Savoir reconnaître les différentes espèces de lauriers est important.
Si vous achetez votre plant de laurier chez un pépiniériste ou dans une jardinerie, l’étiquette doit indiquer le nom latin de l’espèce. A défaut d’étiquettes, par exemple chez un petit pépiniériste, ce dernier devra pouvoir vous indiquer avec certitude l’espèce qu’il vous vend (si ce n’est pas le cas, changez de crèmerie !)… Bref, pour un achat, toute confusion est impossible.
Par contre, si vous voulez récolter quelques feuilles de laurier sur un arbuste trouvé dans la nature, dans une haie ou encore dans un jardin, savoir reconnaître l’espèce de laurier est alors primordiale.
En effet, une seule espèce de laurier est comestible, alors que les autres sont toxiques voire mortelles.
Disons pour commencer que l’on appelle communément « lauriers » des plantes en réalité très différentes n’appartenant pas, à l’exception du laurier-sauce, au genre Laurus.
Et c’est justement là l’objectif de l’article : vous aider à reconnaître les principales espèces de lauriers présentes dans nos jardins ou haies, et éviter les confusions dangereuses.
Le vrai laurier : le Laurier-sauce (Laurus nobilis)

Description
Appartenant à la famille des Lauracées (tout comme le pommier, le pêcher, le cerisier ou encore le prunier notamment), le laurier-sauce, également connu sous les noms de laurier-vrai ou laurier-noble, mesure normalement entre 2 et 6 mètres dans les jardins. Notez toutefois que des spécimens spontanés, dans un environnement sauvage, peuvent atteindre jusqu’à 20 mètres de haut.
Cet arbuste vivace se distingue par son feuillage caractéristique, souvent lustré, dont la couleur peut varier du vert foncé au vert brillant. Les feuilles ovales, mesurant généralement entre 5 et 12 centimètres de longueur pour 2 à 4 cm de large, sont disposées de manière alternée sur les tiges. De plus, la texture des feuilles est légèrement rugueuse.
Les fleurs, légèrement jaunâtres, groupées par 4 à 5 en petites ombelles, apparaissent en mars-avril. C’est une plante dioïque : les fleurs mâles et femelles sont sur des pieds séparés.
Le fruit est une drupe de forme ovoïde, violet foncé-noir, contenant une seule graine. Mesurant de 10 à 15 mm, le fruit, comestible (mais sans grand intérêt culinaire semble t-il ?), arrive à maturité en milieu d’automne.
Odeur
Quand on la froisse, la feuille dégage un arôme très caractéristique souvent décrit comme un mélange de camphre et d’eucalyptus. Cette fragrance est l’une des clés permettant de reconnaître le laurier vrai.
Utilisation
Les feuilles de laurier-sauce s’utilisent bien entendu en cuisine, mais aussi en infusions (propriétés antiseptiques et expectorantes – à consommer avec modération)
Où le trouver ?
Parfois naturalisé dans le Sud, le laurier-sauce est souvent planté, comme plante aromatique, dans les jardins.
✅ Non toxique et utile.
Le Laurier-tin (Viburnum tinus) – Ornemental, non comestible

Description
Le laurier-tin, aussi appelé viorne tin, ou laurier-tin méditerranéen, est un arbuste persistant de la famille des Adoxacées. Originaire du bassin méditerranéen, il est parfaitement adapté aux jardins français, même en climat doux ou en bord de mer.
Adulte, il mesure généralement entre 2 et 3 mètres (parfois un peu plus en climat doux), avec un port naturellement buissonnant, arrondi et dense.
Ses feuilles, ovales et elliptiques, de couleur vert foncé, et mesurant de 4 à 10 cm de long pour 2 à 4 cm de large, gardent leur éclat toute l’année.
De décembre à avril, le laurier tin produit de jolis petits bouquets de fleurs blanches (parfois légèrement rosées en bouton) odorantes, très décoratifs et appréciés des pollinisateurs en fin d’hiver.
En fin de floraison, se formeront des baies de couleur bleu (aspect métallisé), devenant plus noires à maturité, très prisées des oiseaux (mais légèrement toxiques pour l’humain).
Notez que, par temps humide, le laurier-tin peut dégager une odeur nauséabonde rappelant des déjections animales…
Utilisation
Le laurier-tin est principalement utilisé au sein de haies décoratives.
C’est aussi une plante mellifère, dont la floraison hivernale est particulièrement intéressante à une période ou les fleurs sont rares.
Toxicité
Les baies sont légèrement toxiques (nausées).
Où le trouver ?
On le trouve dans les haies libres, mais aussi en massif, voire en isolé, dans les jardins.
⚠️ Non comestible malgré son nom trompeur.
Le Laurier-cerise (Prunus laurocerasus) – ⚠️ Toxique

Description
Le laurier-cerise, également appelé laurier-amande, laurier-palme ou encore laurière, est une espèce de grande taille de la famille des Rosacées. Il peut atteindre 8 mètres de hauteur et 2 ou 3 mètres de largeur.
Ses grandes feuilles (12 à 20 cm) alternes sont lancéolées, brillantes, vert foncé.
La floraison a lieu en mars-avril sous forme de petites fleurs blanches regroupées en grappes dressées (épis) d’environ 10-15 cm.
Les fruits du laurier-cerise sont des drupes noires à maturité (été), ressemblant à de petites cerises (d’où le nom commun), mais toxiques pour l’humain.
Toxicité
Les feuilles et les noyaux contiennent de l’acide cyanhydrique, une substance dont l’ingestion à faible dose provoque des maux de tête, mais peut être mortelle à dose plus importante.
Utilisation
De par son feuillage abondant et dense, persistant, le laurier-cerise est couramment utilisé pour constituer des haies occultantes.
Les fleurs du laurier-cerise sont mellifères.
Où le trouver ?
Le laurier cerise est très courant dans les jardins comme écran végétal.
❌ À ne pas confondre avec le laurier-sauce.
Le Laurier-rose (Nerium oleander) – ⚠️ Très toxique

