La Courtilière (ou taupe-grillon), ravageur ou auxiliaire ?

La courtilière (également appelée taupe-grillon) était autrefois fortement redoutée par les jardiniers.

Son nom vient d’ailleurs de “courtil” qui signifiait “jardin”  en vieux français.

Grâce à l’agriculture chimique (désolé, mais c’est vrai…), elle avait pratiquement disparu des jardins.

Mais on observe aujourd’hui, et en particulier dans les potagers naturels, une recrudescence de cet insecte qui peut causer bien des ravages

L’idée de cet article m’est d’ailleurs venu d’un lecteur du blog apparemment très embêté par les ravages de la courtilière.

Peut-être est-ce aussi votre cas ?

Nous verrons plus loin comment limiter les dégâts.

Mais commençons déjà par voir comment vit cet insecte.

La courtilière – description, reproduction, habitat et alimentation

Description de la courtilière

La courtilière (Gryllotalpa gryllotalpa) est un insecte appartenant à la famille des orthoptères.

Elle est de couleur brun-jaune et peut mesurer environ 5 cm de long.

Son aspect général est proche de celui du grillon. D’ailleurs, tout comme son cousin, la courtilière, enfin le mâle, émet un chant strident, en particulier les soirs de printemps (en frottant ses élytres l’une contre l’autre).

Mais ses pattes arrières “fouisseuses”, en forme de pelles et armées de dents, rappellent plutôt la taupe

D’où son nom de “taupe-grillon”.

Découvrez-la en vidéo (chant inclus) :

 

 

Habitat

La courtilière affectionne particulièrement les terres d’alluvions légères, plutôt humides et chaudes (sa présence est beaucoup plus rare dans les terres lourdes).

Il est aussi fréquent d’en rencontrer dans un tas de compost.

Mode de reproduction

Au mois de juin, dans un nid souterrain desservi par un impressionnant réseau de galeries, la femelle pond entre 200 et 300 œufs.

Environ 1 mois plus tard, les larves quitteront le nid en empruntant les galeries creusées par leurs parents.

Elles vont muer 2 fois avant d’être à leur tour capable de creuser leurs propres galeries dans lesquelles elles passeront un premier hiver.

Ce n’est que l’année suivant, en effectuant 3 nouvelles mues, qu’elles deviendront adultes (mais elles ne pourront se reproduire que la troisième année).

Alimentation

La courtilière se nourrit de larves et de petits animaux vivant dans le sol ou juste en surface de celui-ci.

Ainsi, la larve de taupin, les vers blancs (larves de hanneton), les vers gris (larves de divers papillons de nuits ou de noctuelles), de petits coléoptères ou même les limaces sont au menu…

La courtilière est aussi un auxiliaire !

Donc, de par son alimentation “choisie” (la plupart sont des animaux peu appréciés des jardiniers), la courtilière pourrait être considérée comme un précieux auxiliaire du jardinier, comme l’illustre la courte vidéo ci-dessous (Avertissement : les images peuvent choquer les plus sensibles)…

 

 

Seulement voilà, la courtilière cause trop de dégâts pour mériter ce titre d’auxiliaire (mais qui sommes-nous pour en décider ?)…

Les dégâts causés par la courtilière dans un jardin

La courtilière adulte passe une grande partie de son temps à creuser de petites galeries souterraines dans le sol (superficiellement, c’est-à-dire juste sous la surface).

Le problème, tout au moins pour le jardinier, est que, sur son passage, elle :

  • détruit les racines des plantes cultivées ;
  • dévore les collets de ces mêmes plantes ;
  • sectionne à la base des plants déjà développés (fréquent notamment pour les tomates) ;
  • ou encore soulève les plants.

Les dégâts peuvent donc être conséquents… et souvent irrémédiables.

Comment protéger ses cultures des dégâts de la courtilière ?

