Nous avons présenté les engrais verts dans un précédent article… Mais j’en ai omis un. Pourtant le moins cher et, souvent, le plus approprié… Je veux parler ici de la végétation spontanée , au potager bio (en jardinage chimique, c’est une autre histoire…).
En effet, une plante sauvage ne sort pas de terre par hasard, mais pour répondre aux conditions ou aux besoins du sol.
Exemples de plantes spontanées utiles comme engrais verts

Voici 2 exemples concrets pour mieux comprendre en quoi une plante spontanée répond aux besoins du sol :
L’ortie
L’ortie pousse en des endroits riches en azote…
Les jardiniers (pardon mesdames) le savent bien : ils vont uriner toujours au même endroit…
Un endroit où ne tardera pas à se développer un tapis d’ortie.
Celle-ci se développe donc pour répondre à cette grande richesse en azote. En s’implantant, elle capte une partie de l’azote en excès pour le restituer sous une forme plus équilibrée (les feuilles d’ortie).
Le rumex

Le rumex s’implante de préférence sur les terres dont le sous-sol est tassé.
À cela une raison très simple : le rumex est doté de racines plongeantes fortement développées (essayez donc d’arracher du rumex à la main, vous comprendrez de quoi je parle…).
Ainsi, ses racines vont décompacter le sol en profondeur, ceci le plus naturellement du monde.
Le pissenlit

Le pissenlit est une autre plante spontanée très intéressante.
Ses racines pivotantes explorent en profondeur et remontent des éléments nutritifs.
Ses feuilles riches en minéraux, une fois restituées au sol, participent à l’enrichissement de l’humus.
Le trèfle

Le trèfle sauvage, souvent considéré comme une “mauvaise herbe”, joue pourtant un rôle essentiel.
Comme toutes les légumineuses, il capte l’azote de l’air et le restitue au sol, améliorant ainsi sa fertilité.
Sa couverture dense limite aussi la levée d’adventices concurrentes. Le trèfle est donc un couvert végétal de choix.
Le mouron blanc

Le mouron blanc (Stellaria media) apparaît fréquemment dans les sols riches et souples.
C’est une petite plante annuelle qui protège efficacement le sol nu en hiver. Ce qui nous permet de la classer également parmi les couverts végétaux utiles.
En se décomposant rapidement, elle fournit une matière organique tendre facilement assimilable.
On le voit, ces végétaux viennent répondre à des besoins et participent à rééquilibre le sol. Mais ce n’est pas là leur seul intérêt…
Avantages de la végétation spontanée comme engrais vert
Les intérêts de cette pratique sont nombreux :
On l’a vu, la végétation spontanée répond à des besoins précis et participe ainsi au rééquilibrage du sol.
Les espèces végétales poussant spontanément sont en général très diversifiées… La biodiversité végétale, mais également animale qui en résulte est garante d’un bon équilibre.
Cette diversité implique également des systèmes racinaires variés. Ceux-ci travaillent naturellement le sol, non seulement en surface, mais également plus en profondeur (cas du rumex par exemple).
La masse organique (l’un des intérêts de l’engrais vert) qui en résulte est importante et également diversifiée ; d’où la constitution d’un humus riche. En participant ainsi à la constitution d’un sol vivant, la végétation spontanée constitue ainsi une fertilisation naturelle de premier ordre.
Végétation spontanée comme engrais vert – Comment procéder au potager ?
Tout cela est bien joli, mais concrètement, comment appliquer cela au potager ?

En fait, c’est très simple, et d’ailleurs, nombre de jardiniers le font de manière non-consciente…
En fin de culture, laissez la végétation se développer.
Fauchez-la avant ou, au plus tard, lorsqu’une floraison apparaît. C’est à ce moment que la masse végétale est la plus développée et après floraison, les plantes perdent des nutriments.
Vous procédez ensuite comme pour un engrais vert cultivé, à savoir :
Si vous souhaitez mettre rapidement la parcelle en culture : enlevez les herbes coupées, soit pour les mettre au compost, soit pour pailler des cultures déjà en place. Travaillez ensuite la terre pour semer ou planter.
Si la parcelle n’est pas destinée à accueillir des cultures dans l’immédiat, laissez-le sur place comme mulch ou incorporez-le en surface. Vous pourrez, au minimum 2 ou 3 semaines plus tard (le temps qu’il faut pour que la décomposition puisse s’amorcer), préparer la terre pour vos cultures à venir…
Inconvénients et limites de la végétation spontanée comme engrais vert
Malheureusement, il n’existe pas de solution idéale… Chaque technique ayant ses avantages, mais aussi ses inconvénients.
Concernant la technique de la végétation spontanée comme engrais vert, je ne vois en fait qu’un inconvénient : à la différence des engrais verts cultivés, il peut être difficile de se débarrasser ensuite de certaines plantes sauvages que l’on aura volontairement laissé prospérer.
Cela peut être dû à leur enracinement profond (c’est le cas du rumex), de floraisons multiples et étalées sur le temps, ou encore par exemple parce qu’elles développent d’importants rhizomes (liseron ou chiendent).
| Critère | Engrais verts cultivés | Végétation spontanée |
| Coût | Achat de semences | Gratuit |
| Contrôle | Choix de l’espèce | Dépend du sol |
| Gestion | Prévisible | Risque d’adventices |
| Biodiversité | Limitée | Très riche |
Conclusion
La végétation spontanée n’est pas une ennemie du jardinier, mais une alliée précieuse. En l’observant et en l’intégrant dans votre pratique, vous enrichissez naturellement votre sol, favorisez la biodiversité et gagnez du temps au potager.
Essayez dès cette saison, et voyez votre terre devenir plus vivante et fertile !
Pour aller plus loin, découvrez aussi :
- Les secrets de la fertilisation naturelle
- Les engrais verts cultivés
- Utiliser le compost au potager bio
FAQ — Végétation spontanée ou engrais vert ?
Quelle différence entre végétation spontanée et engrais verts cultivés ?
Les engrais verts cultivés sont semés volontairement, tandis que la végétation spontanée pousse naturellement. Les deux enrichissent et structurent le sol.
Quelles plantes sauvages sont les plus utiles au potager bio ?
Parmi les plus intéressantes : ortie, rumex, pissenlit, trèfle sauvage, mouron blanc… chacune joue un rôle spécifique dans le sol.
Faut-il arracher ou faucher la végétation spontanée ?
Il est conseillé de la faucher avant floraison, puis de l’utiliser en paillage, compost ou mulch.
Peut-on laisser les herbes spontanées en place tout l’hiver ? »
Oui, elles protègent le sol nu du gel et de l’érosion, et se décomposent progressivement en humus.
Comment gérer les plantes envahissantes comme le chiendent ou le liseron ?
Pour gérer des plantes envahissantes comme le chiendent ou le liseron, évitez le labour profond qui fragmente leurs rhizomes. Privilégiez le fauchage régulier avant floraison, le paillage épais pour limiter leur repousse, et, sur le long terme, la rotation des cultures et l’amélioration de la fertilité du sol : un sol vivant et équilibré réduit naturellement leur prolifération.





