Alternatives à l’interdiction de brûler les déchets de jardin ?

Depuis 2020, brûler les déchets de jardin est strictement interdit, et ce même avec un incinérateur.

En commentaire sur l’article “Que semer et planter en septembre au potager ?”, Martine me faisait remarquer ceci : “Vous préconisez de brûler les plantes malades, mais c’est interdit de brûler sur son terrain, même dans un incinérateur de jardin. Perso, je mets dans des sacs fermés à la poubelle.

Ce à quoi je lui ai répondu qu’elle avait raison (en précisant toutefois que je ne préconisais pas de brûler “les plants malades”… mais uniquement ceux atteints par une maladie virale). Mais que l’article datant de plusieurs années, j’avais omis de corriger cela. Ce qui fut fait sur-le-champ.

Mais il n’en demeure pas moins que la solution proposée par Martine n’est pas vraiment satisfaisante… Qu’adviendra-t-il des végétaux malades mis dans des sacs-poubelles ? Soit ils seront compostés (ce qui n’est pas forcément suffisant pour venir à bout de certaines maladies, comme nous le verrons plus bas), soit ils seront brûlés (on ne fait alors que “déléguer” la pollution…).

Pas plus que ne le sont les solutions préconisées par l’ADEME…

Pourquoi cette interdiction de brûler les déchets de jardin ?

L’ADEME nous explique les raisons de cet interdit :

Brûler des déchets verts, ça pollue !

“Enflammer des végétaux, surtout s’ils sont humides, dégage des substances toxiques pour les êtres humains et l’environnement, telles que des particules (PM), des oxydes d’azote (NOx) des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), du monoxyde de carbone (CO), des composés organiques volatils (COV), ou encore des dioxines.

Cela s’ajoute à la pollution atmosphérique déjà importante. La toxicité des émissions est encore augmentée lorsque ces déchets verts sont brûlés avec d’autres déchets du jardin (plastiques, bois traités).”

Brûler des déchets verts, c’est interdit par la Loi

“La Loi N° 2020-105 du 10 février 2020 (relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire) a modifié le code de l’environnement. Il est désormais interdit de brûler des biodéchets (dont font partie les déchets de jardin) à l’air libre et dans les incinérateurs.

En cas de non-respect de la Loi, une contravention de 450 euros peut être appliquée (article 131-13 du nouveau Code pénal).

Les incinérateurs de jardin sont aussi interdits en France (vente et utilisation) depuis février 2020. Et ils ne peuvent plus être mis gratuitement à disposition des jardiniers.”

D’autres solutions existent pour se débarrasser de ses déchets verts

“Vous pouvez faire un compost ou utiliser ces déchets pour pailler au pied des plantes. Vous pouvez également apporter vos déchets verts en déchetterie. Certaines communes organisent aussi des collectes de déchets verts en porte-à-porte. Renseignez-vous auprès de votre mairie pour connaître les jours de collecte spécifique.”

Source : https://agirpourlatransition.ademe.fr/particuliers/maison/jardinage/feuilles-mortes-tonte-pelouse-branchages-brulez-jardin

Ok… Mais les déchets verts atteints par des virus, ou autres ravageurs, on en fait quoi ??? Merci l’ADEME…

En quoi cette interdiction de brûler les déchets de jardin pose-t-elle problème ?

Cet interdit, aussi louable soit-il d’une manière globale, pose problème pour les virus ou certaines maladies ou ravageurs (fruitiers notamment) non détruites par le compostage…

Maladies ou ravageurs pour lesquelles on préconisait, depuis des siècles, de brûler les déchets végétaux atteints.

Dans son commentaire, Pierre résumait parfaitement la problématique :

“C’est bien l’absurdité des décisions administratives/légales (style ADEME) que d’interdire de brûler les débris végétaux atteints de virus ou même de certaines maladies cryptogamiques, ou de les apporter en déchetterie : on favorise leur propagation. Idem si on les met avec les ordures ménagères : elles peuvent être refusées (sacs transparents obligatoires…) ou finiront brûlées de toute manière. La question n’est pas simple, mais si la propagation des virus et autres maladies est largement en augmentation, ce n’est pas forcément par hasard…alors les producteurs “industriels” traitent à mort les fruitiers…avec les phénomènes de résistance aux traitements ; et si on refuse, on fait quoi ? La désobéissance civile semble la seule solution recommandable.”

Quelles sont les maladies concernées ?

Il est difficile de lister les maladies particulièrement résistantes pour lesquelles on recommandait jusqu’ici (c’est d’ailleurs toujours le cas pour les professionnels…) de brûler les déchets végétaux atteints.

