Qu’est-ce-que la biodynamie ?

La biodynamie, comme la bio, ne se résument pas à la mise en pratique de quelques recettes de jardinage.

Il s’agit d’une démarche personnelle issue de la ferme conviction que le maintien de la fertilité des sols et la qualité de la nourriture sont un préalable à une bonne santé pour l’humanité.

Il est donc recommandé de participer activement à des formations, de se documenter auprès des sites spécialisés… Et de mettre en pratique au potager les connaissances acquises.

Cet article n’a donc aucune prétention exhaustive, mais est destiné à éveiller la curiosité pour aller plus loin.

Introduction à la biodynamie

L’agriculture biodynamique, une pionnière de l’écologie appliquée depuis 1924, est l’un des courants qui a donné naissance à l’agriculture biologique.

L’agriculture biodynamique, tout comme l’agriculture biologique, se caractérise tout d’abord pas une attitude négative : NE PAS : 

Ne pas utiliser de produits de synthèse, engrais chimiques, fongicides, pesticides, herbicides, OGM.

Et par une attitude complètement positive : BIO :

Intérêt pour la vie, intérêt pour ce qui stimule la vie.

Ce qui différencie la bio de la biodynamie, c’est le suffixe :

Dynamie (dynamos en grec, force)

Travailler avec les forces.

On connaît la force de gravité, la force électro-magnétique, la force nucléaire, qui régissent le monde.

Mais ce n’est pas de ces forces dont il est question ici. Mais plutôt de forces de vie, de sensibilité, forces psychiques, forces de structuration, d’organisation.

Cela implique de connaître ce qu’on pourrait appeler “le fonctionnement de la nature”. C’est-à-dire tout ce qui doit se mettre en mouvement pour produire la vie animale et végétale.

L’adjectif “dynamique” implique d’utiliser de faibles quantités de substances naturelles pour stimuler la bonne santé du sol, des plantes et des animaux. L’objectif n’est pas de traiter des maladies. Mais d’avoir le sol le plus sain possible afin de cultiver des plantes saines qui nourriront des animaux sains.

La biodynamie accorde une grande importance à la fertilisation du sol avec du fumier – l’or du paysan -, les restes de végétaux et des extraits de plantes (pissenlit, camomille, ortie).

C’est une sorte de remède universel pour le sol qui prévient l’apparition des maladies. Les plantes qui sont médicinales pour l’Homme le sont aussi pour la terre.

Historique

En 1840 Justus von Liebig, chimiste allemand, écrit le 1er livre sur l’utilisation de la chimie en agriculture.

Il démontre que l’on peut faire se développer des plantes «hors sols» simplement en leur fournissant une solution contenant suffisamment d’éléments minéraux.

Justus von Liebig pose ainsi les principes de base de la subordination de l’agronomie et de l’agriculture à une approche par la chimie des principaux problèmes de rendements.

Il s’agit d’une rupture fondamentale dans la représentation antérieure. En effet, l’agriculture était jusqu’alors principalement considérée comme l’art de prendre soin du sol en vue de produire.

Désormais, il faut nourrir les plantes.

De fait, les essais agronomiques de Liebig s’avèrent décevants dans la mesure où les plantes «nourries» peuvent s’avérer fragiles.

Mais, et c’est un point essentiel, les travaux de Liebig buttent sur une réalité technico-économique.

Il a mis en évidence l’importance des nutriments azotés (nitrates, ammoniaques et urées) dans la nutrition des plantes.

Or, la synthèse chimique de l’azote de l’air est une opération très coûteuse en énergie. La synthèse chimique à grande échelle semble donc exclue.

Faute de pouvoir fournir industriellement de grandes quantités d’azote de synthèse, les travaux de Liebig resteront donc de l’ordre de la connaissance scientifique théorique plutôt que de celui de la pratique de masse.

Jusqu’à l’aube du XXe siècle, le progrès agronomique continue donc à s’appuyer sur la sélection variétale, la pédologie, les pratiques culturales (assolement et association entre polyculture et élevage) et une meilleure maîtrise des amendements organiques.

