Vous vous en souvenez peut-être : l’an dernier, j’ai mené quelques expériences sur le BRF (Bois Raméal Fragmenté).
Une saison un peu compliquée et surtout, le lancement de mes prestations de conseils en jardinage bio, ne m’ont pas permis de vous livrer mes observations sur ces essais. Je vais donc y remédier maintenant !
Revenons sur les conditions d’expérimentations sur le BRF
Chez moi, en Dordogne, comme dans de nombreuses régions, le printemps 2013 fut particulièrement “pourri” : de la pluie sans arrêt pendant 3 mois…
Dans ces conditions printanières froides et humides, la terre située sous le BRF n’arrivait pas à se réchauffer.
L’été fut ensuite caniculaire, avec en particulier un mois de juillet dont les températures se situaient autour de 40 °C.
Le BRF fut amené en fin d’hiver. Je ne l’avais donc pas enfoui, mais simplement laissé en couverture du sol, en ayant au préalable apporté du compost (pour éviter la faim d’azote).
Le BRF comme couverture du sol

Comme nous venons de le voir, le BRF constituait une barrière empêchant le réchauffement du sol, tout au moins pour les cultures extérieures. Ainsi, les pommes de terre semées directement dans le BRF ont levé avec 10 jours de retard sur celles semées en pleine terre. Qui plus est, elles ont subi deux gelées printanières… Malgré cela, elles ont tout de même produit, mais avec un rendement bien médiocre.
Il en fut tout autrement sous serre. Ainsi, les tomates, salades ou concombres ont profité de cette couverture : très peu d’arrosage et des travaux de désherbage pratiquement réduits à néant.
On peut donc considérer que, sous réserve de conditions climatiques “normales”, le BRF joue un rôle intéressant en tant que paillage.
Le BRF comme fertilisant
Il m’est impossible de me prononcer sur l’effet fertilisant du BRF sur les cultures situées en extérieur. Néanmoins, cette année, j’ai planté des artichauts dans une zone couverte de BRF l’an dernier (celle ayant accueilli les pommes de terre). Celui-ci était en grande partie décomposé, la terre plus foncée qu’à côté et très facile à travailler (à la Grelinette). Affaire à suivre…
Concernant les cultures situées sous abri, j’ai pu observer un très bon développement des quelques légumes cultivés sur BRF :
- Des salades superbes au printemps, et ce, sans pratiquement aucun arrosage, ;
- Des pieds de tomates, certes très lents à produire (mais la cause en était très vraisemblablement le manque d’ensoleillement et de chaleur…), mais par la suite fort jolis et productifs ;
- Les concombres ont également bien produit, et ce, sur une période plus longue qu’à l’accoutumée (j’avais par contre fait, dans un premier temps, un semis direct de concombre dans des trous remplis de terreau spécialement aménagés dans le BRF… presque aucun plant n’a levé ; sans doute le froid ?).
État sanitaire des cultures légumières sur BRF
Les cultures présentées ci-dessus n’ont subi absolument aucun traitement. Elles furent indemnes de maladies, mis à part un peu d’oïdium sur les pieds de concombres en fin de saison (ce qui est assez courant pour les cultures sous serre, en particulier avec un été caniculaire comme ce fut le cas).
En conclusion

D’une manière générale, l’expérience menée sous abri fut plutôt convaincante, tant au niveau de la couverture du sol que de l’effet fertilisant.
Il est par contre difficile de se prononcer quant à une éventuelle protection des plants contre les maladies…
Cette année, j’expérimente les buttes-lasagnes. Le BRF en constitue un des éléments importants…
Intéressant les retours d’expérience sur le BRF, un article publié sur le site de l’agriculture de conservation, semble indiquer que le diamètre joue un rôle prépondérant sur l’efficacité. Sur les adventices et la minéralisation.
http://agriculture-de-conservation.com/Essai-mais-sur-BRF.html
Bonjour,
J’ai utilisé le BRF, mais j’en reviens un peu, car il attire …. les merles qui sont tout sauf bête et qui savent que sous le BRF, il y a un peu plus d’humidité et donc que le garde manger est davantage fourni.
Résultat, les merles éparpillent le BRF, creusent sur plusieurs centimètres pour se nourrir et je retrouve les plantules couchées avec un manque de terre évident.
Les merles auvergnats seraient-ils plus gourmands qu’ailleurs ?
Je me trouve dans la même situation que Philippe . Dans le BRF épandu en automne dernier je n’ai trouvé aucun mycorhize ce printemps, juste des petits bouts de bois qui se sont mélangés au sol au décompactage en surface. J’ai planté (tomates, aubergines, poivrons etc.) et paillé avec du foin. Je recommencerai le BRF à l’automne prochain, au moins il fera une couverture pour ne pas laisser le sol à nu.
