Purin d’Ortie, n’en abusez pas !

Intérêts du purin d’ortie

Le purin d’ortie est un engrais naturel très efficace.

Les orties sont utilisées comme engrais naturelDe nombreux jardiniers en parlent même comme d’une plante miracle.

Et, de fait, on peut facilement en constater les effets spectaculaires dans notre jardin. Un bon arrosage sur une plante moribonde, et quelques jours après, cette dernière change radicalement d’aspect. De terne et manquant de vigueur, elle devient rapidement très verte et vigoureuse…

Oui, mais… je constate qu’il n’est pas toujours employé à bon escient… avec des conséquences pouvant être catastrophiques pour les cultures…

Mais avant de voir concrètement comment préparer et utiliser le purin d’ortie de façon appropriée, commençons par examiner ses propriétés.

C’est un engrais azoté à effet rapide.

Il est efficace pour :

  • Favoriser le développement de la végétation ;
  • Redonner de la vigueur à une plante en état de faiblesse (le manque d’azote se caractérise par une faible croissance et une teinte jaunâtre du feuillage) ;
  • Renforcer les défenses naturelles des plantes.

C’est en outre une plante engrais très puissante… A tel point que les vendeurs de mort – l’industrie chimique agricole – a réussi à les interdire pendant un certain temps. Heureusement, ce n’est plus le cas.

Il est donc essentiel de le diluer, que ce soit pour arroser au pied des plantes, ou pour une pulvérisation sur le feuillage.

Vous ne me croyez pas ?

Arrosez n’importe quelle plante avec ce purin non dilué en mouillant le feuillage… Vous ne tarderez pas à constater le résultat : le feuillage va noircir puis mourir…

Une caractéristique qui lui confère une fonction supplémentaire :  c’est un désherbant extrêmement efficace (on l’utilise alors pur).

Préparation du purin d’ortie

La préparation à base d’orties la plus connue et la plus communément employée est le purin.

Il s’agit concrètement d’une fermentation de feuilles d’orties plongées dans de l’eau.

Comment faire son purin d'ortie ?
purin d'ortie
Purin près à être utilisé
  • Remplissez un récipient  (en terre, en bois ou en plastique, mais en aucun cas en métal, sous peine d’oxydation) de plantes fraîches. Complétez avec de l’eau de pluies (ou de sources, mais évitez l’eau du robinet, souvent fortement calcaire et chargée en chlore) ;
  • Couvrez, en laissant une légère aération (une petite cale empêchant la fermeture complète du couvercle est très bien pour éviter une putréfaction) ;
  • Remuez chaque jour : vous pouvez observer une importante mousse qui se forme à la surface (c’est la fermentation) ;
  • Le purin est prêt à être utilisé quand il n’y a plus de mousse (ou à peine), c’est-à-dire 1 ou 2 semaines (variable selon les conditions) après le début de la préparation ;
  • Filtrez-le.

Utilisations du purin d’ortie

Voyons maintenant quand, et comment, utiliser ce purin.

Comme engrais naturel

Le purin issu de la fermentation des feuilles d’orties est un engrais azoté très puissant.

Si vous ne voulez pas brûler le feuillage des plantes cultivées, et tout simplement pour éviter un excès d’azote, il est impératif de diluer le purin avant utilisation :

  • à 5 % (par exemple 0.5 litre de purin pour 10 litres d’eau) pour pulvériser directement sur les cultures (si vous dépassez largement ce dosage, la plante bénéficiant de la pulvérisation risque tout simplement de mourir)
  • à 10 % (1 litre de purin pour 10 litres d’eau) pour arroser au pied des plantes (nous verrons plus bas les conséquences d’un excès d’azote)

D’une manière générale, les besoins en azote d’une plante annuelle se situent en début de culture.

C’est en effet durant les premières semaines que sa végétation va se développer (ce qui est le rôle de l’azote).

