“Un binage vaut deux arrosages“.
Tous les jardiniers connaissent ce dicton.
Mais qu’en est-il vraiment ?
Est-ce une vérité absolue ?
Voyons cela de plus près.
Le binage permet une meilleure absorption des eaux d’arrosage… Oui mais…

Ce dicton part du constat qu’en cassant la croûte superficielle de terre, l’eau (qu’elle soit issue de pluies ou d’arrosage) pourra mieux s’infiltrer dans le sol.
Ce qui en soi est tout à fait juste.
Mais retournons le problème à l’envers : cette même croûte, tant qu’elle n’est pas cassée, limite également l’évaporation de l’eau contenue dans le sol… N’est-ce pas ?
On peut donc penser que ce qui est gagné d’un côté par un binage est perdu de l’autre… 1 partout donc.
Mais poussons maintenant le raisonnement un peu plus loin.
Un sol nu retient-il mieux l’eau qu’un sol couvert ?

Une autre justification à ce dicton est que la végétation spontanée absorbe de l’eau.
C’est aussi très juste : une plante consomme de l’eau pour se développer…
Mais pas seulement : elle limite aussi l’évaporation, comme tout mode de couverture du sol.
Mais pour mieux comprendre, je vous invite à faire une simple expérience : creusez un peu dans un sol nu, puis faites de même dans un sol couvert.
Alors par sol couvert, soyons clairs, je veux parler soit :
- D’un sol paillé ;
- D’un sol cultivé, mais dont les cultures recouvrent totalement la surface ;
- D’un sol enherbé (éventuellement entre les cultures).
Dans quelle condition la terre est-elle la plus humide ?
L’observation est claire : le sol couvert, même avec de l’herbe, reste bien plus humide qu’un sol nu…
En conclusion
Alors, certes, le binage peut avoir une certaine utilité pour limiter la concurrence des adventices avec de jeunes pousses, mais on le voit donc il ne fait aucunement économiser de l’arrosage, bien au contraire !
Aussi, sauf à recouvrir le sol juste après le binage (dans ce cas, on aura en effet permis une meilleure infiltration de l’eau, tout en limitant par la suite l’évaporation), un binage ne vaut pas 2 arrosages.
Et il est totalement faux de penser que plus l’on binera, plus on économisera de l’eau.
Après avoir désherbé, paillez plutôt que de biner sans arrêt ! L’idéal étant une couverture permanente du sol…
J’ose donc remettre ce précepte en question… au risque de m’attirer les foudres de certains.
Mais n’hésitez pas à affirmer votre point de vue ci-dessous.
Merci pour cette intelligence collective avec tous ses nuances, merci Gilles pour lancer ce discussion. Moi aussi, j’ai fait mes propres experiences, et je constate que je suis tout a fait d’accord avec tout le monde, meme l’adage. Tout depend des circonstances; region, climat, saison, type de sol et structure du sol etant les elements le plus signifiants, mais aussi votre methode de culture. Donc, la discussion devrait etre: le binage vaut 2 arrosages: oui, dans quel cas? Non, dans quel cas.
Les gens cherchent toujours des reponses simples, sans se questioner de l’origine. Pour moi, dans la permaculture la question le plus posëe devrait etre ‘Pourquoi?’ =investigation intelligent et emperique, et non pas ‘Comment?’ =reponse et technique copiëe.
Selon dit, je devrait dire que je bine le moin possible et que je couvre le plus possible, de preference avec des vegetaux (semës et spontanës) .
Les rares circonstances qu’il ya de la terre visible est au debut du saison quand la culture est petite, ou quand je fais des semences directes. Je crois que je perdrais trop en vie du sol si j’enleverais le payage d’hiver, que je gagnerais en rechauffant la terre. Quandmeme ce printemps j’ai depaillë pour eviter le carnage des limaces. J’espere que cela ce resoudra avec le temps quand mon sol s’equilibre, et ma pepiniere plus constante. J’avoue que mes resultats ne sont pas toujours aussi satisfiants, qui indique que l’investigation n’est pas terminë. Il ya rarement une seul cause a une problematique. C’est justement la pensëe systemique, et non pas lineaire, qui nous fait comprendre l’ensemble des facteurs dans l’eco-systeme. Je prends vos conseils et les melangent avec les miens, mais surtout je prends en compte les conditions (rosëe en Savoye, grosse pluie au pays-basque, croute calcaire mediterranee,…) Est-ce que ca correspend avec les conditions chez moi?
