Présentation du sureau noir
Le sureau noir est particulièrement utile au jardin en permaculture (favorable à la biodiversité, engrais et répulsif naturel, fabrication de manches d’outils) et en dehors (baies comestibles et médicinales, fabrication de flûtes).
Le sureau noir (Sambucus nigra) est un arbuste, ou un arbre (en terre riche, il peut mesurer jusqu’à 7 mètres de haut…), aux feuilles caduques, appartenant à la famille des Adoxacées.
Commun dans toute la France (bien que plus rare sur le pourtour méditerranéen) et dans de nombreuses régions du monde, on le trouve fréquemment à l’état spontané dans les haies sauvages ou encore les bordures de bois.
Appréciant un bon ensoleillement, il s’adapte à tous les types de sols.
C’est en outre un arbre résistant à de très fortes gelées (jusqu’à -25 °C).
Il peut être planté soit de façon isolée, soit au sein d’une haie.
Dans un jardin-forêt, c’est une espèce de choix.
En fin de printemps (fin mai – juin), son abondante floraison blanche (ou rose pour certains cultivars) et odorante, sous forme de corymbes, est du plus bel effet.
Mais le sureau noir n’est pas seulement décoratif :
- C’est une plante très mellifère qui attirera nombre de pollinisateurs et autres insectes ;
- Des oiseaux apprécient ses baies (crues, elles sont toxiques pour les humains, mais pas pour les oiseaux) et viendront ainsi apporter un peu plus de diversité animale dans votre jardin ;
- Ses feuilles, ainsi que ses branchages, peuvent être utilisés pour fertiliser la terre de votre jardin ;
- Ses fleurs et ses fruits (baies cuites) sont consommables ;
- Son bois a quelques utilités au jardin et ailleurs…
Mais avant de détailler cela, voyons maintenant comment obtenir gratuitement des plants de sureau.
Comment reproduire le sureau ?
Si vous trouvez un sureau noir dans la nature, obtenir un plant pour votre jardin sera très facile.
Vous pouvez procéder par semis de baies ou par bouturage :
Semis de baies
On peut difficilement faire plus simple.
En fin d’été, récoltez des baies bien mûres.
Placez-les dans un pot rempli de terre (enterrées de 3 ou 4 cm). Laissez ce pot en extérieur… Et attendez… Ça devrait germer.
Encore plus simple ? Déposez les baies dans votre jardin, directement sur le sol. Recouvrez éventuellement d’un peu de terre (mais ce n’est même pas obligatoire) et laissez faire la Nature…
Bouturage
Le sureau noir peut également se multiplier facilement par bouturage :
Quand planter un sureau noir ?
Comme pour tous les arbres, la meilleure période pour planter un sureau (qu’il soit issu d’une bouture ou d’un semis, ou acheté chez un pépiniériste) est en automne.
L’arbre profitera ainsi des pluies et aura tout le temps nécessaire pour assurer une bonne reprise avant les chaleurs estivales.
L’hiver, hors période de gel, est également une bonne période.
Il demeure possible de planter au printemps, mais vous devrez alors probablement assurer des arrosages réguliers… Et plus on avance dans la saison, moins la reprise sera assurée.
Comment planter un sureau noir ?
Préparation
De préférence quelques semaines avant la plantation, mais vous pouvez le faire aussi juste avant celle-ci, commencez par creuser un trou de plantation d’un diamètre au moins 2 fois supérieur (3 fois, c’est encore mieux, car les racines pourront ainsi se déployer plus aisément) à la motte supportant l’arbuste et d’une profondeur légèrement supérieure à celle de la motte.
Mettez d’un côté la terre extraite en surface et de l’autre la terre extraite en profondeur.
Émiettez la terre extraite. Évacuez les grosses pierres (disons plus grosses qu’une orange – les petites pierres sont utiles pour la circulation de l’air dans le sol, mais aussi comme abri pour la faune s’y développant).
Mélangez du compost bien mûr, ou un amendement organique (par exemple à base de fumier composté et d’algues), à la terre de surface.
Avec une bêche à dent, décompactez le fond du trou afin d’assurer un bon drainage.
Plantation
Si les racines sont enchevêtrées dans la motte, grattez légèrement les contours de cette dernière pour les libérer (mais évitez de casser complètement la motte).

Mettez une pelletée de compost parfaitement mûr au fond du trou (j’anticipe certaines réactions : “il ne faut pas enterrer les matières organiques !”… On est d’accord, si elles ne sont pas décomposées ; mais un compost mûr l’est, et les racines trouveront ainsi une nourriture directement assimilable à portée, ce qui facilitera la reprise de l’arbre).
Placez la motte au fond du trou en veillant à ce que le dessus de la motte se retrouve au niveau du sol (le collet ne doit pas être enterré, ni trop haut). Pour ce faire, enlevez ou rajoutez un peu de terre au fond du trou.
