Les syrphes, des auxiliaires précieux pour la jardinier

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Les syrphes jouent un rôle crucial dans l’écosystème du jardin.

Encore trop méconnus, ils sont pourtant de précieux auxiliaires qui contribuent à maintenir l’équilibre écologique et la biodiversité.

Après avoir fait un peu mieux connaissance avec les syrphes, nous verrons comment les attirer notamment au potager naturel.

Présentation des syrphes

Identification des syrphes

Les Syrphes ou Syrphidae appartiennent à l’ordre des Diptères (sous-ordre : Brachycera). Ils comprennent plus de 5000 espèces connues dans le monde et sont présents sur tous les continents (sauf l’Antarctique).

Ils représentent ainsi l’une des plus vastes familles de Diptères.

La France compte, à elle seule, environ 480 espèces de syrphes.

Les 5 espèces les plus fréquemment rencontrées en milieu agricole sont :

• le syrphe ceinturé (Episyrphus balteatus)
• le syrphe « porteplume » (Sphaerophoria scripta)
• le syrphe du groseiller (Syrphus ribesii)
• le syrphe des corolles (Eupeodes corollae)
• Eupeodes luniger

Leur taille varie de quelques millimètres à 20 millimètres. Ils sont caractérisés, comme tous les Diptères, par la présence d’une paire d’ailes. Des “haltères” (minuscules “massues” issues d’une paire d’ailes secondaires originelle) leur servent de balanciers pour la stabilité du vol.

Observables en plein jour, notamment par temps ensoleillé, les syrphes ont un vol très caractéristique leur permettant de passer du sur-place à un vol saccadé très rapide.

Vol caractéristique d’un syrphe (sur plants de consoude)

Bien que munis d’une seule paire d’ailes, les adultes, du fait de leurs rayures noires et orangées (pour la plupart des espèces) peuvent facilement se confondre avec certains hyménoptères (abeilles, guêpes, bourdons et frelons, des insectes possédant quant à eux 2 paires d’ailes, réunies lors du vol).

Voici quelques repères pour distinguer les syrphes des hyménoptères :

• leur vol saccadé est très caractéristique
• leurs antennes sont plus courtes que celles des hyménoptères
• leurs ailes sont caractérisées par une fausse nervure longitudinale (appelée vena spuria)
• deux veines externes limitent ce que l’on appelle une fausse marge
• leurs gros yeux semblent couvrir toute la tête.

Les larves, translucides de couleur blanche, verte, ou orangée selon les espèces, ne possèdent pas de pattes segmentées et sont acéphales (pas de tête). De petites tailles et se nourrissant surtout la nuit, elles sont difficiles à observer.

Pour reconnaître et distinguer les différentes espèces de syrphes, voyez ici.

Mode de reproduction

Les syrphes adultes apparaissent dès les premiers beaux jours, en fin d’hiver, début de printemps.

Mais ce n’est qu’à partir du mois de mai qu’ils deviennent réellement actifs. Les femelles repèrent alors les colonies de pucerons et viennent y pondre leurs œufs (entre 500 et 1000 par ponte, par femelle… et entre 2000 et 4500 œufs durant son cycle de vie).

Exigeante, la femelle syrphe choisit le site de ponte en fonction de 3 critères : l’espèce de pucerons présente dans l’environnement, les caractéristiques physiques et chimiques de la plante hôte de l’espèce de pucerons, ainsi que la taille et la densité de la colonie du ravageur.

C’est grâce à ce choix judicieux qu’elle assurera les conditions de développement et de survie de sa descendance.

Pas folle la guêpe ! Heu… le syrphe…

Une semaine après la ponte, les larves apparaissent. Elles mesurent environ 12 mm de long et leurs couleurs varient selon l’espèce. Elles se nourriront voracement de pucerons pendant 10 à 12 jours. Puis, elles se transformeront en pupes (c’est la nymphose) dont émergeront, 15 jours plus tard les insectes adultes.

Les syrphes se reproduiront ainsi jusqu’au mois de novembre. Le nombre de générations variant entre 1 et 5 par an selon les espèces.

