Conséquence d’une carence en calcium, le cul noir, bien connu des jardiniers, touche plus particulièrement certaines variétés de tomates.
Cette maladie (qui n’en est pas une…) porte bien son nom : le “cul” du fruit noircit (puis pourrit inexorablement).
Le fruit est déprécié, car le “cul” (concrètement la partie opposée au pédoncule) n’est pas consommable, mais la partie non atteinte reste très bonne !
Ce n’est donc pas une catastrophe en soi…
Mais évidemment, nous préférons tous récolter de belles tomates. N’est-ce pas ?
Avant de voir comment limiter les risques de cul noir au potager naturel, commençons, comme à l’accoutumée, par nous intéresser aux causes de cette maladie.
Les causes de développement du cul noir

Le cul noir, officiellement la nécrose apicale, est un trouble physiologique ayant pour origine un manque de calcium dans les fruits (on parle de stress salin).
Ce manque de calcium a lui-même plusieurs causes possibles :
- Une carence réelle du sol en calcium (ce qui est rare) ;
- Un blocage de cet élément (par exemple pour cause de sol tassé ou encore d’excès de matières organiques…) ;
- Une libération et mise à disposition “saccadée” du calcium à cause d’une alimentation en eau irrégulière. Je parle bien de régularité. Pas d’un excès ou d’un manque d’eau… Nous y reviendrons plus loin..
Il n’y a donc en réalité qu’une seule et unique cause à la nécrose apicale : un manque de calcium dans le fruit.
Mais plusieurs facteurs déterminants.
Facteurs auxquels nous pouvons ajouter la forme du fruit…
Les variétés de tomates sensibles à la nécrose apicale
Comme nous l’avons vu au début de cet article, la “maladie du cul noir” affecte plus particulièrement des variétés de tomates de forme allongée.

Cette particularité physique offre en effet un terrain favorable au développement de ce trouble physiologique. Je m’avance un peu, mais je pense que le calcium a tout simplement plus de mal à atteindre l’extrémité du fruit, opposée au pédoncule, organe par lequel arrivent les nutriments.
Parmi les variétés concernées, citons par exemple la Cornue des Andes, la Téton de Venus (une variété ancienne absolument délicieuse), la San Marzano ou encore la Roma…
Pour autant, des variétés plus rondes peuvent également être atteintes, pour peu que les apports en eau soit irréguliers ou le sol insuffisamment équilibré.
Parmi les variétés non allongées, j’ai par exemple noté que la Marmande était facilement atteinte par le cul noir.
Très bien, mais alors comment fait-on pour limiter les risques ?
Comment éviter le cul noir sur vos tomates ?
Si la nécrose apicale est due à une alimentation en eau irrégulière
Mieux gérer les arrosages
En extérieur, il est impossible de gérer les pluies à volonté (On y viendra, rassurez-vous… ou prenez peur…).

Aussi, s’il pleut souvent et de façon irrégulière (Par exemple une grosse pluie d’orage… suivie de 2 ou 3 jours de beau temps… puis un petit crachin à suivre), il y a de forts risques de nécrose apicale pour les variétés de tomates pointues…
Les risques sont moins élevés, mais bien réels, pour les autres variétés.
Par contre, pour une culture sous abri, ou s’il pleut peu souvent en été, nous pouvons assurer un arrosage le plus régulier possible.
Concrètement, il faut arroser en respectant un certain “tempo”.
Par exemple chez moi, j’arrose mes tomates situées dans la serre une fois par semaine. Ce, peu ou prou, avec les mêmes quantités à chaque fois (5 ou 6 litres par plant).
Et je m’adapte, légèrement, aux conditions climatiques. S’il fait très chaud, je vais soit arroser au bout de 6 jours, soit augmenter très légèrement les quantités… Mais cette modification se fait “en douceur… Pas de changement brutal, ni dans la fréquence, ni dans les quantités d’eau.
Et en extérieur, je suis sur un rythme d’un arrosage tous les 10 jours. Et s’il pleut de façon conséquente (au moins 5 mm – je considère les pluies inférieures comme insignifiantes), j’arrose moins la fois suivante. Ou alors je décale l’arrosage…
Vous allez me dire : “ok, mais de combien ?”
Fiez-vous à votre instinct…
Bon, vous pouvez, si vous le voulez, partir dans des calculs compliqués… Je ne le fais pas, ou plus… Je me suis trop pris la tête avec ce genre de choses lorsque j’exerçais professionnellement.
C’est donc franchement un peu “au pif”.
Mais avec un minimum de bon sens, d’instinct (ou un bon pif) et d’expérience, on finit par mieux ressentir les besoins des plantes. Désolé, mais ça, je ne peux vous l’enseigner… Apprenez à observer, et à vous écouter, simplement.
