Comment adapter notre façon de jardiner aux changements climatiques ?

Les changements climatiques en cours (n’en déplaise aux climato-sceptiques, le réchauffement est bien réel), qui ne peuvent que s’accentuer dans les décennies à venir (même si nous cessions toute émanation de CO² du jour au lendemain, le réchauffement continuerait encore un moment), nous obligent à adapter nos pratiques.

Nous nous intéresserons aujourd’hui plus précisément aux conséquences des bouleversements en cours et à leurs implications au jardin.

J’ai d’ailleurs répondu à une interview sur ce sujet (« Jardiner avec un climat qui change ») pour le magazine Kaizen (Hors Série N°17 paru ce printemps et consacré à l’autonomie au jardin).

Le sujet m’intéressant au plus haut point, j’ai accepté l’invitation.

Et l’interview, réalisée au téléphone, a duré environ 1/2 heure…

Mais, à la lecture de l’article en question, au demeurant intéressant, j’ai constaté qu’il n’y subsistait que quelques phrases (souvent tronquées), oubliant des « détails » à mon sens essentiels dans mon propos.

Aussi, et puisque l’on est jamais mieux servi que par soi-même, j’ai décidé d’écrire mon propre article.

Avant d’essayer de voir comment nous pouvons adapter notre façon de jardiner aux changements climatiques, commençons par explorer les conséquences de ces changements dans nos jardins.

Conséquences des changements climatiques au niveau du jardin

Les conséquences de ces changements climatiques sont d’ores et déjà visibles dans nos jardins (Mais là encore, les climato-sceptiques préfèrent croire des pseudo-scientifiques, ou des scientifiques dont le climat n’est pas la spécialité… plutôt que ce qu’ils peuvent eux-mêmes constater de leurs propres yeux…), et s’accentuent considérablement ces dernières années.

Voyons lesquels.

Conséquences des canicules au jardin

Depuis quelques années, les périodes caniculaires sont de plus en plus longues et intenses en été.

Par exemple, chez moi, dans la première décennie du XXI èm siècle, les canicules ne duraient que quelques jours… Mais depuis 3 ou 4 ans, elles durent facilement 2 ou 3 semaines, voire un mois entier comme l’an passé.

Et je parle ici de températures autour de 40°C !

Or, au-dessus de certaines températures (variables selon les espèces, et même les variétés), une plante ne peut plus se développer…

J’observe ainsi un ralentissement, ou même carrément un arrêt, du développement de la végétation de nombre de cultures.

L’été dernier, des salades, en plein mois de juillet, ont carrément grillé…

Ces canicules ont même eu pour effet des floraisons avortées (en particulier de tomates).

Et les vagues de chaleur vont s’accentuer (voyez ici par exemple)…

Nous devons donc en tenir compte si nous voulons pouvoir continuer à jardiner (on voit comment plus bas).

Conséquences des sécheresses au jardin

De même les sécheresses sont de plus en plus longues en été.

Tout au moins chez moi.

Je me dois de préciser ici que le microclimat régnant dans mon secteur est assez particulier (et lié à l’activité humaine).

Mon jardin se situe en effet dans la vallée de la Dordogne, entre 2 barrages hydro-électriques.

Et ces barrages ne font pas barrage qu’à l’eau de la rivière, mais aussi aux orages !

Très fréquemment, des orages éclatent sur les coteaux ou au-delà… Je les vois et les entends… Mais la pluie d’orage ne tombe pas dans la vallée.

Or, les pluies d’orage sont bien souvent les seules sources de pluies en été dans ma région.

Pluies d’orage dont mon jardin ne bénéficie que trop rarement… avec pour conséquence secondaire une prolongation des périodes de canicules (les températures baissant après un bon orage).

Et même si je mets en œuvre quelques pratiques utiles pour préserver les ressources en eaux (pratiques que nous verrons dans la deuxième partie de cet article), il n’en demeure pas moins que les nappes phréatiques baissent, que mon puits s’assèche et que mes réserves d’eau s’épuisent.

Bon…

Ce petit cas personnel exposé, il est indéniable que les périodes de sécheresse deviennent de plus en plus fréquentes et durables dans la majorité des régions, même habituellement peu sujettes à ce phénomène…

Et que les nappes phréatiques atteignent, tout au moins en été, des niveaux catastrophiques un peu partout (voyez par exemple ici pour ce qui concerne l’été 2019).

Heureusement, tout au moins grosso-modo dans la partie Ouest de la France, les précipitations des autres saisons viennent compenser les manques de l’été. Ce qui fait qu’en fin d’année, les nappes souterraines retrouvent des niveaux corrects.

Mais ce n’est pas le cas dans l’Est.