Bonjour M.Dubus, je ne jardine pas mais peut-être qu’il faut biner avant la pluie et au contraire pailler avant la sécheresse ? Maintenant qu’on a une météo correcte à 5 jours…
Je te conseille de couvrir un jardin toute l’année. Il ne faut jamais laisser un sol nu. Bonne soirée !!
(Ceci dit il y a quelque-chose qui m’a beaucoup aidé à comprendre mon sol c’est d’avoir apris à faire du levain pour le pain : c’est une recherche permanente d’équilibre eau/air/champignons/bacteries/nutriments et je pense que le binage contribue à maintenir cet equilibre dans notre milieu “artificiel” de culture)
Ici (limons très très fins), en condition comme décrit plus haut (sans binage, paillé trop tôt…), on peut facilement observer des blocs asphyxiés et compacts, troués de part et d’autre par les vers de terre. Nous avons des vers de terre dans la region qui peuvent faire jusqu’à 2 m de long !
Ces blocs présentent souvent une “structure” anguleuse et absence totale de glomérules, ça sent la vase, et pourtant ce sont de veritables gruyères accompagnés d’une faune très nombreuse et variée de vers de terre au mètre carré.
Malheureusement, dans ces conditions, ils n’apportent pas énormément d’air et structurent peu avec leurs terricules. Dans ce cas là nos principaux alliés restent la vie microbienne et les engrais verts.
(Personnellement je paille après réchauffement et très très fin avec de la tonte, alors qu’un amis à quelques 10 kilomètres paille épais, tôt et avec de la paille et/ou de la tonte, car son sol ressui bien et ça fonctionne très bien. Mais si je fais pareil sur mon sol, je suis mort, car le mien ressui mal. Je dois biner jusqu’au bon moment et ainsi gagner de la structure et de l’aération du haut vers le bas ( ou semer un couvert, ou engager des travaux de tranchée pour lesquels je n’ai pas les moyens 🙁 ) )
Je constate que tout le monde parle d’eau et d’humidité, mais n’oubliez pas que le principal rôle du binage et de faire entrer de l’AIR.
Pour plusieurs raisons :
– Favoriser la vie bactérienne (celle qui nous intéresse, l’aérobie) qui va dégrader (mineraliser) la matière dont se nourri la plante.
– Rechauffer le sol (ce qui favorise davantage la vie microbienne et la croissance de la plante).
– Evacuer l’eau de la MACROporosité, celle-là même qui étouffe la plante
– Faire respirer la plante (elle respire par la totalité de son corp, de la dernière feuille jusqu’aux racines) en apportant de l’oxygène ainsi que de l’azote atmosphérique pour ce qui est des légumineuses
– Favoriser une structure idéale où la plante ira se nourrir dans la MICROporosité via ses poils racinaires.
On parle du fait qu’un binage vaut 2 arrosages parce que les nutriments dont a besoin la plante ne seront que mieux assimilés dans ces conditions.
En sol limoneux comme nous avons ici au Pays Basque et notre pluviometrie annuelle (1500-2000mm), pailler trop tôt au printemps se traduit par
– une semelle compacte à 30 cm due à l’excès d’humidité
– un sol froid qui ne demarre jamais
– une terre qui sent la vase
– des scutigerelles
– une destructuration du sol
– étouffement des cultures par excès d’humidité (la plante n’arrive plus à se nourrir)
– favorisation de l’activité fongique au détriment de l’activité bactérienne (déséquilibre de la vie microbienne et favorisation des maladies cryptogammiques)
Je pense que la combinaison binage/paillage est à doser en fonction des saisons, des regions-zones, du stade de la culture et des textures et structures du sol.
Vous avez raison : chaque pratique est à réfléchir selon ses propres conditions du culture et sur le fait qu’il ne faut pas pailler trop tôt au printemps…
Par contre, considérer que la vie et l’aération du sol sont favorisés par le binage est, à mon sens, une erreur… que démontre aujourd’hui de nombreux essais de sol couverts en permanence (à condition en effet de démarrer ce processus au bon moment et d’une façon adéquate). Les vers de terre et autres organismes du sol se chargent de ce travail d’aération et la vie y est notablement plus intense que dans un sol travaillé par le jardinier.
Je suis d’accord avec toi Gilles. Je couvre mon jardin toute l’année. Au printemps j’écarte mon paillage pour faire réchauffer le sol et à chaque fois j’ai des centaines de vers de terre qui sont dessous. Quand lété arrive je paille. En Savoie il fait tellement chaud que ça ferait des crevasse si je ne couvrais pas.