Et de fait, je rencontre de moins en moins de problème de nécrose apicale sur mes cultures de tomates. J’ai d’ailleurs dû emprunter quelques photos à des adhérents à mon accompagnement personnalisé pour illustrer cet article. Merci à vous !.
Je précise que les tomates bénéficient d’un bon paillage, installé en général dans la première quinzaine de juin (en mai dans la serre). Ce qui a également pour intérêt de maintenir une légère humidité, plutôt constante, dans le sol pendant quelques jours.
Il est aussi important de préciser ici que ces espacements entre arrosages sont valables chez moi (terre légère, températures très élevées en été). Pas forcément avec vos conditions de cultures. Il vous faut tester et trouver le rythme qui convient chez vous… En prenant en compte les caractéristiques de votre climat et de votre terre.
Si le cul noir est dû à un manque de calcium au niveau du sol
Un sol correctement amendé ne manquera normalement pas de calcium.
Aussi, mais c’est là l’un des fondements d’un jardin naturel sain, des apports réguliers et diversifiés de matières organiques, à adapter au type de sol qui est le vôtre apporteront aux plantes cultivées tous les éléments dont elles ont besoin, dont le calcium.
Mais si votre terre n’est pas encore suffisamment riche et équilibrée (Lisez déjà Mon Potager au Naturel… Elle le deviendra), ou faute de pouvoir gérer correctement les arrosages, ou même plus simplement en préventif pour des variétés sensibles, des apports d’algues marines, riches en calcium, sont préconisées pour limiter les problèmes de cul noir.
C’est efficace dans une certaine mesure… Mais si les conditions sont vraiment favorables, cela ne suffira sans doute pas.
Allez, bonnes dégustations de tomates (Essayez la Téton de Vénus… Même si c’est une tomate “à risque”, elle vaut vraiment le coup), enfin si le mildiou n’a pas trop sévi chez vous…
J’oubliais, vos commentaires (ci-dessous) sont toujours bienvenus.
Bonjour, merci pour tous ces conseils. Depuis plusieurs années, nous avons ce problème du cul noir des tomates. Nous arrosons sans doute trop souvent: tous les jours, en petite quantité. Dans quelle région êtes-vous ? Nous sommes dans la plaine d’Alsace, avec des températures parfois très élevées (36°), mais très variables et peu de pluie depuis 2 ans. Quels conseils pour l’arrosage ? merci d’avance !
Bonjour,
Je suis en Dordogne… avec également des températures très élevées (on dépasse souvent les 40°C… mais cette année ça va !) et pratiquement pas de pluies en été…
Quoi qu’il en soit, les conseils sont les mêmes partout : pour éviter le cul noir, il faut de la régularité dans les arrosages… mais après, la fréquence est évidemment à adapter en fonction de la météo réelle; mais aussi du type de sol… je ne peux être plus précis… il faut oberver et s’adapter… Lisez l’article sur les arrosages : https://www.un-jardin-bio.com/comment-arroser/ (vous comprendrez notamment qu’arroser tous les jours n’est pas une bonne chose)
Cordialement,
Gilles
Bonjour, Mes tomates de mon jardin ont le cul noir, La Saint Pierre semence faite par moi mais sachet Tézier et la cœur de bœuf , vielle semence que je fait moi même. Je pense que j’ai trop mis de pelouse aux pieds des tomates pour conserver l’humidité, ce qui dégage de l’acidité, à votre avis est ce une des raisons ? Je n’arrose jamais les tomates. A coté de ceci j’en fait quelques pieds dans un champ en plein soleil sans m’en occuper et là je récolte .
Bonjour Marc,
Il est en effet possible que la pelouse soit en cause…
Mais le fait de ne jamais arroser peut aussi être une raison (la parceille concernée retient peut être moins bien l’eau que celle en plein champ…).
Et il peut y avoir d’autres causes que je ne peux deviner comme cela…
Bref, pour vous répondre sérieusement, il faudrait analyser la situation en profondeur (ce que je ne peux faire qu’en accompagnement personnalisé… faute de suffisamment de temps pour étudier toutes les requêtes que je reçois).
Gilles
Merci pour vos explications, j’avais arrêté les San Marzano ! cette année j’ai reéssayé quelques plants et rebelotte(je les ais arrachés) les rondes n’ont pas de problème pour l’instant,j’arrose au pieds avec un tuyau spécial,je ne suis pas tous les jours sur place c’est un peu difficile d’être strict pour l’arrosage…….
Bonnes récoltes chez vous.
Merci pour toutes vos explications et conseils !