On peut considérer que la Première Guerre mondiale constitue le tournant historique qui va donner naissance à l’agriculture conventionnelle, industrielle et à une réaction qui va générer à partir de 1924 l’agriculture biodynamique et biologique.

Le 1er engrais chimique utilisé en agriculture est le salpêtre, la poudre à canon.

Il permettait d’enrichir le sol en azote avec comme conséquence une augmentation sensible des rendements.

Les explosifs utilisés pendant ce conflit reposent sur des composés nitrés, des substances chimiques comportant de l’azote, des molécules carbonées ayant des radicaux nitrés, dont la célèbre nitroglycérine.

À l’issue de la guerre, l’Europe est donc dotée d’une importante capacité de production de nitrate qu’elle n’aurait jamais développée sans cela.

Et comme il faut lui trouver un débouché une fois la paix revenue, ce sera l’agriculture. Toutefois, dès avant la massification de l’usage des nitrates, la corrélation entre fertilisation azotée et sensibilité aux maladies avait été mise en évidence. C’est au chimiste allemand Haber (1868-1934) que revient l’initiative de développer des gaz de combat. Et c’est à lui, par la suite, que l’on doit également l’idée d’utiliser ces gaz comme insecticide.

La Première Guerre mondiale a donc rendu possible techniquement un schéma dans lequel :

  • On «nourrit» la plante ;
  • On la «soigne» et on la «protège» contre les «parasites» qui la menacent ;
  • La maladie est donc perçue exclusivement comme le résultat d’une agression extérieure.

Nouvelles machines, engrais chimiques, herbicides, insecticides, ces nouveautés rendirent certes le travail des paysans plus simples.

Cependant, après quelques années seulement d’utilisation de produits de synthèse, des agriculteurs attentifs observèrent d’inquiétants changements : baisse de la qualité des aliments, plantes plus sensibles aux maladies, aux parasites.

Génèse de la biodynamie

rudolf-steiner

Les principes de base de la biodynamie

La conception biodynamique du jardinage et de l’agriculture se base sur la nécessité de concevoir le domaine agricole ou le jardin comme un organisme vivant, individualisé, autonome et diversifié.

Tout ce qui fait partie de l’entreprise agricole – le sol, les animaux, les plantes, les hommes et aussi les plantes sauvages, les bois, la mare, les animaux sauvages, le climat local – tout ceci crée un organisme aux nombreuses interactions réciproques : Ehrenfried Pfeiffer

  • Organisme vivant

On considère un jardin, un verger, une ferme comme des organismes vivants avec des liens entre les plantes, les insectes, la vie animale, la vie souterraine, et le jardinier qui va influencer les différents facteurs qui sont là, à la fois du sol, le monde minéral, les plantes qui poussent, le monde végétal, les animaux de toutes sortes qui vivent, le monde animal. On a donc là des organes de l’organisme qui vont interagir.

  • Organisme individualisé

Dans la nature, chaque lieu est unique par son sol, son relief, son microclimat, sa faune et sa flore, formant un tout organique. Les pratiques biodynamiques visent à renforcer l’unité de cet organisme. Il est donc impossible d’appliquer de simples recettes agronomiques valables en tout lieu. Au contraire, il s’agit d’adapter les manières d’agir aux conditions du lieu et tenir compte du moment en respectant les rythmes cosmiques.

  • Organisme autonome

L’idéal est d’avoir un organisme le plus autonome possible, le plus clos sur lui-même possible.

C’est-à-dire que l’on doit faire en sorte d’avoir tout ce dont a besoin pour l’activité agricole : son propre fumier, ses propres graines adaptées au terroir, les plantes et fleurs nécessaires pour la confection des traitements, etc.

