Nous nous intéressons aujourd’hui au drainage d’un jardin.
Dans certains jardins, ou parfois simplement à certains endroits du jardin, l’eau ne s’infiltre pas correctement dans le sol.
Elle stagne en surface, formant des flaques d’eau ou rendant la terre très spongieuse.
C’est notamment le cas dans certains jardins avec un sol argileux.
Or, une humidité excessive sera néfaste pour vos cultures :
- Les graines ou les racines peuvent pourrir ;
- Les maladies cryptogamiques sont fréquentes.
Dans ces conditions, drainer le sol sera alors peut-être une solution à envisager.
Mais ne drainez pas une terre légère, qui s’assèche déjà facilement… Vous ne feriez qu’augmenter les besoins en arrosage.
Qu’est-ce que le drainage ?
Le drainage consiste à évacuer ou favoriser l’infiltration de l’eau en excès dans un sol.
En d’autres termes, on va rendre le sol plus perméable à l’eau.
Pour cela, on aura recours à différents procédés, des plus simple aux plus complexes…
Comment drainer un sol de jardin ?
Drainage à la plantation
Cette solution consiste à simplement creuser des trous de plantation beaucoup plus larges et surtout profonds que la motte qui viendra s’y loger :
- Vous placerez, au fond du trou, des pierres (ou galets) sur 30 ou 40 cm d’épaisseur ;
- Vous pouvez également apporter du gravier par-dessus pour améliorer encore le drainage ;
- En terre vraiment lourde, mélangez-y du terreau ou du compost mûr pour l’alléger. Je déconseille le sable comme on le voit souvent… Argiles et sables ne se mélangent pas et vos cultures n’apprécieront pas cette terre mal structurée.
Cette solution est certes relativement simple à mettre en place, mais ne peut s’appliquer qu’aux plantations d’arbres et arbustes. Elle n’est pas adaptée au potager…
Drainer en ouvrant des sillons
Une autre solution consiste à ouvrir des sillons en plusieurs endroits de votre jardin :
- Par exemple avec une bêche, creusez des sillons relativement étroits et profonds (la largeur et la hauteur de la bêche conviennent en général très bien) en différents endroits du jardin, et de préférence, dans le sens de la pente (s’il y en a une) ;
- Remplissez ensuite ce sillon avec du sable de rivière.
L’eau s’infiltrera dans ces sillons et asséchera votre jardin.
Il est évident que plus le terrain est humide, plus nombreux devront être les sillons.
Creuser un fossé
Dans le même ordre d’idées, vous pouvez également creuser un fossé soit simplement dans la partie basse, soit autour de votre jardin.
En cas de fortes pluies, l’eau viendra s’écouler dans ce fossé, assainissant ainsi (temporairement) votre jardin.
Creuser un puits perdu
Il s’agit ici de creuser une fosse profonde de 1 m 50 environ et suffisamment large (carré de 1 m 50).
Placez du géotextile au fond et à remonter sur les bords de la fosse.
Remplissez ensuite ce puits de pierres (ou de vieilles tuiles brisées), puis enfin de graviers et de sable.
L’eau en excès ruissellera dans cette fosse et finira par s’infiltrer en profondeur.
Poser un drain
C’est là la solution la plus durable, mais impliquant des travaux importants.
La pose d’un drain s’effectuera en 3 étapes.
1re étape – Creuser un réseau de tranchées
- Commencez par creuser, au centre du terrain, une tranchée dans le sens de la pente ;
- Creusez ensuite, avec une bêche et une pioche (souvent nécessaire) des tranchées perpendiculaires (tous les 4 ou 5 mètres) rejoignant la tranchée centrale. Et ce en formant une pente (de 1 % minimum) s’inclinant vers la tranchée centrale ; ceci afin de permettre l’écoulement de l’eau.
Comme pour les sillons, la largeur d’une bêche sera parfaitement adaptée. Il faudra par contre creuser plus profondément, en tout cas si vous voulez pouvoir cultiver par-dessus. Ceci afin d’éviter d’atteindre les drains avec vos outils de jardinage. Mais aussi pour que les racines puissent se développer au niveau de la terre.
Sachant que les plantes potagères ont besoin d’une trentaine de cm de terre et que vous devrez recouvrir la gaine (5 à 7 cm pour elle-même) de 20 cm de graviers minimum, il faut donc prévoir une profondeur minimale de tranchée de l’ordre de 60 cm.
