Penchons-nous aujourd’hui sur la culture des tomates au potager en permaculture.
Originaire d’Amérique Latine, les tomates sont cultivées en France depuis le XVe siècle.
Et la culture des tomates fait probablement aujourd’hui partie des cultures les plus répandues dans les potagers.
C’est en tout cas le légume (Ok… c’est un fruit) le plus consommé en France (en moyenne 15 kg de tomates par personne et par an – voir ici).
Bon… On est d’accord ? Mieux vaut les produire soi-même, naturellement, dans son potager que les achetez (même bio, elles ne seront jamais aussi bonnes que les vôtres).
Quelle grande joie en effet que de déguster une tomate fraîchement cueillie !
Mais avant cela, il faut se mettre au travail…
Sachant qu’en permaculture, il est essentiel de connaître les besoins d’une plante, quelle qu’elle soit, afin de pouvoir la cultiver dans les meilleures conditions possibles.
Aussi, avant de s’attaquer à la culture des tomates, commençons par mieux connaître cette plante tant appréciée.
Culture des tomates – Exigences
La tomate est une plante ayant besoin de chaleur et de lumière ; elle doit être cultivée à exposition sud, sans ombrage.
Elle apprécie les sols légers se réchauffant facilement, mais s’adapte à tous les types de sols.
La culture des tomates nécessite une fumure importante (avec notamment des besoins conséquents en azote et potasse).
Vous devez donc avoir pour objectif de rendre votre terre vivante et fertile en apportant régulièrement des matières organiques diverses (compost, fumier, cultures d’engrais verts, brf, paillages…) sur le sol de votre potager.
Les besoins de la tomate en éléments nutritifs augmentent au fur et à mesure du développement de la culture pour atteindre leur paroxysme à la nouaison (formation des fruits).
Il est donc opportun de compléter la fumure par l’emploi d’engrais naturels en cours de culture (la consoude est parfaite pour cela). Mais vous pouvez également trouver dans le commerce des engrais bio pour les tomates).
Les variétés de tomates
J’ai l’habitude de conseiller les variétés anciennes. Ceci est encore plus vrai avec les tomates, tant le goût de celles-ci est incomparable par rapport aux variétés hybrides modernes (certes souvent plus résistantes au mildiou).
De plus, avec des variétés anciennes, vous pourrez ainsi produire vos graines.
Le nombre de variétés de tomates disponibles étant absolument phénoménal, je ne présenterai ici que celles que j’ai personnellement sélectionnées (pour leurs qualités gustatives) au fil des ans.
Dans les régions situées au nord de la Loire, la culture des tomates tardives est très incertaine…
Les tomates précoces (récolte 40 à 60 jours après la plantation)
Gregory Altaï (variété originaire de Sibérie, gros fruits rouges violets – ne se taille pas – ferme à la cuisson, très savoureuse)
Les tomates hâtives (récolte 55 à 65 jours après la plantation)
Marmande hâtive (fruits rouges côtelés, savoureux), Tigerella (tomate grappe de calibre moyen, chair juteuse et acidulée, productive et bien adaptée aux régions froides), Burbank (petits fruits rouges juteux – variété très rustique et résistante aux maladies)
Les tomates de mi-saison (récolte 60 à 80 jours après la plantation)
Saint-Pierre (fruits rouges et fermes, très parfumés – idéale pour les tomates farcies – peu de graines – très productive, plutôt résistante au mildiou), Rose de Berne (chair rose, épaisse et très sucrée – un délice – productive, résistante au mildiou), Noire de Crimée (gros fruits bruns très foncés à la chair rouge – saveur douce sans acidité – résistante à la sécheresse), Green Zebra (chair ferme, verte, saveur douce – bon rendement)
Les tomates tardives (récolte plus de 80 jours après la plantation)
Coeur de Boeuf (chair rouge dense et onctueuse, malheureusement très sensible au mildiou), Cornu des Andes (fruit rouge, ferme, peu juteuse et contenant très peu de graines)
Mais voyons maintenant la culture des tomates :
La culture des tomates étape par étape
Semer les tomates
On peut semer du mois de janvier pour les cultures sous serre au mois de mai, sachant qu’il faut compter environ 6 semaines entre le semis et la plantation en pleine terre.
Les tomates se sèment au chaud (16 °C minimum) en terrine ou directement en godet.
Personnellement, je sème en terrine et repique ensuite les plants (voir ci-dessous), ce qui favorise le développement du système racinaire (Pour cela, une alternative est possible : les semis de tomates en bouteille).
Une bonne luminosité est importante pour éviter que les plants ne s’étiolent.
Arroser le semis au vaporisateur et maintenir humide jusqu’à la levée.