  • Organisme diversifié

En rupture totale avec la mono-culture, la biodynamie préconise des varier les plantations : légumes, plantes aromatiques, fleurs, haies arbustives, fruits et d’y associer la vie animale : “hôtel pour les insectes”, nichoirs pour les oiseaux, mares, ruches, volailles, etc.

On utilise des préparations à pulvériser sur le sol, l’appareil végétatif et à introduire dans les composts :

  • la bouse de corne à pulvériser sur le sol
  • la silice de corne à pulvériser sur l’appareil végétatif
  • les six préparations du compost

On régule préventivement par des pratique originales le parasitisme.

Les préparations biodynamiques

Cornes de vache
La bouse de corne (P500 ): Elle est obtenue par la fermentation dans le sol, durant l’hiver de bouse de corne introduite dans des cornes de vache.

Elle est pulvérisée sur le sol au moment des labours et des semis. Elle s’adresse au sol et aux racines des plantes.


Cristaux de quarz
La silice de corne (P501): Elle est obtenue par le passage en terre, durant l’été, dans une corne de vache, de cristal de roche.

Elle est pulvérisée sur le feuillage, c’est une sorte de ‘pulvérisation de lumière‘.

Digression sur les cornes de vache

Pour la vache, la corne n’est pas un organe qui sert à capter les courants extérieurs, comme la ramure chez le cerf, mais un lieu qui envoie des courants internes vers l’appareil digestif.

Les cornes sont des foyers intensifiés d’une des fonctions de la peau, qui est d’envoyer des forces centripètes, de la périphérie vers le centre (d’après R. STEINER, on ne peut guérir la fièvre aphteuse sans prendre en compte cette relation).

La corne est donc un organe qui rayonne de forces éthériques, et même astrales.

Si on remplit une corne avec de la bouse de vache et qu’on l’enterre tout l’hiver, le contenu de la corne se trouve intérieurement vivifié. Il acquiert ainsi une capacité de fertilisation extraordinairement concentrée et vitalisante.

Au printemps suivant, on vide la corne de son contenu. On obtient ainsi la bouse de corne, appelée aussi 500. Stockez-la dans une cave, à l’abri de la lumière.

Cette préparation est diluée et dynamisée dans de l’eau, de manière à obtenir une parfaite interpénétration entre l’eau et la bouse.

Pour cela, il faut donner au mélange un mouvement rapide au bord du récipient, jusqu’à former au centre un entonnoir (ou vortex), allant presque jusqu’au fond du récipient. On inverse alors brusquement le sens de rotation jusqu’à l’obtention d’un entonnoir inversé. Il faut poursuivre cette alternance pendant une heure.

Le produit est alors prêt à être pulvérisé sans attendre sur la terre labourée.

Cette préparation renforce grandement l’effet de la fumure ordinaire.

On remplit également une corne de vache avec du quartz, aussi finement pilé que de la farine. Il faut l’enterrer pendant l’été. On obtient ainsi à l’automne la silice de corne, appelée aussi 501. On peut la stocker en l’exposant à la lumière jusqu’au printemps suivant.

En l’utilisant à des quantités encore plus faibles que la bouse de corne, la silice de corne va également être dynamisée pendant une heure, puis pulvérisée sur les plantes.

L’effet de la silice porte sur l’organisation et la structure de la plante, elle augmente sa valeur alimentaire, notamment quand il s’agit de légumes. En combinant l’usage de ces deux préparations, la végétation se retrouve à la fois “poussée d’en bas par la bouse de corne et tirée d’en haut par la silice de corne”.

Cela est particulièrement important pour la production de semences.

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Les préparations pour le compost :

P502 : achillée millefeuilleL’achillée millefeuille favorise le processus du potassium et du calcium dans la matière organique et contribue à la puissance de l’humus qui en résulte

P503 : camomilleelle favorise le processus du calcium dans la matière organique. Lorsque la décomposition des fumiers et composts est trop lente, on peut l’activer avec l’infusion de camomille

P504 : ortiel’humus venant de l’ortie a une bonne odeur de terre de bruyère. Il est particulièrement riche en bactéries nitrifiantes

P505 : écorce de chêneayant un rapport avec le calcium, elle atténue la maladie des plantes.

