire ou de voir les choses.

On ne peut se contenter de remplacer les produits chimiques par des produits naturels.

Comme je l’ai déjà souligné à maintes reprises, un insecticide, qu’il soit chimique ou naturel, aura pour effet la mort de nombreux insectes, dont souvent des “auxiliaires*” et créera de fait un déséquilibre dans la chaîne de vie…

*Notez que je mets le terme “auxiliaires” entre guillemets, car il n’y a en réalité pas plus d’auxiliaires que de ravageurs… Mais des déséquilibres éventuels qui vont faire qu’un insecte sera en surnombre et deviendra alors un ravageur, ou encore qu’un prédateur aura disparu, ne pouvant de fait effectuer son travail de régulation des populations.

Dès lors que l’on a pris conscience de cela, on va nécessairement aller chercher un peu plus loin, à commencer par le mouvement permaculturel par exemple.

La Permaculture

La permaculture donnera en particulier cette dimension supplémentaire qu’est la globalité d’un environnement.

On en tirera une idée de la conception de son jardin en prenant en compte ses différents composants (sol, exposition, climat, végétation existante, matériaux naturels disponibles, etc.).

Des pratiques plus spécifiques, comme la culture sur buttes par exemple, feront leur apparition à ce stade de nos recherches. Mais avant de la mettre éventuellement en œuvre, osons nous poser une première question “Cette pratique est-elle bien adaptée à l’environnement particulier qui est le mien ?” (j’en parle ici par exemple).

Et continuons notre exploration…

La Biodynamie

Disons-le clairement la biodynamie présente un aspect plus “magique” du jardinage.

En effet, et ce même si les propriétés des principales plantes utilisées en biodynamie sont aujourd’hui connues et confirment ce que transmettait Rudolf Steiner dans Agriculture Fondements spirituels de la méthode biodynamique, les tenants et aboutissants des préparations biodynamiques n’en demeurent pas moins mystérieux pour beaucoup.

Pourtant, force est de constater des effets bénéfiques des pratiques issues de la biodynamie…

Aussi, là encore, on pourrait se contenter d’utiliser les préparats biodynamistes… Pour ma part, j’ai surtout retenu les qualités des plantes utilisées et cette idée qui en découle de renforcer préventivement les résistances naturelles des plantes.

On retiendra également cette même notion de globalité qu’en permaculture. Ou encore le fait de jardinier en fonction des planètes.

Mais on peut aussi et surtout ouvrir des portes de perception et de communication avec la Nature (tout comme je l’ai évoqué dans un précédent article).

L’Agro-Foresterie

L’agro-foresterie nous relie directement à la Nature.

En plongeant notre activité de jardinage dans les bois, ou la forêt, on cherche avant tout à engendrer le moins de déséquilibre possible et à favoriser une biodiversité importante…

Avec l’agro-foresterie, on va essayer de transposer les conditions de la forêt dans notre jardin… Avec pour intérêt majeur une véritable recherche d’équilibre au sein du jardin, mais également d’avoir nombre de matériaux directement à portée de mains (feuilles mortes, branchages à broyer…)

On parle aujourd’hui plus facilement de jardins-forêts, une approche qui connaît un réel engouement… Avec toutefois des limites importantes :

  • L’ombrage, qui dans certaines conditions (régions très chaudes ou cultures ne supportant pas un trop fort ensoleillement) sera bénéfique, va, au fur et à mesure de son développement, poser un réel problème d’ensoleillement (les légumes-fruits en particulier ont besoin de beaucoup de soleil…).
  • Les racines des arbres : tant que l’arbre est jeune, ses racines seront peu développées, et cela ne posera pas de problème de concurrence. Mais lorsque l’arbre grandit, ses racines se développent aussi – on considère en gros que le système racinaire colonise toute la surface se trouvant à l’aplomb de l’arbre… Dès lors ces racines vont non seulement prendre la place (on risque par exemple de les blesser en plantant un légume…) mais surtout, elles vont puiser une grande partie des éléments nutritifs présents dans le sol… Et les légumes auront alors bien du mal à pousser.

