Benoit nous présente aujourd’hui son mélange de légumineuses, en tant qu’engrais vert hivernant.
Bonjour à tous !
J’ai récemment eu l’idée, fortement inspirée par des discussions avec mes amis paysans, des lectures et visionnages de reportages toujours aussi fructueux (notamment la série de DVD de Stéphane Aïssaoui) de remanier mon mélange d’engrais verts d’hiver.
D’une part pour le standardiser et le généraliser à l’ensemble des planches de cultures, d’autre part du fait que, disposant de matériaux typés « ligneux » sur place qui me permettent d’alimenter le sol en matières carbonées (résidus de cultures, céréales, paille, foin, BRF), j’allais plutôt intensifier et diversifier la nourriture donnée au sol pour en maximiser les bienfaits au plan du maintien voire de l’augmentation de la fertilité de ma terre.
Donc, paille et légumineuses seront apportées de manière complémentaire, mais pas tout à fait en même temps (légumineuses en couvert juste avant les cultures de légumes, et paille à la suite, au fur et à mesure).
En aparté : J’ai même semé des arbres ligneux, des feuillus de ma région, et des arbres et arbustes fixateurs d’azote en pépinière pour tenter de m’approcher d’une autonomie en BRF, que je préfère à la paille achetée, d’ailleurs uniquement disponible ici en version issue de systèmes conventionnels. Je préfère la perspective de mon propre BRF Bio et de ma paille poussée sur place.
Mon nouveau mélange hivernant est donc 100 % légumineuses. Ce sera d’abord un essai.
Objectifs de ce mélange de légumineuse
Voilà ce que j’en espère :
Culture très peu gourmande en azote (autonome) qui produit un maximum de masse sèche sans diminuer les réserves du sol.
Forte sollicitation de l’ensemble de la chaîne des acteurs de la vie du sol, notre fameuse biodiversité. Les légumineuses sont les championnes de la stimulation de l’activité biologique, sans laquelle absolument rien n’est possible, même la bonne conduite des paillages que nous appliquons. C’est la toute première pierre de l’édifice. Sans activité biologique, il n’y aura rien.
Mélange à forte dominante de grosses graines, qui n’auront aucun mal à traverser la paille. On lève le paillis, on sème, une fine couche de terreau et/ou compost, un petit plombage, on repose le paillis, et basta. Avouez que c’est idéal en termes de charge de travail. En prime, aucun travail mécanique du sol n’est nécessaire (c’est une autre pierre philosophale de nos jardins modernes).
Grande diversité des types de systèmes racinaires, d’où un travail biologique du sol très bien réparti (il y a des fasciculés et des pivotants, comme la féverole).
Restitution rapide d’une grande quantité d’éléments rapidement minéralisables, l’azote en tête. À la période de la fauche (début du printemps), la minéralisation reprend fortement sous l’action de l’activité biologique qui se réveille. Des expériences montrent que l’azote du couvert se retrouve disponible 40 jours après la fauche.
Le deuxième pic de minéralisation de l’année se situe tout pile au moment du semis de ce couvert (automne). C’est idéal. Ça minéralise quand on sème, et ça minéralise quand on fauche ! D’où cette suggestion que je tiens de quelqu’un d’autre, mais qui fait systématiquement mouche : fertilisez vos couverts, pas vos légumes !
Grande diversité d’espèces : 10 plantes. Pour l’effet supposé de la maximisation de la biodiversité.
Ces couverts seront implantés en fin d’été, ou début d’automne, sur les planches qui ne seront pas en culture pour l’hiver (dans mes légumes d’hiver, je sèmerai de la légumineuse à faible développement en couvre-sol, sous la paille).
Composition du mélange de légumineuses
Voici la composition :
Féverole d’Hiver 20 % / Pois d’Hiver 12 % / Trèfle Incarnat 15 % / Vesce d’Hiver 20 % / Lotier Corniculé 5 % / Lupin Jaune d’Hiver 5 % / Luzerne Pluriannuelle 6 % / Mélilot 6 % / Minette 5 % / Sainfoin Pluriannuel 6 %.
Voici les proportions pour 100 m2 :
- Féverole : 360 g
- Lotier : 7.5 g
- Lupin : 75 g
- Luzerne : 15 g
- Mélilot : 12 g
- Minette : 7,5 g
- Pois d’Hiver : 72 g
- Sainfoin Pluriannuel : 27 g
- Trèfle Incarnat : 38 g
- Vesce d’Hiver : 100 g
Mes premiers semis en fin d’été/début d’automne 2016 pour ce petit monde, ensuite, advienne que pourra !
Rendez-vous en septembre et merci d’avance de vos commentaires ou remarques.
Amitiés et bonnes expériences,
Benoît
Bonjour Benoit, As-tu un retour d’expérience après 3 ans? Comment s’est passée l’implantation? Comment est-ce que tu maitrise le couvert au printemps, lorsqu’il faut implanter les cultures? Comment tu gères le semi de petites graines (carottes, par exemple) apres ce type de couvert?
L’idée me séduit beaucoup, mais je voudrais essayer d’éviter les erreurs grossières.
Merci d’avance.
Bonjour Guillaume, et merci beaucoup de ces suggestions très justes !
