Le purin d’ortie est l’un des engrais naturels les plus utilisés par les jardiniers bio. Riche en azote et en oligo-éléments, il stimule la croissance des plantes et renforce leur résistance.
Mais attention : un usage excessif peut déséquilibrer vos cultures et attirer des parasites comme les pucerons.
Découvrons ensemble comment préparer, utiliser et doser correctement le purin d’ortie pour profiter de ses bienfaits sans risques.
Mais commençons déjà par examiner ses propriétés.
Pourquoi utiliser du purin d’ortie au jardin bio ?
C’est un engrais azoté à effet rapide.
Il est efficace pour :
- Favoriser le développement de la végétation ;
- Redonner de la vigueur à une plante en état de faiblesse (le manque d’azote se caractérise par une faible croissance et une teinte jaunâtre du feuillage) ;
- Renforcer les défenses naturelles des plantes.

C’est en outre une plante engrais très puissante… A tel point que les vendeurs de mort – l’industrie chimique agricole – a réussi à les interdire pendant un certain temps. Heureusement, ce n’est plus le cas.
Il est donc essentiel de le diluer, que ce soit pour arroser au pied des plantes, ou pour une pulvérisation sur le feuillage.
Vous ne me croyez pas ?
Arrosez n’importe quelle plante avec ce purin non dilué en mouillant le feuillage… Vous ne tarderez pas à constater le résultat : le feuillage va noircir puis mourir…
Une caractéristique qui lui confère une fonction supplémentaire : c’est un désherbant extrêmement efficace (on l’utilise alors pur).
Intérêts du purin d’ortie en résumé :
- Engrais azoté puissant qui favorise la croissance.
- Revitalise les plantes fatiguées.
- Sert aussi de désherbant lorsqu’il est appliqué pur.
- Aide à prévenir certaines attaques de ravageurs.
Comment préparer le purin d’ortie ?
La préparation à base d’orties la plus connue et la plus communément employée est le purin.
Il s’agit concrètement d’une fermentation de feuilles d’orties plongées dans de l’eau.

- Remplissez un récipient (en terre, en bois ou en plastique, mais en aucun cas en métal, sous peine d’oxydation) de plantes fraîches. Complétez avec de l’eau de pluies (ou de sources, mais évitez l’eau du robinet, souvent fortement calcaire et chargée en chlore) ;
- Couvrez, en laissant une légère aération (une petite cale empêchant la fermeture complète du couvercle est très bien pour éviter une putréfaction) ;
- Remuez chaque jour : vous pouvez observer une importante mousse qui se forme à la surface (c’est la fermentation) ;
- Le purin est prêt à être utilisé quand il n’y a plus de mousse (ou à peine), c’est-à-dire 1 ou 2 semaines (variable selon les conditions) après le début de la préparation ;
- Filtrez-le.
Notez qu’un purin d’ortie trop macéré risque d’avoir perdu une grande partie de son efficacité. Il est donc essentiel de le filtrer lorsqu’il est prêt.
La préparation du purin d’ortie en résumé :
- 1 kg de feuilles d’ortie fraîches pour 10 L d’eau.
- Fermentation 10 à 15 jours selon la température.
- Remuer régulièrement et filtrer avant usage.
Comment utiliser le purin d’ortie ?
Voyons maintenant quand et comment utiliser le purin d’ortie.
Utilisation comme engrais naturel
Le purin issu de la fermentation des feuilles d’orties est un engrais azoté très puissant.
Si vous ne voulez pas brûler le feuillage des plantes cultivées, et tout simplement pour éviter un excès d’azote, il est impératif de diluer le purin avant utilisation :
- à 5 % (par exemple 0.5 litre de purin pour 10 litres d’eau) pour pulvériser directement sur les cultures (si vous dépassez largement ce dosage, la plante bénéficiant de la pulvérisation risque tout simplement de mourir).
- à 10 % (1 litre de purin pour 10 litres d’eau) pour arroser au pied des plantes (nous verrons plus bas les conséquences d’un excès d’azote).
D’une manière générale, les besoins en azote d’une plante annuelle se situent en début de culture.
C’est en effet durant les premières semaines que sa végétation va se développer (ce qui est le rôle de l’azote).
Je recommande ainsi d’effectuer tout au plus 2 ou 3 traitements au purin, à 10-15 jours d’intervalle (donc pendant 1 mois à 1 mois 1/2 après la mise en place de la culture)
Par la suite, pour favoriser le développement de fruits ou autres organes (tubercules, racines, gousses, pommes de salades ou de choux…) une plante a aussi et surtout besoin de phosphore et de potasse.
Une préparation à base de consoude, une plante mieux équilibrée en éléments minéraux, répondra alors plus efficacement à ces besoins multiples que l’ortie.
