Début février, j’ai reçu des dizaines de messages m’informant de l’apparition imminente d’un nouveau virus de la tomate, appelé “tomato brown rugose fruit virus” (ToBRFV en abrégé).
Et ça y est ; le lundi 17 février 2020, la présence du virus a été confirmée (par des analyses) dans le Finistère…
À l’heure du Coronavirus, c’est la panique ! (là, ce sont des dizaines de messages par jour que je reçois…).
Je m’excuse auprès des dizaines de personnes qui m’ont écrit à ce sujet… Mais franchement, il m’était impossible de répondre individuellement à chacun d’entre-vous !
D’autant plus que, tout comme vous, je n’avais pas plus d’informations (et pour cause, c’est un nouveau virus) que celles que l’on peut trouver dans les médias et sur le web…
Je vais donc faire comme je le ferais dans le cadre de mes conseils individuels dans une telle situation (je n’ai jamais été confronté au problème… Et aucune solution curative n’existe à ce jour)… Je vais faire des recherches approfondies (en consultant différentes sources et en les recroisant) et examiner le problème de plus près afin de comprendre de quoi il en retourne… Et réfléchir aux actions préventives possibles.
Commençons par comprendre de quoi il s’agit.
Virus “tomato brown rugose fruit virus” (ToBRFV) – Kezako ?
Le virus “tomato brown rugose fruit virus” (ToBRFV) est apparu en Israël en 2014.
Depuis, il s’est propagé en Jordanie en 2015.
Signalé en Allemagne et aux Etats-Unis en 2018, il nous cernera en 2019 (Turquie, la Chine, le Royaume-Uni, la Grèce et les Pays-Bas)…
Il fallait donc s’attendre à ce qu’il arrive chez nous…
Ce virus s’attaque aux solanacées (Pour le moment tomates, piments et poivrons… Mais il convient de surveiller d’autres plantes de cette famille : pommes de terre, pétunias, tabac…).
Les symptômes du ToBRFV
N’ayant jamais vu cette maladie, je vais me fier à différentes sources…
“Les symptômes du ToBRFV sont les suivants : taches claires en mosaïque sur le feuillage, feuilles déformées et rétrécies, pédoncules et calices desséchés, taches vertes à jaunes virant au brun sur les fruits, problème de maturation, fruits impropres à la consommation (par défaut de maturation, donc de goût, de texture et d’aspect).” (source : Gerbaud)
“Le fruit contaminé perd toutes ses qualités gustatives, en raison d’une rupture de sa maturation, venant altérer la qualité de sa chair et le rendant impropre à la commercialisation. Sur un plant malade, on peut observer des mosaïques et marbrures sur les feuilles, des taches et nécroses sur les fleurs et une décoloration avec des taches jaunes ou brunes sur les fruits qui peuvent aussi être déformés.” (source : 20 minutes)
Selon le site Ephytia (D’ailleurs très utile pour reconnaître une maladie… Après, pour les traitements, on n’est pas dans le “bio”) de l’Inra :
Symptômes sur la tomate :
- Folioles et feuilles : jaunissement nervaire, chlorose, marbrure, mosaïque ; déformations foliaires diverses
- Pédoncules, calices et pédoncules floraux : lésions nécrotiques,
- Fruits : taches jaunes, brunes, rugosité superficielle caractéristique ; déformations et maturation irrégulière,
- Symptômes comparables à ceux provoqués par le TMV, ToMV, voire PepMV. L’intensité des symptômes peut varier en fonction des variétés de tomate.
On retiendra ici que les fruits atteints par le virus seront impropres à la commercialisation et probablement à la consommation (en tout cas pas bons…).
Notons également que les symptômes peuvent aisément se confondre avec d’autres virus (mosaïque par exemple)… A mon avis, seule une analyse en laboratoire pourra confirmer, ou infirmer, qu’il s’agit bien du virus ToBRFV.
Comment se propage le virus ToBRFV ?
Je n’ai là non plus pas d’autres choix que de me référer aux sources connues (qui se recoupent) :
“Ce virus est, en effet, très contagieux : il se transmet par contact direct entre plantes contaminées, ou grâce à un vecteur tel que l’homme (mains, gants, vêtements, outils infectés), les insectes ou les oiseaux. Les matières végétales contaminées (donc les sols également) restent infectantes durant plusieurs mois si elles ne sont pas brûlées ; et la maladie peut se transmettre facilement par des graines porteuses du virus” (source : Gerbaud)
“Sources d’introduction potentielles : semences, plants, fruits, supports de culture recyclés, ruches et pollinisateurs pollués.
