Situons d’emblée mon propos : l’objectif de cet article est avant tout de vous inviter à voir les choses autrement… pas de vous inciter à remplacer des désherbants chimiques par des désherbants naturels.
En effet, depuis l’interdiction de vendre des désherbants à base de glyphosate aux particuliers (en 2019 en France), nombreux sont les jardiniers ayant recours à des désherbants naturels… sans se poser plus de question que cela.
Alors oui, c’est toujours mieux que de continuer, en se les procurant sur internet, à utiliser des merdes à base de glyphosate (je rappelle au passage à ceux-là que l’utilisation par des particuliers est également interdite…) nocives pour la santé et la biodiversité (ça sera mieux quand nos politiques auront enfin le courage de l’interdire totalement, au lieu de concéder aux agriculteurs qu’ils n’y a pas d’autre solution… Ah bon, et comment font les bios depuis des décennies ?).
Mais un désherbant a forcément une incidence néfaste sur la vie du sol, et ce même s’il est naturel.
Aussi, les désherbants dont nous allons parler maintenant sont donc, à mon sens, à réserver aux zones non cultivées de votre jardin (allées, cours, terrasses).
Ils sont par contre à mon humble avis à bannir des zones de cultures, pour lesquelles des alternatives existent, comme nous le verrons plus loin…
Désherbants naturels : les solutions
Désherbants naturels faits maison
La façon la plus économique est de faire son désherbant maison…
Il est important de préciser ici que les désherbants maison présentés ci-dessous ne sont pas sélectifs. Ce qui veut dire qu’ils ne font pas la différence entre herbes indésirables et cultures…
Vinaigre
Le désherbant au vinaigre est une méthode naturelle pour éliminer les “mauvaises herbes“.
Le vinaigre blanc ou vinaigre d’alcool est souvent utilisé à cet effet en raison de son acidité élevée. C’est donc un produit à éviter absolument en sol acide…
Voici comment vous pouvez préparer et utiliser un désherbant naturel au vinaigre :
Préparation :
Utilisez du vinaigre blanc pur avec une concentration d’acide acétique d’au moins 5 %.
Vous pouvez également le diluer légèrement avec de l’eau si nécessaire.
Si vous le souhaitez, vous pouvez ajouter du sel et du savon noir (à raison d’une cuillère à café pour 1 litre de préparation) au vinaigre pour renforcer son efficacité. Le sel aide à assécher les mauvaises herbes, tandis que le savon noir agit comme un agent mouillant pour faciliter l’adhérence du vinaigre sur les feuilles des mauvaises herbes.
Application :
Versez le vinaigre dans un pulvérisateur.
Vaporisez généreusement la solution sur les herbes à détruire, en vous assurant de bien couvrir les feuilles et les tiges.
Évitez de pulvériser sur les plantes que vous souhaitez conserver…
Plusieurs applications peuvent être nécessaires pour éliminer complètement les “mauvaises herbes”.
Précautions :
Le vinaigre est un produit naturel, mais il peut être irritant pour la peau et les yeux. Portez des gants et des lunettes de protection lors de son utilisation.
Évitez de pulvériser par temps venteux pour empêcher la solution de se propager sur d’autres plantes.
Impact environnemental :
Bien que le vinaigre soit une alternative plus écologique que les désherbants chimiques, il peut tout de même avoir un impact sur l’environnement s’il est utilisé de manière excessive.
Utilisez-le avec parcimonie et ciblez uniquement les zones non cultivées où les “mauvaises herbes” posent problème.
Eau de cuisson
L’eau de cuisson (pâres, pommes de terre, légumes…) peut également être utilisée comme désherbant naturel.
Voici comment vous pouvez utiliser l’eau de cuisson pour détruire des herbes indésirables :
Recueillir l’eau de cuisson :
Après avoir fait bouillir des aliments, récupérez l’eau de cuisson.
Application :
Versez l’eau de cuisson, encore chaude (afin d’affaiblir les racines des “mauvaises herbes”), directement sur les herbes que vous souhaitez éliminer.
Plusieurs arrosages pourront être nécessaires pour venir à bout des plantes les plus coriaces..
Précautions :
Manipulez l’eau de cuisson avec précaution pour éviter les brûlures.
Assurez-vous également de ne pas arroser les plantes que vous souhaitez conserver avec de l’eau de cuisson, car cela pourrait les détruire.
Impact environnemental :
L’eau de cuisson est une ressource déjà utilisée, donc son utilisation comme désherbant peut être considérée comme une façon de réutiliser un produit qui autrement serait jeté.
Mais évidemment, un ver de terre se trouvant juste sous la surface du sol n’appréciera pas du tout un tel traitement… tout comme de nombreux organismes vivants visibles ou invisibles.
Bicarbonate de soude
Le bicarbonate de soude peut être utilisé comme un désherbant naturel dans certaines situations (à éviter en sols calcaires en raison de son PH élevé).
Voici comment vous pouvez l’utiliser efficacement :
Application :
Soupoudrez du bicarbonate de soude (2 cuillères à soupe au m² sont amplement suffisantes) les herbes que vous voulez éliminer.
Laissez la rosée ou une pluie légère dissoudre le bicarbonate. Une forte pluie aura plutôt tendance à lessiver le produit… Il vous faudra alors sans doute recommencer.
Comme avec d’autres désherbants naturels, vous devrez peut-être répéter l’application plusieurs fois pour obtenir des résultats optimaux.