Lutte préventive contre la courtilière

Comme toujours, la biodiversité joue un rôle essentiel pour un bon équilibre des populations animales (je rappelle qu’un animal ne devient un “nuisible” que lorsque il se retrouve en surnombre).

Or, la courtilière a de nombreux prédateurs : les oiseaux (hiboux, chouettes, merles, étourneaux, pies…), les taupes, les hérissons ou les musaraignes, pour ne citer que les principaux.

Il est donc important de protéger, voire de favoriser (notamment par la préservation d’habitats sauvages) la présence de leurs ennemis naturels

Ainsi, par un environnement naturel préservé, les populations animales se régulent naturellement (bon plus ou moins…).

Et la courtilière, comme d’autres “ravageurs”, tant qu’elle reste en population raisonnable, ne constituera pas réellement un problème…

Nous l’avons vu, le tas de compost constitue également un habitat apprécié de la taupe-grillon. Il est donc préférable de placer son tas de compost à une certaine distance des cultures

Enfin, comme tout animal vivant dans le sol (il en va de même par exemple pour le taupin ou la louvette), le travail du sol dérange forcément la courtilière et l’expose à ces prédateurs…

Alors, certes, travailler la terre va à l’encontre de certains principes du jardinage au naturel (ou permaculture)… Mais si vous rencontrez de fréquents problèmes de ravageurs du sol, cette solution est peut-être à envisager ?

Lutte directe contre la courtilière

Je tiens à le répéter : la courtilière n’est pas seulement un insecte engendrant des dégâts dans les cultures… Elle participe également à réguler certaines populations animales ne figurant pas parmi les grands amis du jardinier…

Aussi, et comme face à tout animal, avant d’agir, il convient à mon sens de bien analyser la chose.

Cause t-elle vraiment de gros dégâts au sein de vos cultures ? Ou bien ne sont-ce que quelques plants qui sont détruits ?

Les taupins ou les vers blancs (larves de hannetons ) par exemple ne causent-ils pas également d’importants dégâts dans vos cultures ? Dans ce cas, ne serait-il pas finalement plus sage de préserver un de leurs prédateurs naturels, en l’occurrence la courtilière ?

Personnellement, même si je retrouve parfois quelques plants déjà développés (notamment de tomates) sectionnés nets (la taupe-grillon en est probablement responsable), je me refuse à employer les méthodes qui suivent.

Je préfère sacrifier quelques plants… Mais préserver les fragiles équilibres naturels en place.

La “lutte” ne fait pas partie de ma conception du jardinage naturel…

Mais je conçois que l’on puisse avoir recours à certaines méthodes en cas de situation extrême.

Donc voici les moyens de lutte directe contre la courtilière (à utiliser uniquement en cas de ravages conséquents) :

Le piégeage

En fonction de la saison, il y a plusieurs méthodes de piégeage possibles :

  • Au printemps, placez sur les passages repérés, des récipients profonds, avec des parois lisses (bocaux, boîtes de conserve) ;
  • En été, creusez des rigoles et recouvrez-les de planches ; arrosez régulièrement ces rigoles ;
  • En automne, enterrez du fumier ou du compost à environ 30 cm de profondeur; recouvrez de terre.

Visitez régulièrement ces pièges et emmenez les taupes-grillons loin de toute culture, en pleine campagne (plutôt que de les tuer…)

La destruction des habitats

Commencez par repérer la galerie (verticale) d’entrée des nids.

Versez-y de l’huile alimentaire usagée (environ 3 verres) puis la même quantité d’eau… Ça marche également avec du purin d’ortie, ou également parait-il du liquide vaisselle (qui n’a rien à faire dans un jardin !)

Patientez… Les courtilières adultes vont sortir… Attrapez-les.

Les larves et les œufs seront quant à eux asphyxiés…

Les nématodes

Il est également possible d’utiliser des nématodes parasites (Steinernema carpocapsae).

 

Et vous-même, avez-vous des courtilières dans votre potager naturel ? Comment réagissez-vous ?

 

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