Une fois le sureau en place, remettez d’abord la terre de profondeur dans le trou.
Comblez avec le mélange de terre de surface et de compost (auquel vous pouvez éventuellement ajouter une poignée de poudre de corne).
Avec les pieds ou les mains, tassez autour de la base du tronc.
Arrosez abondamment.
Entretien
Le sureau est un arbre se développant parfaitement dans la plupart des situations.
Aussi, mis à part éventuellement quelques arrosages pour assurer la reprise si le temps est sec, il ne nécessite aucun entretien particulier.
Vous pouvez toutefois apporter un paillage à sa base au printemps.
Certains le taillent pour lui donner une forme qui leur plaît…
Bon, à mon sens, la Nature est une meilleure artiste que nous…
Et pourquoi lui infliger un stress non-indispensable ? Si… peut-être dans le but d’utiliser les branchages issus de la taille pour en faire du BRF (voir plus loin).
Utilités du sureau noir
Au jardin
Pour la biodiversité

Grâce notamment à son abondante floraison, le sureau va attirer nombre d’insectes pollinisateurs, mais pas seulement.
En effet, toutes sortes d’insectes se nourrissent de ses différents organes : fleurs, baies, tiges, bois creux…
Les larves de certains d’entre eux (coccinelles, abeilles, syrphes…) pourront même passer l’hiver à l’abri, dans son bois creux. On peut d’ailleurs vider de petits tronçons de tige pour construire soi-même des “hôtels à insectes” (les abeilles sauvages apprécieraient particulièrement cet habitat).
De même, les oiseaux (notamment les fauvettes des jardins, les grives, les merles, les rouges-gorges…) aiment y nicher, trouvant également là une nourriture à profusion (insectes, larves, baies…). Ils vont aussi disséminer des graines aux alentours, participant ainsi au reboisement !
Poussant rapidement, le sureau s’intégrera efficacement à une haie brise vent.
Vous avez un poulailler ? Plantez-y un sureau. Non seulement les poules pourront profiter de son ombrage, mais elles y trouveront une nourriture à profusion.
Le sureau participera donc activement à favoriser la biodiversité, et donc aux équilibres dans votre jardin.
Mais ses bienfaits ne s’arrêtent pas là…
Comme engrais naturel
On peut faire une macération de feuilles :
- Placez 1 kg de feuilles dans 10 litre d’eau ;
- Fermez ;
- Laissez macérer pendant 3 jours ;
- Filtrez ;
- Diluez à 10 % ;
- Arrosez ou pulvérisez afin se stimuler la croissance de plantes un peu faiblardes.
Par ailleurs, chaque printemps, le sureau noir produira de nouvelles branches en nombre.
Il est donc tout à fait possible d’en profiter pour faire du BRF à l’automne suivant (avec les jeunes branches de l’année).
Notons également que les feuilles de sureau ont un rapport carbone équilibré (voir l’article sur le compost). De ce fait, elles sont parfaites pour être intégrées à un compost (dont elles accéléreraient la décomposition) ou tout simplement comme paillage à l’automne…
Comme répulsif naturel

Cette même macération de sureau peut être utilisée, diluée 10 fois, en pulvérisation, pour repousser les altises, les pucerons et diverses chenilles.
Versée, non diluée, dans les galeries, elle éloigne également les taupes, les mulots, les rats taupiers (campagnols), comme m’en ont témoigné 2 lectrices du blog (J’ignore si elles ont en réalité utilisé une macération de 3 jours ou un purin insecticide… En effet, en laissant à macérer pendant une dizaine de jours, on obtient un insecticide… Mais c’est donc un produit létal, dont je déconseille l’utilisation, car non-sélectif et source de nouveaux déséquilibres).
“Depuis que je verse du purin de sureau dans les galeries (il faut parfois bien gratter avant d’arriver au trou) les rats taupiers décampent. Ouiii, ça marche ! Je ne m’embête même pas à le filtrer, tout y passe jus (beueerk) et feuilles pourries ! (environ 1 kg de feuilles pour 10 l d’eau, c’est prêt quand ça… pue ,hihi)”
“J’ai remarqué un jour ces galeries qui minaient le jardin et rien n’y faisait. Sauf qu’un jour sur le web, j’ai lu un article qui conseillait le purin de sambucus nigra. Il est en effet miraculeux. Quand je l’ai versé pur dans une galerie d’un grand bac de culture j’ai eu la surprise de voir le rat s’éjecter dans la minute qui a suivi. Ils reviennent bien sûr, mais, chaque fois, j’utilise ce purin et basta les rats taupier 😉”.
