Est-ce une bonne chose d’introduire des auxiliaires au potager ?
Les techniques de “bio-contrôle” par l’introduction d’auxiliaires sont à la mode chez les agriculteurs et notamment dans les serres des maraîchers.
Et ces “auxiliaires” sont aujourd’hui disponibles pour les jardiniers amateurs…
Pourtant bien qu’utilisant le terme “bio”, ces techniques relèvent plus de l’agriculture “maîtrisée” que de l’agriculture biologique… On parle d’ailleurs de protection intégrée en maraîchage sous abri.
Ces auxiliaires sont en général élevés en laboratoire et doivent être introduits dans les serres, ou même en extérieur, en fonction des risques spécifiques des diverses cultures et des ravageurs effectivement observés (ce qui requiert une bonne connaissance de la faune).
Commençons par un rapide aperçu des principaux auxiliaires au potager.
Les auxiliaires au potager
La coccinelle
Lorsque l’on pense aux auxiliaires au potager (et plus largement au jardin), la coccinelle vient en premier à l’esprit.
La coccinelle est en particulier efficace pour lutter contre les pucerons (verts et noirs) – elle peut en dévorer une centaine par jour.
L’espèce communément utilisée en lutte intégrée est la coccinelle à 2 points (Adalia bipunctata), d’origine européenne. La coccinelle asiatique* (Harmonia axyridis) doit par contre absolument être évitée tant les conséquences de son introduction peuvent être désastreuses.
Les coccinelles sont livrées au stade d’œufs, de larves ou d’adultes, chacun de ces stades présentant des avantages et inconvénients.
*MAJ du 10/10/2015 : les coccinelles asiatiques se sont acclimatées et envahissent les maisons… voir ici
Aphidius Sp
L’aphidius sp est un insecte de l’ordre des hymenoptère.
Principalement deux espèces sont utilisées en lutte préventive mais aussi curative : Aphidius ervi et Aphidius colemani ; chacune d’entre elles parasitant différentes espèces de pucerons, entraînant ainsi leur mort.
Cet auxiliaire est notamment utilisé sur des cultures d’aubergine, concombre, courgette, melon, poivron, tomate ou encore sur les fraisiers et les framboisiers.
Aphidoletes aphidimyza (cécidomyie)
La cécidomyie est une petite mouche indigène en Europe, en Amérique et en Asie.
Ses larves se nourrissent principalement de pucerons et peuvent en dévorer une centaine par jour et en tuer encore beaucoup plus… elles s’attaquent plus rarement aux cochenilles, aux aleurodes et à différents acariens.
La cécidomyie ne peut être utilisée qu’en curatif (sur aubergine, concombre, courgette, fraisier, framboisier, melon, tomate), car si les larves ne trouvent pas de pucerons pour se nourrir, elles meurent.
Macrolophus pygmaeus
Présente naturellement en climat méditerranéen, cette sorte de punaise est une grande prédatrice d’aleurodes (petite mouche causant parfois pas mal de dégâts notamment dans les serres), dont elle vide les œufs (jusqu’à 50 par jour).
Elles s’attaquent également aux acariens, au thrips, aux pucerons ou encore aux larves de mouches mineuses.
Elles peuvent être lâchées en préventif, mais il est alors nécessaire de les nourrir…
Orius laevigatus
Il s’agit également d’une punaise prédatrice dont le plat favori est le thrips.
On l’utilise sous abri sur des cultures de melons, poivrons, courgettes, aubergines ou fraisiers.
Phytoseiulus persimilis
Originaire du Chili, cet acarien a été importé accidentellement en Allemagne en 1958.
Il est maintenant utilisé pour lutter contre le tétranyque tisserand (Tetranychus urticae), un autre acarien pouvant entraîner des dégâts importants sous serre (dessèchement du feuillage, décoloration des fruits…).
On l’emploie principalement pour les cultures de concombres, poivrons, aubergines, melons, haricots, fraises, tomates (efficacité moindre)
Les avantages des auxiliaires au potager
Il faut reconnaître aux introductions d’auxiliaires une réelle efficacité en milieu fermé (serre).
Cette technique a pour conséquence directe une diminution voir pour certains professionnels l’abandon de produits phytosanitaires (d’ailleurs souvent incompatibles avec l’introduction d’auxiliaires).
Les inconvénients des auxiliaires au potager
Les effets sont très incertains, voire nuls, en milieu ouvert, car les auxiliaires ne restent pas (sauf s’ils ont les ailes coupées… Et vous trouvez ça bio ???) : cela implique de fermer les serres et donc d’empêcher également les pollinisateurs naturels d’y pénétrer… Il faut donc également en introduire !
Les coûts sont élevés, sans parler d’une mortalité pouvant être importante chez des insectes non indigènes…
Alors, l’introduction d’auxiliaires au potager est-elle une bonne chose ?
Dans certaines conditions, l’introduction d’auxiliaires au potager se révèle efficace.
Néanmoins, il me semble important de réfléchir un peu plus en avant cette question :
Force est de reconnaître une certaine méconnaissance des conséquences de l’introduction de ces auxiliaires sur la biodiversité existante (risques accrus si les auxiliaires sont originaires d’autres régions, comme nous l’avons vu avec la coccinelle asiatique), avec donc un risque de créer des déséquilibres supplémentaires…
Comme avec l’emploi d’insecticides, on ne cherche pas la cause du déséquilibre (Par exemple : pourquoi une invasion de pucerons ? Soit dit en passant souvent due à un excès d’azote…). Et on se contente de remédier au problème, quitte peut-être à en créer d’autres…
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