Utilisation comme revitalisant
Si une plante végète, se développe mal ou que son feuillage à tendance à jaunir, elle est probablement carencée en azote.
Mais attention, cela peut aussi être un blocage du sol et donc des éléments minéraux présents…
L’ortie n’y remédiera alors que ponctuellement, mais redonner vie au sol constituera alors une priorité.
Cette richesse en azote du purin sera également utile pour redonner de la vitalité à une plante particulièrement faible.
Dès lors, des arrosages ou pulvérisation plus rapprochés dans le temps (tous les 2 ou 3 jours) seront bienvenus.
Il est également envisageable de diluer un peu moins (mais pas au-dessus de 10 % pour des pulvérisations, et pas au-dessus de 20 % pour des arrosages).
Ces traitements cesseront dès que la plante aura repris de la vigueur… S’il s’agissait bien d’une carence, cette reprise sera visible en quelques jours.
Utilisation comme désherbant naturel
Nous venons de le voir.
Une dilution non respectée pourra avoir pour conséquence la mort d’une plante…
Nous allons en conséquence nous appuyer ici sur cette caractéristique pour utiliser ce purin comme désherbant naturel !
Comment procéder ?
Ne diluez tout simplement pas votre purin.
Et arrosez directement, avec une pomme d’arrosoir à larges trous* , sur les plantes que vous voulez éliminer, que ce soit sur une planche de culture à nettoyer, sur des allées ou même une terrasse…
Patientez 2 ou 3 jours…
Les jeunes pousses auront probablement disparu.
Si ce n’est pas le cas, renouvelez l’opération (cela sera sans doute nécessaire pour venir à bout de plantes particulièrement coriaces, comme le rumex ou le plantain par exemple).
*Même si théoriquement il est également possible de pulvériser avec du purin d’ortie non dilué, dans la pratique, cela sera beaucoup plus compliqué. Les buses de votre pulvérisateur risquent fort de se boucher.
Conserver le purin d’ortie
Le purin se conserve, filtré, dans un récipient non-métallique, à l’abri de la lumière et dans un endroit frais.
Des bidons opaques placés dans une cave, un hangar ou même simplement à l’ombre, permettront une bonne conservation pendant la saison.
Mais, à mon sens, passé une saison, les effets deviennent très minimes. Aussi, mieux vaut refaire un purin en début de printemps que d’utiliser un purin conservé de l’année précédente.
Précautions et limites du purin d’ortie

Bien qu’étant un produit naturel, le purin d’ortie n’est pas sans présenter quelques « dangers » pour nos cultures…
Le purin d’ortie attire les pucerons
L’excès d’azote attire les pucerons en masse.
En d’autres termes, une plante trop vigoureuse constitue un attrait indéniable pour les pucerons et quelques autres ravageurs (pour éloigner les pucerons, on utilisera une macération comme nous le verrons plus bas).
Notez également ici que les légumineuses (au potager : pois, fèves, haricots) captent l’azote atmosphérique.
Elles n’ont donc pas besoin d’azote supplémentaire.
Le purin d’ortie n’est donc pas utile pour ce type de plantes…
Il est même néfaste, car du fait qu’elles contiennent beaucoup d’azote, elles sont naturellement très attractives pour les pucerons… Ajoutez un peu de ce purin, et c’est l’invasion presque assurée.
Le purin d’ortie peut nuire à la floraison
Nous en avons déjà parlé sur le blog, mais une plante très (ou plus exactement trop) vigoureuse n’éprouvera pas le besoin de se reproduire (voir ici).
Ainsi, si l’on abuse du purin d’ortie en période de floraison, on continuera à favoriser la croissance de la plante cultivée (croissance excessive se caractérisant par un développement du feuillage très important). Ce qui sera au détriment de sa floraison et donc de la production (c’est particulièrement vrai pour les légumes-fruits : tomates, concombres, aubergines, melons, courges et courges).
De même, des arrosages ou traitements tardifs avec ce purin favoriseront la croissance du feuillage… Une croissance excessive qui se fera au détriment du développement des racines, tubercules, bulbes…
Ce déséquilibre rend la plante plus vulnérable aux maladies et autres attaques parasitaires.
Avantages : Engrais naturel, stimule la croissance, revitalise les plantes, peut servir de désherbant.
Précautions : Ne pas utiliser pur pour l’engrais, éviter les légumineuses, doser selon besoins de la culture, ne pas abuser pour éviter floraison réduite et attraction pucerons.
Autres préparations à base d’ortie
On emploie également l’ortie sous forme de macération ou d’infusion.
Ces préparations permettent un emploi plus rapide que le purin.
Et leurs effets sont sensiblement différents.
Cette préparation est utile pour renforcer les plantes cultivées contre les attaques de pucerons ou acariens.