Description
Le laurier-rose est un arbuste ornemental de la famille des Apocynacées (comme la pervenche ou l’alstonie) au feuillage persistant et à la floraison au port dressé. Sa taille varie de 80 cm à 5 m de haut.
Il possède des feuilles brillantes, étroites (1 à 3 cm) et allongées (10 à 20 cm), coriaces, en verticilles (c’est à dire naissant au même niveau) de 3, avec une teinte verte intense.
En outre, les fleurs de laurier-rose (peu parfumées), qui varient en couleur du blanc au rouge vibrant, en passant par le rose, ajoutent à leur attrait, mais cachent une toxicité redoutable. Il est essentiel de rappeler que l’aspect esthétique de ces plantes peut être trompeur : leur beauté peut masquer un potentiel mortel. Une observation attentive de la forme de la feuille, de sa texture et de sa couleur doit donc être une priorité lors de l’identification de ces espèces.
Les fruits sont de longues gousses étroites contenant des graines plumeuses.
Toxicité
Toutes les parties du laurier-rose sont toxiques. En ingérer est dangereux voire mortel.
Utilisation
Le laurier-rose est une plante purement ornementale (même s’il est aussi parfois utilisé en médecine traditionnelle… avec les plus grandes précautions, tant les risques sont importants, comme vous pouvez le voir ici – Je profite de cette occasion pour rappeler que de nombreuses plantes possèdent certes des vertus intéressantes d’un point de vue médicinal, mais encore faut-il savoir exactement ce que l’on fait, car beaucoup présentent aussi quelques dangers… L’avis d’un professionnel de la santé est donc fortement recommandé).
Où le trouver ?
On trouve des lauriers roses dans les haies, en massifs dans les jardins ou encore sur des terre-pleins de ronds-points, notamment en zones méditerranéennes.
❌ À ne jamais utiliser en cuisine.
Tableau récapitulatif des caractéristiques des différents espèces de lauriers
Voici quelques points de repères qui devraient vous permettre de distinguer les différentes espèces de laurier :
Caractéristiques | Laurier-sauce (Laurus nobilis) | Laurier-tin (Viburnum tinus) | Laurier-cerise (Prunus laurocerasus) | Laurier-rose (Nerium oleander) |
---|---|---|---|---|
Comestible ? | ✅ Oui | ❌ Non | ❌ Non | ❌ Non |
Toxique ? | ❌ Non | ⚠️ Légèrement | ⚠️ Oui | ⚠️ Oui |
Usage | Cuisine | Haie décorative | Haie occultante | Ornement |
Taille | 2 à 6 mètres | 2 à 3 mètres | jusqu’à 8 mètres | de 80 cm à 5 mètres |
Feuilles | ||||
Dimensions | 5 à 12 cm de long – 2 à 4 cm de large | 4 à 10 cm de long – 2 à 4 cm de large | 12 à 20 cm de long -5 à 8 cm de large | 10 à 20 cm de long – 1 à 3 cm de large |
Forme | Allongée, étroite, ovale | ovale et elliptique | Large, arrondie, plus épaisse | Etroite et allongée |
Bords | Légèrement ondulés ou lisses | Lisses à légèrement dentées | Lisses | |
Couleur | Vert foncé dessus, un peu plus clair dessous | Vert foncé, lustrée | Vert brillant dessus, bien plus pâle dessous, aspect plastique | Vert foncé |
Texture | Rugueuse | Légèrement velu | Très épaisse, presque caoutchouteuse, lisse au toucher | Coriace |
Odeur | En froissant une feuille : odeur aromatique très reconnaissable (type cuisine, soupe) | Par temps humide, odeur nauséabonde (déjections animales) | En froissant une feuille : odeur d’amande amère | Les feuilles peuvent dégager une odeur désagréable ou âcre si on les froisse |
Fleurs | Floraison en mars-avril en ombelles de 4 ou 5 fleurs légèrement jaunâtres | Floraison de décembre à avril en bouquets de fleurs blanches à légèrement rosées, odorantes | Blanches, petites, regroupées en grappes dressées (épis) d’environ 10-15 cm, en avril-mai | Fleurs à 5 pétales variant du blanc au rouge, en passant par le rose |
Fruits | Drupes ovoïdes – violet foncée à noir | Baies ovoïdes – bleu métallisé, devenant plus noir à maturité | Drupes noires à maturité (été), ressemblant à de petites cerises, mais toxiques pour l’humain | Longues gousses étroites contenant des graines plumeuses |
Conseils pratiques pour éviter de confondre les espèces de laurier
- Toujours vérifier l’odeur des feuilles : seul le laurier-sauce est aromatique.
- Observer la disposition des feuilles, la forme des fleurs, la texture.
- En cas de doute, ne jamais consommer une feuille simplement parce qu’elle « ressemble » à du laurier.
- Une photo comparative ou un petit herbier maison peut être utile.
Conclusion
Apprendre à distinguer les lauriers est indispensable pour jardiner ou cuisiner en sécurité.
Ne vous fiez pas aux noms vernaculaires : le mot “laurier” est trompeur. Et, rappelons-le une dernière fois : seul le laurier-sauce est comestible (vous trouverez d’ailleurs sa fiche de culture dans mon guide “Cultivez des aromates, naturellement !“).
En quelques repères simples, présentés dans cet article vous pouvez éviter les erreurs… et les intoxications.
Crédit photos : https://depositphotos.com/fr/