Les Arbres et Arbustes Fixateurs d’Azote Atmosphérique

La fixation de l’azote atmosphérique par des arbres et arbuste… Voilà un sujet sur lequel je m’arrête longuement depuis quelques temps.

Aussi bien, cette contribution volontairement modeste et perfectible au site de mon cher Gilles est à la fois une demande et un appel à contribution pour quiconque souhaiterait corriger, compléter et préciser le point auquel j’en suis de ma compréhension de cette ensemble, de cette chaîne de phénomènes réellement passionnants (vous pouvez demander à ma femme, qui voit les des livres étranges s’empiler à ma tête de lit) que constitue le couple sol-plante, la vie du sol, et la santé et la fertilité qui en découlent logiquement.

Quelques précisions utiles sur la fixation de l’azote

D’abord, quelques points sur lesquels il me semble important de venir, au moins l’ont-ils été pour moi. Il s’agit de tordre le cou à deux idées reçues qui méritent vraiment d’être précisées pour éviter la confusion en rapport de ce qui se trouve d’idées répandues sur le sujet :

  • Une légumineuse (ou autre fixateur sous action symbiotique) d’azote n’enrichit jamais, jamais, jamais le sol en azote d’une manière directe. La fixation profite à l’individu fixateur, point-barre (ou alors à quelques fractions d’un pour cent, après la virgule du zéro). L’azote va revenir au sol pour peu qu’on laisse faire à la plante une bonne partie de son cycle et qu’on s’en tienne à ce qui se fait au naturel, à savoir une germination, une croissance, une mort et un retour au sol par l’action de l’activité biologique qui assure la décomposition de la litière. C’est le principe d’un couvert : On couche à floraison, et sous l’effet de l’activité biologique et du climat, l’azote organique produit en bout de chaîne va finir par minéraliser et repartir dans le cycle où il pourra à son tour nourrir d’autres plantes. D’où l’idée de ne jamais exporter la paille, et de laisser les feuilles de vos ligneux fixateurs d’azote, tombées à l’automne, tomber et se décomposer sur le sol.

  • La fixation d’azote atmosphérique intervient aussi et à plus forte raison dans la litière carbonée qui doit couvrir votre sol. Donc, des fixateurs, annuels ou vivaces, de n’importe quelle strate qu’ils proviennent, ne sont qu’un complément, certes sacrément intéressant, à ce qui se passe d’activité au sein de la litière (forestière (spontanée), ou anthropisée, c’est-à-dire qui arrive avec le travail du jardinier). Je ne m’étend pas, mais cet azote arrive a priori par le travail de bactéries libres, c’est-à-dire non symbiotiques, qui n’ont rien à voir avec les bactéries qui vont mycorhizer une légumineuse (rhizobiums) ou un ligneux fixateur d’azote (actinomycètes Frankia) en infectant sa racine. Donc, une fois de plus : Une litière, une litière, une litière ! Plus elle sera ligneuse et forte en carbone, plus vous vous tournerez vers le monde du champignon, plus votre sol deviendra sain, structuré et fertile. C’est le premier geste du jardin bio : Une terre toujours couverte, jamais écorchée d’un outil, toujours pourvue d’une plante active en son sein.

  • L’azote revenant par l’action de la litière et celle des fixateurs symbiotiques n’est pas un apport, mais un flux, un cycle. C’est éternellement la vie !

  • L’azote est loin d’être le seul élément à être apporté par des fixateurs. Notamment, les précieux oligo-éléments, tous strictement nécessaires à la fertilité, font partie du cortège.

  • La restitution d’azote par un couple fixateur/bactérie est extrêmement dépendante des conditions de sol et de climat.

  • L’apport d’engrais azotés, par un effet d’aubaine et de consommation de luxe, va inhiber la fixation biologique de l’azote. Encore une fois, c’est tout à fait logique ! La plante ne va pas aller développer des facultés qui lui sont pourtant naturelles si les besoins couverts par cette fonction sont déjà satisfaits. De même, l’activité de fixation baisse à mesure que la plante prend de l’âge. C’est également vrai pour les légumineuses, annuelles comme le Soja ou encore vivace, comme la luzerne et la réglisse.

Là où c’est le carbone qui arrive au sol via la photosynthèse (chute de la litière et rhizodéposition), l’azote arrive sous l’impulsion de bactéries. Il en existe des libres (azotobacters par exemple), et des symbiotiques (les rhizobiums attachés par mycorhization aux légumineuses et les actinomycètes Frankia, qui sont attachés à certains grands végétaux ligneux et pérennes).

Je ne m’étends pas sur la précision des mécanismes, je n’en ai pas la compétence pour le moment.