Bref, cette approche, aussi séduisante soit-elle, est à aborder avec la plus grande prudence.

J’y puise pour ma part l’idée d’implanter des arbres (fruitiers ou pas) dans mon jardin… Mais tout de même à une certaine distance des cultures potagères.

La Culture Bio-Intensive sur petite surface

Cette approche consiste a cultiver très serré (en général sur des buttes) et à se faire se succéder rapidement les cultures.

Elle est notamment présentée par Jean-Martin Fortier dans son livre “Le jardinier maraîcher – manuel d’agriculture biologique sur petite surface

Cette pratique, visant à une productivité maximale, est à priori assez opposée à mon éthique personnelle.

Néanmoins, l’idée de serrer un peu plus les cultures et donc la meilleure couverture du sol qui en résulte me plaît assez ; pour peu que l’on ait une terre suffisamment riche ou des matières organiques en abondance pour répondre aux besoins forcément plus conséquents de la culture (et donc ne pas appauvrir le sol par des exportations trop importantes d’éléments minéraux ou de devoir acheter des engrais…).

Le potager en carrés (ou bacs de culture)

Je veux parler ici plus particulièrement des carrés de potager sur-élevés ou pas (les planches bordant les carrés de culture au sol n’étant pas à franchement parler une approche particulière).

Les carrés de potager sont aujourd’hui une façon de jardiner très en vogue.

Cette approche présente en effet de nombreux intérêts :

  • Cela permet de jardiner sur des terres incultes, voire carrément sur une terrasse ;
  • L’entretien des cultures est facilité par rapport à des cultures au sol ;
  • Les cultures sont ainsi naturellement protégées de nombreux ravageurs ;
  • Grâce aux carrés sur-élevés, les personnes souffrant du dos peuvent continuer à jardiner (on en trouve par exemple fréquemment dans les maisons de retraite aujourd’hui).

Notez toutefois que cela demande soit un investissement assez conséquent, si on achète les carrés de potager, soit de se débrouiller en bricolage, comme le propose Loïc Vauclin avec des plans à télécharger ici.

Une Recherche en Constante Evolution

Pour moi donc, pas de sectarisme. Ma pratique potagère est un melting-pot de toutes ces approches.

Ici et là (en fait, on la retrouve partout) j’ai puisé cette notion essentielle de globalité, de respect de toutes formes de vie pour favoriser la biodiversité et donc une meilleure protection des cultures.

L’agroforesterie, outre la mise à disposition de matériaux carbonés (utiles notamment pour le compost, des buttes-lasagnes ou plus simplement à la structure d’un sol) donne une dimension supplémentaire à notre jardin : la verticalité, porteuse de multiples formes de vie et en favorisant d’autres par l’ombrage qui en résulte (ombrage qui pourra finalement devenir problématique comme nous l’avons vu plus haut).

La biodynamie m’a ouvert des portes : celles des préparations à base de plantes (mais pas forcément les préparats biodynamisés…) et d’autres liées aux énergies moins perceptibles…

La culture bio-intensive sur petite surface remet en cause certaines règles établies (comme l’espacement des plants par exemple) et nous incite par exemple à expérimenter.

En réalité, moins que le courant choisi, ce qui importera au fond, c’est bel et bien ce que l’on fera des enseignements reçus.

Et au fond, si je devais résumer en une phrase ce que j’ai voulu exprimer ici, cette phrase serait “Jardiner Bio, c’est garder l’esprit ouvert !“. À l’opposé donc d’une position figée sur telle ou telle façon de voir les choses.

Pour la mise en pratique, je vous invite à cliquer maintenant ici.

Mais vous-même, quels sont vos sensibilités ? Vous êtes-vous forgé une pratique propre à vous-même et à votre environnement ? Dites-le nous dans les commentaires ci-dessous.

S’abonner
Notification pour
guest
4 Commentaires
Le plus récent
Le plus ancien Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
0
    0
    Votre panier
    Votre panier est videRetourner sur la boutique
      Calculer les frais de livraison