Les arbres ne pourront pas être plantés sur des drains. Ils devront être largement décalés (les racines s’étalent aussi en largeur…) par rapport à ceux-ci.
2e étape – Poser le drain
- Afin d’éviter que les drains ne se bouchent par la suite, mettez tout d’abord un feutre de jardin, plutôt épais, et imputrescible, au fond des tranchées et remontant de chaque côté jusqu’au niveau du sol ;
- Déposez ensuite une gaine spéciale drainage (ce sont des gaines perforées, annelées ) en PVC (les tuyaux flexibles sont également possibles, mais beaucoup plus difficiles à maintenir en place), de 50 à 70 mm de diamètre (plus le sol est humide, plus une gaine large sera efficace pour permettre un écoulement rapide de l’eau). Assurez-vous que la gaine suive bien une pente vers l’évacuation (vers le bas du terrain, un fossé ou mieux encore une mare pour le drain central, et vers le drain central pour les drains perpendiculaires).
3e étape – Combler les tranchées
Recouvrez les gaines de graviers (diamètre 30 – 50 mm), sur au moins 20 cm d’épaisseur ;
- Repliez les côtés du feutre par-dessus les graviers ;
- Comblez les tranchées avec de la terre de jardin.
Une autre approche du “drainage”
(mise à jour du 19/01/2020)
J’ai présenté ci-dessus des techniques de drainage tel que défini dans le dictionnaire Larousse, à savoir (Drainage = Évacuation, spontanée ou facilitée par un réseau de drains ou de fossés, de l’eau en excès dans un sol trop humide.).
J’ai donc omis de parler de techniques culturales permettant elles aussi, finalement, de favoriser l’évacuation des eaux en excès.
Les débats nés dans les commentaires ci-dessus m’ont amené à remettre en cause ma première approche de la question…
En effet, si l’on prend la deuxième définition suivant dans ce même dictionnaire, on peut lire “Drainage = Ensemble de procédés et opérations mis en œuvre pour favoriser cette évacuation ; aménagement des surfaces en vue d’accélérer l’évacuation des eaux.”
Gilles et Alain ont donc tout à fait raison de nous parler de buttes surélevées !
La technique préconisée par Alain, consistant également à creuser des allées me semble encore plus appropriée.
Voici ce que dit Alain : “Dans ma terre très argileuse, j’ai donc creusé des allées de 40 ou 50 centimètres de large qui servent de drains. Puis, j’ai utilisé de la volige pour surélever mes planches de culture où j’apporte beaucoup de compost en plus du couvert permanent. En quelques années (moins de cinq ans pour être précis) ma terre lourde et collante est devenue comme du terreau. A chaque pluie, les allées sont remplies d’eau qui s’infiltre ensuite lentement dans le sol, sous les planches de culture, le complexe argilo-humique et la porosité du sol, désormais, permet de stocker l’eau pour les besoins des plantes. Mais en surface, mes planches ne sont jamais submergées.”
Dans le même ordre d’idées, nous pourrions aussi parler ici des engrais verts…
Ajoutons à cela que, comme nous en a alertés Manou également dans les commentaires, que le drainage, en tout cas certaines techniques de drainage, ne sont pas sans conséquence d’un point de vue écologique. En effet, en évacuant les eaux en excès, plutôt qu’en les faisant s’infiltrer dans le sol, on contribue à l’assèchement du sol, avec des conséquences pouvant être catastrophiques (Incendies… et inondations des terres vers lesquelles sont évacuées ces eaux).
Bref, dans le premier “jet” de cet article, je pense avoir manqué de recul… Et je remercie Gilles, Alain et Manou de m’avoir interpellé !
Alors, au final, plutôt que de chercher à évacuer ces eaux en excès, n’est-il pas plus judicieux de mettre en place des pratiques culturales adaptées à ce type de sol ? C’est en tout cas ce que je pense…
Et vous-même, qu’en pensez-vous ?
Vos réflexions et contributions sont bienvenues pour continuer le débat, et contribuer ainsi à l’élaboration de pratiques efficaces, mais aussi, et surtout, plus respectueuses de notre environnement, dans les commentaires ci-dessous…
Bonjour à tous
J’ai un sol assez argileux et la nappe phréatique est proche de la surface. Du coup, cet hiver (très pluvieux !) : sol gorgé d’eau pendant plusieurs mois.
