La tanaisie est une plante vivace aux multiples facettes qui mérite largement sa place au jardin. Souvent utilisée en permaculture comme plante répulsive, elle permet de limiter naturellement la présence de nombreux ravageurs.
Ses fleurs jaunes, au parfum puissant, ne sont pas qu’ornementales : elles se transforment aussi en préparations utiles, comme le purin de tanaisie, véritable allié pour renforcer les plantes et prévenir certaines maladies.
Si vous cherchez une alternative aux traitements chimiques, la tanaisie fait partie des solutions naturelles les plus intéressantes. Utilisée en insectifuge naturel, en décoction ou en infusion, elle contribue à protéger vos cultures de manière écologique et durable.
Voyons ensemble comment la cultiver, l’utiliser et tirer parti de ses propriétés au potager bio.
Présentation de la tanaisie
La tanaisie (Tanacetum vulgare), appartenant à la famille des Astéracées, est une plante vivace robuste, originaire d’Europe. Elle est facilement reconnaissable à ses tiges dressées et à ses inflorescences jaunes en forme de petits boutons.
Elle pousse spontanément dans de nombreuses régions de France (Attention : elle peut se ressemer et devenir envahissante si on la laisse se ressemer librement).
Avertissements préalables :
- La tanaisie contient des composés toxiques. Portez toujours des gants et lunettes, étiquetez vos préparations, tenez hors de portée des enfants et des animaux. Ne laissez pas les préparations à portée des semences ni dans la cuisine.
- En plus de ses usages au jardin, la tanaisie a longtemps été utilisée en médecine traditionnelle, mais sa toxicité impose une grande prudence.
Pourquoi cultiver de la tanaisie dans son jardin ?
Une plante répulsive et anti-fongique pour le jardin en permaculture
En permaculture, la tanaisie occupe une place de choix grâce à son odeur camphrée répulsive et à ses multiples usages dans les préparations naturelles du jardin : purin, macération, infusion ou décoction. Selon la recette et la dilution, elle agit comme préventif contre les maladies, comme répulsif pour éloigner les insectes ou, en dernier recours seulement, comme insecticide naturel puissant. L’idéal reste de miser d’abord sur la prévention et l’observation attentive des cultures.
Cette plante est particulièrement efficace pour tenir à distance mouches, moustiques, fourmis, altises ou encore doryphores. On peut utiliser ses tiges fleuries fraîches ou séchées, disposées dans le poulailler, au compost ou encore au pied des plantations sensibles.
Sa richesse en tanacétine (substance résineuse extraite des feuilles et des fleurs, mortelle pour l’homme et les mammifères à la dose de 15 grammes), en huiles essentielles et en tanins lui confère de réelles propriétés insectifuges et fongicides. C’est pourquoi elle est tant appréciée au potager naturel ou au verger bio, notamment pour lutter contre les pucerons, la piéride du chou, le carpocapse ou encore pour prévenir le mildiou et la rouille.
Une plante ornementale décorative

La tanaisie se distingue par ses fleurs jaunes en forme de pompons, très décoratives en été. Elle peut être plantée :
- En massif, pour créer un arrière-plan lumineux ;
- En bordure de chemin ou d’allée ;
- En pot sur une terrasse ou un balcon ;
- En association avec des feuillages verts (hostas) ou des fleurs violettes (nepeta, lavande…).
Sa hauteur (jusqu’à 1,5 m) et sa végétation dense en font aussi un bon répulsif visuel contre certains animaux.
Comment cultiver la tanaisie au jardin ?
Peu exigeante, la tanaisie s’installe facilement. Elle préfère les sols légers, bien drainés et ensoleillés. Un semis au printemps ou une division de touffe en automne suffisent pour la multiplier. Une fois en place, elle peut devenir envahissante : prévoyez-lui un espace dédié.
Conditions idéales de culture
- Sol : frais, humifère, bien drainé (tolère le calcaire, mais redoute les sols très acides.).
- Exposition : soleil ou mi-ombre.
- Entretien : apport de compost tous les 2-3 ans, division tous les 4-5 ans pour une bonne vigueur.
- Emplacement : en bordure, car elle peut inhiber la croissance des plantes voisines.
Semis et plantation de la tanaisie
- Semis : de mars à octobre, directement en pleine terre ou en godets – Vous trouverez des graines de tanaisie ici. (Ce sont des graines minuscules… Et un sachet en contient plusieurs milliers… N’hésitez pas à en faire profiter vos voisins et amis, tout en partageant avec eux le présent article !).