Une question Gilles, es ce que tu as une publication concernant les fourmis ? Je voudrais les éloigner de mon pommier. En dehors de la glu je souhaiterais plutôt une recette à pulvériser si ça existe. J’ai regardé dans ta rubrique “Protection naturelle des cultures” je n’ai pas trouvé.
Bonsoir Jean-Claude,
Place un citron coupé en 2 et laisse-le pourrir au pied de ton pommier… c’est très efficace pour éloigner les fourmis.
Elles partiront celle qui y sont déjà ?
Si elles sont dans l’arbre, place les citrons dans la ramure
Merci Gilles. Bonne fin de dimanche !!
Bonsoir Gilles.
Je partage entièrement ton opinion. Voilà comme je fais. J’arrose bien à la plantation. J’attends quelques jours pour biner. je pratique toujours cette opération en fin de journée pour que les plantes profitent de la rosée de la nuit et surtout celle du lendemain matin car chez nous en Savoie il y a beaucoup de rosée. Et je paille les pieds de mes plantes dont la terre est bien humide grâce à la rosée. Et je n’arrose quasiment jamais. Chaque matin, mon paillage est trempe uniquement avec la rosée.
Il n’y a que cette année qu’il n’y a pas eu de rosée à cause de la canicule. J’ai légèrement arrosé un peu plus mais pas en rapport de cette canicule car j’avais paillé. Toutes mes plantes sont restées bien vertes malgré la grosse chaleur qu’il a fait. Durant la canicule, je n’avais pas beaucoup de récolte. ça poussait très lentement mais fin août après deux jours de pluie les plantes ont démarré et c’est à partir de là que j’ai commencé à avoir de la récolte. Je prendrais juste un exemple. Pendant la canicule je ramassais 1 bol de haricots verts tous les trois jours et après les fameux deux jours de pluie, c’est 3 à 4 ptites cagettes que je remplissais de haricots verts et cela tous les 3 jours. Voilà ce que je voulais ajouter. Bonne soirée Gilles.
Que pensez-vous des livres de Dominique SOLTNER “GUIDE DU NOUVEAU JARDINAGE SANS TRAVAIL DU SOL”?
“UN JARDIN SANS TRAVAIL DU SOL”
http://www.soltner.fr/page_collection,sciences,techniques,agricole,soltner_LES-TITRES_4.html
Bonsoir Francis,
J’ai lu les “Bases de la production végétale” il y a déjà bien longtemps… qui ne m’avait pas enthousiasmé à l’époque (approche somme toute très “productiviste”).
Mais, je sais que Dominique Soltner a beaucoup évolué dans son approche depuis… comme en témoigne les livres (en tout cas leurs titres) dont vous parlez, mais que je n’ai pas lu.
Je ne peux donc émettre un avis sur ceux-ci.
Cordialement,
Gilles
Bonjour je ne suis pas d’accord avec ton analyse sur le dicton un binage vaut 2 arrosages quand on parlait de binages c’était sur sol nu non paillé donc un binage sur sol nu vaut 2 arrosages faisons confiance à nos anciens
Bonjour Jacques,
On est donc d’accord…
Je ne nie pas le fait que le binage soit bénéfique en sol nu…
Mon objectif dans cet article était de démontrer que le paillage faisait économiser vraiment de l’eau, contrairement au sol nu (et le binage ne fait alors que diviser par 2 la perte, mais perte il y a…).
Mais à relire cet article, je me rends bien compte que ceci était bien mal exprimé…
J’espère que c’est un peu plus clair ainsi.
Cordialement,
Gilles
Vous dites que biner permet à l’eau de pluie ou d’arrosage de s’infiltrer: dans l’autre sens, faire des fines mottes limite la remontée d’eau et son évaporation par rupture de capillarité .
C’est absolument vrai, quand on bine on casse la capillarité d’une terre tassée, et empêche l’eau de s’évaporée trop rapidement.
C’est l’exemple d’un tuyau d’eau planté verticalement dépassant le niveau du terrain, l’eau coule et se perd et s’évapore. Si l’on l’on coupe partiellement a plusieurs endroit ce tuyau sous le niveau du terrain comme le fait la binette avec le sol, l’eau reste sous terre et la déperdition est moins grande. On casse la capillarité. D’ailleurs une terre tassée crevasse et sèche, une terre travaillée non, et reste dessous humide.