Je recommande ainsi d’effectuer tout au plus 2 ou 3 traitements au purin, à 10-15 jours d’intervalle (donc pendant 1 mois à 1 mois 1/2 après la mise en place de la culture)

Par la suite, pour favoriser le développement de fruits ou autres organes (tubercules, racines, gousses, pommes de salades ou de choux…) une plante a aussi et surtout besoin de phosphore et de potasse.

Une préparation à base de consoude, une plante mieux équilibrée en éléments minéraux, répondra alors plus efficacement à ces besoins multiples que l’ortie.

Comme revitalisant

Si une plante végète, se développe mal ou que son feuillage à tendance à jaunir, elle est probablement carencée en azote.

Mais attention, cela peut aussi être un blocage du sol et donc des éléments minéraux présents…

L’ortie n’y remédiera alors que ponctuellement, mais redonner vie au sol constituera alors une priorité.

Cette richesse en azote du purin sera également utile pour redonner de la vitalité à une plante particulièrement faible.

Dès lors, des arrosages ou pulvérisation plus rapprochés dans le temps (tous les 2 ou 3 jours) seront bienvenus.

Il est également envisageable de diluer un peu moins (mais pas au-dessus de 10 % pour des pulvérisations, et pas au-dessus de 20 % pour des arrosages).

Ces traitements cesseront dès que la plante aura repris de la vigueur… S’il s’agissait bien d’une carence, cette reprise sera visible en quelques jours.

Comme désherbant naturel

Nous venons de le voir.

Une dilution non respectée pourra avoir pour conséquence la mort d’une plante…

Nous allons en conséquence nous appuyer ici sur cette caractéristique pour utiliser ce purin comme désherbant naturel !

Comment procéder ?

Ne diluez tout simplement pas votre purin.

Et arrosez directement, avec une pomme d’arrosoir à larges trous* , sur les plantes que vous voulez éliminer, que ce soit sur une planche de culture à nettoyer, sur des allées ou même une terrasse…

Patientez 2 ou 3 jours…

Les jeunes pousses auront probablement disparu.

Si ce n’est pas le cas, renouvelez l’opération (cela sera sans doute nécessaire pour venir à bout de plantes particulièrement coriaces, comme le rumex ou le plantain par exemple).

*Même si théoriquement il est également possible de pulvériser avec du purin d’ortie non dilué, dans la pratique, cela sera beaucoup plus compliqué. Les buses de votre pulvérisateur risquent fort de se boucher.

Conserver le purin d’ortie

Le purin se conserve, filtré, dans un récipient non-métallique, à l’abri de la lumière et dans un endroit frais.

Des bidons opaques placés dans une cave, un hangar ou même simplement à l’ombre, permettront une bonne conservation pendant la saison.

Mais, à mon sens, passé une saison, les effets deviennent très minimes. Aussi, mieux vaut refaire un purin en début de printemps que d’utiliser un purin conservé de l’année précédente.

Pourquoi ne faut-il pas en abuser ?

Pas besoin de purin d'ortie pour cette culture de pommes de terre
Cette culture de pommes de terre n’a pas, ou plus, besoin de purin : sa végétation est déjà très vigoureuse…

Le purin d’ortie attire les pucerons

L’excès d’azote attire les pucerons en masse.

En d’autres termes, une plante trop vigoureuse constitue un attrait indéniable pour les pucerons et quelques autres ravageurs (pour éloigner les pucerons, on utilisera une macération comme nous allons le voir plus bas).

Notez également ici que les légumineuses (au potager : pois, fèves, haricots) captent l’azote atmosphérique.

Elles n’ont donc pas besoin d’azote supplémentaire.

Le purin d’ortie n’est donc pas utile pour ce type de plantes…

Il est même néfaste, car du fait qu’elles contiennent beaucoup d’azote, elles sont naturellement très attractives pour les pucerons… Ajoutez un peu de ce purin, et c’est l’invasion presque assurée.

Le purin d’ortie peut nuire à la floraison

Nous en avons déjà parlé sur le blog, mais une plante très (ou plus exactement trop) vigoureuse n’éprouvera pas le besoin de se reproduire (voir ici).