(voyez ici les données de janvier 2021, après une période caniculaire et sèche très conséquente dans bien des régions).

Des « anomalies » climatiques désastreuses

Les bouleversements climatiques en cours entraînent des phénomènes aux conséquences désastreuses pour le jardin (mais pas seulement).

Ainsi des averses de grêle de plus en plus fréquentes (?) et surtout très violentes (mais heureusement localisées) viennent de plus en plus souvent détruire des cultures entières.

De même les gelées tardives ont fréquemment raison des floraisons de fruitiers. Il y aura peu de fruits cette année dans bien des régions… Non pas qu’elles soient plus fréquentes ou plus tardives (au contraire), mais, comme les floraisons sont elles plus précoces (Encore une preuve du réchauffement climatique… Par exemple, en Suisse, les floraisons surviennent en moyenne 3 jours plus tôt chaque décennie, depuis les années 60 – en 60 ans. C’est donc 3 x 6 = 18 jours de précocité de « gagner »…), elles deviennent plus exposées aux gelées printanières (voir ici).

Il serait sans doute hâtif d’intégrer ici le type de printemps auquel nous avons droit cette année, c’est-à-dire particulièrement pluvieux et frais… Mais ça fait partie des hypothèses de projections soutenues par certains climatologues.

En rédigeant le plan de cet article, j’avais également noté « tornades plus fréquentes et puissantes »…

Mais mes différentes recherches documentaires (voyez ici l’une de mes sources pour les tornades en France) préalables à sa rédaction m’ont permis de corriger cette idée reçue.

En fait, la France compte quelques dizaines de tornades, en général localisées, chaque année.

C’est normal.

Et ces tornades sont pour la plupart de faible intensité (des vents aux alentours de 100 km/h).

Il y a toutefois, très rarement, des tornades particulièrement dévastatrices, comme celle ayant frappé la ville de Hautmont, dans le Nord, le 3 août 2008….

Ce qui frappe évidemment les esprits, nous laissant à penser que les tornades deviennent de plus en plus violentes…

Or, il n’en est rien.

Ainsi, une tornade tout aussi violente avait touché Palluel (Pas de Calais) en 1967 ou, un peu plus loin Montville (Seine Maritime) en 1945.

Ce n’est donc que la rareté de ces tornades d’une ampleur exceptionnelle qui nous fait imaginer que le phénomène s’accentue… Pas la réalité des faits.

Dans cette partie de mon article (comme dans les autres d’ailleurs), j’ai essayé d’être le plus objectif possible, comparant différentes sources. Mais nous manquons encore clairement de données fiables concernant certains phénomènes… Les « anomalies » ici répertoriées ne doivent donc pas être prises comme vérités absolues et sont de ce fait sujettes à discussion…

Ce qui n’est pas le cas de la perte de biodiversité, indéniable, dont il va maintenant être question…

Perte de biodiversité et prolifération de certaines populations animales

Un rapport de Planète Vivante note un déclin, au niveau mondial, de 68 % des populations de vertébrés (mammifères, oiseaux, amphibiens, reptiles et poissons) entre 1970 et 2016 (voir ici).

Ce déclin, en grande partie directement lié aux activités humaines (et les destructions d’habitats sauvages qui en découlent), est certes moins important en occident (de l’ordre de 24%) que dans d’autres parties du monde (avec un summum en Amérique du Sud… avec un taux effrayant de 94% de déficit !).

Mais cette différence est à mon sens à relativiser, car sans doute liée au fait que nous avions déjà perdu de nombreuses espèces animales avant les années 70…

Voyez ci-dessous le rapport 2020 Planète Vivante :

20200910_Synthese_Rapport-Planete-Vivante-2020_WWF-min

 

Quel que soit le niveau de déclin des populations de vertébrés, les changements climatiques, alliés à la perte de biodiversité, favorise la prolifération de certaines populations animales, et en particulier d’insectes.

En effet, les « prédateurs » (mammifères, oiseaux, amphibiens et reptiles pour ce qui concerne le jardin) se faisant de plus en plus rares, les populations ne sont correctement régulées.

Depuis quelques années, je constate par exemple des invasions de punaises (chez moi, mais aussi à travers vos témoignages).

Et il y a fort à craindre que ces déséquilibres soient de plus en plus nombreux dans les années à venir.

Mais alarmer n’est pas suffisant.

Agissons tous, dans la mesure de nos moyens et de nos influences.

Ainsi, si je peux contribuer, humblement, à ce que vous entrepreniez, à votre niveau, ne serait-ce que celui de votre jardin, quelques actions concrètes pour la préservation de la biodiversité, cet article aura été utile.

