Voyons aujourd’hui comment semer des graines de légumes directement au potager (Pour information, on ne dit pas « planter des graines »… Mais bien « semer des graines »).
Mais avant cela, rappelons rapidement les avantages et inconvénients des semis directs.
Pourquoi semer les graines de légumes directement au potager ?
Les récoltes issues de semis directs sont plus tardives que pour des semis effectués en pépinière (notamment pour les légumes-fruits).
Les limaces, campagnols (rats taupiers) ou autres petits rongeurs raffolent des jeunes pousses, à peine sorties de terre… Il y a donc là un risque non-négligeable de voir ses jeunes plants rapidement dévorés…
Semer ses légumes directement au potager implique de devoir désherber… À moins que vous ne décidiez de rapidement pailler… Mais là vous risquez fort d’être confronté aux problèmes de ravageurs vus juste au-dessus…
Quels sont les avantages des semis directs des légumes ?
Les légumes semés directement au potager germent au bon moment (temps, température du sol et durée de jours adaptés).
De plus, le repiquage implique un stress pour la plante. Semer directement évite justement ce stress.
Pour ces raisons, les plants issus de semis directs sont généralement plus résistants aux maladies.
Ajoutons à cela un intérêt écologique par rapport aux semis en pépinière (Pas d’utilisation de godets et généralement pas de terreau non plus… même si on peut aussi utiliser éventuellement du terreau pour ses semis directs).
Alors, quels légumes semer directement au jardin ?
Disons déjà que, théoriquement, tous les légumes peuvent être semés directement au potager…
Normalement, les légumes racines se sèment directement en terre.
Ok, certains, pour des raisons diverses et valables (trop de problèmes de limaces par exemple), sèment des carottes en pépinière (en plaques alvéolées probablement, c’est-à-dire avec une motte de terreau à conserver pour la plantation, car en racines nues, ça risque d’être quand même assez délicat…). Mais bon, à moins de faire des dizaines de plaquettes, les récoltes ne doivent quand même pas être très grosses…
Pour le reste (légumes fruits, légumes feuilles, légumes fleurs), les semis directs sont tout à fait possibles, et même souhaitables, non seulement pour obtenir des plants plus résistants, mais également par exemple pour allonger la durée de production.
Mais vous aurez tout intérêt à en semer aussi en pépinière, notamment pour récolter plus tôt (cela concerne particulièrement les légumes-fruits ou encore les céleris) ou pour assurer la production de plants (par exemple pour les salades ou choux, particulièrement appréciés des limaces).
Avant de voir comment semer les légumes directement au potager, commençons par examiner les conditions convenant aux semis directs au potager.
Conditions pour semer les graines de légumes
Pour une bonne germination et une levée rapide des semis, certains paramètres sont particulièrement importants.
Une terre bien affinée et aérée
La terre doit être correctement affinée pour permettre à un plantule naissant de « sortir la tête »…
En effet, s’il y a des mottes compactes, le jeune plant risque tout simplement d’être bloqué.
Pour affiner correctement votre terre en vue de semis, je vous recommande de la préparer avec un outil respectueux de la vie du sol (Grelinette ou Campagnole).
Certes, il y aussi possible de semer dans une couverture permanente, en écartant le paillage. Ce sont alors les vers de terre et autre micro-organismes qui vont se charger d’aérer et d’affiner la terre (Théoriquement… Car bien souvent, la terre n’est pas aussi ameublie que cela… Et vous n’aurez alors finalement pas d’autres choix que de la travailler…). Et surtout alors, gare aux limaces !
Bon, personnellement, après maints essais (Le dernier en date il y a quelques jours… Un semis de haricots sur une parcelle couverte en permanence, a été laminé en 2 jours…), j’ai fait le choix de toujours semer en terre travaillée manuellement… Et je paille plus tard, lorsque les plants sont déjà bien développés et la terre suffisamment réchauffée.
Pas de matières organiques non décomposées dans le sol
Les matières organiques mal décomposées (compost pas suffisamment mûr, fumier frais, BRF…) nuisent à la germination.
Aussi, ne faites pas de tels apports juste avant de semer vos légumes.
Avant un semis, privilégiez un apport de compost bien mûr (c’est-à-dire parfaitement décomposé, à l’aspect de terreau) ou éventuellement d’un engrais organique du commerce (fumier composté, granules de matériaux organiques naturels).
Des conditions météos propices aux semis
Les graines ont besoin de certaines températures (différentes selon les espèces) pour lever.
Si ces températures sont trop basses, la levée sera très longue (ce qui a pour conséquence des plants plus fragiles par la suite), ou ne pourra tout simplement pas se faire.
Inversement, des températures trop élevées ne permettront pas forcément la germination…
De l’eau
Pour germer, une graine a besoin d’eau… il conviendra donc de maintenir le sol humide jusqu’à la levée.
Afin de limiter la corvée d’arrosage, j’aime bien semer, dans la mesure du possible juste avant des pluies annoncées…
Une période adaptée à une espèce et à une variété particulière
Chaque légume a une période de culture adaptée (On ne cultive par exemple pas de tomates en hiver… Enfin normalement…).
Et, au sein de chaque espèce, on a des variétés plus ou moins précoces ou adaptées à une saison en particulier (on a par exemple des laitues de printemps, des laitues d’été, des laitues d’automne et des laitues d’hiver).
Alors, certes, une salade d’hiver pourra germer au printemps par exemple… Mais elle ne se développera pas dans des conditions qui lui conviennent, ce qui risque évidemment d’entraîner pas mal de problèmes (par exemple une montée en fleurs très prématurée)… Donc mieux vaut respecter les caractéristiques et périodes de semis préconisées pour une variété donnée.