Pour ce qui est de la diversité du mélange, et bien c’est justement l’argument majeur que je voyais: un max de diversité. Sachant que trèfle et luzerne sont vivaces par leurs systèmes racinaires, ils vont rester en place après la fauche, voire se développer, et donner un couvert permanent aux futures planches de cultures de la parcelle. C’est mon but: des couverts permanents. Ces deux plantes là, on peut semer et repiquer dedans sans problème.
Pour ce qui est de la période de semis, je sème tous mes couverts en dérobé, c’est-à-dire avant la récolte de la planche.
Pour celui-ci, je sèmerai au 15 août. Je suis parti pour 1 an de couvert sur 80m2 où je mettrai mes serres, et je viens de semer le premier (15 avril), un biomax assez classique. J’ai placé un peu de ferti pour le gonfler à bloc, et je mettrai un peu de BRF saupoudré sur le Semis des légumineuses, avant de rouler le biomax.
Les serres devraient bien prospérer sur un tel bouillon de culture !
Merci encore de tes remarques, j’espère que tu en feras encore, ça me permet de continuer à avancer.
Est-ce que tu as un site, un blog ou autre où tu parles de ce que tu fais au jardin ? Est-ce que tu es dans le métier ?
À plus !
Bonjour Benoit,
Je suis conseiller sur tout ce qui touche à la prairie mais pour le jardin, je suis juste un amateur qui essaie de lire et apprendre le plus de choses de possible ( blog, video, articles en tout genre…).
Merci pour ta réponse et notamment tes précisions sur les couverts permanents. Encore une chose de plus à essayer 🙂
Pour l’instant, je me contente de semer de la luzerne, du sainfoin et du trèfle violet dans les cultures permanentes comme les petits fruits (framboisiers, groseilliers…) Ces trois espèces pérennes forment des touffes et laissent la place libre autour.
Je rechigne sur le trèfle blanc à cause de l’aspect envahissant. Je l’utilise uniquement entre les bandes de culture ou je marche. L’objectif est de tondre et remettre la tonte sur les bandes et ça fonctionne plutôt bien pour l’instant.
Sinon je viens de commander du trèfle d’Alexandrie et du mellilot à essayer!
Guillaume
Bonjour et merci pour ce blog toujours très riches!!
la perspective d’utiliser seulement des légumineuses est très intéressantes et je vais sans doute tester ça dès l’automne prochain.
Mais j’ai quelques réserves sur la composition du mélange et notamment l’utilisation de la luzerne, sainfoin, lotier, trèfle blanc ou violet pour deux raisons.
Premièrement, ce sont des plantes pluriannuelles qui expriment tout leurs intérêts (enracinement et azote) en les conservant plus d’un an…
Deuxièmement, ce sont des semences qui doivent être semées avant mi-septembre pour une bonne implantation alors que c’est encore la pleine production au jardin et donc qu’il n’y a pas encore de bandes de culture disponible.
Je vais sans doute m’en tenir aux légumineuses annuelles à fort développement, qui allient différents type d’enracinement, qui peuvent être semées plus tardivement et enfin se détruisent par simple fauche au printemps :
– une majorité de féverole qui fera office de tuteur,
– le pois,
– la vesce,
– le trèfle incarnat (peut être attendre la floraison au printemps…).
Bon printemps!
Guillaume
Si tu veux faire plus simple comme mélange, je te conseille Féverole/Sainfoin/Trèfle Blanc/Pois/Vesce. Tout ça en variétés hivernantes si tu fais ton couvert avant tes cultures de printemps dans ton assolement.
PS: Bien sûr, je ne compte ni le colza ni la moutarde dans les graminées, j’ai oublié de le préciser dans ma précédente réponse !
Amitiés, à bientôt
Très intéressant, cela me donne envie de composer mon propre mélange de légumineuses, mais sans doute avec moins de plantes.
Comme mon sol est à dominante argileuse, j’aimerais savoir quel est le type d’enracinement de chacune des différentes variétés ?
Bonjour Marie,
J’avais fait une petite liste récapitulative à propos des racines de ce mélange, la voici:
Féverole : Pivotant et fasciculé
Lotier : Fasciculé
Lupin : Fasciculé Important
Luzerne : Fasciculé puissant
Mélilot : Puissant et profond
Pois : Fasciculé moyennement profond
Sainfoin : Pivot très profond
Trèfle Blanc : Fasciculé bien développé
Microtrèfle : Fasciculé bien développé
Dans ton cas (encore qu’il faudrait que tu me précise ce que tu entends par “à dominante argileuse”), je te conseille d’introduire aussi de la graminée, type seigle, orge d’hiver ou avoine d’hiver, voire pourquoi pas du colza ou de la moutarde (le colza est plus facile à trouver chez des agriculteurs, dans leurs fonds de paquets).
Ceci dit, du 100% légumineuse ça se tente aussi en terre argileuse, car même si les systèmes racinaires sont moins puissants, le coup de fouet donné à l’activité biologique va fournir (à mon avis, je ne le sais pas encore) un travail biologique du sol dont l’effet améliorant sur la structure pourrait être équivalent aux graminées.
Bonne soirée et bons semis,
Benoît