Cette année, je teste la butte lasagne dans mon jardin en permaculture.
Une butte lasagne est une butte vivante constituée de couches superposées de matériaux ligneux (carbonés) et de matériaux verts (azotés).
De par sa richesse, une butte de ce type accueillera parfaitement des cultures gourmandes.
Petit tour d’horizon de la question.
Quels sont les intérêts de la culture sur butte vivante ?
Les buttes-lasagnes ont de nombreux intérêts pour le jardinier en permaculture :
- Elles contribuent à la constitution d’un humus riche et équilibré, support idéal pour de nombreuses cultures ;
- Elles permettent de mettre en culture des sols incultes : caillou, sol hyper tassé, terre trop argileuse, remblais de mauvaise qualité…
- On utilise des déchets verts et de matériaux issus de l’environnement immédiat ;
- Les buttes sont bonnes pour le dos : la terre est moins basse avec une butte !
Constituer sa butte lasagne en permaculture
Rassemblez les matériaux pour votre butte permanente
De par les matériaux diversifiées qu’elle nécessite, une butte lasagne convient à priori mieux aux jardins ruraux qu’aux jardins des villes.
- Des cartons non imprimés (facultatif)
- Des matériaux verts : tontes fraîches, résidus de cuisine, orties, consoude…
- Des matériaux bruns : fumier décomposé, branchages bruts et broyés (BRF), compost, feuilles mortes, foin, paille…
Quand préparer une butte lasagne en permaculture ?
Les matériaux dont on peut disposer détermineront la période de constitution des buttes-lasagnes.
Pour mes essais, j’ai préparé des buttes en automne et en fin d’hiver.
En automne
L’automne est une saison idéale pour constituer de nouvelles buttes-lasagnes : les matériaux verts sont encore nombreux (tontes, résidus de récoltes…) et c’est une période adaptée pour la fabrication de BRF ou pour récupérer d’autres matériaux bruns comme les feuilles mortes.
Une butte démarrée en automne pourra être mature, selon le climat, au printemps suivant et pourra ainsi accueillir directement des plants.
En fin d’hiver, début de printemps
Cette période de l’année est également propice à la constitution de buttes-lasagnes.
La butte ne sera évidemment pas mature au moment des plantations printanières, mais elle est par contre encore chaude… Nous la compléterons alors par une épaisse couche de compost mûr, à condition d’en avoir suffisamment à disposition…
Ce n’était pas mon cas cette année.
Aussi, pour optimiser au mieux mes surfaces de cultures, j’ai donc décidé de creuser de petits trous de plantation que j’ai remplis d’un mélange de compost mûr/terreau/terre de jardin.
Ainsi, les plants de légumes bénéficient de la chaleur de la couche, tout en isolant les racines de matériaux pas encore bien décomposés (comme le fumier par exemple).
À en juger par le développement et la vitalité de mes plants de tomates sur des buttes constituées en fin d’hiver sous serre, l’initiative me semble heureuse…
Les couches de la butte lasagne
Cartons
Une première couche de cartons, de préférence non imprimés* croisés entre eux permettra d’étouffer les adventices. Si vous démarrez sur une terre déjà travaillée, les cartons ne sont pas forcément indispensables pour une butte lasagne.
* Si les cartons fabriqués en Europe n’utilisent en général pas de colle chimique, ils ne sont malheureusement pas encore toujours imprimés avec des encres végétales.
Branchages bruts
Nous pouvons assimiler la technique de la butte lasagne à du compostage en place.
Or, pour se décomposer correctement, un compost doit être remué… Une pratique peu adaptée aux buttes.
Pour assurer malgré tout une certaine aération, j’ai donc eu l’idée de poser des branchages à même le sol (je l’ai fait sur certaines buttes seulement, pour comparaison).
Mes premières observations à ce sujet sont probantes : le processus de compostage s’enclenche mieux sur les buttes en question.
Matériaux bruns grossiers
Des branchages broyés (BRF) sur une dizaine d’épaisseur ont été apportés par-dessus les branches entières.

Matériaux verts
Vient ensuite une couche constituée de tontes, herbes issues du désherbage, déchets de cuisine… sur 5 cm d’épaisseur

Compost bien mûr
Le compost constitue la dernière couche de notre butte lasagne, celle qui accueillera les plants. Il sera apporté :
- Soit en couche épaisse (15-20 cm) pour y planter directement les plants élevés en pépinière ;
- Soit pour remplir des trous de plantation (en mélange avec du terreau, de la terre de jardin) simplement aménagés à la main à cet effet.
