Les ronciers sont rarement appréciés des jardiniers.
Il semblerait que seules les plantes implantées par nous-même aient le droit de citer dans un jardin…
Les plantes sauvages, spontanées sont considérées comme des intruses !
Ah bon ?
Mais bref, on me demande donc très souvent comment détruire un roncier.
À cette question, je réponds systématiquement par une autre question : “Pourquoi voulez-vous l’éliminer ? Ce roncier vous pose-t-il un réel problème ?”
Ok, s’il colonise tout un jardin, je comprends que l’on veuille tout au moins limiter son développement.
Pour autant, est-il nécessaire de le détruire totalement ?
Et à fortiori s’il se trouve en bordure du jardin, ne devriez-vous pas plutôt le considérer comme un réel bienfait ?
En quoi ?
Nous allons voir cela.
Mais commençons déjà par préciser les choses.
Présentation du roncier
Nous parlons ici du roncier sauvage (Rubus sp), pas du mûrier cultivé (Morus sp).
Les 2 produisent des fruits appelés mûres, pourtant bien différents (Celles du mûrier sont plus douces et sucrées… Meilleures ? Pas sûr… Mais ce n’est pas là la question).
Mais le roncier fait partie de la famille des rosacées (et au genre Rubus comme le framboisier par exemple), alors que le second appartient à la famille des moracées.
Et, si comme toute espèce végétale, le mûrier apporte une touche de diversité, son intérêt à ce niveau n’est en rien comparable à celui d’un roncier sauvage.
Le roncier est un arbrisseau épineux, mesurant plusieurs mètres de haut et d’une épaisseur conséquente, le rendant impénétrable par l’homme et de nombreux animaux.
Il compte plus de 700 variétés différentes de par le monde.
Citons les plus communes en France :
- La ronce des bois (Rubus fructicosus), la plus fréquente ;
- La ronce à feuilles d’orme (Rubus ulmifolius), surtout présente en zone méditerranéenne ;
- La ronce des rochers (Rubus saxatilis), se développant en zones montagneuses (mais on la trouve aussi, de façon assez surprenante, à quelques endroits dans l’Oise ou en Haute-Marne…) ;
- La ronce bleuâtre (Rubus caesius), ainsi nommée de par la couleur de ses tiges.
Un roncier est un végétal très utile pour la biodiversité
Les ronciers constituent un habitat privilégié
Le roncier, de par sa végétation particulière, avec notamment des épines, abrite quantité de petits mammifères, d’insectes (même des phasmes), d’arachnides ou d’oiseaux qui se trouvent ainsi (en partie) protégés de leurs prédateurs…

En cela, il contribue fortement à la préservation et au développement de différentes formes de vie.
Ainsi, le hérisson, la couleuvre, le muscardin, ainsi que de nombreux oiseaux aiment y abriter leurs nids.
Les sangliers ou les renards viennent parfois se cacher en bordure d’un roncier.
Parlons aussi d’insectes inféodés (ce qui signifie que leur vie est directement liée à cet habitat particulier) aux ronciers.
On trouve notamment dans cette catégorie quelques papillons comme le Bombyx de la ronce, le Thècle de la ronce ou le Phalène de la ronce.
Un garde-manger pour une faune diverse
La floraison du roncier s’étend sur plusieurs mois (de mai à juillet).
De par le pollen et le nectar à disposition pendant cette longue période, cette plante vivace est indispensable pour les abeilles ou autres pollinisateurs… eux-mêmes nécessaires à la survie d’autres espèces (dont l’homme…).
Ses fruits seront matures de juillet à octobre, selon la variété, le climat, la région, le sol ou encore l’exposition.
Ils vont alors produire des mûres, un fruit fort apprécié par de nombreux oiseaux, comme les rouges-gorges, les merles, les fauvettes…
Elles sont même vitales pour quelques-uns !
Citons par exemple ici la fauvette, pour laquelle les mûres constituent l’essentiel de sa nourriture lors de sa migration…
Les oiseaux trouvent également dans un roncier pas mal d’insectes (larves, chenilles ou adultes) à leur goût.
La pie-grièche écorcheur, un oiseau en fort déclin en France, se sert carrément des ronciers, en accrochant ses proies aux épines de celui-ci, comme garde-manger pour les périodes de disette.
Pour compléter le tableau (sans pour autant être exhaustif), nous pourrions encore parler des loirs, des lérots ou des muscardins, des petits mammifères trouvant un garde-manger de choix dans ce même végétal tant combattu par l’humain…
Vous l’aurez compris, détruire les ronciers, revient à détruire de la vie animale !