Et voyons maintenant comment nous pouvons agir pour ce qui concerne nos jardins…

Changements climatiques : quelques pistes de réflexions au jardin

Le constat que nous venons de faire a évidemment des répercussions sur nos jardins.

Voici quelques pistes de réflexion (ou, pour certaines, je l’espère, des actions déjà entreprises dans votre jardin) pour aborder au mieux notre façon de jardiner, face aux changements climatiques, dans les années et décennies à venir :

  • Favoriser une grande diversité végétale (arbres, arbustes, fleurs, zones sauvages) pour équilibrer les populations animales, mais aussi pour maintenir une certaine fraîcheur au jardin en périodes chaudes ;
  • Mettre en place des systèmes de récupération des eaux de pluies (cuves, mares), notamment en prévision des sécheresses estivales (et éviter de puiser dans les nappes souterraines…) ;
  • Développer la pratique du paillage, non seulement pour économiser l’eau, mais aussi pour protéger et favoriser la vie dans le sol (qui fait partie de la biodiversité) ;
  • Espacer les arrosages dans le temps, pour rendre nos cultures moins dépendantes de nos arrosages, et les rendre plus résistantes par la même occasion (je développe ça dans cette courte vidéo) ;
  • En périodes chaudes, arroser le soir (pour limiter les pertes par évaporation si arrosage le matin ou pire en plein soleil) et au sol, c’est-à-dire au pied des plantes (il y a un gros gaspillage d’eau avec les arrosages en aspersion… Et arroser au pied évite bien des maladies cryptogamiques) ;
  • Au printemps, ou lors de journées fraiches en été, arroser de bonne heure le matin (avant que le soleil ne brille) ;
  • Sélectionner des variétés plus résistantes à la chaleur et à la sécheresse, et adaptées à votre environnement (climat, sol). Ceci à partir de nos propres observations et d’échanges avec nos voisins. (Chaque année, testez différentes variétés et essayez de voir celles qui se comportent le mieux dans ces conditions) ;
  • Adapter nos semences, en les reproduisant nous-mêmes, à moins d’eau (voir mon article sur Pascal Poot) ;
  • Envisager la mise en place d’ombrages : treilles amovibles pour limiter les rayonnements du soleil sur les cultures – mais cela s’avère assez problématique pour les légumes fruits (qui ont besoin de luminosité) ;
  • Profiter de cultures hautes (haricots à rame, tomates, topinambour… pour cultiver, à l’ombre de ces cultures, des espèces craignant particulièrement la canicule (notamment les salades ou les radis en été) ;
  • Maintenir une vigilance accrue par rapport aux « anomalies » climatiques, réfléchir à des moyens de protection adaptés et les mettre en œuvre (et partager les solutions que vous aurez pu découvrir…) ;
  • Nous pouvons même peut-être envisager de cultiver des espèces de contrées chaudes : citronniers, orangers, avocatiers, légumes tropicaux…

Pour aller plus loin, Nicolas Larzillière présente une formation pratique afin de nous aider à concevoir un potager productif avec peu d’eau.

Table ronde Terre Vivante sur le sujet du réchauffement climatique au potager (mise à jour 5 juin 2021)

Le sujet est d’actualité !

Terre Vivante a justement organisé une table ronde, avec pour sujet « Comment adapter son potager au réchauffement climatique ? »

Il m’a donc semblé opportun de vous proposer ici, en complément à cet article (des exemples très intéressants et concrets y sont discutés), cette table ronde (merci à Geoffroy, adhérent à l’accompagnement personnalisé, de m’avoir communiqué le lien).

Vos commentaires sur les conséquences des changements climatiques au jardin sont bienvenus

Vos propres réflexions et observations sur les conséquences des changements climatiques sur notre façon de jardiner sont bienvenues.

Toutefois, comme à chaque fois que j’aborde la question du réchauffement de la planète Terre, je n’ignore pas que certains climato-sceptiques, et plus largement les conspirationnistes, vont se déchaîner…

Ne vous fatiguez pas à écrire un commentaire (Je ne le publierai pas, car il est hors de question pour moi de relayer vos fausses informations. Je vous invite plutôt à voir ici… Ou mieux encore, à « croire ce que vous pouvez constater vous-même dans votre jardin »… Sait-on jamais, vous pourriez enfin comprendre que vous êtes vous aussi manipulés…) – ou à m’envoyer un mail d’insulte (je ne le lirai même pas).

Oui, nous sommes tous manipulés, par certains médias (pas tous…), par les politiques (presque tous…), par les industries pharmaceutiques ou autres firmes très puissantes (Aux intérêts d’ailleurs divergents… Elles sont concurrentes… Pas alliées dans un même but…)… Et par les réseaux conspirationnistes (tout aussi maîtres en manipulation * que ceux précédemment cités).