Quand le plant est sorti, arroser au goulot (petit arrosoir) en prenant soin de ne pas mouiller le feuillage. Il est ensuite préférable d’attendre que le terreau sèche avant d’arroser à nouveau (une humidité permanente pouvant nuire à la santé des plantes). N’attendez pas toutefois que le plant ne flétrisse par manque d’eau…
Repiquer les tomates
Repiquer dès l’apparition des feuilles vraies (différentes des cotylédons) en godet de 8 x 8 cm remplis d’un mélange de compost (1/3), de terre de jardin (1/3) et de terreau de plantation (1/3). Un repiquage plus tardif retarde la floraison et donc les premières récoltes.
Il est important de ne pas toucher la tige lors de la phase de repiquage. En effet, le contact avec les mains nuit au développement des racines se développant normalement tout au long de la tige (voir la vidéo ci-dessous).
Repiquer jusqu’aux cotylédons.
Arroser au goulot sans mouiller les feuilles.
Cette vidéo est extraite du module 7 de la formation Faites vos plants
Planter les tomates
Lorsqu’il fait beau, sortir progressivement les plants avant la plantation afin de les acclimater aux conditions de culture.
Environ 3 semaines avant la plantation, préparer des trous d’un volume 2 fois supérieur à la motte. Mettre une poignée d’ortie fraîche au fond du trou (ne pas reboucher le trou avant la plantation, ceci afin de permettre aux feuilles d’ortie de se décomposer).
En extérieur, la plantation doit être effectuée lorsque les gelées matinales ne sont plus à craindre (vers la mi-mai pour de nombreuses régions).
On espace les plants de 1 m entre ligne et de 70 cm au moins sur la ligne, voire plus (une trop grande proximité favorise le développement du mildiou et autres maladies).
Remplir les trous d’un mélange de compost, de terre et de cendre de bois (potasse). Le plant doit être enterré profondément (jusqu’aux premières feuilles vraies).
Arroser abondamment à la plantation puis couvrir avec un mulch de feuilles de consoude.
Que planter avec les tomates en permaculture ?
De nombreuses associations avec les tomates sont possibles :
- parmi les légumes, citons notamment les choux, les salades ou encore les carottes, des espèces appréciant notamment l’ombrage des tomates en plein été.
- le basilic est une plante aromatique couramment associés aux plants de tomates (il protégerait cette dernière du mildiou… cela reste à prouver… mais, quoi qu’il en soit, il apprécie l’ombrage des tomates et se développe donc bien à leurs pieds. Ajoutons que c’est pratique pour les récoltes : quelques tomates et quelques feuilles de basilic… direct dans l’assiette !).
- quelques fleurs sont également favorables à la culture des tomates : œillets d’Inde et soucis (repousse les nématodes), capucine (attire les pucerons, qui laisseront les tomates tranquilles).
Entretien d’une culture de tomates en permaculture
Tuteurez les plants de tomates
Le tuteurage est indispensable (sauf pour quelques variétés comme la Roma ou la Burbank) afin que le plant ne s’écroule pas sous le poids des fruits.
Couvrez le sol au pied des tomates
Un bon paillage a de nombreux avantages :
- Pas de travail de désherbage ;
- Le sol reste frais, tout en diminuant considérablement les besoins en arrosage ;
- Les fruits du bas ne sont pas en contact avec la terre…
Arrosez les plants de tomates
Les arrosages s’effectuent au pied. Avec un paillage, un arrosoir (12 litres) tous les 10/15 jours est en général suffisant.
En début de culture, n’hésitez pas à faire 1 ou 2 arrosages (espacés de 10-15 jours) avec du purin d’ortie dilué 10 fois (l’ortie favorisera le développement de la végétation).
Puis continuez ensuite avec 3 ou 4 arrosages (également espacés de 10-15 jours) au purin de consoude dilué 10 fois (la consoude est plus appropriée que l’ortie pour la floraison et la fructification).
Tailler ou pas les plants de tomates ?
Traditionnellement, on supprime les pousses naissant à l’aisselle des feuilles (gourmands).
Cette pratique permet d’obtenir des fruits relativement homogènes et d’un calibre important.
Toutefois, la taille engendre des plaies sur la plante… Et ces plaies sont la porte ouverte au mildiou. Depuis quelques années, je ne taille qu’une partie de mes plants et laisse les autres tranquilles…
Résultats : les plants non taillés sont indemnes de maladie. Ils sont beaucoup plus productifs (grâce à un feuillage nettement plus important) même si les fruits sont un peu plus petits. Et ils produisent plus longtemps !
Protections naturelles d’une culture de tomates
Du fait d’une certaine fragilité du fruit, la culture des tomates s’avère relativement délicate.