Bonjour Gilles, bonjour à tous,
pour la première fois cette année j’ai ce problème du “cul noir” sur les cornues des Andes dans ma serre. Je me demandais si le fait d’épandre de la cendre de bois au pied des tomates changerait quelque chose à l’évolution de cette maladie, si oui à quel rythme (à chaque arrosage?) et en quelle quantité. Merci pour votre aide.
Bonjour Danièle,
ça ne guérira pas les fruits déjà atteints… Mais ça peut contribuer à limiter les risques pour les fruits à venir.
Mettez simplement une bonne poignée de cendre au pied, une seule fois (il ne faut pas abuser de la cendre au jardin).
Cordialement,
Gilles
Merci pour ta réponse, je vais le tenter .
Bonjour,
Cette année encore je trouve un grand nombre de tomates affectées: les Roma, les 10 doigts de Naples, les Amish paste…. Les seules qui ne sont pas touchées: les coeurs de boeuf roses, les dark queen, les noires de Crimée. Je suis à 640m d’altitude, en Haute Provence, dans mon potager, il fait très chaud le jour et plutôt frais la nuit; la terre est sablonneuse(marnes) et s’épuise vite, donc je cultive les légumes gourmands sur lasagnes, avec 15cm de paillage(foin), mais le lasagne dans nos conditions météo(pas de pluie depuis un mois, du vent asséchant) se dessèche très vite, donc je dois arroser deux fois par semaine, à l’arrosoir. Il y a de plus un chêne à l’est du potager qui s’est considérablement développé, et qui ombre le jardin jusqu’à midi(ombre dense), mes plants de tomate ont tendance à grandir et à faire beaucoup de feuillage. Est ce que ceci peut expliquer cette persistance de ce désordre physiologique? J’ajoute que à la date d’aujourd’hui je n’ai encore aucune tomate mûre, les plants sont des semis que je fais moi même, et autour de moi(voisin à 200m) les tomates commencent à mûrir. Voilà, si quelqu’un peut me donner son avis, je le lirai volontiers, je suis un peu démunie là!!!
Merci par avance
Corinne
Bonjour Corinne,
Trop d’ombre…
Cordialement,
Gilles
Merci beaucoup!! Je m’en doutais, mais votre avis m’est précieux, donc ce grand chêne va alimenter mon chauffage l’année prochaine…. Pas de regret ils sont trop nombreux à l’est de mon jardin et celui là s’étend vers le jardin car il est gêné de l’autre côté par les autres.
Bonne fin de journée à vous!!
Corinne
Même soucis avec l’ombre merci gille je me posais la question comme l’an dernier très chaud j’étais ravi d’avoir de l’ombre mais la c’était trop apparemment
Bonjour,
Cette “maladie” devenant de plus en plus fréquente chez moi, cette année au début de la plantation, (sans vraiment savoir que cela pouvait combler une éventuelle carence en calcium de ma terre) j’ai mis des coquilles d’œufs pilées au pied des plants de tomates. Pour le moment, je n’ai pas encore eu de “culs sales”!!
Bonnes plantations à tous et toutes.
Bonjour,
Je suis un peu réticente à l’idée d’utiliser des algues marines, du moins celles achetées dans les commerces, pour amender le sol. La plupart de ces algues proviennent des îles du Glénan. Dès lors on pille les réserves marines et on déstabilise l’environnement marin. Mieux vaut utiliser d’autres apports de calcium me semble-t-il.
Geneviève
Excusez-moi GILLES, dans la spontanéité de ma réponse que je viens d’envoyer, j’ai carrément oublié de vous dire bonjour et ce n’est pas dans mes habitudes !!!
Pour ce qui me concerne, je dirais que le cul noir effectivement affecte également les tomates qui ne sont pas cordiformes … ce qui m’interpelle quand même c’est que toutes les tomates ne sont pas atteintes en même temps… c’est souvent par étage et j’ai remarqué que cela correspondait chez moi à un arrosage trop intense après ne pas avoir arrosé pendant un certain temps… Dans ma logique, si cela provenait d’un sol mal équilibré au départ, c’est tout le pied qui en souffrirait… Mais je n’ai pas forcément une bonne logique !!! en tout cas, ce n’est pas un problème qui m’affole quand ça arrive… mais fidèle au mythe, je leur fait parfois la faveur d’un peu de lait demi-écrémé dilué dans mon arrosoir pour avoir bonne conscience…Mais ce n’est pas systématique surtout que je paille mes pieds avec de la consoude et moins j’interviens auprès de mes tomates, mieux elles se portent !!!
Bonjour Gilles et bonjour à tous depuis quelques temps j’ai un problème avec le persil et avec le cerfeuil je sème ils poussent commencent à jaunir,deviennent violet et finissent par crever.Est-ce dû à un insecte ou est-ce une autre maladie ? Comment y remédier ?
