Des araignées rouges sur vos plantes ? Ces minuscules acariens, appelés tétranyques tisserands, peuvent transformer en quelques jours vos beaux feuillages en un décor jauni et rabougri digne d’un western en plein désert. Invisibles à l’œil nu ou presque, ils tissent de fines toiles protectrices et aspirent la sève de vos plantes feuille après feuille. Le pire ? Ils adorent nos étés chauds et secs, et se multiplient à une vitesse impressionnante, surtout sous serre ou tunnel.
Dans cet article, vous allez apprendre à identifier les araignées rouges dès les premiers signes, comprendre pourquoi elles prolifèrent si vite et découvrir des méthodes naturelles et efficaces pour les tenir à distance… sans mettre en danger les insectes utiles (enfin ça, ce sera à vous de choisir) ni vos récoltes. Un guide clair, pratique, et un brin piquant — parce que même au potager, il vaut mieux connaître ses « ennemis » pour mieux les dompter !
Présentation du tétranyque tisserand
Le tétranyque tisserand (Tetranychus urticae), communément appelé araignée rouge, est un tout petit acarien ravageur de 0,2 à 0,5 mm : invisible à l’œil nu, il faut une loupe pour le distinguer.
Il change de couleur selon l’espèce, la saison ou la plante hôte : rouge, jaune, orangé, voire verdâtre.
Sa morphologie est typique : corps ovale fusionné (céphalothorax + abdomen), quatre paires de pattes se terminant par des griffes ou spatules garnies de poils.
Conditions de prolifération des araignées rouges
Ces acariens adorent la chaleur et la sécheresse, surtout sous serre ou tunnel, et ils se multiplient très vite.
Leurs œufs microscopiques (0,2–0,3 mm) sont en général déposés dans les toiles sous les feuilles. La croissance complète ne prend ensuite que quelques jours à la belle saison (moins d’un mois). Elle sera d’autant plus rapide si chaleur et sécheresse sont au rendez-vous.
De ce fait, il y a de multiples générations par saison, parfois toute l’année en serres ou tunnels.
Les araignées rouges sont plus particulièrement attirées par les solanacées. Aussi, surveillez d’abord vos cultures d’aubergines et de tomates.
Mais une fois présentes dans une serre, elles ne bouderont pas pour autant vos plants de melons, de concombres ou de haricots par exemple (pour ne citer que quelques cultures potagères… car, en réalité, les araignées rouges peuvent s’attaquer à un très grand nombres de végétaux : légumes, fruitiers, plantes ornementales, etc.).
Dégâts et indices visuels
Les symptômes d’une attaque de tétranyque tisserand sont caractéristiques :
- Les tétranyques vivent principalement sous les feuilles, sucent la sève cellule par cellule, ce qui crée des taches jaunâtres ou argentées.
- On peut observer, entre les feuilles et la tige, un fin voile soyeux ; ce qui leur offre une protection contre le vent, les prédateurs, et même certains traitements…
- En cas d’invasion, les feuilles perdent leur vigueur, se dessèchent et tombent prématurément.
Le tétranyque tisserand est un ennemi minuscule mais redoutable — un vrai chef d’orchestre de la destruction sous vos feuilles. Heureusement, reconnaître les araignées rouges sur une plante est déjà une victoire : ses toiles, ses taches, ses couleurs changeantes sont vos alliées pour l’identifier. Et avec un plan d’action bien pensé, naturel, vous avez toutes les cartes en main pour reprendre le contrôle !
Comment prévenir naturellement de nouvelles attaques d’araignées rouges à l’avenir
Comme toujours en jardinage naturel, il convient avant tout de prévenir plutôt que de guérir.
Les recommandations ci-dessous suffisent normalement à éviter toute attaque massive de tétranyques tisserands :
- Paillez pour garder l’humidité du sol.
- Arrosez régulièrement (sans détremper).
- Ventilez au mieux la serre.
- Brumisez de temps à autre (de bonne heure le matin, une fois tous les 10-15 jours par exemple)
En appliquant ces simples mesures préventives, je n’ai personnellement jamais eu d’infestation massive de tétranyque (même quand j’exerçais professionnellement).
L’introduction d’auxiliaires comme Phytoseiulus persimilis ou Amblyseius californicus, leurs prédateurs naturels les plus efficaces peut également être envisagée par les professionnels… Bon, je ne suis pas fan de ce type d’approche (suivez le lien texte au début de ce paragraphe pour savoir pourquoi).
Comment éliminer les araignées rouges ?