P506 : pissenlitpermet à la plante d’élargir énormément la sphère d’où elle tire son approvisionnement.

P507 : valérianel’action de la valériane s’exerce sur les sols, les fumiers, les composts. Elle aide donc les actions sulfureuses des autres préparats à trouver des relations équilibrées avec les substances phosphorées

Emplacement des préparations dans le compost

 

Le compost biodynamique

Le compost bio-dynamique se distingue des autres composts par l'utilisation des préparations bio-dynamiques
Le compost biodynamique se distingue des autres composts par l’utilisation des préparations biodynamiques

Les différents composts de bouses et précurseur de compostage

La bouse de corne préparée ( P 500p ): Bouse de corne préparée avec les préparâts du compost. Utile si on n’a pas de compost à sa disposition.

Le CBMT ( Compost de bouse de Maria Thun ) : excellent décomposeur des substances organiques. Il est pulvérisé plusieurs fois, avant l’utilisation de la bouse de corne. 

Le précurseur de compostage pour le compost ménager : à utiliser avec les déchets managers.

Les bains de semences en biodynamie

Grâce aux bains de semences, la germination est plus rapide. Cela renforce la résistance des légumes, une productivité accrue, un meilleur état sanitaire. Effectués la veille des semis.

Quelques exemples :

  • la matricaire camomille (P503) convient aux légumineuses, crucifères, pommes de terre
  • l’ortie (P504) convient à la laitue
  • l’extrait de valériane (P507) est utile pour tous les légumes, et aussi en prévention du mildiou

La protection des plantes en biodynamie

La régulation des parasites et adventices avec les méthodes spécifiques à la biodynamie :

La compréhension du fonctionnement de la nature et des forces cosmiques concernées se traduit par des incinérations à des positions cosmiques précises, sous forme de poudre à pulvériser régulièrement pour activer les forces contraires à celles qui sont responsables de la croissance des adventices et de l’apparition de certains parasites.

Le calendrier biodynamique solaire et planétaire

Vous pouvez revoir cet article : Les rythmes cosmiques et les travaux journaliers au jardin

 S’informer, se former, lire, commander

Pour aller plus loin : le MABD

Et aussi : http://www.biodynamie-services.fr/?Accueil

Quelques citations de Rudolf Steiner

À la croissance des plantes, le ciel entier participe avec les étoiles.

Tout ce qui se trouve sur la terre est un reflet du cosmos.

Une agriculture saine doit produire par elle-même tout ce dont elle a besoin.

On regarde une aiguille aimantée et on découvre que cette aiguille dirige toujours une de ses extrémités vers le nord, l’autre vers le sud. On se demande pourquoi il en est ainsi et on cherche la raison non dans l’aiguille aimantée… Mais dans la Terre entière en attribuant à celle-ci d’un côté un pôle magnétique nord, de l’autre un pôle magnétique sud. Si quelqu’un cherchait dans l’aiguille aimantée elle-même la raison pour laquelle elle s’oriente d’une manière si curieuse, il dirait des sottises. Car on ne peut comprendre la position de l’aiguille aimantée que si l’on sait dans quelle relation elle se trouve avec la Terre entière.

 Une citation intéressante de Liebig, à méditer

“Dans la forme, dans l’évolution ordonnée, obéissant à des lois, nous reconnaissons un but et une idée. Mais nos sens ne perçoivent dans l’œuvre que l’architecte. Nous ne voyons pas la force qui oblige la matière résistante à se couler dans la forme prescrite, selon une ordonnance définie. Mais notre raison reconnaît que toute idée doit avoir son auteur. Et qu’il y a dans le corps vivant une force qui domine les forces physiques et chimiques, et les relie en une forme formatrice que l’on ne perçoit jamais à l’extérieur de l’organisme.” (Justus Von Liebig)

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