Les dernières générations hiverneront alors à l’état de larve ou de pupe, voire exceptionnellement d’adulte (en conditions climatiques très douces). Les paillis, les feuillages persistants, les écorces ou même de vieux murs leur serviront alors de refuges.

Habitat

Les syrphes se trouvent dans une grande variété d’habitats, allant des jardins domestiques aux milieux naturels. Leur distribution et leur abondance dépendent notamment de la région géographique, du climat et des ressources disponibles.

Voici quelques-uns des habitats où l’on peut trouver des syrphes :

• Jardins domestiques : les jardins, qu’ils soient de petite échelle ou plus grands, offrent des habitats propices aux syrphes. Les espaces fleuris riches en nectar et en pollen les attirent, car ils en dépendent pour se nourrir à l’âge adulte.
• Champs et prairies : les syrphes peuvent être présents dans les champs agricoles, les prairies et les zones herbeuses où les fleurs sauvages abondent. Ces zones offrent des sources de nourriture et de nectar pour les adultes.
• Milieux forestiers : bien que moins courants que dans les habitats ouverts, les syrphes peuvent également être trouvés dans les forêts, notamment le long des lisières et dans les clairières où les fleurs et les ressources alimentaires sont disponibles.
• Marais et zones humides : certaines espèces de syrphes se trouvent dans des milieux humides, tels que les marais, les zones humides et les berges de l’eau.
• Bords de cours d’eau : les syrphes peuvent être observés près des rivières, des lacs et d’autres sources d’eau, où les plantes aquatiques et les fleurs riveraines fournissent des ressources alimentaires.
• Milieux urbains : même dans les environnements urbains, les syrphes peuvent prospérer. Les parcs, les espaces verts, les balcons et les jardins communautaires peuvent fournir des habitats appropriés.
• Zones montagneuses : les syrphes sont également présents en altitude, dans les montagnes et les zones subalpines, où ils exploitent les fleurs adaptées à des conditions plus fraîches.
• Zones agricoles : les champs cultivés peuvent potentiellement abriter des syrphes, en particulier si certaines pratiques agricoles respectueuses de la biodiversité sont adoptées, telles que la plantation de cultures de couverture ou la réduction des pesticides.
• Zones sauvages et écosystèmes naturels : dans les environnements naturels intacts, les syrphes sont aussi présents, profitant des diverses plantes fleuries disponibles.

Vous noterez au passage que les fleurs jouent ici un rôle prépondérant… Nous y reviendrons plus loin.

Alimentation

Les syrphes adultes se nourrissent principalement de nectar et de pollen. Le nectar est une source de sucre essentielle pour leur énergie, tandis que le pollen leur fournit des protéines. En se nourrissant de nectar, les syrphes contribuent également à la pollinisation des plantes. Les syrphes adultes sont particulièrement attirés par les fleurs riches en nectar, ce qui en fait des pollinisateurs, complémentaires des abeilles, pour de nombreuses espèces végétales.

Les larves de syrphes sont de redoutables prédatrices de pucerons. Elles sucent les jus corporels de leurs proies à l’aide de leurs mandibules. Pendant sa courte croissance (10 – 12 jours), chaque larve peut ainsi manger entre 250 à 700 pucerons (voire jusqu’à 1000 pour Episyrphus balteatus). Certaines espèces de syrphes ne consomment que des pucerons (elles sont dites aphidiphages), et sont même souvent “spécialisées” en une ou plusieurs espèces bien déterminées. D’autres ont un régime alimentaire plus diversifié, mais toujours à base d’insectes à corps mou (outre les pucerons, cochenilles, thrips, aleurodes, etc.).

Rôle des syrphes dans le jardin

Les syrphes sont des pollinisateurs efficaces, contribuant à la reproduction de nombreuses plantes du jardin.

Cependant, leur rôle le plus important réside dans leur capacité à lutter contre les ravageurs.

Les larves de syrphes sont de redoutables prédatrices de pucerons, de cochenilles et d’autres insectes “nuisibles”. J’en profite pour rappeler ici qu’un insecte n’est pas nuisible en soi… La nuisance survient seulement lorsqu’il se trouve en surnombre… Et cette surpopulation découle en générale des déséquilibres engendrés par l’humain (y compris nous, jardiniers).

