Le paillage est, d’une manière globale, une pratique écologique bénéfique pour les cultures et le sol d’un potager.
Mais attention !
Un paillage précoce, ou plutôt trop précoce, au printemps, risque d’engendrer quelques sérieuses déconvenues.
Pourquoi devez-vous éviter de pailler trop précocement ?
Si vous paillez trop tôt, le sol risque d’être insuffisamment réchauffé
Du fait de cette couverture, le sol ne pourra pas se réchauffer correctement par la suite.
Ce paillage précoce peut ainsi avoir des conséquences importantes sur la culture, et plus particulièrement pour ce qui concerne les légumes-fruits, exigeants en chaleur.
Ainsi, il y a 2 ans, j’avais par exemple pailler une partie de mes plants de courgettes au mois d’avril, alors qu’il faisait encore frais.

La différence entre plants paillés précocement et les autres (paillés en mai) était flagrante.
Les premiers se sont développés beaucoup plus lentement, tout en gardant longtemps une teinte plus claire, presque jaunâtre. Je précise qu’il ne s’agissait pas du phénomène de faim d’azote, du compost ayant été épandu au préalable et la teinte claire étant apparue dès le lendemain du paillage.
Pour ces plants, la production fut également plus tardive et finalement largement inférieure sur la saison. Même s’ils se sont finalement développés correctement.
Dans un paillage précoce, les limaces et les rongeurs risquent de dévorer vos jeunes plants
De même, avec un paillage précoce, on court le risque de voir ses plants détruits par les limaces (surtout si le temps est pluvieux), mais également par les petits rongeurs qui aiment se nicher dans un paillage.
Les limaces adorent le paillage.
Au printemps, fréquemment pluvieux, les limaces vont se réfugier en masse à l’intérieur même du paillage.
Les barrières naturelles telles que les fougères, les cendres de bois, ou même les barrières en cuivre, ne seront alors d’aucune utilité puisque les limaces viendront de dessous pour dévorer vos jeunes plants… qui ne feront pas long feu.
Si l’on attend un peu plus, les plants seront déjà plus développés. Et, de ce fait, même s’ils sont en partie attaqués, seront plus rarement entièrement dévorés.
De même, les petits rongeurs, tels que les campagnols nichent avec plaisir dans un bon paillage.
Ils vont rapidement saccager vos jeunes plantations…
Parlons également des courtilières, attirées par les matières organiques en phase de décomposition…
Alors, quand pailler ?
Afin de ne pas laisser la terre a nue, on pourra commencer, dès le début du printemps, par couvrir le sol par du compost.
Sa couleur noire va favoriser le réchauffement de celui-ci. Cette couche de compost aura évidemment aussi un effet nourricier sur le sol, limitant ainsi les problèmes de faim d’azote pouvant résulter du paillage ultérieur, et aidant à la décomposition future des matières organiques.
Quelques feuilles d’orties ou de consoude seront également utiles pour éviter que le sol reste nu. En outre, ces végétaux constituent plutôt une barrière contre les limaces… Je développe cela dans cette vidéo sur le paillage progressif.
Mais, pour une couverture plus épaisse, il va falloir attendre un peu plus…
Je ne peux donner ici de date, car cela dépend à la fois du sol (un sol argileux sera beaucoup plus lent à se réchauffer qu’un sol sableux) mais aussi du temps en cours.
Il est de même délicat de donner une température moyenne, tant pour l’air que pour le sol, car cela peut fortement varier d’une journée à l’autre…
Je dirais simplement qu’en conditions les plus favorables (sol sableux et sud de la France), patientez jusqu’à la mi-mai avant de pailler.
En conditions moins favorables (sol argileux et nord de la France), il peut parfois être préférable d’attendre carrément le mois de juin…
Mais finalement, seule l’expérience vous permettra de prendre la décision appropriée.
Personnellement, je me fie au toucher : je plonge la main dans la terre et ressens sa température, non pas en surface (trop sujette aux variations de températures journalières – un peu de soleil et ça monte) mais un peu en profondeur.
Et ceci plusieurs jours d’affilé pour une plus grande fiabilité.
Couverture permanente du sol
Évidemment, si vous pratiquez un paillage permanent, il en va différemment.
Dans ce cas, il est opportun de commencer à pailler en début d’automne* lorsque la terre est encore relativement chaude, mais a néanmoins déjà accumulé une certaine humidité. Alors que si on le fait en plein été, le sol risque d’être trop sec et donc moins favorable au développement de la vie.
Une décomposition ayant été entamée, avec notamment une certaine chaleur se dégageant du paillis, les risques de faim d’azote seront alors moindres.