Or j’ai au fond du jardin un trou d’environ 1 m3. Forcément au printemps il était rempli à ras bord et j’ai pu utiliser cette eau pour arroser le potager (planches surélevées de 15 – 20 cm et paillées en permanence). Maintenant le trou est vide et je me demandais s’il ne serait pas possible de retenir cette eau plus longtemps, pour faire une vraie citerne alimentée uniquement par drainage du sol environnant. L’idée serait une fosse de 2 m x 1 m (prof. 2 m) dont les parois seraient faites de plaques pour clôtures béton : l’eau peut percoler pendant tout l’hiver (entre les plaques), mais au printemps elle repasse beaucoup moins vite dans le sol puisqu’elle n’est pas “aspirée” par la terre des parois.
Je ne sais pas si je suis clair. Vos avis m’intéressent, je ne trouve rien sur le Net à ce sujet.
Bonjour,
A mon sens, l”eau n’est jamais en excès sur un terrain ! Il faut juste apprendre à faire avec pour la valoriser au mieux.
Plutôt que de vouloir l’évacuer à tout prix, il semblerait plus intéressant de se pencher sur comment la stocker pour la rendre disponible en cas de besoins. Pour cela, et c’est d’autant plus facile dans les terres lourdes, donc argileuses, il semble interessant de mettre en place des mares. Elles sont alors des réserves d’eau pour l’arrosage estival tout en étant d’importants réservoirs à biodiversité. Certes une mare prend un peu de place mais nul besoin de recréer le lac Léman dans son jardin. Il faut l’adapter à la taille de son jardin voir privilégier la création de plusieurs petits points d’eau : limitation des trajets lors de l’arrosage, entretien facilité et création de plusieurs sortes de milieux aquatiques pour la faune et la flore. On joue alors sur la profondeur (possibilité de descendre sur plusieurs mètres au centre même sur une mare de petite taille : on obtient alors le principe du puits évoqué dans l’article de Gilles mais qui n’est pas rempli rebouché de pierres pour garder utilisable l’eau), sur la découpe des berges,… Et si on mets en place plusieurs mares dans son jardin, il est possible de les relier par un petit ruisseau créant alors un nouvel écosystème bénéfique pour l’environnement et oeuvrant au drainage du terrain alentour. On joint alors l’utile à l’agréable en créant un réseau hydrologique trop souvent absent des jardins et pourtant vital à son bon fonctionnement.
Et bien entendu, tout le travail d’allègement de la terre est complémentaire et nécessaire pour réussir ses cultures. Mais il est bénéfique que s’il s’inscrit dans le cycle de la nature et répond à quelques règles de bases :
– Pas ou peu de matières organiques déjà décomposées : en forêt, qui a déjà vu des lutins épandre du terreau. L’écosystème du sol est fait de façon à être capable d’assurer l’intégralité de la décomposition de la matière organique qui lui parvient alors il est préférable de le couvrir directement de feuilles mortes, de pailles,… et de laisser faire la nature pour ne pas rompre cet équilibre.
– Pas ou peu de travail du sol pour ne pas bouleverser cet équilibre (même le passage de certains outils les plus “naturels” peuvent perturber le sol de manière assez catastrophique suivant la période d’utilisation et la nature du sol. Et encore une fois, point de lutins en forêt pour travailler le sol et des plantes poussent.
– …
Mais ce n’est pas le sujet de l’article alors je m’arrêterai là.
Il faut juste retenir que si tout le monde évacue l’eau dans les réseaux, comme c’est le cas actuellement quasiment partout en ville, on accroît fortement les risques de catastrophe “inondations” tout en asséchant son terrain et limitant son infiltration dans le sol ne permettant pas alors aux nappes phréatiques de se remplir correctement.
Il est donc nécessaire de remettre en place une gestion dynamique et intégrée de l’eau à tous les niveaux.
En m’excusant pour la longueur de ce post,
Naturellement votre,
Louis.
Bonjour Gilles, j’ai visionné cette vidéo. si on adhère, il ne faut plus utiliser la dernière solution d’un drain pour préserver la terre. Qu’en penses tu? Merci pour tes conseils.
Bonjour Manou,
Merci pour ce lien intéressant (même si le discours est un peu confus) qui soulève une réflexion importante.
Je pense qu’il a raison dans le fond. Les catastrophes “naturelles” telles que les inondations ou feux à répétition sont bien des conséquences de l’activité humaine.