Merci de me m’éclairer sur ce problème.
Bonne fin de journée
Bonjour Gilles,
Je n’interviens jamais, mais sachez qu’à chaque fois vos conseils valent de l’or. Merci !
Merci aussi à vous tous qui apportez des commentaires très complémentaires.
Pour en revenir aux tomates, je confirme, les rares fois où le “cul noir” s’est manifesté, c’était sur des San Marzano et des Andines cornues, toutes deux de forme allongée.
Bonne continuation à toutes et tous,
Luc
Bonjour, Je suis toujours surpris quand je vous lis à propos de l’arrosage. J’habite entre Montpellier et la mer et il me parait impossible de rester plus de deux jours sans arrosage. Je vais cependant essayer, car vos conseils sont précieux et je vous en remercie, en arrosant beaucoup mais plus une fois tous les 4 jours. PS : Je fais tout avec la consoude que vous avez recommandée : Quelle trouvaille! Merci merci!
Bonjour François,
Sauf cette année (même pas besoin d’arroser en extérieur), il ne pleut pratiquement pas chez moi en été, et les températures sont en général caniculaires en juillet. De plus, ma terre est légère et retient peu l’eau… Pourtant, dans ces conditions, je n’arrose qu’une fois par semaine (en sol paillé). Le tout est d’habituer dès le début les plants à des arrosages espacés… ainsi ils vont développer leurs systèmes racinaires pour aller chercher l’eau en profondeur et deviennent moins dépendants de nos arrosages…
Cordialement,
Gilles
Bonjour,
Merci pour tous les renseignements concernant les tomates. Grâce a celà j avance beaucoup plus que les autres années
Encore merci a plus sur le BLOG.
Merci beaucoup pour cet article très éclairant.
J’ai fait quelques semis de tomates avec mes propres graines et ce sont ces plants qui sont touchés… Est-ce normal ?
Bonjour M Dubus
En ce moment mes tomates ont le cul noir
Est ce du au BRF de branches d olivier que j ai déposé au sol pour paillage ?
L année dernière j avais paillée avec de la paille et les récoltes étaient très abondantes
Par contre cette année j ai fait mes semis de tomates bio alors que les autres années je me procurai les plants a la coopérative agricole
Peut être ces plants sont plus fragiles ?
Merci pour vos conseils
Cordialement
Bonjour Gilles,bonjour à tous personnellement pas de problème de cul noir car le mildiou est passé par là, j ai été contraint d arracher mes pieds de tomates,mais comme j ai paillé ces pieds avec du brf,dois je me débarrassé de ce brf qui couvre la terre pour éviter une infection de mes futures plantation à la prochaine saison,où ni a t il pas de danger ?
Merci d avance pour votre retour.
Bonjour Bernard,
Même si les germes du champignon (phytophtora) peuvent survivre dans le sol, c’est avant tout par les airs, en été par temps humide, que le mildiou est propagé. Si les conditions sont propices, germes présents dans le sol ou pas, la maladie risque de sévir…
De plus, le gel ou une forte montée en température détruisent ces germes.
Comme il est encore difficile de provoquer volontairement des gelées, je vous recommande, plutôt que d’enlever le BRF, d’ajouter par-dessus d’autres matériaux végétaux variés, selon le principe du compostage de surface (en commençant par des matériaux verts – par exemple avec des tontes, idéales pour une montée en température – puis en finissant par des matériaux bruns – BRF, paille, feuilles mortes…). Cela aura pour effet de provoquer un effet de chauffe, fatale aux germes du phytophtora…
Cordialement,
Gilles
Bonjour ! les coquilles d’oeufs sont recouvertes d’une substance protectrice anti-microbes qui protège les futurs poussins : j’évite de les rincer avant de les mettre sur la terre, ou je donne l’eau de rinçage à mes chats et volailles. Bof comme tu le dis, Gilles, si ça ne fait pas de bien ça ne peut pas faire de mal !
J’ai lu un truc intéressant sur les énergies “rythmées” des oeufs sur le très complet et super “La vie secrète des plantes” de Tompkins et Bird.
Encore sous le choc, et pour longtemps, de ma relecture (plus facile) des “Jardins de Findhorn” !
bonjour GILLES pas le cul noir pour le moment bonne croissance de mes tomates mais retard dans le murissement cordialement GABY
Bonjour à tous,
En matière d’arrosage des tomates sous serre, nous avons installé des Oyas.
Se sont des espèces de jarres en terre cuite perméable qui sont enterrées et que l’on remplit d’eau.
Cette eau est distribuée lentement dans l’environnement proche de l’Oya +/- 1m².
Ce procédé est utilisé depuis l’antiquité, environ 4.000 ans.
Pour les intéressés voir sur le Web.
Stéphane