Agir au plus vite
Ces acariens pullulent incroyablement vite lorsque les conditions (chaleur, sécheresse) sont favorables, surtout en milieu confiné comme une serre.
Une fois installés, ils peuvent sérieusement compromettre le développement et le rendement des cultures.
Si vous détectez la présence d’araignées rouges, il est donc essentiel d’agir au plus vite.
Traitements à l’eau
Si l’attaque est repérée rapidement, voici comment réagir immédiatement :
- Augmentez l’humidité autour des plants : brumisation (avec un pulvérisateur réglé en mode « brouillard ») du feuillage (de préférence de bonne heure le matin afin que les feuilles puissent sécher rapidement dans la matinée), arrosage au sol pour maintenir une atmosphère moins sèche.
- Rincez les feuilles (dessus/dessous, également de bonne heure le matin) avec un jet d’eau doux mais régulier pour déloger les acariens.
Ces « traitements » à l’eau devraient normalement stopper la prolifération des araignées rouges…
À mon sens, nul besoin alors d’aller plus loin… avec les traitements suivants qui détruiraient aussi des auxiliaires (en particulier les larves et œufs de coccinelles) et déséquilibreraient encore plus la situation.
Mais je me dois d’être complet et de vous révéler tout de même des traitements insecticides, à n’utiliser qu’en cas d’attaque sévère. Et en vous interrogeant honnêtement en votre âme et conscience : est-il plus important pour vous de sauver quelques récoltes que de préserver la biodiversité dans votre jardin ?
Savon noir en cas d’attaque sévère
Bien que je ne recommande en général pas l’utilisation de savon noir comme insecticide au jardin (voyez ici pourquoi), concernant le tétranyque tisserand, il faut bien reconnaître que c’est bien le « traitement naturel » le plus efficace contre les araignées rouges.
Voici la recette (à utiliser avec grandes précautions*) :
Ingrédients :
- 1 litre d’eau
- 1 cuillère à café de savon noir liquide (non parfumé, 100% végétal)
- Facultatif : 1 cuillère à café d’huile végétale légère (colza ou tournesol) pour augmenter l’adhérence
Préparation et utilisation :
- Mélangez bien le savon noir (et l’huile si vous en mettez) dans l’eau.
- Pulvérisez sur le dessus ET le dessous des feuilles – c’est dessous qu’elles se cachent le plus.
- Insistez sur les zones où vous voyez des fils ou des marbrures jaunes.
- Répétez tous les 3 jours pendant 2 semaines, puis espacez si la population baisse.
*Précautions :
- Si les abeilles ne redoutent pas un traitement au savon noir, il n’en est pas de même des coccinelles, et plus précisément de leurs œufs et de leurs larves (voyez ici des photos d’œufs et de larves de coccinelles). Aussi, avant de traiter, je vous recommande vivement une inspection du dessous des feuilles (et ne le faites pas si de futures coccinelles sont présentes !)
- Pulvérisez le matin ou en fin de journée, jamais en plein soleil (risque de brûlure du feuillage).
- Combinez avec une bonne humidité ambiante (brumisations régulières) pour vraiment freiner leur reproduction.
Insecticide
Tout comme je ne n’utilise pas de savon noir, je me refuse personnellement à l’emploi de tout insecticide, même naturel… Mais comme on me posera inévitablement la question, voici un insecticide apparemment efficace contre les araignées rouges.
Plan d’action sur 15 jours contre les araignées rouges
Jour 1
- Pulvérisation savon noir + eau (recette donnée plus haut), dessus/dessous des feuilles.
- Arrosage au sol + brumisation légère autour des plants.
- Coupez les feuilles très atteintes (jaunies et sèches) et mettez-les au compost chaud ou à la poubelle.
Jour 3
- Deuxième pulvérisation savon noir + eau.
- Vérifiez dessous les feuilles : présence de fils soyeux ou points rouges/bruns ?
- Brumisation matin et soir si temps sec et chaud.
Jour 5
- Troisième pulvérisation.
Jour 7
- Pulvérisation eau claire (jet doux) pour rincer feuilles et déloger les acariens.
- Brumisation autour des plants.
Jour 9
- Quatrième pulvérisation savon noir + eau.
- Vérifiez l’état général : feuilles plus vertes ? Moins de marbrures ?
Jour 12
- Pulvérisation eau claire.
- Brumisation + surveillance (ne pas oublier dessous des feuilles).
Jour 15
- Cinquième pulvérisation savon noir + eau.
- Bilan : si la population a chuté, espacez les traitements (1 fois/semaine préventif).
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