La mouche de la betterave : un ravageur discret mais redoutable au potager

Vous avez repéré des galeries brunâtres dans les feuilles de vos betteraves ou de vos blettes ? Vos épinards semblent soudainement flétrir sans raison apparente ? Il est fort probable que la mouche de la betterave (Pegomya betae) soit à l’œuvre.

Ce petit insecte, souvent passé inaperçu par les jardiniers amateurs, peut pourtant causer d’importants dégâts sur plusieurs légumes.

Outre les betteraves rouges et les blettes (ou poirées), la mouche de la betterave s’attaque aussi volontiers aux épinards, aux bettes à carde, et plus occasionnellement aux chénopodiacées sauvages comme le chénopode blanc, qui lui servent de refuge.

Ses larves, en creusant des galeries dans les feuilles et les pétioles, affaiblissent les plantes, ralentissent leur croissance et compromettent les récoltes.

Dans cet article, voyons ensemble comment identifier les symptômes d’une attaque, comprendre le cycle de vie de ce ravageur, et surtout découvrir des solutions naturelles et efficaces pour protéger vos cultures.

Présentation de la mouche de la betterave

Reconnaître la mouche de la betterave

La mouche de la betterave, ou Pegomya betae, ressemble à une petite mouche grise, à peine plus grosse qu’une mouche domestique.

Larve de la mouche de la betterave
Larve de mouche de la betterave (Crédit photo : Ephytia)

Mais ce ne sont pas les adultes qui causent les dégâts : ce sont leurs larves, de petites asticots blanchâtres, qui creusent des galeries dans les feuilles et les pétioles.

Voici les symptômes les plus caractéristiques :

  • Taches ou traînées brunes ou translucides dans les feuilles ;
  • Galeries visibles dans les pétiole de blettes (c’est souvent là qu’on les repère en premier) ;
  • Feuilles qui flétrissent ou jaunissent, même si le reste de la plante semble sain.

Ces galeries internes ne sont pas toujours visibles au tout début, ce qui laisse le temps aux larves de bien s’installer…

Quels légumes sont concernés ?

La mouche de la betterave ne fait pas dans l’originalité : elle cible principalement les Chénopodiacées, et en priorité les cultures suivantes :

  • Betterave rouge (racines et feuilles)
  • Blette ou poirée (surtout les cardes)
  • Épinard
  • Et parfois des chénopodes sauvages (chénopode blanc, épinard sauvage…), qui servent de plantes-hôtes intermédiaires.

En résumé : si vous cultivez plusieurs de ces légumes, vous augmentez le risque d’attirer ce petit monde…

Cycle de vie : comprendre pour mieux agir

pupe de Pegomya betae
Pupes de Pegomya betae (Crédit photo : Ephytia)

La mouche de la betterave commence à pondre au printemps, souvent dès avril si le temps est doux. Les femelles déposent leurs œufs à la base des plantes ou sur les feuilles. Une fois éclos, les larves pénètrent dans les feuilles et commencent à creuser leurs galeries.

Il y a généralement deux à trois générations par an :

  • Une première vague au printemps ;
  • Une seconde, souvent plus importante, en été ;
  • Parfois une troisième en fin d’été si les conditions sont favorables.

Les larves se nymphosent dans le sol, et les adultes émergent quelques semaines plus tard. En hiver, la mouche hiverne sous forme de pupe dans la terre.

Protection des cultures

Mesures préventives contre la mouche de la betterave

Dégâts de la mouche mineuse sur feuille de betterave
Dégâts de la mouche mineuse sur une feuille de betterave (Crédit photo ; Ephytia).

Comme souvent au jardin, mieux vaut prévenir que guérir. Voici quelques bons réflexes pour limiter la présence de Pegomya :

  • Installez un filet anti-insectes dès la plantation ou la levée. Il empêche les mouches de venir pondre. Attention à bien border le voile et ne le poser que sur des plants sains.
  • Retirez les feuilles atteintes dès les premiers signes. Cela limite le nombre de larves et empêche leur développement.
  • Pratiquez des rotations de cultures d’une année à l’autre. La mouche a tendance à revenir au même endroit.
  • Limitez la présence de chénopodes sauvages autour du potager, qui peuvent servir de relais.
  • Associer avec des plantes compagnes répulsives : l’oignon, l’ail ou les tagètes peuvent avoir un effet dissuasif.

Miser sur les auxiliaires naturels

La nature a souvent les réponses. Favorisez la biodiversité dans votre jardin pour accueillir des prédateurs naturels :

  • Les carabes sont de bons chasseurs de larves ;
  • Les larves de syrphes mangent aussi d’autres insectes ;
  • Les ichneumons, des petites guêpes qui parasitent les larves dans leurs galeries

Pour les attirer, laissez des zones sauvages, installez des refuges à insectes, semez des fleurs mellifères (phacélie, bourrache, aneth…).

Que faire en cas d’attaque ?

Dégâts de mouche mineuse sur carde de blette
Carde de blettes infestée par des larves de la mouche mineuse Pegomya betae (photo prise par Eric, adhérent à ma prestation d’Accompagnement Personnalisé).

Pas besoin de sortir l’artillerie lourde. Si la mouche est déjà là :

  • Coupez et éliminez toutes les feuilles touchées (hors du compost !).
  • Vous pouvez tenter un purin de tanaisie (répulsif naturel) ou une décoction d’ail en pulvérisation sur les jeunes feuilles.
  • Un paillage épais peut gêner l’émergence des adultes ou limiter la ponte.
  • Le Bacillus thuringiensis n’est pas efficace ici : les larves sont protégées dans les tissus. Inutile donc d’en appliquer.

La clé, c’est d’intervenir tôt, avant que les larves ne s’installent trop profondément.

Faut-il s’inquiéter ?

Soyons clairs : la mouche de la betterave ne détruit pas tout. Une plante en bonne santé peut tout à fait supporter quelques galeries sans trop de conséquences (les cardes de blettes restent consommables, à condition de simplement supprimer les parties avec des galeries… à moins que vous ne vouliez apporter quelques calories de plus à votre repas !). Mais si l’infestation est répétée ou massive, il faut réagir.

Dans une approche de jardinage naturel, l’objectif n’est pas l’éradication, mais l’équilibre. Un peu de vigilance, quelques gestes simples, et votre potager s’en sortira très bien, sans insecticides.

La mouche de la betterave est un ravageur bien installé dans nos potagers, mais pas invincible. En apprenant à la connaître et en agissant avec méthode, vous pouvez protéger efficacement vos blettes, épinards et betteraves… tout en respectant la vie du sol et les équilibres naturels.

Crédit photo à la une : Ephytia

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