Conservation : virus très stable se conservant plusieurs mois sur divers supports.
Transmission mécanique : rapidement et facilement via divers contacts (entre plantes, mains et outils des travailleurs, vêtements, insectes pollinisateurs, oiseaux, eau d’irrigation, mais aussi les semences) ; au cours des opérations de taille, de greffage…” (source : Ephytia)
En résumé, les vecteurs de contamination sont nombreux…
Faut-il s’inquiéter outre mesure ?
Commençons par préciser que le virus ToBRFV n’est aucunement dangereux pour l’homme…
Ce virus touche seulement les végétaux, et plus précisément ceux de la famille des solanacées.
Disons également que des dizaines de virus sont déjà présents, notamment pour ce qui concerne les tomates (voyez ici). On vit avec…
Il est aussi important de savoir que ces virus sévissent avant tout dans les exploitations intensives… Même si en l’occurrence, de par son mode de propagation très important, le virus ToBRFV peut atteindre des jardins familiaux.
Bref, relativisons les choses… Il n’en demeure pas moins que l’on doit essayer d’enrayer la propagation du virus ToBRFV.
Ok, mais si mes cultures potagères sont atteintes, que faire ?
Que faire face au virus ToBRFV ?
Le signaler
Il est important de savoir où en est un virus pour essayer de limiter sa propagation.
Aussi, si vous observez chez vous le virus ToBRFV, on vous recommande de le signaler à la chambre d’agriculture de votre département (bon, les conséquences risquent d’être rudes pour votre jardin : désinfection “draconienne”, et surement pas bio, mise en quarantaine).
Des mesures préventives
Sur les différents médias qui en font mention, on peut lire que ce virus serait redoutable pour des cultures à haute densité de production (risque de 100 % de destruction)…
La première mesure préventive qui en découle est donc d’aérer vos plants… Ne les plantez pas trop proches les uns des autres, afin d’éviter que le virus ne se propage d’un plant à l’autre.
Et faites des cultures intercalaires. Par exemple, entre vos plants de tomates, associez des salades, des choux, du basilic ou encore des tagètes…
On conseille également de ne plus vous procurer de graines ailleurs que chez des semenciers certifiés (et tenus de contrôler leurs semences avant la commercialisation)… Tiens donc ? Pourtant, les propagations ont eu lieu par ce biais (“Les plants incriminés « proviennent du Royaume-Uni, mais sont issus de semences produites aux Pays-Bas », selon le ministère. ” – source : 20 minutes)
À l’heure où les échanges de graines sur Internet sont en plein essor, nuisant ainsi aux (énormes) profits des industries agro-alimentaires (je ne parle pas ici des petits semenciers bio), ça tombe bien !
Ben, je vais vous recommander le contraire.
Non pas pour nuire aux industriels de la semence (quoi que…), mais par simple bon sens.
En effet, vos fruits n’ont à ce jour (pratiquement) aucune chance d’être déjà atteints par le virus (est-ce le cas des semences produites en masse, on ne sait où ?)… Alors récupérez vos propres graines (sur des fruits sains, issus de plants sains bien sûr) et semez-les pour faire vos propres plants (ne croyez-vous pas qu’un plant acheté en jardinerie a plus de chance d’être contaminé que celui que vous aurez produit chez vous ?).
Des mesures curatives
Il n’y a, à ce jour, aucun traitement curatif…
Toutefois, selon Philippe Reignault, directeur du laboratoire de santé des végétaux à l’Anses “l’Allemagne a réussi à éradiquer le foyer de virus détecté en arrachant les plants, en les détruisant et en désinfectant le sol. C’est une stratégie qui doit être réactive, efficace, pour éviter qu’on passe d’un foyer ponctuel, localisé, à une situation de dissémination du virus.” Source : Futura Sciences).
Aussi, afin d’éviter la propagation du virus, il est impératif de détruire totalement la plantation (par le feu) et de désinfecter le terrain.
Le site de l’INRA présente une liste (hallucinante) de mesures à prendre en cas d’infection…
Soyons clair : c’est avant tout la filière tomate qui risque d’être fortement impactée si le virus venait à se propager de manière incontrôlée.
Mais ne cédons pas à la panique (Orchestrée ? Les alertes pleuvent quelques semaines avant l’apparition du virus !!!). Mais restons vigilants et agissons avec bon sens pour simplement éviter la propagation de ce virus.