“Je viens de tailler ma haie de thuya. Puis-je utiliser les branchages supprimés pour pailler ?”.
Voici une question que l’on me pose tellement souvent qu’il me parait intéressant d’y répondre aujourd’hui par un (petit) article.
Car il n’y a pas, comme presque toujours, une réponse unique et simple à cette question (oui ou non).
Commençons par voir les caractéristiques du thuya.
Le thuya, un matériau acide
Comme tous les conifères (cet article vaut donc pour les autres conifères), le thuya est un matériau acide.
Ainsi, son utilisation comme paillage au jardin aura pour conséquence d’acidifier le sol…
Alors, je sais… On voit parfois sur le web que ce n’est pas vrai… Ou alors que c’est très relatif.
Je me souviens par exemple d’un article dans lequel son auteur affirmait que les épines ou branchages de conifères n’acidifiait pas le sol… Alors que l’expérimentation qu’il menait démontrait le contraire.
Il est dommage que je ne retrouve pas cet article. Mais en voici en quelques mots un résumé.
Le jardinier en question épandait 2 ou 3 cm d’épines de pin sur le sol de son jardin.

Il mesurait le PH du sol au moment de la mise en place du paillage… Puis faisait une nouvelle mesure 1 an après…
Il constatait une différence de PH de -0.1.
En d’autres termes, le PH de son sol avait baissé de 0.1.
“Vous voyez, les épines de pin acidifient vraiment très peu le sol… On peut même dire que l’effet est nul !”
Alors, oui… 0.1 point, ça semble très peu… À priori.
Mais si vous paillez tous les ans avec un tel matériau… En 10 ans, vous aurez baissé le PH de votre sol de 1 point.
Par exemple, si votre sol a à la base un PH de 7 (neutre), vous vous retrouvez finalement avec un PH de 6…
Concrètement, vous aurez acidifié une terre neutre !
Dommage…
Aussi, si votre terre est déjà acide, ou simplement neutre, évitez d’utiliser ce matériau acidifiant, en tout cas tel quel (on en parle plus bas).
Mais ce n’est pas pour autant que le thuya doit être totalement proscrit au jardin…
Quand utiliser du thuya pour pailler ?
Il y a en effet des situations pour lesquelles un paillage avec des branchages de thuya (ou autres conifères) sera approprié.
Utiliser les branchages de thuya en sols calcaires

Si la terre de votre jardin a un PH élevé, par exemple autour de 8, il peut alors être judicieux de chercher à le baisser, et ce tout à fait naturellement.
Certes, le processus sera long.
Pour arriver à un PH neutre, il vous faudra donc une dizaine d’années…
Mais au moins, ce processus se fera le plus naturellement du monde, et sans conséquence désastreuse sur la vie du sol.
Utiliser le thuya pour des cultures appréciant l’acidité
Certaines plantes n’apprécient pas le calcaire, et se développeront beaucoup mieux dans une terre légèrement acide.
Je pense ici notamment au fraisier, au groseillier à maquereau ou au fenouil (je présente dans Mon Potager au Naturel un tableau récapitulant les préférences des différents légumes par rapport au PH).
Pour ces cultures, un paillage avec un broyat de vos branchages de thuya sera donc bénéfique.
Vous pouvez aussi bien évidemment pailler la haie de thuya elle-même… Puisqu’un conifère apprécie l’acidité.
En mélange avec d’autres essences, non-acides
Comme je le précise dans l’article sur le BRF, un broyat de conifère peut parfaitement être utilisé en mélange avec d’autres essences, non-acides, et ce, à raison d’un maximum de 20 % du volume total du tas de BRF.
Car en mélange, le PH du BRF s’équilibrera, et les conséquences en termes d’acidification du sol seront donc nulles.
Sinon, que faire des tailles de thuya ?
Si votre terre est déjà acide et que vous n’avez pas de BRF autre que le thuya, cette matière végétale n’est pas pour autant perdu…
Vous pouvez tout simplement l’incorporer à votre compost.
En effet, le processus de compostage équilibre le PH… Incorporer des branchages de thuya ne posera donc aucun problème (cela permettra même d’augmenter la proportion de lignine dans le tas, ce qui est bénéfique au compostage).
Voilà… Vos commentaires, questions et partages d’expériences sont bienvenus ci-dessous.
votre propos sur le pH est faux: si l’on effectue le même apport qui produit un abaissement du pH de 0.1, on n’aura pas un abaissement de 1 au bout de 10 ans, car le pH est le logarithme de la concentration en ions H+; donc tout dépend de quel pH on part
J ai entendu dire que l odeur du thuya éloignait les altises, du coup cette année j en ai disposé entre mes choux je vous dirait si ça fonctionne.
Bonjour, puis-je laisser les tailles de thuyas au pied de la haie elle même ? Pas de risque de l’étouffer ? Merci
Bonjour,
Sans remettre en cause la qualité de votre article, le pH est une donnée logarithmique.
Et donc une baisse de pH de 1 point n’est pas une baisse de pH de 10 x 0,1…
Mais cela dépend du pH initial”
Et donc le commentaire de la personne que vous citez, n’a pas de sens car on ne connait pas son pH initial. Une personne qui ferait la même procédure que lui, pourrait voir son pH baisser de 0,2 ou 0,3 voire 0,01…
Allô à tous,
Au Québec une entreprise recycle les cèdres ( voir http://www.cedresrecycles.com ). C’est une autre possibilité pour vous débarrasser de vos retailles. Ils les transformes en huile …et en paillis.Ça crée de l’emploi et une idée pour votre région
Bonjour tu as écrit dans ton article sur le thuya que la chaux fait baisser le Ph. Ça serait plutôt augmenté le Ph du sol. Bonne journée à tous
OUI !!! Je corrige…
Merci
Notre association intervient auprès d’une association villageoise située sur les Hautes Terres de Madagascar (dites aussi Hauts Plateaux). Pendant plusieurs années nous avons planté en pépinière une quantité assez importante de cyprès et de thuyas pour en faire des haies. La terre, comme presque partout à Madagascar, est essentiellement constituée de latérite (certains disent que c’est un non sol, d’autre que ça à la fertilité de la brique) qui convient assez bien à ce type d’arbres, mais pas toujours. Mais là où ça pousse, ça pousse, et il ne faut pas trop espacer les tailles sinon le « feuillage » devient vite très envahissant et quand on trop tardé à tailler il ne reste plus que des squelettes noirâtres sur lesquels la verdure ne revient jamais.