Bon, j’avoue ne pas bien voir l’intérêt concernant les rats taupiers puisqu’ils reviennent systématiquement… Ils ont donc le temps de faire des dégâts dans les cultures. En fait, placer simplement des branchages de sureau, ou des baies, dans les galeries serait sans doute plus efficace ? À tester…
Utilisations du bois de sureau
Utilisez son bois pour en faire des manches d’outils (ce bois, doux au touché, ne chauffe pas à la friction et évite ainsi les ampoules…).
Des branches de plus de 3 ans seront parfaites comme tuteurs.
Du fait d’un cœur particulièrement tendre et donc facile à vider, le bois de sureau était traditionnellement utilisé pour fabriquer des flûtes (d’où son nom, Sambucus vient en effet du grec sambuke qui signifie “flûte”). Cette caractéristique ouvre d’ailleurs la porte à bien d’autres utilisations : conduites d’eau naturel (si vous avez un terrain en pente, pourquoi ne pas imaginer un système d’irrigation avec des bois creux de sureau ?), sarbacanes, étuis… Laissez libre cours à vos envies !
En cuisine
Les fleurs de sureau noir
Les fleurs sont traditionnellement récoltées pour en faire des beignets de fleurs de sureau.
Surprenez aussi vos amis avec du sirop de fleurs de sureau… ou même du vin de fleurs de sureau !
Les baies de sureau

Les baies de sureau noir* sont comestibles une fois cuites (elles sont par contre légèrement toxiques crues).
Récoltez-les en fin d’été, à parfaite maturité.
On peut en faire de la confiture ou de la gelée, du sirop, et même du vin…
*attention à ne pas confondre avec le sureau yèble, aux fruits non-comestibles.
Pour la santé
Le sureau noir est riche en vitamines A, B et C, mais aussi en tanins, en fer, en caroténoïdes ou encore en acides aminés.
Contenant également des quantités importantes de polyphénols, le sureau est un puissant antioxydant.
Il est également reconnu pour ses vertus pour traiter des inflammations respiratoires (à bon entendeur…), les rhumes et plus largement les symptômes de la grippe.
Et ça ne s’arrête pas là…
Mais je ne vais pas m’aventurer plus sur un domaine qui, même s’il m’intéresse énormément, n’est pas le mien.
Vous en saurez beaucoup plus sur les vertus du sureau noir par exemple ici.
Finissons avec un vieux dicton, qui résume bien les choses : « Qui laisse pousser un sureau recevra mille cadeaux ».
À vous la parole (dans les commentaires ci-dessous) !
Bonjour !
Je rêve d’avoir un sureau dans mon jardin, un comestible bien sûr !
Apres de vaines tentatives de semis de graines achetées sur le net, j’ai la chance d’en avoir eu gratuitement en septembre dernier quelques graines d’une amie de la Normandie.
Si je pouvais avoir vos conseils pour un semis réussi, je serai une jardinière très heureuse.
Je vous remercie infiniment.
Très cordialement,
Tina
Ce sureau noir est il le même que le sureau a feuillage noir ?
Bonjour,
Il s’agit probablement d’un hybride du sureau noir, dont de nombreuses variétés sont commercialisées (voyez quelques exemples ici : https://jardinage.ooreka.fr/plante/voir/2069/sureau-pourpre)).
Quelques-uns de ces cultivars ont des feuilles virant au noir en certaines saisons…
Bonjour Gilles.
Attention au sureau, mes voisins en possèdent et j’en suis envahie. Leur système racinaire traçant fait qu’il repousse à côté du pied ôté avec soin. Dans une allée non entretenue durant certainement plusieurs années et remplie de pieds de sureau (je viens d’acheter une vieille maison ) j’ai dû étendre une toile pour les éliminer . Çà marche mais les pieds repoussent à côté !!! J’aime cet arbre, l’odeur de ses fleurs, la gelée faîte avec ses baies mais malheureusement je n’ai plus qu’une envie : l’ éliminer. Voilà ce que je ressens aujourd’hui.
Merci, Gilles pour vos articles. Très bonne année.
Bonjour Gilles,
Merci pour ce bel article sur le sureau.
Vous abordez également la question des taupes. A moins que je ne me répète (l’âge !) les coquilles de moules sont efficaces dans les trous ou en bordure de cultures. Avantage : un bon déjeuner, les moules, c’est vraiment bon.
En fait, reviens toujours la question d’une utilisation judicieuse des odeurs, chimie complexe.
Bonne continuation à vous.
Bien cordialement.
Merci Gilles pour cette mine d’infos.
J’utilise le sureau noir depuis quelques années avec vin de fleurs, sirop de fleurs et de baies (très différents l’un de l’autre), et j’ai même récupéré un jeune arbre malmené par des quads sur un chemin forestier. Il a repris vie dans mon jardin, pour mon plus grand bonheur, où il côtoie châtaigner, figuier, noisetier et autres arbustes.