Important : chaque couche doit être copieusement mouillée au fur et à mesure de la constitution de la butte lasagne (qui peut se faire sur plusieurs semaines, on peut donc attendre une pluie pour passer à la couche supérieure).
Protection de la butte
Les buttes d’automne seront recouvertes d’une couche de protection : feuilles mortes, paille, branchages…
De même, on pourra pailler les cultures sur des buttes tardives avec des herbes séchées, de la paille…
La culture en lasagne
Que planter dans une lasagne ?
Une butte lasagne constituée récemment (donc pas encore totalement décomposée) accueillera favorablement les plants de légumes démarrés en pépinière, et en particulier les légumes gourmands.
Par contre, dans des buttes plus anciennes, tout types de légumes pourront y être plantés.
Semez dans des buttes plus décomposées
La première année, du fait d’une structure peu décomposée, les semis directs s’avéreront délicats dans une butte lasagne…
Mais plus tard, des buttes matures (ayant déjà un aspect de terreau) permettront des semis directs…
Entretenir une butte lasagne
Pendant les cultures, ajoutez de fines couches de matériaux bruns fins pour “pailler” les cultures ;
À l’automne suivant :
- Si vous destinez la butte à des semis, n’y touchez pas (juste un peu de désherbage si besoin). Vous pourrez éventuellement ameublir à la Grelinette ou à la Campagnole avant la mise en place des cultures…
- Si vous prévoyez de planter à nouveau des légumes gourmands dans la lasagne : renouvelez-la en ajoutant de nouvelles couches sur le même principe de superposition.
Je développe l’entretien des buttes en permaculture ici.
Premières observations sur mes buttes en permaculture

Les pieds de tomates, plantés dans des trous aménagés à cet effet (voir plus haut), se développent parfaitement bien : bien verts, plein de vitalité, belle floraison…
Par contre, les salades, pourtant également plantées dans des trous aménagés (terre de jardin/compost/terreau) ont eu un peu de mal à démarrer… Aujourd’hui, elles sont très belles.
Conclusion
Contrairement à une idée répandue, constituer des buttes vivantes n’est absolument pas une obligation pour un potager en permaculture.
Notez également que cela constitue un travail conséquent de mise en place.
Mais dans un sol pauvre, sans vie, ou excessivement argileux, ou encore trop acide, ou au contraire trop calcaire, vous pourrez grâce à des buttes lasagnes vous affranchir des aléas de ce sol, pour de belles récoltes potagères.
Super article merci pour toutes ces infos, j’ai beaucoup appris mais les conditions n’étant pas idéale pour moi (butte en cours de “fabrication”) je me demande ce que je dois faire pour pouvoir planter tout de suite sachant que ma butte fait 1m20 sur 4m et que je n’ai pas vraiment de moyen financier 😅 combien d’épaisseur de terre/terreau est il nécessaire pour que mes plants ne grille pas (les tomates font de profondes racines et j’ai peur qu’elles atteignent le fumier du fond)?
Aussi peut on uiliser le fond d’un tas de fumier (humus + paille colmatée dans l’humus: le tout très humide) qui n’a pas été aéré, pour l’ajouter au peu de terre que j’ai pu récupérer ??
Bonjour Gilles!
Merci pour ton article.
Après avoir préparé les buttes + couches en lasagnes, comment sait-on quand on peut planter? Il faut que le tout soit bien composté? J’imagine que cela prend quelques semaines / mois? Faut-il le refaire chaque année, ou peut-on simplement mulcher et ajouter compost par-dessus?
Merci!
Bonjour,
Merci beaucoup pour ces précieux conseils très bien présentés !
J’ai finit mes couches de de matières azotées et carbonées et j’ai du très très bon terreau, j’aimerai savoir si je dois le mettre sur ma lasagne (que je vais recouvrir avec du mulch) dès maintenant ou si je dois attendre le moment de la plantation ?