Nombreuses sont les maladies pouvant décourager un jardinier débutant.
Pourtant, en veillant à des apports équilibrés et en agissant préventivement, on peut éviter pas mal de désillusions…
Vous verrez ci-dessous que nombre de maladies peuvent être évitées simplement… en ne taillant pas les pieds de tomates !
Le sujet est vaste et les problèmes rencontrés dépendant de paramètres multiples.
Je ne présenterai ici que succinctement quelques maladies courantes à la culture des tomates.
Maladies cryptogamiques affectant les cultures de tomates
La fonte des semis
Les jeunes tiges deviennent molles et s’allongent démesurément puis se couchent et meurent.
La fonte des semis est causée par différents champignons apparaissant par excès d’humidité ou par des températures trop faibles, ou encore dans un sol mal aéré.
Pour éviter la fonte des semis, trempez les graines dans une décoction de prêle non diluée.
Le mildiou
Le mildiou est une maladie également due à un champignon.
Elle est bien connue des jardiniers.
Plus ou moins virulent selon les années, le mildiou apparaît en général à partir du mois de juin par temps pluvieux avec des températures comprises entre 10 et 25 °C.
La culture sous abri constitue la meilleure façon de se préserver du mildiou.
La maladie des taches noires (alternariose)
L’alternariose est une maladie engendrée par un champignon résultant d’une humidité excessive dans des conditions de températures comprises entre 5 et 30 °C.
On observe alors de petites taches noires sur le feuillage et les tiges.
Cette maladie cryptogamique est généralement transmise par des semences issues de fruits infectés.
Utilisez des graines saines !
Maladies physiologiques fréquentes sur la culture des tomates
Le cul noir (ou nécrose apicale)
La nécrose apicale est reconnaissable à l’apparition de larges taches noires se développant au bas du fruit.
Fréquente en début de saison, cette maladie est causée par une alimentation irrégulière en eau engendrant un excès d’azote et le blocage du calcium.
Une bonne pratique d’arrosage constitue le meilleur moyen de lutte en préventif contre la maladie du cul noir.
La maladie de l’enroulement des feuilles de tomates
Caractérisée par l’enroulement des feuilles, cette maladie a généralement pour cause une alimentation trop riche.
Sous serre, elle peut être due à une humidité insuffisante ou irrégulière. Exceptionnellement, on pourra alors arroser le feuillage avec un jet fin.
L’éclatement des fruits
Conséquence d’arrosages irréguliers, ou apparaissant parfois après un orage violent consécutif à une période de sécheresse, cette maladie physiologique n’apparaît pas si l’on ne taille pas les pieds de tomates, le feuillage abondant absorbant alors facilement l’eau en excès.
Le flétrissement bactérien
Cette maladie se propageant principalement par les blessures, je renouvelle ici le conseil de ne pas tailler les pieds de tomates.
La mosaïque du tabac
Rare mais virulente lorsqu’elle apparaît (en particulier sous serre), cette maladie se caractérise par des feuilles restant petites, gaufrées et parsemées de taches jaune-vert en forme de mosaïque. Les fruits se couvrent également de taches. Se propageant par contact, notamment d’outils infectés, la non-taille peut là encore éviter cette maladie.
Les “parasites” fréquents sur les tomates
Outre les maladies citées précédemment, quelques “ravageurs” peuvent être problématiques pour la culture des tomates.
Un environnement préservé et diversifié limite considérablement les attaques parasitaires.
Les pucerons
Favorisez la biodiversité dans votre jardin et les attaques de pucerons ne seront plus un problème…Les coccinelles et autres “auxiliaires” se chargeront d’en réguler les populations.
Certaines fleurs auront également un effet bénéfique. Les œillets d’Inde par exemple éloignent les pucerons. Alors qu’au contraire, la capucine les attire (préservant ainsi les autres plantes).
Les nématodes
Les nématodes sont de minuscules vers s’attaquant aux racines et entraînant la formation de gale. En cas de problème, il est alors conseillé d’effectuer des rotations de cultures. Les tagètes (roses d’Inde, œillets d’Inde) auraient également un effet protecteur contre les nématodes.
L’utilisation de plants greffés est une autre solution.
La noctuelle de la tomate
Surtout présent dans le sud de la France, ce papillon nocturne originaire des tropiques pond ses œufs sur la face inférieure des feuilles de tomates.
Les chenilles rongent ensuite les feuilles et les fruits. Le meilleur moyen de lutte, outre les insecticides biologiques (baccilius thuringiensis), est le ramassage systématique des larves.
Récolter les tomates
Les tomates se récoltent régulièrement et bien mûres pour un parfum optimum.
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