La chaux enrichit le père mais ruine le fils

“La chaux enrichit le père mais ruine le fils”.

Peut-être avez-vous déjà entendu ce dicton très connu des agriculteurs ?

Il est on ne peut plus juste…

En effet, la chaux, à force d’amendements répétés, va nuire fortement à la vie du sol, et le fils se retrouvera finalement avec une terre morte…

Pourquoi utilise-t-on de la chaux au jardin ?

La chaux vive (qui est celle employée en agriculture ; en y ajoutant de l’eau, on obtient une chaux éteinte) est le produit résultant de la cuisson (à très hautes températures… plus de 800 °C) de sédiments calcaires.

Elle va remonter le PH d’une terre acide.

Chaux pour le jardinOr de nombreuses cultures se développent plutôt mal dans les terres acides.

Pour cette raison, la chaux vive est apportée en masse, chaque année, dans les terres agricoles, ainsi que dans les jardins acides.

En boostant la minéralisation des matières organiques présentes dans le sol, la chaux va également donner un “coup de fouet” aux cultures qui suivront.

Et en effet, les résultats sont rapidement spectaculaires.

Avec ces apports de chaux, ces légumes vont mieux se développer, offrant des récoltes plus conséquentes à l’agriculteur (qui va ainsi pouvoir s’enrichir quelque peu…), ou au jardinier.

Si l’on ajoute à cela que ces apports de chaux vont alléger le sol, mais aussi détruire quantité de larves “nuisibles” dans le sol, on comprend vite la satisfaction de l’agriculteur ou du jardinier…

Super !

“Non seulement, mes rendements sont accrus, mais je me débarrasse en même temps de parasites…”.

Pourquoi je vous déconseille la chaux au jardin ?

Seulement voilà…

Si les résultats sont probants au niveau des cultures, et même de la vie du sol à court terme (c’est-à-dire 2 ou 3 ans), il n’en va pas de même à plus long terme.

L’excès de chaux (et excès, il y aura inévitablement puisque, pour maintenir le PH à un niveau satisfaisant, on recommande d’apporter de la chaux tous les 3 ans…) provoquera un blocage d’oligo-éléments indispensables et nuira à l’assimilation du fer (d’où des phénomènes de chlorose).

Pire, il entraînera finalement une destruction de l’humus du sol et une libération de l’azote sous forme gazeuse.

Bref, concrètement, la chaux va peu à peu détruire toute forme de vie dans le sol.

Champignons, bactéries, larves, insectes vivant dans le sol, vers de terre… Tous ces organismes vivants pâtiront, voire disparaîtront, d’apports de chaux réguliers.

Et le fils, prenant la succession de son père, héritera d’une terre morte. Il n’aura plus d’autre choix que d’apporter des engrais chimiques en quantités conséquentes pour espérer lui aussi de belles récoltes.

Ce qui va le ruiner (les engrais coûtent cher).

Et évidemment, sans même parler d’argent, la terre est notre héritage.

C’est elle qui donne la vie…

La détruire est tout simplement un crime contre l’humanité !

Or, même avec des apports réguliers de matières organiques, la chaux nuira finalement à la vie du sol (raison pour laquelle elle n’est pas autorisée en agriculture biologique).

Mais alors que faire si votre terre est acide ?

Quelles sont les alternatives à la chaux pour le jardin ?

Heureusement, des techniques et matériaux naturels, autre que la chaux, vont permettre de relever le PH d’une terre acide.

Le compost

Un bon compost aura un PH proche de la neutralité, voir légèrement calcaire.

Des apports réguliers de compost équilibreront ainsi naturellement une terre acide.

De même, le compostage en place aura un effet bénéfique.

Mais les effets d’un compost sur le PH d’un sol seront évidemment moins immédiat qu’avec un amendement calcaire…

Aussi, pour pouvoir cultiver efficacement et rapidement dans une terre acide, nous avons là encore quelques alternatives possibles :

Les cendres de bois

Les cendres de bois sont calcaires.

Vous pouvez donc en utiliser, de façon plus rapide, pour relever le PH d’un sol acide, mais en quantités limitées. On parle ici 70 g à 100 g par m2 et par an, soit deux grosses poignées.

Épandez la cendre de bois en hiver ou gardez-la pour épandre au printemps entre les légumes.

Incorporez-la superficiellement par un griffage léger. Laissée en surface, elle en détruit la structure, avec pour conséquence des risques d’asphyxie.

Les algues calcaires

Le maërl, ou lithothamne (c’est la même chose), une algue marine se trouvant principalement en Bretagne, est utilisé depuis l’Antiquité pour fertiliser les terres acides.

Mais son exploitation, déjà considérablement augmentée pour son utilisation en agriculture bio (on ne fait pas que des choses bien…) et pour les jardins amateurs, est aujourd’hui étendue à d’autres secteurs d’activités que l’agriculture (pharmacie, cosmétique, complément alimentaire pour le bétail et l’humain…).

Alors, oui, pour le jardin, c’est mieux que la chaux, car non destructeur pour la vie du sol.

Mais l’extraction intensive de ces algues calcaires, conduit inéluctablement à leur disparition à terme.

Cela pose donc de sérieux problèmes au niveau de la biodiversité sur le littoral breton :

conséquences-exploitation-lithothamne-maerl

La dolomie

dolomieLa dolomie est une roche calcaire broyée.

Outre le fait qu’elle va relever le PH d’un sol, la dolomie, en stimulant l’activité microbiologique, favorise l’assimilation des éléments minéraux et organiques présents.

Tout comme la chaux, elle est donc favorable à la vie du sol à court terme… Avec pour avantage d’être moins “agressive” et donc semble-t-il beaucoup moins nocive à long terme. Elle est, en tout cas, autorisée en agriculture biologique.

Quoi qu’il en soit, là aussi, nous sommes en droit de nous interroger sur les conséquences d’une exploitation intensive de ces roches calcaires à plus ou moins long terme…

Conclusion

La chaux est très bien pour la maison…

Mais elle n’a rien à faire dans la terre d’un jardin naturel.

Notons toutefois que la chaux vive est utile pour badigeonner les troncs des arbres fruitiers, et ce, sans trop nuire à la vie du sol.

Nous l’avons vu, pour relever naturellement le PH d’une terre, et ce, sans conséquences néfastes pour la vie du sol, des alternatives sont possibles (compost, cendres de bois ou dolomie – le lithothamne n’étant pas souhaitable)…

Mais, d’une manière plus large, des apports appropriés et diversifiés de matières organiques auront également pour effet de rééquilibrer le PH d’un sol…

C’est là à mon sens la meilleure façon d’envisager le jardinage. Plutôt que de chercher à combler spécifiquement tel ou tel manque (en l’occurrence du calcium), nous allons mettre en œuvre, de façon plus globale, des actions visant à obtenir une terre vivante et fertile.

C’est l’approche que je vous présente en détail dans Mon Potager au Naturel.

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