Pour ma part, j’ai exclu depuis longtemps les maladies cryptogamiques (mildiou, oïdium…) de ce processus sanitaire radical, préférant intégrer au compost les déchets végétaux atteints, ou même simplement les déposer au sol pour un compostage de surface. En effet, une montée en température correcte d’un bon compostage, ou même de simples gelées, ayant normalement raison des germes des champignons responsables de ces maladies.

Cela dit, certaines maladies cryptogamiques, comme par exemple différents chancres ou la moniliose, semblent plus virulentes. Et une destruction par le feu demeurerait sans doute préférable.

De même, les propagations d’une année sur l’autre de ravageurs comme par exemple les carpocapses (sévissant sur pommiers ou poiriers) sont depuis longtemps traditionnellement maîtrisées par le feu…

Mais c’est surtout pour les maladies à virus (par exemple ToBRF) que l’interdiction de brûler les déchets verts pose un sérieux problème… Ni le compostage, ni le gel ne sont alors suffisants pour éradiquer les virus. Virus qui risquent bien de s’étendre alors de plus en plus…

Bref, que peut-on faire lorsque nous nous retrouvons confrontés à de telles situations ?

Que faire ?

Les alternatives au brûlage des déchets verts atteints par des maladies ou ravageurs sont en réalité peu nombreuses… et peu satisfaisantes…

Le compostage

Nous avons vu que le compostage ne suffisait pas toujours. Mais, disons qu’en gros, des températures élevées (plus de 60 °C) pendant plusieurs jours permettront de détruire la majorité des germes de champignons (mais pas tous) et même certains virus (pas les plus résistants),

Assurer ces conditions de compostage chez soi est loin d’être évident.

Dès lors, mieux vaut à mon sens les emmener en déchetterie pour que les déchets verts malades y soit compostés dans les règles de l’art (avec des retournements réguliers afin de favoriser une forte montée en température)… si c’est le cas…

Mais si le compostage se fait “au petit bonheur la chance”, en emportant vos déchets verts en déchetterie, vous aurez certes éloigné le virus de votre jardin… Mais vous contribuerez probablement à sa propagation…

Notons ici que certaines installations de compostage industriel utilisent des méthodes de traitement thermique avancées pour détruire les agents pathogènes contenus dans les déchets organiques.

L’enfouissement des déchets atteints

Enfouir les déchets verts atteints par des maladies à virus ou des maladies cryptogamiques est peut-être une option plus adaptée.

Creusez un trou profond (80 cm minimum) et enfouissez les déchets de manière à ce qu’ils soient bien recouverts de terre.

Cela peut théoriquement contribuer à empêcher la propagation des maladies… À vérifier.

La ruse

Philippe, en réponse aux commentaires figurant plus haut, nous dit :

“Pour se débarrasser des plants malades une fois séchés… avoir un barbecue fabriqué avec un demi-bidon (ou construit avec une hotte) ce n’est pas interdit… On allume avec, après quelques sarments ou du bois et hop la saucisse ou la côte de bœuf !”

La loi nous dit : “Il est désormais interdit de brûler des biodéchets (dont font partie les déchets de jardin) à l’air libre et dans les incinérateurs”. 

Alors certes, en agissant ainsi, Philippe a peu de risques de se faire prendre la main dans le sac… Mais il n’en demeure pas moins qu’il risque une amende conséquente (450 €).

Dérogation préfectorale

Notez toutefois que les préfets ont le pouvoir de déroger ponctuellement à cette réglementation, et d’y apporter certains assouplissements.

Ces dérogations sont évidemment soumises à des conditions particulières favorables, excluant de fait des épisodes de pollution, les périodes à risques pour les incendies, ainsi que les zones urbaines ou sensibles…

Dans ces conditions d’autorisation préfectorale (à vérifier auprès de la mairie de votre lieu de résidence), l’observation de règles élémentaires reste bien entendu de rigueur :

  • Les végétaux à brûler doivent impérativement être secs (moins de pollution) ;
  • Les vents doivent être inférieurs à 20 km/h (pour limiter les nuisances au voisinage… et les risques de propagation d’incendies) ;
  • Le feu ne doit pas être allumé près d’habitations et de végétaux ou de matières inflammables (distances à voir en mairie).

En outre, les horaires d’autorisations sont clairement définis : entre 11h00 à 15h30 de décembre à février et entre 10h à 16h30 de mars à novembre.

Vos idées ?

Vous l’avez compris : je suis moi-même un peu désemparé face à cette nouvelle donne. Et aucune solution ne me semble totalement satisfaisante.

Vos idées et façons de procéder sont donc particulièrement attendues en commentaires ci-dessous.

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