- Plantation : au printemps ou à l’automne, en espaçant les pieds de 60 cm.
- Multiplication : par division de touffes.
Résistance
- Tolère bien le gel et les sécheresses modérées.
- Attention à l’eau stagnante.
Astuces pratiques :
- Installez la tanaisie en bordure du potager, près du compost ou à côté des rosiers pour profiter de son effet répulsif.
- Rabattez la plante après floraison pour limiter les semis spontanés. Si vous ne souhaitez pas qu’elle s’étende, supprimez les inflorescences fanées avant qu’elles ne donnent des graines.
- Les fleurs de tanaisie se récoltent généralement en été, au moment de la floraison. C’est la période idéale pour préparer des macérations ou constituer un stock de fleurs séchées pour l’année. Le purin, lui, se prépare de préférence entre mai et août, quand la plante est la plus vigoureuse.
Recettes à base de tanaisie pour le jardin
Vous trouverez ci-dessous les recettes testées et courantes : macération, infusion, décoction, purin et la teinture-insecticide.
Chaque recette précise : ingrédients, temps de préparation, dilution recommandée, fréquence d’application et précautions.
1. Macération de fleurs (préventif — mildiou, rouille)
La macération est douce, facile et rapide : idéale en prévention sur tomates, rosiers et pommes de terre.
- Ingrédients : 30 g de fleurs séchées de tanaisie (ou ~300 g de fleurs fraîches) pour 1 litre d’eau de pluie.
- Préparation : hacher grossièrement, verser l’eau (idéalement tiède), laisser macérer 48–72 heures à l’abri du gel. Ne pas couvrir hermétiquement (éviter les métaux).
- Filtration : filtrer avant emploi (tamis fin ou toile).
- Utilisation : pulvériser non diluée en préventif sur feuillage (matin ou soir, de préférence le soir quand il n’y a pas de plein soleil).
- Fréquence : 1 application toutes les 7–10 jours en période humide/sensible.
- Précautions : ne pas appliquer en pleine floraison des plantes attractives pour les pollinisateurs.
2. Infusion (anti-acariens et préventif contre la mouche des semis)
L’infusion est plus concentrée en principes solubles et convient pour traiter les infestations localisées et les semis problématiques.
- Ingrédients : 30 g de tanaisie sèche (ou 300 g fraîche) pour 1 litre d’eau bouillante.
- Préparation : verser l’eau bouillante sur la plante hachée, couvrir et laisser infuser 24 heures. Filtrer.
- Dilution : diluer à 10 % pour pulvérisation générale (1 L d’infusion → 10 L d’eau). En cas d’attaque forte, utiliser non dilué sur zones localisées (mais limiter les répétitions).
- Fréquence : 1 fois/semaine en traitement curatif, 1 fois/2 semaines en préventif.
- Précautions : éviter application sur fleurs en pleine pollinisation ; laver les légumes récoltés après traitement.
3. Décoction (répulsif/quelques actions fongicides)
La décoction extrait d’autres composants (moins fragiles à la chaleur). Utile sur pommiers, choux ou plantations à risques.
- Ingrédients : 30 g de plante sèche (ou 300 g fraîche) pour 1 litre d’eau.
- Préparation : mettre à tremper 24 h, puis porter à ébullition et laisser frémir 30–40 minutes sans couvrir. Laisser refroidir 24 h, filtrer.
- Dilution : diluer à 10 % (1 L décoction => 10 L d’eau) pour pulvérisation. En cas de besoin ponctuel sur feuillage, tester d’abord sur une feuille (sensibilité possible).
- Fréquence : 1 fois/semaine en traitement curatif ; 1 fois/2–3 semaines en prévention.
4. Purin de tanaisie (répulsif général)

Le purin est une fermentation. Il concentre beaucoup de substances actives : puissant et à utiliser dilué.
- Ingrédients : 2 kg de plante fraîche entière (tiges, feuilles, fleurs) pour 10 litres d’eau de pluie (récipient non métallique).
- Préparation : hacher grossièrement, immerger dans l’eau, couvrir mais pas hermétiquement, remuer quotidiennement. Fermentation : 10–15 jours selon température (plus rapide par temps chaud). Le purin est prêt lorsqu’il n’y a presque plus de bulles et que l’odeur est fermentée mais pas putride.
- Filtration : filtrer avant stockage.
- Dilution : 10 % (1 volume de purin pour 10 volumes d’eau) ou 20 % (1 volume de purin pour 5 volumes d’eau) selon l’usage : 10 % pour pulvérisation sur feuillage, jusqu’à 20 % en arrosage au pied pour action prophylactique.