Bonjour,
Je bine pour permettre à l’eau de mieux pénétrer dans le sol au plus près de la plante , et je paille juste derrière ce qui permet de maintenir la fraicheur , un jardinier bio breton préconisait de maintenir un paillage du sol en permanence pour faciliter voir éviter le travail du sol pour cela il faut continuellement broyer des végétaux ,
on connait tous ce vieille adage! moi je pense que c’est vrai! on économisent l’eau c’est sur.
Bonjour, oui on connais tous ce vieil adage et d’ailleurs j’ai toujours été perplexe… moi, je pensais que peut-être le binage libérait de l’azote et d’autres éléments minéraux et que c’était pour cela que les plantes en profitaient…. mais après pour l’eau je pense comme toi, et puis moi je bine pas, trop fatiguant, et trop traumatisant pour les petits organismes vivants que je nourris sous le paillis.
Binage et buttage sont des techniques simples et intelligentes pour économiser l’eau et limiter l’arrosage en plus l’eau de pluie s’infiltre mieux une terre binée que dans une terre desséchée
N’empêche que je vais testée ta logique et voir !!!
Bonjour Gilles,
Je suis d’accord avec les messages précédents….
je paille le plus possible et du coup les arrosages sont très limités !
Les tomates s’en portent très bien ! pas de mildiou malgré de fortes pluies d’il y a quelques jours….
Merci de tous les articles !!
bonne journée !
Total ok avec tout le monde et en permaculture, le paillage ou cartonnage ou autres en matières carbonnées, permet de préparer le sol à de futurs semis et à économiser H2O, 1 énergie des plus vitales que la plupart gaspille sans vergogne.
Vive le jardin vivant (sans apport de produit mortifère de synthèse), seule politique économique à respecter ! Ugh !
Bonjour Gilles,
eh bien tu me rassures car j’avais fait les mêmes constatations !
Comme Yvon, nous avons eu 45 mm de pluie en trois jours, puis du soleil et mes buttes de carottes ont été envahies de chénopode.
Comme ma terre contient pas mal de sable, une croute s’est formée et je me suis dit que si je binais j’allais perdre le bénéfice de cette pluie après cette longue période de sécheresse. Du coup , à genoux et à la pince à épiler ;-)) (les carottes ne font que 5 mm) pour enlever toutes ces petites plantes envahissantes ( 2 jours !!!) Mais donc j’ai bien fait, d’autant qu’il n’est pas prévu de la pluie avant un moment !
Dans les betteraves, pareil, sous les adventices c’était humide, j’ai fait en sorte de ne pas trop remuer la terre, car je ne peux les pailler à cause des musaraignes et mulots 😉
Merci pour cet article, comme toujours !
Bonjour Agathe, je suis comme toi et Gilles, le binage d’éco nomise pas l’arrosage.
J’ai de la chance, mon jardin est arrosé par des sources souterraines, je n’arrose que les semis et repiquages.
Tu as de la chance d’avoir des chénopodes, c’est bien meilleur que les épinards, surtout celui qui est recouvert de poudre blanche. je les détaille pour oter les petits troncs et les grosses branches, et après un rinçage rapide à l’eau, je les fais revenir au beurre (en Morvan c’était la seconde graisse après le saindoux), et je laisse suer doucement, avec une béchamelle et des oeufs durs, un vrai régal, mais bon aussi avec une cotelette, bon appétit
Bonjour Gilles,
En ce qui me concerne je n’arrose pratiquement plus mes plants de tomates sauf lors de la mise en terre. Je passe tous les matins et s’ils sont en forme : pas d’eau. Par contre je les paille à la tonte de pelouse et j’ai des 1ères fleurs en ce moment. S’il a fait très chaud, en fin de journée ils sont un peu fatigués mais je n’en tiens pas compte. De plus, les Cornues des Andes ont toujours l’air fatiguées chez moi.
Cordialement.
Bonjour Gilles,
Je te l’ai écrit, chez moi nous venons de subir une longue sécheresse. Je n’ai pas arrosé (ni biné) et tous mes jeunes légumes ont poussé comme s’il avait plu.
Des voisins ont arrosé et il n’y a pas beaucoup de différence…
Par contre, il a plu 20 mm il y a 3 jours et les galinsogas, ces pestes, s’en donnent à cœur joie, Il va falloir jouer de la binette pour les éliminer avant qu’ils ne fleurissent.
Passe un bon dimanche.
Yvon.
Les galinsogas ne sont pas des pestes : c’est succulent en salade ou quiche !