Mais, concernant les limaces, là encore, des précautions s’imposent… Certes, les choses doivent normalement s’équilibrer après quelques années de couverture permanente (voyez la vidéo de Hervé Coves)… Mais, en attendant, il y a fort à parier que les limaces seront nombreuses à y nicher. Aussi, écarter provisoirement le paillage des planches de culture sera sans doute une sage précaution.
*À défaut d’avoir entamé ce processus de paillage permanent à l’automne, on le fera au printemps. Mais il conviendra là aussi d’attendre que le sol soit suffisamment réchauffé.
Prendre les bonnes décisions au potager n’est pas toujours évident. Cela requiert de l’expérience. Une expérience que je mets à votre disposition à travers la prestation d’accompagnement personnalisé que je vous propose.
Bonjour, auparavant je paillais la plupart de mes cultures mais pas toutes et pas tout le temps. Depuis cet automne, mon potager est en couverture permanente (broyat de bois et feuilles mortes) et je vois un gain significatif de production et de résistance aux maladies sur les légumes que je n’avais pas l’habitude de pailler l’hiver et au début du printemps : laitues, épinards, radis, fèves…
Et j’ai pas vu de problème en terme de chaleur du sol, même les pommes de terre plantées en février selon une technique intermédiaire (plantées 10 cm sous puis recouverte de paillis) se développent très bien, j’avais juste dépaillé pendant 3 jours ensoleillés pour permettre un petit réchauffement.
Je précise que j’ai un sol sablo-limoneux avec un climat méditerranéen, ce qui est probablement plus facile pour mettre ces techniques de non travail du sol et de couverture permanente en place.
Bonjour,
Je lis attentivement votre blog et j’aimerais avoir plus de précisions concernant le paillage
J’ ai un potager depuis 2018 qui a été paillé pour la 1ere fois par le BRF. Maintenant qu’il est bien plat , j’ai veillé de mettre de la tonte durant l été sur le potager….
Je viens de mettre ma derniere tonte en paillage…Je compte mettre par dessus les feuilles mortes
Est ce suffisant pour nourrir le sol avant de mettre le paillis au début du printemps ?
je suis en Loire Atlantique . Le sol est argileux et il pleut beaucoup au printemps…
Merci beaucoup pour votre retour
Bonjour Valérie,
On enrichit une terre progressivement… et c’est visiblement ce que vous faites !
Après “suffisant” ne veut pas dire grand chose (ça dépend de l’état réel du sol, des quantités apportées, de l’évolution de cette couverture, des cultures qui seront implantées…).
Cordialement,
Gilles
Bonjour,
je vais bientôt intégrer des nématodes dans mes jardinières pour limiter la prolifération des otiorhynques (je sais qu’ils ne sont pas si néfastes si ils ne se limitent qu’au grignotage des feuilles mais je crains que les larves détruisent les racines car toutes mes plantes sont en jardinière) et ça fait bien 2 ans qu’il y a ces insectes.
Ma question concerne le paillage, j’ai lu que pour lutter efficacement contre les nouvelles colonies, le paillage était un bon moyen, est-ce que je peux en mettre dès maintenant? Ou dois-attendre le mois de mai ?
Je suis en région parisienne.
Merci pour votre aide!
Léa
Bonjour Gilles
Merci pour ces conseil.
Bonne journee .pierre
Bien d’accord avec Gilles pour dire que le paillage est à discuter selon son climat et son type de sol.
Chez moi en Artois : sol argileux, très humide en hiver, “reclaqué” par les pluies d’hiver.
Ma solution est de détasser en fin d’automne (ou engrais vert) et couvrir de suite d’un gros paillis avec tout ce que j’ai (feuilles+gazon, fumier de surface, restes de paillage d’été…)
-2 inconvénients : sol froid et hyper-humide en début de printemps,
-mais gros avantage : la terre n’est pas retassée et reste souple.
Je “dépaille” les quelques parcelles de cultures précoces, puis, comme Benoit, je bâche au noir mais ici sans trou, pour réchauffer et drainer l’excès d’humidité.
Puis semis ou repiquage sans paillis avec voilage, tunnel ou modulos pour la chaleur et pour mieux contrôler les limaces.
Je repaille tout le jardin léger en fin de printemps, surtout pour éviter le croûtage de surface par les pluies et favoriser la chaleur,
…. sauf les choux-fleurs que je paille dru car 15/20° leur profitent mieux ainsi que la bonne humidité préservée. De même pour les buttes afin de garder l’humidité malgré le drainage lié à la surélévation.
Derrière çà, si été sec je repaille dru partout (le BRF protège bien) , si été pluvieux je laisse tel que.
Mais je pense qu’en sol drainant et chaud il en serait autrement. Ici j’ai surtout besoin du paillis pour nourrir le sol et éviter son compactage plutôt que pour préserver une humidité indispensable ailleurs.