Un berceau pour de jeunes arbres
Il n’est pas rare de voir par exemple un chêne se développer au sein d’un roncier.
Dans ce milieu protégé, la jeune pousse va en effet être protégée des sangliers, cervidés ou autres herbivores.
L’arbre va alors s’y développer tranquillement.
Les forestiers lorrains appellent d’ailleurs le roncier “berceau du chêne”.
À ce titre, le roncier participe donc également à la préservation de la biodiversité végétale.
Un “outil” de régénération des sols
Le roncier, muni d’un système racinaire particulièrement dense, mais aussi grâce à ses nombreuses tiges et à sa végétation serrée, va ralentir le ruissellement des eaux de pluies.
Il protège ainsi le sol de l’érosion.
L’importante végétation qu’il produit, en se décomposant, va participer également à l’élaboration d’un humus stable, améliorant considérablement la qualité du sol.
Une haie de ronciers pour protéger vos cultures
Les gros mammifères, tels que les chevreuils ou les sangliers, ne pourront traverser un roncier.
En cela, une haie constituée de ronciers, dans laquelle viendront probablement s’implanter naturellement d’autres espèces (arbres ou arbustes, qui contribueront eux-mêmes encore un peu plus au développement de la biodiversité) constituera un rempart fort utile pour tenir ces animaux éloignés de votre jardin.
Bref, dans une optique de jardin en permaculture, et donc de recherche d’équilibre des populations animales, ces intérêts combinés devraient déjà suffire à vous convaincre de laisser au moins un roncier en place.
Non ?
Alors continuons…
Vous aimez les mures ?
Il n’est pas rare que je surprenne un voisin en train de grappiller (ou de récolter en masse…) des mûres (appelées également mûron ou meuron dans certaines régions) dans les ronciers présents chez moi…
Je sors alors immédiatement le fusil !
Mince, je n’en ai pas…
Non… Plus sérieusement, je lui dis : “Tu pourrais en avoir facilement chez toi… Laisse simplement une zone se développer sans passer la débroussailleuse… Et des ronciers vont y pousser” (nous sommes en bordure de bois).
“Ok… c’est bien gentil tout ça… Mais je ne veux pas que ces saloperies envahissent tout mon jardin… Alors je fais comment ?”.
Bon… Ok… Nous avons aussi le droit d’avoir quelques zones plus “aménagées” à nos souhaits…
Comment limiter le développement de ronciers ?
On peut tout simplement tailler sa végétation qui déborderait…
Certes, c’est un peu contraignant.
Mais pas plus que de tailler une haie, quelle qu’elle soit !
Alors évidemment, le roncier a aussi tendance à drageonner.
C’est-à-dire que de nouvelles pousses vont apparaître à son pourtour…
La seule solution efficace (en tout cas naturelle) consiste alors à déraciner ces jeunes pousses.
Mais, de toute façon, si vous tondez ou passez la débroussailleuse régulièrement à sa base, il ne pourra pas se développer outre mesure.
Voici un petit document (sur lequel je me suis appuyé pour la rédaction de cet article) présenté par “Des Terres et des Ailes”, un programme de la LPO pour la réintroduction des oiseaux sur les territoires.
Ce programme est destiné aux agriculteurs, mais rien de vous empêche de mettre en œuvre des actions concrètes à votre niveau (ne serait-ce qu’en préservant justement quelques ronciers chez vous).
N’hésitez en tout cas pas à télécharger et à transmettre ce document à vos connaissances pour faire passer le message…
Buisson-de-ronces
Les ronciers contribuent fortement à la préservation de la biodiversité (du moins ce qu’il en reste…).
Les scientifiques s’accordent d’ailleurs aujourd’hui à dire que l’apparition du virus du Covid 19 chez l’homme est directement lié à la perte de biodiversité… Et il y en aura d’autres… Mais cela sera là l’objet d’un prochain article…
La préservation de la biodiversité n’a pas seulement pour but de protéger telle ou telle espèce que nous trouvons jolie ou sympa…
C’est un devoir pour chacun d’entre nous !
Alors, de grâce, ne détruisez pas systématiquement tous les ronciers !
J ai ce foncier,et en plus il y a poussé des pois de senteur,un article de Gilles Du bus (mon potager au naturel).
Bonjour,
Ah les ronciers ! J’habite Balazuc en Ardèche. Le terrain fait 1600 m2 avec plusieurs faïsses très larges soutenues par des murettes assez hautes. Le terrain est très arboré (muriers, chênes, micocouliers et quelques résineux plantés à l’époque). Il y a beaucoup de ronciers le long des murettes. Je taille les tiges qui me gênent pour accéder aux fruits car, outre la biodiversité que je remarque, ma motivation est aussi de faire de la confiture et du sirop. Cette année, vu le manque d’eau, les fruits risquent d’être un peu durs… Cela fait la 2ème année que la récolte est réduite à cause de la sécheresse caniculaire.