Merci beaucoup
Lila
Bonjour Lila,
Vous pouvez le mettre maintenant (et le protéger avec un mulch)
Cordialement,
Gilles
Bonjour Gilles,
tout d’abord merci pour ce bel article complet et très intéressant. ça y est je me suis également lancé dans l’aventure. pour ma part j’ai mis au sol quelques fines branches de murier platanne avec les feuilles, par dessus j’ai mis une bonne couche de compost. ensuite pour la couche dechet vert j’ai mis de la tonte de gazon frais sur environ 5 cm. je comptais terminé par une couche de feuilles mortes de chênes.mais je voulais savoir ce que vous en pensez car j’ai lu pas mal d’articles ou les gens finissaient par une couche de déchet vert.
merci d’avance.
rémi
Bonjour Rémi,
Il ne s’agit ici que d’un exemple de ce qui peut être fait.
Et ce qui est important c’est surtout d’alterner matériaux bruns et matériaux verts.
Après, tout est possible… mais, à mon sens, des feuilles mortes ou autres matériaux carbonés protégeront mieux la butte que des déchets verts (qui se décomposent très vite).
Cela dit, une butte vivante n’est de toute façon jamais terminée… il convient de la nourrir au fil des saisons avec de nouveaux apports (on a donc parfois des matériaux verts en surface et parfois des matériaux bruns)
Cordialement,
Gilles
merci pour votre retour, c’est ce que je me disais mais j’avais besoin d’une petite confirmation.
cordialement,
Rémi.
Bonjour Gilles,
J’ai réalisé une lasagne/butte l’année dernière, qui s’est retrouvée… envahie par le liseron. absolument inextricable… Une véritable “fourrure” de feuilles vertes tant il y en a… Quel remède docteur ? Merci beaucoup !
Bonjour Marie,
Le liseron est la conséquence d’un sol (le liseron en vient sans doute), ou en l’occurrence d’une butte, tassé… il vous faut donc aérer cette butte, en la travaillant à la Grelinette, en y semant des engrais verts, ou encore en y intégrant du compost… ceci tout en tirant un maximum de tiges, avec le plus de racines possibles, de liserons…
Mais cela demandera forcément plusieurs années.
Cordialement,
Gilles
J’ai le même pb pour une culture de plein champs et je sème une avoine brésilienne au printemps…Ses racines aurait le pouvoir de tuer le liseron..ou au moins le limiter…cette avoine sera couper un peu avant sa maturité et laisser sur place pour apporter du carbone…
Bonjour Didier,
Merci pour ce partage.
Mais je précise que l’avoine ne “tue” pas le liseron (ce sujet est développé ici). C’est simplement un engrais verts (voir ici) qui, de par son pouvoir couvrant, concurrence fortement les adventices (prenant leur place) et surtout aère le sol (or le liseron témoigne d’un sol compacté, tassé… donc en décompactant le sol, le liseron finit par disparaitre complètement).
Cordialement,
Gilles
Bonjour. je vous remercie pour la qualité de cet article, je découvre votre site. Je me lance dans un potager pour la 2ème année, je suis jeune propriétaire et pèes de deux enfants. Je voulais savoir s’il n’était pas préférable de mettre la couche de compost seulement au moment de planter? Azote carbone azote carbone, laisser la décomposition se faire puis apporter le compost pour recevoir les plants et pailler enfin ? Mais je n’y connais rien… Je vous remercie grandement par avance. Et comme dernière question, je voulais savoir si on pouvait utiliser sur plusieurs années les bottes de pailles mises en “structure”, façon carré potager?
Une expérience passionnante pour mes poules ! Elles ont en quelques semaines étalé mes trois buttes lasagnes et tout éparpillé sur mon potager. J’ai décidé de laisser faire, elles grattent et retournent sans cesse les éléments de la butte et déposent leurs excréments … hélas elles mangent aussi les vers de terre (bon leurs oeufs nous restituent ce qu’elles ont picoré 😉 ). Je vais mieux clôturer et vais reconstituer mes buttes au printemps … j’habite en Belgique, je ne démarrerai rien avant mars avril … à suivre !
En effet, cette pratique (tout comme le paillage d’ailleurs) n’est pas vraiment compatible avec les poules… j’en ai fait aussi l’expérience.
Bonjour. J’ai créé une butte lasagne à l’automne 2017 et ai planté des tomates (superbes) un pied d’aubergine qui a bien donné, des courgettes ( petit rendement et oidium- ont peu grossi) melons et courges qui n’ont rien donné. Le tout avec du basilic et des oeillets d’inde. Que dois je faire à l’automne et que puis je planter ?