Pour répondre à Agathe au sujet du réchauffement du paillage en serre, j’avais débâché en début d’hiver avec grosse couverture de paillis (fumier++), puis rebâché début Avril avec de chaudes journées dans la serre, j’ai dû aussi “dépailler” pour réchauffer car l’isolation par le paillis était trop forte et le sol ne se réchauffait pas (alors que j’aurais cru le contraire) puis repailler après réchauffement et plantation. Mais une fois le sol dépaillé, le réchauffement est rapide. Gilles a raison.
Gilles bonsoir,
Merci pour cette prompte réponse.
Cordialement
jacqueline
Bonjour,
Est-il pertinent quand on commence un jardin potager de pailler début novembre dans le sud.
Cordialement
jacqueline
Oui Jacqueline, à condition qu’il ait plu (l’eau est indispensable au développement des différentes forme de vie dans le sol, mieux vaut pailler lorsque l’eau y est présente).
Un autre ingrédient important étant la température ; il est donc mieux d’éviter de pailler lorsque la terre est froide (mais début novembre dans le sud, ça devrait aller)
Bonne soirée,
Gilles
Bonjour à tous,
J’ai lu avec attention l’article de Gilles sur le BRF et celui sur le paillage cependant j’aimerais des conseils:
Je viens de tailler mais mes haies (rameaux en vert 40/80cm) et broyés ceux-ci avec ma tondeuse.Le broyat est très léger.
Puis-je couvrir( pailler?) une partie non cultivée de mon potager avec ce broyat à cette période? Sous quelle épaisseur?
Vais-je créer une faim d’azote?
Merci pour vos réponses.
bonjour a tous et toutes.
je pratique la permaculture bio depuis de nombreuse années dans la région bourgogne et si je peux aider les jardiniers au sujet du paillis ce sera avec plaisir.pour notre part le sol n’est jamais a découvert,mais jusqu’à la fin juin, 1 centimètre suffise largement pour réchauffer le sol et en bourgogne le soleil est en option lol.
Merci a gilles site super .
Bonsoir Gilles,
et sous une serre qu’en est-il ?
Est-ce que cela ne se réchauffe pas malgré le paillage ?
Je vais faire ton test de la main en terre cette semaine !
Amitiés
Agathe
Bonsoir Agathe,
Le paillage forme un écran qui empêche les rayonnement du soleil de parvenir jusqu’à la terre, que ce soit en extérieur ou sous serre.
La différence est que le sol, tant qu’il n’est pas paillé, réchauffe bien plus vite sous serre. On peut donc y pailler beaucoup plus précocement.
Amitiés,
Gilles
Bonjour Gilles,
Il y a une petite astuce dont je voudrais faire part à destination de ceux qui, pratiquant le paillage permanent, craignent de voir le réchauffement printanier tarder quelque peu.
Sur mes pailles de fin d’été/automne (si je ne sème pas un couvert hivernant entre mi-août et mi-septembre), je veille à ce que la couche de paille soit suffisamment abondante et assez ligneuse (paille, feuilles mortes, BRF et choses approchantes), et je couvre d’une bâche noire trouée par endroits.
Le noir de la bâche favorise le réchauffement précoce (donc, l’activité biologique, qui atteint son pic vers 25°C), et les trous permettent quand même une certaine irrigation du sol en cas de pluie.
Une fois que le temps est suffisamment clément, et ce d’une manière régulière, la bâche peut être enlevée. Au niveau de la structure du sol, de sa vie, de la gestion des spontanées et de la facilité de mise en culture (lit de semence), ça me semble très intéressant.
En complément du paillage, c’est à l’heure actuelle ce que j’ai trouvé de mieux, de plus valable chez moi en tous cas.
Amitiés et bon week-end,
Benoît
Bonjour Benoît,
Merci pour ce commentaire très constructif, comme d’habitude.
Amitiés,
Gilles
Quand est il de jamais laisser un sol nu ?
Il en est question dans le dernier paragraphe…
Cela dit, c’est là un principe théorique ; or mon objectif n’est pas de respecter des principes, aussi louables soient-ils (oui, pour la vie du sol il est bon de ne jamais le laisser à nu), mais aujourd’hui (après avoir été de fournir 30 familles en légumes de saison) de nourrir les miens avec les récoltes du potager, et ce en respectant au mieux mon environnement.
Et concrètement, pour récolter au plus tôt des légumes fruits en quantités importantes, j’ai constaté qu’il était préférable de ne pas pailler trop vite.
De même, je préfère m’abstenir de pailler les légumes racines (en particulier les carottes) si je veux récolter quelque chose (je veux bien partager avec les rongeurs, mais pas tout !).
Dans d’autres conditions, il peut en aller tout autrement. A chacun de faire ses choix en fonction de ses objectifs et de son environnement…