Mais comparer différentes sources, et notamment la source originale, pas seulement celles émanant de réseaux complotistes, permet de mieux cerner la réalité des choses…

 

 

Je déborde…

Alors je vais déborder encore un peu plus… N’en déplaise à ceux pour lesquels j’aurais juste le droit de parler jardinage.

 

* Une lectrice (elle se reconnaîtra.) m’a appelé au téléphone l’autre jour…

Rapidement, elle en est venue à me parler du complot mondial, dont Bill Gates serait à l’origine, et visant à éliminer, ni plus ni moins -15 à 20 % de la population mondiale, grâce à la pandémie et aux vaccins… « Il le dit lui-même très clairement dans une vidéo… Il suffit de chercher sur Internet… Mes sources ? Un médecin américain (Robert Young)… « .

Je lui ai clairement dit ce que j’en pensais (Je ne suis pas pro-vaccin, ni pro Bill Gates, loin s’en faut… Mais il ne faut pas non plus raconter n’importe quoi…).

Toutefois, par acquit de conscience, et comme cette théorie circule sur le web et a de plus en plus d’adeptes (je reçois fréquemment des mails à ce sujet), j’ai cherché un peu plus…

Et cet article expose très clairement la manipulation de ce pseudo-médecin (il est naturopathe… Une discipline à laquelle j’adhère aussi, mais lorsqu’un naturopathe prétend par exemple guérir les cancers… Je comprends de suite qu’il s’agit d’un charlatan/manipulateur « surfant » sur le désespoir des malades) à l’origine de cette « thèse ».

Mais comme il s’agit forcément là d’un média « corrompu », la version complète de la conférence de Bill Gates vous permettra de vérifier facilement qu’il s’agit bien ici d’une manipulation… Je ne partage ni son analyse ni sa solution, mais en aucun cas, Bill Gates ne veut éliminer une partie de la population… Il veut juste en réguler l’augmentation…

Pour en finir avec cette digression, je dirais que nous avons notre libre-arbitre… Mais, en vous fiant uniquement aux sources conspirationnistes (et à ceux qui les relaient), tout comme aux seules sources officielles, s’en chercher à vérifier les informations, vous perdez ce libre-arbitre…

Et j’en ai marre des conspirationnistes, dont les thèses fumeuses ne font que discréditer ceux et celles qui se battent concrètement pour essayer de trouver des solutions aux vrais problèmes (Les politiques et autres médias corrompus ont alors beau jeu de mettre tout le monde dans le même sac : « vous n’êtes pas d’accord… Vous êtes un complotiste ! ») plutôt que contre un prétendu complot mondial, avec à sa tête des Juifs (Oui… l’antisémitisme, et plus largement le racisme, est la base de ce mouvement conspirationniste – d’ailleurs on peut lire ici ou là, sur la base d’une photo sur laquelle il porte une kippa, tout simplement par respect pour ses hôtes, que Bill Gates s’est converti au judaïsme… Sinon, il ne rentrait pas dans le cadre), pédo-criminels, satanistes…

Alors, oui, certains Juifs sont très (trop) puissants, mais des chrétiens, des hindous, des musulmans, et même des athées le sont aussi… Oui, il y a forcément des pédo-criminels dans les hautes sphères mondiales, mais il y en a aussi parmi les plus humbles… Oui, les pouvoirs politiques, un peu partout dans le monde, profitent de la « pandémie » actuelle pour asseoir leur autorité et museler les contestations… Et oui, des organismes internationaux gouvernent (une partie) du monde… Oui, de grosses firmes ont pour seul objectif de se remplir les poches, fusse en nuisant à l’environnement, et même aux humains… Et oui, il y a, il y eut de tout temps, et il y aura encore des complots (ou des manigances) ici et là pour servir des intérêts particuliers…

Doit-on pour autant faire un amalgame de tout cela et crier au grand complot mondial visant à l’extermination pure et simple d’une partie de la population ?

Bref, en période de crise, il est rassurant de désigner un bouc émissaire…

Et l’homme a malheureusement toujours agi ainsi.

Mais cela ne résout rien. Bien au contraire !

 

Espérant avoir ouvert les yeux de certains sur la manipulation dont vous êtes victime.

Et disant au revoir à ceux et celles qui préféreront restés enfermés dans leur aveuglement. Surtout, n’allez pas voir les sources citées ci-dessus… Ça dérangerait vos certitudes… Car je ne doute pas que mes propos me feront passer pour un « collabo » à vos yeux… Et que, par conséquent, vous ne fréquenterez plus mon blog…

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