Précautions :
Le bicarbonate de soude peut également affecter les plantes que vous souhaitez conserver. Aussi, veillez à ne pas en appliquer sur elles.
Comme pour toute substance, utilisez-le avec précaution et évitez tout contact avec les yeux ou la peau sensible.
Impact environnemental :
Le bicarbonate de soude est considéré comme écologique par rapport aux désherbants chimiques, mais son utilisation doit être ciblée pour limiter l’impact sur l’environnement.
Gros sel
Le gros sel, également connu sous le nom de sel gemme ou sel marin non raffiné, peut être utilisé comme désherbant naturel :
Application directe :
Saupoudrez généreusement le gros sel directement sur les mauvaises herbes que vous souhaitez éliminer. Assurez-vous de couvrir les feuilles et les tiges autant que possible.
Là encore, plusieurs applications peuvent s’imposer pour une efficacité maximale.
Précautions :
Le gros sel peut également affecter les plantes que vous souhaitez conserver, donc faites attention à ne pas en appliquer sur elles.
Évitez d’utiliser du gros sel dans des zones où vous prévoyez de faire pousser d’autres plantes, car il peut persister dans le sol et affecter la croissance des plantes futures.
Impact environnemental :
Le gros sel est probablement la pire des solutions quant à l’impact écologique sur la vie du sol.
Son utilisation doit être strictement réservée aux terrasses, allées ou cours.
Purin d’ortie non dilué
Si le purin d’ortie dilué est en engrais azoté efficace, il n’en va pas de même pour le purin d’ortie non dilué, ou même insuffisamment dilué.
Application :
Pour éliminer la plupart des herbes indésirables, arrosez-les avec votre purin d’ortie, non dilué, en mouillant le feuillage. En 2 ou 3 jours, les adventices dont vous voulez vous débarrasser disparaitront.
Notez que la pulvérisation est impossible, ou tout au moins problématique, avec un produit aussi épais qu’un purin non dilué (les buses se boucheraient).
Précautions :
Le purin d’ortie peut avoir une odeur forte et désagréable, donc assurez-vous de l’appliquer dans un endroit bien ventilé.
Assurez-vous de ne pas pulvériser le purin d’ortie non dilué sur les plantes que vous souhaitez conserver, car il peut également les affecter.
Impact environnemental :
Le purin d’ortie est considéré comme écologique et sûr pour l’environnement lorsqu’il est utilisé correctement.
Désherbants bio du commerce
Dans les jardineries, on trouve aujourd’hui des désherbants “bio”.
Souvent à base d’acide acétique (vinaigres) ou d’acide pélargonique (extrait de plantes du genre Pelargonium, comme les géraniums par exemple), ces désherbants coûtent cher… Et ils ne sont pas sélectifs (ce qui veut dire en clair que toutes les plantes peuvent être détruites…).
Précisons également que certaines adventices particulièrement coriaces (liseron, pissenlits, chardons…) repartiront des racines si elles sont déjà bien implantées.
Et, plus grave, ceux à base d’acide pélargonique, bien que présentés comme “écologiques”, ne sont pourtant pas autorisés en Agriculture Biologique, en raison notamment de leurs effets néfastes sur la faune aquatique (voir ici).
Il y en a même qui ont osé reprendre la marque Round-up pour ce désherbant soi-disant écologique (on trouve donc aujourd’hui ce produit dans les rayons de jardinerie, car ne contenant pas de Glyphosate).
Désherbants et perte de diversité
Certes, maintenir sa cour ou sa terrasse indemne d’herbes en utilisant un désherbant naturel peut se justifier.
Mais ce sera contre-productif pour une parcelle cultivée. Car, que ce soit avec des produits écologiques faits maison ou un désherbant du commerce, il y aura inévitablement perte de biodiversité.
Dans ce derniers cas de figure, nous avons des alternatives aux produits de désherbage.
Les solutions alternatives aux désherbants naturels
Le désherbage thermique
Le désherbage thermique est à priori une alternative intéressante…
Mais cette méthode ne préserve pas non plus les formes de vie présente dans les couches supérieures du sol…
Là encore, si cette solution est tout à fait appropriée en zones non cultivées, je ne la recommande donc pas vraiment pour ce qui concerne nos planches de cultures, qu’elles soient vivrières ou ornementales…
Désherber à l’huile de coude
Dans des parcelles cultivées, l’arrachage des adventices demeure la façon de désherber la plus respectueuse de la vie (même si ce n’est pas non plus parfait).
On peut le faire manuellement (de préférence après une pluie), ou en utilisant divers outils dédiés (binette, serfouette, sarcloir…).
C’est certes plus fastidieux que de simplement épandre un produit. Mais c’est meilleur pour votre santé (à part peut-être le dos)… et pour celle de notre planète.
Pour plus d’informations, je vous renvoie ici à l’article consacré au désherbage.
Plutôt que de désherber, paillez !
Au potager, pour éviter, ou limiter, les corvées de désherbage et ne pas nuire à la biodiversité (au contraire), paillez !
Des feutres ou toiles de paillage représentent également une alternative écologique intéressante (les maraîchers bio ont d’ailleurs de plus en plus recours à ces pratiques).
Je le répète, l’utilisation de désherbants, fussent-ils naturels, n’est pas recommandée dans un potager naturel ou autre parcelles cultivées.
Les produits figurant dans cet article pourront toutefois vous rendre service pour éliminer les herbes indésirables de vos terrasses, allées, ou autres zones que vous souhaitez maintenir “propres”.
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