- Fréquence : 1 fois toutes les 2 semaines en prévention ; 1 fois/semaine en cas d’attaque légère.
- Stockage : conserver quelques semaines au frais et à l’abri de la lumière ; utiliser de préférence rapidement.
- Précautions : forte odeur ; porter gants, éviter tout contact prolongé avec la peau. Ne pas verser de grandes quantités au compost (voir précautions ci-dessous).
5. Teinture/insecticide à base d’alcool (usage ponctuel, dernier recours)
⚠️ Toxique – À manipuler avec précaution. Réservé aux infestations sévères – Pensez à l’étiqueter et veillez à ne pas le laisser à la portée des enfants.
- Ingrédients : poudre très fine de plante sèche (ou fleurs sèches) : ≈ 10 cuillères à café (≈ 30–40 g) dans 1 litre d’alcool (éthanol à 70–90° ou alcool pour liqueur).
- Préparation : macérer 7–14 jours en bouteille sombre, remuer 1 fois/jour. Filtrer soigneusement.
- Utilisation : diluer 15 ml (1 cuillère à soupe) de teinture dans 1 litre d’eau + une cuillère à café de savon noir pour améliorer l’adhérence. Pulvériser le soir, localement sur les zones attaquées.
- Fréquence : n’utiliser qu’une à deux fois par saison sur la même culture ; éviter les traitements répétés qui nuisent aux auxiliaires.
- Conservation : la teinture alcoolique se conserve très longtemps (plusieurs années) à l’abri de la lumière.
- Précautions fortes : ne pas ingérer, inflammable, tenir éloigné des sources de chaleur. Étiqueter clairement et garder hors de portée des enfants et animaux. Attendre au minimum 48 heures avant récolte après application ; laver soigneusement les récoltes.
Tableau récapitulatif — usages, dilution, fréquence
Préparation | Quantité (réf.) | Dilution | Temps préparation | Usage principal | Fréquence |
---|---|---|---|---|---|
Purin | 2 kg de plante fraîche pour 10 L d’eau | 10–20 % | 10–15 jours | Répulsif général, arrosage au pied | 1 toutes les 2 sem. |
Macération (fleurs) | 30 g de fleurs sèches pour 1 L d’eau | Non dilué (préventif) | 48–72 h | Prévention mildiou, rouille | 1/7–10 jours |
Infusion | 30 g de plante sèche pour 1 L d’eau | 10 % (général) | 24 h | Anti-acariens, semis | 1/sem. (curatif) |
Décoction | 30 g de plante sèche pour 1 L d’eau | 10 % | ~2 jours (trempage + cuisson) | Action fongicide légère | 1/sem. (curatif) |
Teinture (alcool) | 30–40 g plante sèche pour 1 L d’alcool | 15 ml / L eau | 7–14 jours | Insecticide puissant (dernier recours) | 1–2 fois/saison maxi |
Quand et comment appliquer — bonnes pratiques
- Pulvérisez de préférence tôt le matin ou le soir, par temps calme (zéro vent) et sans pluie annoncée. Ne traitez pas en pleine chaleur ni sur feuilles mouillées (risque de brûlure).
- Testez toujours une préparation concentrée sur une petite surface (une feuille) avant application généralisée.
Précautions importantes
La tanaisie contient des substances pouvant être toxiques (tanacétine et huiles essentielles). Quelques règles à respecter :
- Portez gants, manches longues et lunettes lors de la préparation et de l’application.
- Étiquetez tous les récipients (contenu, date, dilution, usage recommandé).
- Ne pas ingérer ; ne pas utiliser dans la cuisine comme condiment sans avis spécialisé.
- Ne pas pulvériser pendant la floraison des plantes mellifères ni à proximité immédiate des ruches.
- Respectez un délai entre traitement et récolte : pour les préparations alcooliques, attendre au moins 48 h ; pour purins/décoctions, laisser 24–48 h avant récolte et laver les légumes.
- Évitez de verser de grandes quantités de tanaisie non compostée au compost domestique : en petit volume, les résidus se décomposent, mais en grandes masses ils peuvent perturber la vie du compost (odeurs, inhibitions).
Autres usages de la tanaisie en dehors du jardin
La tanaisie, plante médicinale
Au cours des siècles, les propriétés médicinales de la tanaisie ont été utilisées pour traiter un certain nombre de troubles de santé, notamment les troubles digestifs, les douleurs menstruelles, les maux de tête et les troubles de la peau.