Bonsoir Gilles, toutes et tous,
Article toujours très intéressant, merci.
Il y a aussi la gelée de fleurs de sureau, pour surprendre vos invités avec du foie gras, un pâté de gibier et ragout de gibier.
Voici la recette(trouvée sur le net) pour une douzaine de pots que je faits depuis plusieurs années, un régal
Ingrédients
40 Ombelles de fleurs de sureau; 1,4l d’eau; 1 kg de sucre gélifiant; 1 sachet de pectine; 100 ml d’eau
Procédé
– enlever les fleurs de tiges des ombelles de sureau
– laver les fleurs
– les faire tremper dans l’eau pendant toute une nuit (au frigo)
– filtrer l’eau (il en reste environ un litre)
– mettre l’eau dans une casserole à confiture et ajouter le sucre
– porter à ébullition
– mélanger l’eau( les 100ml) et la pectine
– porter à ébullition
– ajouter à la gelée
– laisser cuire le tout 4 minutes à gros bouillon
– enlever l’écume
– verser dans des pots préalablement stérilisés
Bonne soirée.
Laurent, (Belgique)
Merci pour votre recette Laurent. Un produit de plus se rajoute à mes compositions avec le sureau.
Très intéressant, je vais en mettre un dans une haie que je vais refaire (actuellement du tuya!). Je me demandais s’il il prend beaucoup d’épaisseur si on ne le taille pas?
Bonsoir en effet le sureau est aussi recommandé dans la fabrication de buttes de culture car son bois “éloignerait” les rongeurs. Pour nous, pas de rats taupiers en vue pour l’instant§
Pour chasser les taupes et les rats, j’ai enfoncé des morceaux de branches dans le sol, autour du potager, autour des cultures sensibles (safran) et çà marche!
Je n’avais plus de taupes dans le jardin depuis 25 ans….. et cette année, profusion de taupes….. tout autour du sureau. Cherchez l’erreur !!!
Bonjour Muriel,
Vous parlez d’un arbre; Françoise de branches dans le sol… Ce n’est pas la même chose…
Cordialement,
Gilles
Bonjour et merci j’adore vos articles toujours enrichissants, je n’ai qu’un petit jardin et en ville, Carcassonne, j’aimerais y planter un arbre et peut être que le sureau noir serait une bonne idée, 👍👍👍
Bonjour,
Premier commentaire : merci pour tout ces partages et surtout pour le ton (le ton c’est bon!). Pour le sureau j’ai notamment particulièrement le “c’est prêt quand ça ….pue ,hihi ” Ça me rappelle les commentaires de voisins au sujet de mon purin d’ortie ou consoude. P’fu…des nazes fragiles… Bonne continuation
Gérard
Merci pour tous ces renseignements interessants
Je peux ajouter que je fabrique un apéritif avec les fleurs de mon sureau….
Apéro succulent.
Je peux donner la recette à qui cela intéresse…
J’en serais ravi
Amitiés à tous les lecteurs
Jean de Graveson 13690
N’hésitez pas Jean !
Bonjour, grand merci pour tous ces conseils judicieux. J’ai un petit jardin assez sauvage et je pense garder un aspect naturel le plus possible. Le sureau y trouvera sa place !! Belle journée !
Maryse
Merci Gilles pour tous ces conseils. Je connais bien le sureau noir et l’excellente confiture (gelée) que nous pouvons faire avec ses baies.
Je me suis également fabriqué des manches avec le bois qui est très souple et résistant sur les conseil d’un vieux jardinier qui connaissait bien son affaire.
Bonjour, merci pour cet article comme toujours très utile. Pour ma part, j’ai deux sureaux dans le jardin, un très vieux et très gros, l’autre cinq ans et déjà bien grand, mais hélas contre la maison et nous allons faire refaire les façades au printemps prochain. Il va donc falloir les enlever. Ils sont trop gros et les racines passent sous la maison (très vieille et sans fondations), on ne peut donc pas les déplacer, ils sont condamnés. De plus, ils ont été victimes cet été d’une invasion de pucerons, comme jamais je n’avais vu. Ils étaient noirs de la tête au pied. Depuis, ils sont couverts de fumagine. Dommage, mais j’en ai replanté dans la haie et rajouté la variété à feuilles rouges foncées et fleurs roses. J’utilise le sureau de toutes les façons que vous indiquez, sauf le purin que je ne connaissait pas, mais je vais essayer, et je soigne depuis toujours et avec succès les petits tracas viraux de l’hivers avec une tisane de fleurs séchées additionnée de citron et miel. Résultat garanti. Dans un autre registre, j’ai bien reçu votre livre, que j’ai dévoré d’une traite. Une mine d’informations, complétée par la version en ligne utile avec les liens supplémentaires. Merci pour ce travail gigantesque. Très bonne journée.