Après avoir longuement hésité sur l’usage à faire de ces tailles, nous avons choisi de les brûler et de mélanger la cendre à la terre lors de différentes plantations. Cependant, la question se pose toujours à nous de savoir si nous avons fait le bon choix. Pouvez-vous nous éclairer en la matière. Merci.
http://www.acles.fr
vos cendres vont contribuer à acidifier le sol… replanter sur base d’une économie d’eau sur base de goutte-à-goutte ou de “bols” d’argile proposés par de nombreuses ONG, pour redensifier votre végétation (sur les 3 niveaux habituels) à partir de ce qui pousse chez vous, et non de plantes importées… me semble essentiel. Faire de l’humus dans des endroits où il ne sera pas lessivé par les pluies, pour filer plus bas… et réfléchir à la façon dont les “Anciens” cultivaient leur sol… apporteront déjà la moitié des réponses à vos questions…
Pour limiter le passage des rats taupiers dans son potager, une voisine a planté un peu profond des branches de taille de thuya autour de ses cultures de racines (fenouils, carottes). Pendant quelques temps elle a constaté qu’ils étaient nettement moins virulents. L’odeur dégagée peut-être ? Mais l’action est de courte durée et il faut en remettre des “neuves” régulièrement pour maintenir l’effet un peu répulsif. Si d’autres souhaitent tester et faire part de leurs résultats ce serait sympa. Bonne journée
Bonjour
Je ne suis pas spécialiste mais je pense que la chaux augmente le Ph car il est calcaire et est donc à l’opposé du thuya.
Sinon merci pour cet article
Bonjour Fabrice,
En effet… grossière erreur de ma part.
Je corrige.
Cordialement,
Gilles
Bonjour Gilles
J’utilise du compost provenant d’une déchetterie. A priori il comporte beaucoup de déchets de thuya (vu des stocks très important en stockage avant broyage). puis je l’utiliser cependant pour l’incorporer dans mon jardin et en quelle quantité.
Merci pour ta réponse
Bonjour Gilles,
Mon jardin est bordé de lauriers palmes (je suis en location, difficile de les enlever). J’ai la même interrogation que le thuya. L’an dernier j’ai simplement broyé la taille et tout mis sous la haie mais tant de travail pour énormément de matière non valorisée m’a bien fatigué et rendu perplexe.
Est-il possible de pailler avec cette essence ? de la composter ? Je crains l’accumulation d’arsenic … A noter que le reste des arbres du jardins n’apporte que peu de matière comparé aux tailles de haie.
Merci beaucoup !
Bonjour Thibault,
A ma connaissance, le laurier palme contient du cyanure (pas de l’arsenic).
Bon, je n’ai pas de données sur le sujet, mais il me semble plus raisonnable de ne pas l’utiliser pour des cultures vivrières…
Je ne comprends pas vraiment pourquoi vous dites que la matière n’est pas valorisée au pied de la haie… si ! elle couvre le sol, retient l’eau (donc vous évite à avoir à arroser) et entretient la fertilité de la terre à ce niveau (ça reste de la matière organique qui se décompose).
Cordialement,
Gilles
Bonjour ! A moi de vous apporter mon expérience sur ce coup là. J’avais cet hiver une énorme haie de laurier palme que j’ai taillée et broyée pour pailler généreusement mon potager débutant. Une bonne couche, de sorte à ce que ma terre argileuse soit toujours bien humide, ce qui a été le cas même au pire de la canicule. Par contre, rien de ce que j’ai planté dedans n’a vraiment poussé ! c’est à dire que les plans de tomates, choux, betterave, radis, poireaux etc sont resté à la même taille qu’en avril dernier lorsque je les ai mis en terre. Ils ne sont pas morts, mais ils n’ont pas grandi d’un poil. Seules quelques blettes et quelques tomates plantées plus tardivement ont fait une petite percée. Mais du coup c’est moi qui m’interroge : puis-je manger ces quelques légumes en toute sérénité, où risquent-il de m’empoisonner au cyanure ? Merci d’avance de votre avis. J’hésite aussi entre virer tout le broyat (ce qui n’est pas une mince affaire), ou le laisser se décomposer tranquillement : ma terre risque-t-elle d’être gorgée de cyanure ?
Bonjour Aurélie,
Désolé, mais comme je le dis dans ma réponse à la question concernée, je n’ai aucune donnée la-dessus.
Cela dit, je ne pense pas que la cyanure puisse passer comme cela du paillis aux légumes.
Bonjour,
Si je comprends bien une étude canadienne (https://ccme.ca/fr/res/cyanure-libre-recommandations-canadiennes-pour-la-qualit-des-sols-environnement-et-sant-humaine-fr.pdf), le cyanure peut bloquer la croissance des plantes. Donc il serait préférable de le composter préalablement à son utilisation au pied des légumes. Néanmoins, votre terre n’est pas gorgée de cyanure un an après, croyez en la capacité de résilience de la nature. Vous pourrez consommer vos légumes sans craindre une intoxication. Cordialement