La présence de plathelminthes terrestres a été signalé à plusieurs reprises en commentaires sur le blog (sur l’article sur les vers de terre ou encore sur celui consacré aux doryphores).
Importé de différentes régions du monde, sans doute dans des pots de culture, le plathelminthe terrestre est une espèce invasive pouvant nuire considérablement à la biodiversité et en particulier aux populations de vers de terre.
Surtout présente dans les régions côtières en 2014, l’espèce Obama nungara, la plus virulente, se propage aujourd’hui de façon inexorable sur tout le territoire…
Je n’ai pas pour habitude de parler de ce que je ne connais pas, ayant opté depuis les débuts de ce blog pour une approche basée avant tout sur une expérience concrète des choses.
Mais, pour ce qui concerne ces fameux plathelminthes, la pression est forte !
Je vais donc faire une entorse à ma ligne éditoriale pour aborder ce sujet inquiétant en me basant, non pas sur ma propre expérience (je n’ai encore jamais vu de plathelminthe), mais sur des témoignages de lecteurs ainsi que mes recherches (avec en particulier le blog du professeur Justine, spécialiste de la question).
Qu’est-ce que le plathelminthe terrestre ?

Le plathelminthe terrestre regroupe en fait plusieurs espèces :
- Obama nungara est l’espèce la plus répandue en France. On le trouve en effet dans 72 départements, et il est particulièrement présent sur toute la bordure Atlantique. Originaire d’Argentine pour les individus introduits en France, Obama nungara, est un ver plat d’environ 5 cm de long et de couleur marron (de marron clair à presque noir); il sort la nuit et se nourrit principalement de vers de terre et de mollusques ;
- Caenoplana variegata est originaire d’Australie et se nourrit notamment de cloportes, de myriapodes et d’araignées. On le trouve dans le Midi et en Bretagne. Il est de forme allongée (de 5 à 12 cm de long) et a une bande jaune caractéristique sur le dos ;
- Parakontikia ventrolineata a probablement été introduit en France à partir du sud de l’Angleterre, mais serait également originaire d’Australie. Il mesure de 1 à 5 cm, avec un dos presque noir mais parsemé de lignes plus claires. Particulièrement présent en Bretagne, on le trouve aussi dans le Midi. Il aime se réfugier dans les trous creusés par les limaces dans les fraises…
- Caenoplana coerulea vient également d’Australie mais aurait transité par l’Espace pour les spécimens présents sur le territoire français. Très allongé (de 5 à 10 cm), son dos est noir avec une rayure plus claire, alors que son ventre est bleu. Il a été observé en Loire-Atlantique, en Charente-Maritime, en Haute-Garonne ainsi que dans les Pyrénées Orientales ;
- Les Bipalium , regroupant plusieurs espèces (au moins 3 sont présentes en France) géantes (de 20 à 40 cm de long). Elles proviennent d’Asie du Sud et ont une tête en forme de marteau ;
- Platydemus manokwari nous vient de Nouvelle-Guinée. En France métropolitaine, elle est présente dans un seul endroit, les serres du Jardin des Plantes de Caen… Mais elle se répand dans les Antilles. Elle se nourrit d’escargots et de vers de terre.
Pour plus de précisions sur ces différentes espèces, avec notamment des photos et des cartes de répartition sur le territoire français, voyez ici.
En quoi les plathelminthes sont-il problématiques ?
L’espèce la plus problématique est à ce jour Obama nungara (mais les autres espèces citées ci-dessus n’en sont pas pour autant à négliger).
Très discret de par sa couleur marron et sa petite taille, et sans doute parce que ce n’est pas bon (Il parait qu’il a un goût “exécrable”… Aux dires de ceux qui l’ont goûté ?), Obama nungara n’a pas de prédateurs naturels en Europe…
Il se reproduit aussi très vite !
Et en devient ainsi particulièrement invasif.