Ainsi, si l’on abuse du purin d’ortie en période de floraison, on continuera à favoriser la croissance de la plante cultivée (croissance excessive se caractérisant par un développement du feuillage très important). Ce qui sera au détriment de sa floraison et donc de la production (c’est particulièrement vrai pour les légumes-fruits : tomates, concombres, aubergines, melons, courges et courges).

De même, des arrosages ou traitements tardifs avec ce purin favoriseront la croissance du feuillage… Une croissance excessive qui se fera au détriment du développement des racines, tubercules, bulbes…

Ce déséquilibre rend la plante plus vulnérable aux maladies et autres attaques parasitaires.

Autres préparations à base d’ortie

On emploie également l’ortie sous forme de macération ou d’infusion.

Ces préparations permettent un emploi plus rapide que le purin.

Et leurs effets sont sensiblement différents.

 

La macération d'ortie

Cette préparation est utile pour renforcer les plantes cultivées contre les attaques de pucerons ou acariens.

Préparation de la macération d’ortie :

  • Mettez les plantes fraîches à tremper (100 g pour 1 litre d’eau) pendant 12 heures (pour une utilisation en curatif) ou durant 2 à 3 jours. (pour une utilisation en préventif) ;
  • Placez si possible le récipient au soleil ;
  • Filtrez.

Utilisations de la macération d’ortie :

  • Pulvérisez en préventif (avant l’éclosion des bourgeons et à l’apparition des jeunes feuilles) une préparation de 2 ou 3 jours diluée 50 fois ;
  • Pulvérisez en curatif (donc en cas d’attaque importante) une macération de 12 heures maximum, non diluée. Répétez l’opération 2 à 3 fois par semaine jusqu’à disparition des indésirables.

 

L'infusion d'ortie

L’infusion est notamment utilisée pour protéger les choux d’une invasion de charançon gallicole.

  • Découpez finement 200 g de feuilles fraîches ;
  • Placez dans un récipient non-métallique et versez 1 litre d’eau bouillante ;
  • Couvrez et laissez infuser jusqu’à refroidissement ;
  • Laissez reposer 24 heures ;
  • Filtrez et pulvérisez non dilué dans les jours qui suivent sur les jeunes plants de choux.

En conclusion

L’ortie est certes utile pour redonner de la vigueur à une plante faible.

Elle renforce également les défenses naturelles des plantes cultivées.

Il convient toutefois de ne pas abuser du purin sous peine d’engendrer des déséquilibres. En ce sens, on peut tout à fait comparer l’ortie à un engrais chimique à effet rapide).

Préparez les trous de plantation des tomates en y mettant une poignée d’orties

L’ortie favorisera la croissance initiale (Pour cela, vous pouvez d’ailleurs simplement mettre quelques poignées de feuilles d’orties au fond d’un trou de plantation, ceci 3 à 4 semaines avant la plantation, et sans refermer le trou afin que les feuilles puissent se décomposer… Détail souvent omis, mais qui a son importance). Mais, par la suite, préférez la consoude, plus adaptée à la floraison, à la fructification ou encore au développement des tubercules ou autres bulbes. Un mélange ortie/consoude est également envisageable.

Et plutôt que d’avoir recours à cet engrais “coup de fouet”, il est préférable de tout faire pour favoriser la fertilité naturelle de son sol, ceci par des apports de matières organiques, que ce soit par une couverture permanente (paillage*, BRF, engrais verts) et/ou par des apports réguliers de compost ou de fumiers animaux.

En résumé, ce purin doit être considéré comme un complément de fertilisation.

Mais la réussite de votre potager reposera avant tout sur des pratiques adaptées à vos conditions de culture (climat, sol, environnement naturel…).

Ces techniques sont détaillées dans Mon Potager au Naturel.

*On peut au demeurant très bien pailler avec quelques feuilles d’orties fraîches. Les effets seront alors plus modérés mais aussi plus durables.

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