Les indications de périodes de semis figurent normalement sur les sachets de graines (et si vous reproduisez vos graines, pensez à noter cela).
Voyez également le calendrier des semis du mois en cours pour voir si la période est bien appropriée (et tenir éventuellement compte de la Lune).
Une profondeur de semis adéquate
Pour une levée optimale, chaque type de graine se sème à une certaine profondeur, en fonction de son épaisseur.
Grossièrement, on considère une profondeur de semis d’environ 4 ou 5 fois l’épaisseur de la graine.
Par exemple, une graine de tomate se sème à environ 1 cm de profondeur, alors qu’une graine de haricot se sème à environ 3 cm de profondeur.
Notez qu’en été, la terre séchant très vite en surface, il peut être judicieux de planter un peu plus profondément.
Un espace suffisant pour le développement de la culture
Il est évident qu’un radis a besoin de moins d’espace qu’une courge pour se développer…
Les graines seront donc semées (ou les plants éclaircis après la levée) à des distances adaptées au développement futur du plant.
Ces écartements variant de 0.5 cm pour la mâche à 2 mètres pour les courges coureuses…
Pour réussir vos semis directs au potager, je vous présente une formation multimédia complète, intitulée « Semis directs au potager« .
Cette formation comporte 7 modules :
- Les semences, avec les bonnes adresses de semenciers et une petite méthode pour tester la qualité germinative de vos graines
- La préparation du sol, avec différentes approches et façons de procéder
- Les conditions de semis optimales, comprenant notamment un tableau complet récapitulant, pour tous les légumes, les périodes et températures de germination, la profondeur de semis, ainsi que les écartements recommandés.
- Les semis en ligne : pour quels légumes, différentes techniques, avantages et inconvénients… avec démonstrations
- Les semis en poquets : pour quels légumes, avantages et inconvénients… avec démonstration
- Les semis à la volée : pour quels légumes, avantages et inconvénients… avec démonstration
- L’entretien des semis après la levée
Comment semer des graines de légumes directement au potager ?
Nous ne développerons pas ici la préparation du sol selon les conditions de départ du semis (semis sur sol nu, semis sur sol couvert par un mulch, semis sur compost végétal), pas plus que nous ne pourrons entrer dans les détails techniques concernant le semis proprement dit (c’est l’objet de la formation « Semis directs au potager« )
Mais nous allons simplement distinguer les 3 modes de semis directs :
- Les semis en ligne (possibles pour à peu près toutes les cultures)
- Les semis en poquets (plutôt adaptés pour les cultures à fort développement)
- Les semis à la volée (réservés aux légumes à développement très rapide, comme les radis)
Commençons par voir comment semer les légumes en ligne.
Semer les graines de légumes en ligne
Semer en ligne consiste, comme son nom l’indique, à effectuer les semis sur une même ligne de culture.
Après avoir placé un cordeau pour marquer la ligne de semis, nous allons creuser un fin sillon (d’une profondeur correspondant approximativement à la profondeur souhaitée pour l’espèce en question).
Les graines seront ensuite placées au fond du sillon, soit directement à distance souhaitée (c’est fastidieux), soit plus densément en éparpillant les graines, le plus régulièrement possible (Cette deuxième option s’avère évidemment moins économe en graines et impliquera de devoir ensuite éclaircir le semis, mais elle assure une meilleure levée et surtout, en cas de ravages animaux, nous avons plus de chance de conserver une bonne densité de plants…
Refermez le sillon, avec la terre écartée ou avec du terreau (utile en cas de terre mal affinée ou par peur d’une levée importante d’adventices) et plombez (c’est-à-dire tassez légèrement la terre, par exemple avec le dos du râteau).
Un bon arrosage suivra le semis (Certains préfèrent arroser avant, au fond du sillon… C’est aussi possible).
Les semis en ligne peuvent être effectués soit à la main soit avec un petit semoir manuel, soit encore avec un semoir de précision à roue.
Voyons maintenant comment semer en poquet.
Semer les graines de légumes en poquet
Pour les semis en poquets, nous formerons, à distance souhaitée et une profondeur adaptée à l’espèce semée, de petits trous.
Nous placerons ensuite dans ces trous plusieurs graines (quantité variable selon l’espèce) et refermerons le sillon avec la terre écartée ou du terreau.
On tasse légèrement puis on arrose.
Selon l’espèce, nous conserverons tous les plants (artichauts par exemple) ou n’en garderons qu’un (légumes-fruits par exemple).
Les semis en poquets se font forcément à la main.
Terminons avec les semis à la volée.
Semer les légumes à la volée
Le semis à la volée consiste à éparpiller les graines, à la main ou avec un petit semoir manuel, le plus régulièrement possible sur un carré de culture, sans aucun marquage (pas de ligne).
Enfoncez ensuite simplement les graines, par un simple ratissage. Ou recouvrez-les de terreau.
Plombez et arrosez…
Bien que rapide, ce mode de semis présente un inconvénient majeur : des adventices lèveront au milieu de la culture. Ce qui compliquera le travail de désherbage… Pour ma part, je sème uniquement, et occasionnellement (par exemple par manque de place), des radis, ou des mélanges de ces salades, de cette façon.
Si vous débutez ou n’êtes pas très à l’aise avec les semis directs, ou encore que souhaitez vous y mettre, j’ai conçu pour vous une formation multimédia (vidéos et documents PDF) intitulée « Semis directs au potager« .