Ainsi, dans l’Antiquité, les Grecs et les Romains utilisaient la tanaisie pour traiter les maux de tête et les troubles menstruels.
Les médecins médiévaux l’utilisaient également pour traiter les fièvres et les infections.
⚠️ Consultez un médecin ou un professionnel de la santé avant d’utiliser la tanaisie à des fins médicinales.
La tanaisie, plante comestible ?
Au Moyen Âge, les paysans l’utilisaient comme succédané au poivre.
Les Russes s’en servaient également pour la fabrication de la bière (elle remplaçait alors le houblon).
Aujourd’hui, les Anglais en parfument traditionnellement le pudding de Pâques.
Utilisée à dose minime, elle donne une touche originale aux salades, sauces ou encore aux viandes braisées.
On peut également produire un vin de tanaisie.
⚠️ ATTENTION : toxique à haute dose
Autres utilisations
La plante entière séchée placée dans la maison, ou au poulailler, éloigne les mites, les puces et les acariens.
C’est aussi un puissant vermifuge aujourd’hui quelque peu délaissé du fait de sa dangerosité potentielle.
Elle peut également être utilisée pour la teinture des vêtements et pour la production de teintures pour les cheveux.
Ce qu’il faut retenir
- La tanaisie est une plante multi-usage au jardin : insectifuge, fongicide, décorative.
- Elle se cultive facilement et s’intègre bien dans un jardin en permaculture.
- À manier avec précaution pour les usages médicinaux ou culinaires.
Conclusion
La tanaisie est une alliée précieuse pour qui veut jardiner de façon naturelle. Facile à cultiver, esthétique et efficace contre de nombreux ravageurs, elle incarne bien l’esprit du jardinage biologique et en permaculture.
Je vous encourage à lui réserver une place au jardin, tout en gardant à l’esprit sa puissance et sa toxicité.
Testez, observez et adaptez vos pratiques : c’est ainsi que vous tirerez le meilleur parti de cette plante étonnante.
FAQ – Tanaisie au jardin et en permaculture
Quels sont les bienfaits de la tanaisie au jardin ?
La tanaisie est une plante vivace qui agit comme répulsif naturel contre de nombreux insectes (mouches, moustiques, fourmis, altises, doryphores) et possède des propriétés fongicides légères pour prévenir le mildiou et la rouille. Elle est aussi décorative et attire certains auxiliaires du jardin.
Comment utiliser la tanaisie en permaculture ?
Vous pouvez l’utiliser en purin, infusion, décoction ou macération. Selon la dilution, elle sert de préventif, répulsif ou insecticide puissant. Elle se plante idéalement en bordure du potager, près des composts ou au pied de cultures sensibles.
Comment préparer un purin de tanaisie efficace ?
Pour un purin classique, hachez 2 kg de plante fraîche et laissez fermenter 10 litres d’eau de pluie pendant 10 à 15 jours dans un récipient non métallique. Filtrez avant usage et diluez à 10 % pour pulvérisation sur feuilles ou à 20 % pour arrosage au pied.
Quelle est la différence entre infusion, macération et décoction de tanaisie ?
– **Macération** : trempage à froid 48–72 h, préventif contre mildiou et rouille.
– **Infusion** : eau bouillante sur plante hachée 24 h, anti-acariens et semis.
– **Décoction** : cuisson de la plante 30–40 min après trempage, action répulsive et fongicide légère.
La tanaisie est-elle toxique ?
Oui, elle contient de la tanacétine et des huiles essentielles pouvant être toxiques à forte dose. Évitez ingestion, contact prolongé avec la peau et usage interne sans avis médical. Portez gants et lunettes lors de la préparation.
Peut-on mettre de la tanaisie au compost ?
En petites quantités, oui. Mais de grosses masses peuvent inhiber la décomposition et générer des odeurs fortes. Privilégiez un compost mixte et aérez régulièrement.
Comment multiplier la tanaisie facilement ?
Elle se divise au printemps tous les 4–5 ans, se ressème spontanément, ou peut être bouturée à partir de rejets. En pot, rempotez chaque printemps dans un mélange bien drainant.
Quels insectes éloigne la tanaisie ?
Elle repousse naturellement les mouches, moustiques, fourmis, altises, doryphores et carpocapses. Elle attire aussi certains prédateurs comme les coccinelles, créant un équilibre naturel au jardin.
Pour aller plus loin avec les purins et macérations au jardin bio :
- Les préparations de plantes au potager bio
- La consoude au jardin bio
- L’absinthe, une plante répulsive utile au jardin
- Purin d’ortie : préparation, utilisations et précautions
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