Mais je ne sais pas comment gérer les tiges mortes. Dois-je les enlever autant que possible ou les laisser ? De plus est-ce que si je taille sévèrement les ronciers, ils repousseront en produisant plus de fruits l’année suivante ?
Bonjour et merci pour cet excellent article.
J’avais à proximité de mon potager (sur le terrain voisin), un énorme roncier qui faisait le bonheur d’une multitude d’oiseaux. Malheureusement un promoteur débarqua (la municipalité avait eu la bonne idée de classer ce terrain en zone urbaine) et adieu roncier, mûres, biodiversité, tranquillité !…
Amitiés aux amoureux de la nature.
Yves
Bonjours, voilà !! La réponse à la questions que je me posais,😊 je me demandais depuis quelque temps ,pourquoi ne pas faire autour,déjà, de chez moi , des haies de ronces ,qui sont déjà là, présentent , que je,je l avoue jusqu à présent ,debroussaillais, sans jamais pouvoir m en débarrassé, pourquoi pas s en servir,j ai des chevaux ,je me tue a faire des clôtures alors que devant moi ,cette plante me rendrais grand service ,alors,merci
Bonjour Gilles, l’article est excellent. J’ai laissé des ronciers se développer depuis plus de 30 ans, mais cette année je m’attaque à les réduire un peu, pour ceux qui veulent des plants j’en ai de toutes les tailles!!!
Bonjour Gilles toujours très intérescent.
J ai un très beau ronciet en bordure de chez moi et derrière le jardin .en faite c est une grande protection pour diverses raisons.je coupe les branches qui déranges .à part ça un équilibre pour la biodiversité. Tout le monde en profite .beaucoup d’oiseaux .genial.
Merci Gilles ! ma haie de ronciers de 100 m de long se déplace lentement sur le pré, vers le sud, mais comme un rouleau. Cela m’inquiétait au début mais finalement ce n’est pas gênant car elle garde la même forme et le même volume, les anciennes tiges séchant côté nord. Mes deux pensées préférées “Plus la machine est grosse, plus l’homme est petit” (Victor Hugo) et “A quoi bon gagner la lune si c’est pour perdre la Terre” (Mauriac) … Mes voisins viandards du Pizou (Dordogne) furieux de voir ces ronces sur mes 8 hectares et “l’écolo à vélo” m’ont accusée de les menacer d’un fusil (imaginaire comme le tiens hi hi) , ont porté plainte, j’ai eu prélèvement d’ADN et convocation au tribunal que j’ai pu éviter ! L’ excellente et vaillante association “Convention Vie et Nature” a organisé une manif de soutien sur mon terrain : n’hésitez pas à la faire connaître, elle le mérite !
vu la teneur des propos la niche écologique du voisinage n’ a pas encore trouvé son point d’équilibre ,peut être avec le temps !qui sait …
et les bourgeons de ronces sont appréciés en gemmothérapie. De même une décoction de feuilles de ronces (10mn dans l’eau bouillante) calmera une gorge irritée, une toux. En gargarisme également !
J’ai moi aussi un énorme roncier qui borde mon jardin. Cette année, constatant que je lui avais laissé trop de place, en particulier en bordure ouest où il fait trop d’ombre à mon potager, je me suis résolue à tailler, éliminer. J’ai récupéré de la place pour mes fraisiers, dans un sol fertile, et au sud, j’ai tout laissé, pour les oiseaux et tout ce qui y vit. Certes mon jardin potager est implanté dans un clair au milieu d’une nature sauvage, mais le roncier en fait partie, et je sais qu’il me rend de grands services. Il faut juste le contrôler, pour éviter qu’il ne mange trop d’espace(ce qui m’est arrivé, par négligence….) J’ai compris depuis longtemps que beaucoup de vivant s’y installe à l’abri des prédateurs, et tout particulièrement les oiseaux. C’est pourquoi je me suis indignée de voir mon nouveau voisin éliminer à grands coups de débroussailleuse un roncier installé là depuis des années, facile à contrôler ,non invasif pour une culture du terrain qu’il bordait et formidable habitat de toute une faune de chardonnerets, moineaux, fauvettes…. ce monsieur n’a pas compris mes remarques, me disant que les oiseaux iraient ailleurs, et qu’un potager doit être ”propre”…. Je ne l’ai pas invité à venir visiter mon potager en permaculture. Il aurait été choqué. Dommage!!