Je m’interroge sur l’opportunité d’y semer y engrais vert . Merci de votre réponse
Bonjour,
Merci pour l’article.
Si je comprends bien, il est donc possible de garder la même lasagne d’année en année en ajoutant de nouvelles couches?
Merci
Bonjour Arno,
Oui, une butte vivante peut s’entretenir en continu. Plus de précisions ici : https://www.un-jardin-bio.com/entretenir-ses-buttes-vivantes-a-lautomne/
Cordialement,
Gilles
Bonjour et bonne année
Malheureusement ayant une petite memoire donc je viens picorer dans le jardin bio toutes les bonnes idées et surtout le savoir appris depuis longtemps qui permet de nous enrichir tous
Alors merçi pour l’aide precieuse
Yves
Bonsoir Denis,
Bien sûr. Ce n’est ici qu’un exemple de ce qu’il est possible de faire.
L’important pour une butte vivante est d’alterner matériaux bruns et matériaux verts…
Bonsoir,
Si je n’ai pas de brf, peux t’on faire la bute?
Cordialement
Denis
Bonjour,
Merci encore pour tous ces conseils et articles sur le jardin bio.
J’ai créé des buttes dans mon jardin, comme tu l’as indiqué, en 2016, la terre du jardin est du sable. j’ai creusé et ajouter du bois en décomposition, des feuilles, , du brf, du compost, et de la terre, le tout recouvert de paille.
La 1ère année, culture moyenne, cette année, plein soleil : tomates, courgettes, petits pois, haricots verts, carottes, betteraves, panais, poivrons, potimarrons.
Merci encore pour vos conseils.
Bonjour,
Une question toute bête de largeur optimale pour une butte permanente ? Voir de hauteur optimale aussi ? D’espacement entre 2 buttes ?
Merci !! et belle journée à ceux qui liront !
bonsoir, j’ai des buttes / bacs de 1,40 m de largeur interieure , + il est difficile d’arriver au milieu .en hauteur 40 cm et 60 entre chaque bac
Bonjour, je pense que tout le monde sera d’accord pour dire que les lombrics ne sont pas mauvais pour les cultures, au contraire. Gilles saura mieux que moi si la présence en nombre des lombrics indique une terre trop riche? Mais peut-être ne sont-ils pas des lombrics. Pour ma part, je fais pousser des oeillets d’Inde car il semble que les racines repoussent certaines bébêtes. De plus, la partie aérienne aussi eloigne certains insectes.
Gilles, saurais-tu me dire si ces substances des oeillets d’Inde peuvent influencer le travail des organismes composteurs dans une butte ?
Merci Gilles, je suis tes conseils depuis quelques années, et j’apprécie l’effort.
Bonjour .Je tente des cultures sur des bacs sur ma terrasse mais trop de lombrics empêchent les plantes de grandir.voudrez vous bien m’aider?je vis à Dakar au Sénégal.
Bonjour,
Merci pour tous ces bons conseils, je suis en pleine réalisation de lasagnes actuellement. Mais je coincé un peu sur l’apport en matériaux verts en ce moment. L’herbe n’a pas encore poussé, les déchets de la cuisine sont mis à contributions mais un peu léger pour plusieurs couches… avez vous des pistes ou des idées pour moi ?
Merci d’avance et bravo pour votre travail
Dédier et non défier.. . Ha ces correcteurs auto ! 😊
Bonjour Doradol,
Personnellement, je ne vois pas d’intérêt à semer des engrais verts dans une butte vivante ;
Une butte lasagne est déjà constituée de suffisamment de matières organiques, le sol n’est pas à nu et le substrat de culture n’est pas compacté…
Cordialement,
Gilles
Merci pour votre réponse 😊 chaque pas est un apprentissage ! 😉
Bonjour
Je viens de défier un petit espace de mon jardin pour y faire une butte lasagne. Faut il, une fois prete, semer des engrais vert ?
Merci d’avance pour vos réponses et pour la qualité des articles.
Doradol
Je découvre ce site et j’adore !
C’est très didactique tout en restant compréhensible pour des profanes comme moi.
Donc un grand merci à toi Gilles 🙂