Bonjour Gilles , bonjour à tous !
J’ai fait également une experience de BRF l’an passé dans mon jardin ( en Lorraine) : comme Gilles , j’ai eu le probleme de la terre qui a accumulé l’eau de pluie et n’a pas pu se réchauffer .Conséquences cumulées du mauvais climat et du BRF : des cultures tres retardées voir réduites çà néant ( courges) et des récoltes minables .
Autre constat : les micorhizes ( champignons) qui devaient dégrader les copeaux ne se sont pas installées et en un an , il n’y a aucun début de formation d’humus . Seule amélioration constatée : augmentation des vers de terre et apparition de bestioles en tout genre. Il semble que ma terre herberge a présent un milieu vivant qui n’existait pas avant : je pense que c’est tres important .
Etat du sol ce printemps :l’eau en abondance puis le soleil ont complètement compacté le terrain sous le BRF . Pour commencer cette saison , j’ai dû retravailler le jardin à la grelinette , ce qui a pratiquement fait disparaitre les copeaux : je me retrouve à la case départ …
Conclusion : la formation d’humus n’a pas “pris ” et je pense qu’il faudrait plusieurs années de BRF avant une réelle modification de ce coté-là , des dizaines de metres cube de broyat et beaucoup de sacrifices en termes de récoltes .C’est un peu décourageant.Je reprends cette année mes méthodes précédentes de couverture du sol par paillage à l’herbe. J’espere ainsi conserver le seul benefice de l’opération : le retour en force des vers de terre . Je mets aussi beaucoup d’espoir dans la permaculture , mais je vais y aller doucement …
Bonjour Philippe,
Pour qu’un processus d’humification puisse démarrer correctement, il faut de la vie dans le sol…ce qui n’était apparemment pas le cas avant l’apport de BRF. Mais celui-ci a maintenant permis à la vie de s’installer, et je suis persuadé que, si tu renouvelles l’expérience à l’automne prochain, le processus s’enclenchera beaucoup plus facilement…
Il ne faudra alors pas de nombreuses années pour constater une réelle amélioration du taux d’humus. J’ai pu constater chez moi que le BRF épandu en surface au printemps 2013 avait en effet considérablement amélioré mon sol (couleur plus foncée, texture plus aérée, nombreux vers de terre)…
J’ai emménagé en décembre dans le ternois, planté de l’ail et couvert de 3cm de brf. L’ail a poussé mais les mauvaises herbes étaient ralenties par les écorces. En février/mars, la couche de brf avait “fondu”, j’en ai donc rajouté un peu, mais pour en avoir environ 3cm, pas plus sinon ça pourri. Quelques laiterons, chardons et pissenlits ont poussé mais ils étaient faciles à enlever et le reste m’a laissée tranquille. Je recommencerai à pailler l’ail au brf, et l’année prochaine j’essaierai aussi avec oignons et échalotes !
dans le ternois dis tu ? j’habite les 7 vallées, à marconnelle, et j’aimerais échanger / jardinage permaculture. Si ça te dit, on se mail ?
Bonjour Gilles,
ce mois de Mai est pluvieux en Belgique ,les limaces et les escargots son nombreux , et ce cache sous les paillis , que fais-je ,? je dois enlever mes paillis et mettre au sec ,en attendant que la saison de pluie termine ?
Je pense que je vais mettre du BRF a la place .
(entre les plants des PDT.)
en Avril c’etait bien la terre était sec ,et la paille a servit de empêcher les mauvais herbes pousser .
Bonjour,
Pour avoir expérimenté le BRF frais, je peux à ce jour (3 ans après l’enfouissage du BRF) confirmer que ma terre se trouve complétement transformée et pourtant ce n’était pas gagné puis j’ai une terre très argileuse. Aujourd’hui je ne la reconnais pas, elle est devenue meuble et un lèger passage de grelinette est largement suffisant.
Mais attention, après l’enfouissage peu de récolte la première année ( faim d’azote bien sûr! ). Aujourd’hui je m’inspire des bons conseillers de D Soltner pour amender et protèger la terre. D’ici peu je pense ne plus a avoir à bêcher mon jardin et pourtant j’ai un superbe motoculteur !!
Bonjour,
Le BRF n’est pas une solution en soi contre les molusques. Ils s’y réfugient à l’abri de leurs prédateurs en journée et par temps sec, et ressortent la nuit ou lorsque c’est humide…
Si votre terre a pu se réchauffer avant un épisode plus froid, il n’y a pas vraiment de raison de dépailler, et épandre du BRF en mai-juin revient à re-pailler (un peu tard pour profiter de l’effet retour de la décomposition mais par contre faim d’azote garantie)