Bétonnages à tout va (en premier lieu à mon humble avis) et évacuations systématiques des eaux pluviales sont bien en cause.
Cela dit, remettons les choses dans leur contexte. Nous parlons dans cet article, au niveau d’un jardin, d’aider des sols de nature humide à sécher un peu plus vite; évidemment pas d’assécher un peu plus des sols qui le sont déjà (ce qui se pratique malheureusement souvent en agriculture intensive).
Mais, en effet, il est sans doute préférable de privilégier des puits perdus (les fossés auront le même effet que les drains); ou tout au moins de drainer vers une réserve plutôt que vers un fossé… La solution alternative au drainage, préconisée par Gilles dans un commentaire précédent est peut-être également une meilleure option…
Amicalement,
Gilles
Concerné par ce cas de figure, j’ai résolu le problème en créant des planches surélevées d’environ 18cm (une hauteur de solivette). Et en pratiquant le jardinage sur sol couvert en permanence depuis maintenant 4 ans, j’ai vu ma terre s’améliorer profondément grâce à la faune du sol.
Petit à petit, le problème disparaît et je commence à récolter des légumes-racines, chose impossible auparavant.
Merci Gilles pour vos conseils bien utiles.
Amitiés jardinières,
Gilles
Merci Gilles
Cultiver sur buttes sur-élevées est en effet une autre solution pour en terres humides.
je n’en ai pas parlé dans cet article, car ce n’est pas un drainage à proprement parler.
Bonne journée
Gilles
Houps ! C’est vrai que j’étais un peu hors-sujet.
Pardon et bon courage
Merci
Gilles
Ne vous excusez pas Gilles !
Même si elle déborde un peu du sujet, la remarque n’en ai pas moins intéressante et méritait d’être faite !
A bientôt
Gilles
Bonjour Gilles
Je pratique la même méthode que vous, semble-t’il, qui m’a été inspiré par la technique des andains, qui, n’en déplaise à Gilles le Jardiner est bel est bien une pratique ancestrale de drainage, utilisée notamment en boulbènes battantes.
Avec l’âge, j’ai décidé l’extrapoler cette méthode et de surélever le sol ce qui me permet de moins avoir à me baisser. Dans ma terre très argileuse, j’ai donc creusé des allées de 40 ou 50 centimètres de large qui servent de drains. Puis, j’ai utilisé de la volige pour surélever mes planches de culture où j’apporte beaucoup de compost en plus du couvert permanent. En quelques années (moins de cinq ans pour être précis) ma terre lourde et collante est devenue comme du terreau. A chaque pluie, les allées sont remplies d’eau qui s’infiltre ensuite lentement dans le sol, sous les planches de culture, le complexe argilo-humique et la porosité du sol, désormais, permet de stocker l’eau pour les besoins des plantes. Mais en surface, mes planches ne sont jamais submergée.
Cette façon de procéder n’a absolument rien à voir avec la culture sur buttes, car le sol des planches, ou andains, est travaillé à l’aérobèche (ou autre) comme un sol normal en jardinage naturel.
Bonjour Alain,
Il ne m’en déplaît pas !
Au contraire, je vous remercie de votre intervention.
J’ai rédigé cet article suite aux demandes de plusieurs lecteurs.
Et me suis donc concentré sur les techniques de drainage tel que défini dans le dictionnaire Larousse (Drainage = Évacuation, spontanée ou facilitée par un réseau de drains ou de fossés, de l’eau en excès dans un sol trop humide.)”. D’ailleurs, pour ce qui vous concerne, par rapport à ce que dit Gilles, vous creusez en plus les allées… qui elles, du coup vont bien former des drains.
J’ai donc omis des pratiques culturales pouvant s’y apparenter (on pourrait aussi parler par exemple des engrais verts ici)…
Et d’ailleurs, la deuxième définition figurant sur ce même dictionnaire vous donne raison (“Ensemble de procédés et opérations mis en œuvre pour favoriser cette évacuation ; aménagement des surfaces en vue d’accélérer l’évacuation des eaux.”)
J’ai donc tord et vais, de ce pas, compléter mon article en tenant compte de vos réflexions.
Pour finir, et pour être tout à fait franc, je suis d’ailleurs plus favorable aux solutions que vous préconisez qu’à la mise en place de drains…
Cordialement,
Gilles
Bonjour Gilles , bon à savoir ,toujours content de te lire ,amicalement