Préparation de la macération d’ortie :
- Mettez les plantes fraîches à tremper (100 g pour 1 litre d’eau) pendant 12 heures (pour une utilisation en curatif) ou durant 2 à 3 jours. (pour une utilisation en préventif) ;
- Placez si possible le récipient au soleil ;
- Filtrez.
Utilisations de la macération d’ortie :
- Pulvérisez en préventif (avant l’éclosion des bourgeons et à l’apparition des jeunes feuilles) une préparation de 2 ou 3 jours diluée 50 fois ;
- Pulvérisez en curatif (donc en cas d’attaque importante) une macération de 12 heures maximum, non diluée. Répétez l’opération 2 à 3 fois par semaine jusqu’à disparition des indésirables.
L’infusion est notamment utilisée pour protéger les choux d’une invasion de charançon gallicole.
- Découpez finement 200 g de feuilles fraîches ;
- Placez dans un récipient non-métallique et versez 1 litre d’eau bouillante ;
- Couvrez et laissez infuser jusqu’à refroidissement ;
- Laissez reposer 24 heures ;
- Filtrez et pulvérisez non dilué dans les jours qui suivent sur les jeunes plants de choux.
Tableau récapitulatif des différentes préparations naturelles à base d’ortie
| Préparation | Usage | Dilution recommandée | Fréquence |
| Purin d’ortie | Engrais azoté | 5 % pulvérisation, 10 % pied | 2–3 fois début culture |
| Purin d’ortie | Désherbant | Non dilué | Selon besoin |
| Macération d’ortie | Prévention pucerons | 50 fois en préventif, non diluée pour curatif | 2–3 fois/semaine curatif |
| Infusion d’ortie | Protection choux (charançon) | Non diluée | Dès apparition |
En conclusion
L’ortie est certes utile pour redonner de la vigueur à une plante faible. C’est un très bon stimulant végétal.
Elle renforce également les défenses naturelles des plantes cultivées.
Il convient toutefois de ne pas abuser du purin d’ortie sous peine d’engendrer des déséquilibres. En ce sens, on peut tout à fait comparer l’ortie à un engrais chimique à effet rapide).

L’ortie favorisera la croissance initiale (Pour cela, vous pouvez d’ailleurs simplement mettre quelques poignées de feuilles d’orties au fond d’un trou de plantation, ceci 3 à 4 semaines avant la plantation, et sans refermer le trou afin que les feuilles puissent se décomposer… Détail souvent omis, mais qui a son importance).
Mais, par la suite, préférez la consoude, plus adaptée à la floraison, à la fructification ou encore au développement des tubercules ou autres bulbes. Un mélange ortie/consoude est également envisageable.
Et plutôt que d’avoir recours à cet engrais « coup de fouet », il est préférable de tout faire pour favoriser la fertilité naturelle de son sol, ceci par des apports de matières organiques, que ce soit par une couverture permanente (paillage*, BRF, engrais verts) et/ou par des apports réguliers de compost ou de fumiers animaux.
En résumé, ce purin doit être considéré comme un complément de fertilisation.
Mais la réussite de votre potager reposera avant tout sur des pratiques adaptées à vos conditions de culture (climat, sol, environnement naturel…).
Ces techniques sont détaillées dans Mon Potager au Naturel.
*On peut au demeurant très bien pailler avec quelques feuilles d’orties fraîches. Les effets seront alors plus modérés qu’avec un purin, mais aussi plus durables.
FAQ – Erreurs fréquentes avec le purin d’ortie
Faut-il utiliser le purin d’ortie pur ?
Non, surtout pas ! Utilisé pur, le purin d’ortie risque de brûler les plantes et de déséquilibrer le sol. Il doit toujours être dilué : 10 % en arrosage au pied et 5 % en pulvérisation foliaire.
Que se passe-t-il si le purin n’a pas assez fermenté ?
Un purin d’ortie insuffisamment fermenté sera moins efficace et pourra dégager une odeur encore plus désagréable. Il est important d’attendre la fin de la fermentation (10 à 15 jours selon la température).
Peut-on conserver le purin d’ortie longtemps ?
Le purin d’ortie se conserve plusieurs semaines s’il est stocké dans un récipient fermé, à l’abri de la lumière et de la chaleur. Mais au-delà, il perd en efficacité.
Quelles plantes ne supportent pas le purin d’ortie ?
Les légumineuses (haricots, pois, fèves) n’ont pas besoin d’apports azotés et peuvent souffrir d’un excès. Le purin d’ortie est donc déconseillé pour elles.
Le purin d’ortie peut-il remplacer tous les engrais ?
Non. C’est un excellent stimulant, mais il ne suffit pas à lui seul pour couvrir tous les besoins du potager. Il doit être utilisé en complément d’un sol bien enrichi en compost et matières organiques.
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