Or, comme nous l’avons vu, les plathelminthes terrestres se nourrissent notamment de vers de terre (mais pas seulement – d’autres populations animales du sol sont aussi en danger)… qu’ils dévorent dès qu’ils en croisent !
Certains ont déjà pu constater une forte diminution de populations de vers de terre dans le sol de leurs jardins, au profit de cet envahisseur.
Rappelons simplement que les vers de terre sont indispensables à la vie du sol…
Stopper l’invasion devient donc semble t-il un impératif.
Mais aucune solution, ni naturelle, ni chimique n’est, à ce jour, homologuée.
Et écraser l’individu repéré ne servirait pas à grand chose (si vous en avez chez vous, ils se trouvent sans doute déjà en nombre dans le sol…).
Alors que faire ?
Que faire si vous découvrez des plathelminthes ?
Pour le moment, la seule approche envisagée consiste à cartographier l’invasion… Notamment afin d’essayer d’en mesurer les conséquences.
Pour cela, notre participation, dès que nous trouvons un plathelminthe, est essentielle.
Le professeur Jean-Lou Justine, de ISYEB (Institut de Systématique, Évolution, Biodiversité) se charge de ce travail de collecte de données.
C’est donc à lui que vous devez communiquer vos informations.
Voici comment procéder :
- Prenez-le en photo ;
- Récoltez éventuellement l’individu (sans le prendre avec les doigts) et mettez-le dans une petite boite hermétique ;
- Contactez Jean-Lou Justine. Il vous expliquera comment procéder…
Pour plus de détail sur le protocole à observer et pour contacter le professeur Justine, voyez ici.
En complément voici une vidéo sur les “envahisseurs” (Non, vous n’y verrez pas David Vincent… Mais c’est tout aussi effrayant !) :
Pourrons-nous un jour endiguer cette invasion ? Probablement pas… Quelles en seront les conséquences à terme ? L’avenir nous le dira…
Sources :
https://sites.google.com/site/jljjustine/plathelminthe-terrestre-invasif
Crédit photo en une de l’article : Par Jean-Lou Justine, Leigh Winsor, Delphine Gey, Pierre Gros, Jessica Thévenot — (2020). CC BY-SA 4.0, Lien
Bonjour, je viens d’acheter un Brugmansia et en le rempotant j’ai trouvé un de ces vers bizarres. Je vais le détruire mais surtout au prochain rempotage je jetterai toute la terre en déchetterie car ma plate bande est très riche en beaux vers de terre bien de chez nous!
Claire, Lury sur Arnon
Vue a Reims dans mon jardin
Bonjour, je n’ai pas de vers plats dans mon jardinet, mais j’ai vu une Limace léopard *Limax maximus”, de 13 cm, dévorer une limace noire. Peut être que ce serait le prédateur naturel du ver plat ?
Voir comment agirait t’elle en la présence d’un ver plat ?
Cordialement
Bjr, g trouvé ds mon jardin au Pradet (83220) l’espèce australienne. Son identification a été faite par le museum de Toulon suite à envoi d’une prise de vue.
Bonsoir nous avons cette bête par chez nous. Nous avons dans une parcelle un tuyau dans la terre qui serre de drain placés dans les années 50. Il ce trouve a la sorti du tuyau. Sa ressemble à une sangsue. On ce situe dans le cher 18
Bonjour
La dernière illustration concerne une Testacelle, limace pourvue d’une coquille rudimentaire, autochtone et assez commune dans les jardins
Bonjour Franck,
Merci !
J’avais un doute… je viens de remplacer l’image en question.
Cordialement,
Gilles
Bonjour,
Dans mon jardin situé dans le Val d’Oise non loin d’Argenteuil je n’ai pas vu cet animal. J’y veille tout de même !
Bonjour,
Merci pour cette info alerte.
Pour l’instant pas de trace sur le Puy-de-Dôme.