Les arbres et arbustes fixateurs d’azote

Il existe des arbres et des arbustes qui ont la capacité de fixer l’azote de l’air et de le redonner au sol une fois passé le cycle du recyclage de la matière végétale organique. Je vais vous le présenter par ordre de taille (cette liste n’est pas exhaustive, bien sûr, et révèle surtout une adéquation des espèces proposées à nos climats et biotopes, écosystèmes et agrosystèmes).

Pour ce qui est de grands arbres et des végétaux à fort développement :

  • L’Aulne Blanc et l’Aulne Rugueux.
  • Le Robinier Faux-Acacia.
  • La Glycine.

Pour ce qui est des arbustes et grands arbustes :

  • Le Faux-Indigo (Amorpha fructicosa), et d’une manière générale la série des Amorpha.
  • Le Caraganier de Sibérie, et d’une manière générale la série des Caragana.
  • La série des Eleagnus : Chalef argenté, Olivier de Bohème, Goumi du japon. Ces arbres, pour certains d’entre eux, produisent des baies, d’une grande valeur nutritive et gustative.
  • L’Argousier (Hippophae Rhamnoïdes). Cet arbre produit des baies d’une grande valeur nutritive et gustative.
  • La Réglisse. C’est une légumineuse, et là encore il est possible d’en tirer une récolte.

Pour ce qui est des vivaces de la strate herbacée, et donc particulièrement à valoriser dans des couverts permanents (aux pieds des arbres fruitiers, dans des parterres d’engrais verts permanents à faucher pour le mulsch, etc) :

  • La séries des trèfles, presque tous vivaces.
  • La Luzerne.
  • La Luzerne Arbustive.
  • Les Faux-Indigo bleu et jaune.
  • Les lupins, sauvage et cultivé.
  • L’Astragale du Canada.

Mes expériences

Je pense, intuitivement, que comme dans bien des questions et dans bien des milieux, le trop est l’ennemi du bien. Donc, ces plantes sont, à mon sens, toujours à associer à d’autres espèces et variétés. J’ai deux exemples concrets réalisés dans mes jardins :

  1. Une planche, légèrement, butée, où les cultures principales sont les fraises et les alliums vivaces (ail et oignon rocambole, ail des ours). Planche sur laquelle j’ai associé des fraises des bois, de la livèche, des lupins, des vivaces médicinales, et des fleurs sylvestres et champêtres. Plus quelques graminées comme le Ray-Grass Italien et le brachypode des bois, et les spontanées de mon jardin qui ont réussi à ressortir. Cette planche est en BRF, avec un très léger paillage supplémentaire. La prochaine étape, à l’automne prochain est d’essayer d’implanter des champignons et des arbustes, qui sont encore à l’heure actuelle au stade de semis après stratification hivernale. Le but est de rendre cette planche réellement permanente, ne nécessitant aucune intervention de ma part hormis l’observation, la récolte, et un minimum d’interaction au besoin.
  2. Deux planches de vivaces ou de plantes à re-semis spontané facile utilisées pour production de mulsch : Ortie, Consoude stérile de Russie, luzerne, trefle, brachypode, seigle pérenne, fétuque. Si cela réussit, je verrai à semer mes allées de cette manière, de telle sorte qu’un simple coup de houe ou de serpe me produira le mulsch directement à proximité des cultures qu’il va rejoindre.

Concernant le cœur de cet article, les arbres et arbustes fixateurs d’azote, j’en suis ici encore au stade de la micro-pépinière, en pots et en pleine terre. J’ai semé les espèces suivantes : Aulne Blanc, Robinier Faux-Acacia, Faux-Indigo, Réglisse, Glycine, Eleagnus (angustifolia et Commutata), Argousier (Hippophae Rhamnoïdes), Caraganier, Arbousier (Arbutus Unedo).

De plus, pour mon plaisir et pour éventuellement implanter ensuite chez moi ou dans d’autres jardins (en gros, pour faire des cadeaux), j’ai semé des porte-greffes de fruitiers (tous vigoureux voire sauvages) et des feuillus forestiers de ma région.

Je dispose d’une assez grande quantité des ces futurs plants, et suis tout à fait d’accord pour procéder à des envois et des échanges.

Bonne continuation à vous et encore merci à Gilles pour cette tribune qu’il m’offre et l’avancée sur mon propre chemin que j’en obtiens !

Amitiés,

Benoît

Sources :

Un pdf très éclairant disponible sur horizon documentation :

http://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/pleins_textes_6/b_fdi_43-44/010004022.pdf

Des vidéos :

Damien Dekarz, Les Eleagnus :

Stefan Sobkowiack, Au-delà du Bio : Le Verger Permaculturel, en DVD.

Whole Systems Designs, Permaculture Skills : A Cold-climate, Applied Permaculture Design Course (coffret de 4 DVD).

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