Comment attirer des syrphes dans votre jardin ?

Pour attirer des syrphes dans votre jardin et en faire des auxiliaires précieux pour la lutte contre les ravageurs, il est important de créer un environnement accueillant qui leur fournira des sources de nourriture et des abris appropriés.

Voici quelques conseils pour attirer des syrphes dans votre jardin :

• Plantez des fleurs riches en nectar : les syrphes sont attirés par les fleurs riches en nectar et en pollen. Cultivez une grande variété de plantes à fleurs, telles que la lavande, la moutarde blanche, la sauge, le fenouil, la phacélie, la ronce, le cosmos, le souci, le tournesol, le persil, l’achillée, le trèfle, les asters ou encore les marguerites (liste non-exhaustive). Les syrphes pouvant apparaître dès le mois de février, des plantes à floraison précoce (noisetiers, prunelliers, saules marsault, ficaires, etc.) seront aussi utiles. Bref, veillez à avoir des floraisons échelonnées sur la saison pour offrir une source constante de nourriture.
• Utilisez des couleurs vives : les syrphes sont attirés par les couleurs vives, en particulier le jaune, le blanc et le violet. Intégrez des plantes aux fleurs de ces couleurs dans votre jardin pour attirer leur attention.
• Évitez les insecticides : les insecticides, même biologiques, nuisent aux syrphes et à d’autres insectes bénéfiques. Afin de maintenir un équilibre naturel dans votre jardin, bannissez toutes solutions létales de votre jardin.
• Créez des habitats naturels : aménagez, ou préservez, des zones sauvages dans votre jardin en laissant quelques endroits non entretenus, comme des herbes hautes (où pourront notamment s’épanouir des plantes sauvages attractives telles que les pissenlits, les carottes sauvages, les chardons, les orties, les rumex, etc.), des tas de feuilles ou de branches, où les syrphes et leurs larves, peuvent se cacher et se reproduire… Tout comme d’autres insectes auxiliaires…
• Ajoutez des plantes hôtes pour les larves : certaines espèces de syrphes pondent leurs œufs à proximité de colonies de pucerons. Des plantes hôtes pour les pucerons, comme le souci ou la capucine, attireront les syrphes femelles qui cherchent à pondre leurs œufs.
• Intégrez des plantes aromatiques : les plantes aromatiques comme le thym, la menthe et le romarin sont non seulement attractives pour les syrphes, mais elles peuvent également repousser certains ravageurs indésirables.
• Fournissez de l’eau : un point d’eau, comme un petit bassin peu profond avec des pierres pour que les syrphes puissent se poser en toute sécurité, les incitera à s’installer dans votre jardin.
• Prévoyez des abris pour l’hiver : des haies libres, de vieux murs avec des interstices, des tas de bois, les paillis… constitueront autant d’abris naturels permettant aux syrphes de survivre à l’hiver et vous assurant ainsi une protection contre les pucerons pour l’année suivante.
• Éduquez-vous sur les syrphes : apprenez à reconnaître les différentes espèces de syrphes et leurs habitudes pour mieux répondre à leurs besoins.
• Soyez patient : attirer des syrphes dans votre jardin peut demander un certain temps. Mais une fois établis, ils joueront un rôle crucial dans la protection de vos plantes contre les pucerons.

En suivant ces conseils et en créant un jardin diversifié et accueillant, vous pouvez attirer des syrphes. Et votre jardin bénéficiera ainsi de leur contribution à la pollinisation et à la régulation des populations de ravageurs.

Les syrphes jouent un rôle crucial en tant qu’auxiliaires du jardin, contribuant à la pollinisation et à la régulation des populations de ravageurs. En comprenant leur importance et en prenant des mesures pour les attirer, les jardiniers peuvent créer des écosystèmes plus équilibrés, favorables à la biodiversité et finalement à la santé des plantes. En intégrant ces précieux insectes dans nos pratiques de jardinage, nous œuvrons en faveur d’un environnement plus durable et harmonieux.