Comme dis Nicole, à souhaiter que nos taupes les trouvent à leur goût.
Cordialement
Bonjour,
Si ce ver est endémique dans les régions d’origine, un équilibre a dû s’y créer, sans vers de terre tels que les nôtres. Cela signifierait que cet équilibre pourrait se recréer ici? Qu’apporte ce ver à la terre? Qu’en retire-t-il? Il me semble bien qu’en Australie on plante, on sème et on cultive… je ne veux pas dire par là que c’est sans importance, mais je suis curieuse de savoir comment cela se passe… maintenant, si nos petites taupes ne peuvent s’en nourrir, là est peut-être le problème…
Bonjour Catherine,
La différence est justement qu’il n’a pas de prédateur naturel dans nos contrées.
Et les taupes n’en veulent visiblement pas…
Mais en effet, à terme, de nouveaux équilibres se créeront probablement… L’avenir nous le dira…
Cordialement,
Gilles
Bonjour.
Damned, je crois bien avoir déjà rencontré cette bestiole (au nord de Toulouse) “une sorte de sangsue plate”.
..en espérant qu’il ne faille pas attendre des millénaires avant de retrouver un équilibre..
Merci.
Salut Gilles !!
Une vraie catastrophe pour la vie des sols de nos jardins.
Es ce que tu m’autorises à partager ton article sur mon site sous forme d’extrait qui renverrait ensuite vers ton article ?
Bonne journée et merci pour cette information très importante. Amicalement. Jean Claude.
Bonjour Jean-Claude,
Comme tu le sais, les copier-coller (même des extraits) nuisent fortement au référencement des sites (Google et autres vont pénaliser les sites concernés, copieurs comme originaux)… ce qui peut avoir pour conséquence une perte considérable de visiteurs.
Je ne le souhaite donc pas.
Mais tu peux évidemment faire une introduction “à ta sauce” et mettre ensuite un lien. Ou écrire ton propre article sur le sujet…
Cordialement,
Gilles
Oui, tu as raison. Je vais faire cela à ma sauce. Il s’agit d’un sujet trop important pour ne pas en parler. Bonne continuation Gilles. A bientôt !! Amicalement. Jean Claude.
Bonjour,
Article et reportage très intéressants ! merci !
En espérant que cela ouvrira les yeux aux hommes !
Cordialement
E.
Bonjour,
Je pense qu’il faut absolument les détruire en les écrasant ou en les brulant. Si on les laisse vivre, ils vont pondre et donc se multiplier, et finiront par éliminer tous les vers de terre, car ils n’ont aucun prédateur connu. J’ai malheureusement l’occasion d’en voir régulièrement dans mon potager, cachés sous des pierres ou des planches de bois car ils ne supportent pas la lumière.
Bonjour Agnès,
Etant donné la vitesse de reproduction des plathelminthes, et le fait qu’ils vivent dans le sol, détruire les individus rencontrés ne sert pas à grand chose… Il y en a des centaines d’autres dans le sol.
C’est comme si vous tuez par inadvertance un ver de terre… ça ne changera rien à la population générale.
Cordialement,
Gilles
Vos lecteurs seront peut-être intéressés par l’article “Obama nungara, le ver venu d’Argentine qui envahit les jardins français”, publié en 2020 par Jean-Lou Justine et Leigh Winsor: https://theconversation.com/obama-nungara-le-ver-venu-dargentine-qui-envahit-les-jardins-francais-131004
Merci Pierre-Jean, mais le lien vers cet article figure déjà dans l’article (en sources).
Cordialement,
Gilles
Merci pour cet article.
Inquiétant, en effet.
Bonjour,
très intéressant et inquiétant. Pour ma part je n’en ai pas vu pour l’instant ,je suis au sud de Toulouse.
Par contre j’ai quelques taupes qui sont bien implantées et qui j’espère pourraient devenir prédateurs.
Gardons espoir.
Nicole