Il apprendra de ses expériences 😍
ou il mourra. (comme toul’monde 🤣)
Bonsoir Gilles et tout ses lectrices et lecteurs.
Article surprenant et intéressant comme toujours, réhabiliter une plante considérée dans un jardin comme “mauvaise herbe” , attiser notre curiosité et nous dévoiler ses secrets et ses bienfaits, l’importance de son rôle et finir par nous la faire aimer et désirer, encore merci Gilles, on en redemande.
Bonjour Gilles,
excellent article, m’autorisez vous à l’afficher sur le cite transition de ma commune.
Merci
Jean
Bonjour Jean,
Si vous parlez d’un site web, vous pouvez mettre un lien vers l’article, mais pas le copier/coller (cela nuit au référencement de l’article).
Si vous parlez de mettre une copie papier dans un lieu quelconque, il n’y a pas de souci.
Cordialement,
Gilles
Bonjour Gilles
Tout à fait d’accord pour que vous puissiez l’utiliser si cela peut vous aider .
Pour le livre des chèvres des fossés taper (pour moi sur qwant : chèvres des fossé )le livre s’intitule “il était une fois dans l’ouest la chèvre des fossés ” le livre a été écrit par F.de Beaulieu et H. Ronné je n’ai pas le N° de l’ISBN
Bonne journée et merci pour vos articles
Jean
Bonsoir Gilles, c’est pour mettre un lien vers le site internet, en espérant que cela va ouvrir les yeux de certains septiques. Merci
Bonjour
j’ai plusieurs parcelles de terrain en roncier . j”envisageais de replanter un petit bois avec des plants acquis auprès de la chambre d’agriculture du département mais la ronceraie est tellement dense qu’elle est impénétrable aussi bien pour les grands animaux (chevreuil que pour le planteur !) .plutôt que de louer un broyeur à fléaux j’ai demandé aux gardes du conservatoire du littoral si ils ne voulaient pas y mettre une dizaine de chèvres des fossés (je conseille le livre venant de paraître sur les dîtes chèvres … )avec leur chevreaux ,ce qu’ils ont accepté .”mes tondeuses ” sont à l’ouvrage depuis une semaine cela demandera le temps qu’il faut mais j’aurai un terrain plantable ,il me restera plus qu’à protéger les plants
C’est une solution pour défricher et entretenir un terrain à bas bruit et avec de la patience
Bonjour Gilles, une solution de Rémi du jardin des merveilles pour ne pas avoir à tailler les tiges de ronciers qui s’élancent vers la colonisation de plus lointains espaces est donc de ne pas tailler mais de prendre la tige et de la réorienter vers le haut du roncier, ce qui l’épuiserait.
Merci Gilles! ton article tombe à point, je m’apprêtais à me débarrasser de ronciers. j’ai compris qu’il vaut mieux vivre avec!
Très intéressant je ne connaissais pas toutes les particularités de roncier. Merci
Merci pour l’argumentaire détaillé. Comme d’habitude d’ailleurs, c’est agréable à lire et instructif, ça permet aussi de discuter avec les copains jardiniers
Merci Gilles de nous donner des arguments à nous, qui observons dans les ronciers la vie foisonnante et passons outre les critiques sur notre laisser faire, notre incompetence à maintenir l espace “propre”. Certes la lutte contre les ronces est un combat perdu d avance, et c est pourquoi la cueillette des mûres est une belle et savoureuse consolation.
Bien à vous Gilles,
Merci Gilles, vraiment intéressant, pour le potager, les insectes et mes oiseaux chéris… si nous avions su cela avant, quand nous nous sommes installés, on ne pensait pas à tout ça… et durant de nombreuses années nous sommes restés ignorants, jusqu’à ce que je décide de faire un potager et tout à coup toute la nature m’a passionnée… c’est un peu comme si je me réveillais et prenait conscience de tellement de choses (super agréables mais aussi beaucoup moins sur l’action de l’homme “et les actes” envers lui-même et sur l’environnement). Alors si nous avions su cela, je pense qu’il n’y aurait pas lauriers/ thuyas/If et cie, qui ont dépensé énergie et argent inutilement…. (si qd même, il y a des tiges souples qui me servent de tuteurs ou pour confectionner des arceaux, ce qui est top !)
Bonne journée Gilles
Article sur les ronciers super intéressant !
Merci beaucoup ! Je prends bonne note.
Mais c’est embêtant quand ils poussent au milieu d’un talus de millepertuis !