Les tontes sont pour vous des déchets dont vous ne savez que faire ? Nous allons voir, dans cet article, comment utiliser les tontes au mieux pour le bien de vos cultures.
Mais avant cela, voyons déjà comment gérer les tontes dans un jardin en permaculture.
Comment gérer les tontes ?
Ne tondez pas trop souvent !
Pour la pelouse, on vous recommande en général de tondre très fréquemment…
Ok, vous avez ainsi la satisfaction d’une belle pelouse, bien nette.
Mais ça fragilise le gazon lui-même. En le forçant à repousser sans cesse, vous l’épuisez… Ce d’autant plus en cas de sécheresse et/ou de canicule (chez mes voisins, qui tondent toutes les semaines, ça fait plusieurs années que la pelouse est totalement grillée dès le mois de juillet…).
Et surtout, vous détruisez, à chaque tonte, une multitude d’insectes et autres petits animaux indispensables à un bon équilibre.
Alors, si la vie (qu’elle soit végétale ou animale) compte un tant soit peu pour vous, mettez de côté votre idée (plutôt une norme sociale, non ? Personnellement, je trouve beaucoup plus jolie une pelouse sur laquelle poussent quelques pâquerettes ou autres fleurs sauvages…) d’un jardin parfaitement entretenu… et espacez un peu plus vos tontes.
Je ne vous indiquerai pas ici de fréquence de tonte, car cela dépend déjà fortement du contexte (sol plus ou moins poussant, climat, météo…), mais aussi de votre vision des choses… À vous de voir ce qui vous convient.
Ne tondez pas trop ras…
De même, des tontes trop basses, au ras du sol, nuisent finalement à la bonne santé et finalement, à la durabilité de votre pelouse.
En effet, moins la surface foliaire est importante, plus la photosynthèse sera amoindrie.
Et donc, plus la tonte sera basse, plus l’herbe puisera dans ses ressources pour repousser… Et votre pelouse s’épuisera finalement plus vite.
Au contraire, une herbe plus haute s’enracinera mieux et sera donc plus apte à résister à d’éventuels stress (canicule, sécheresse).
Une hauteur de coupe de 6-10 cm est à mes yeux tout à fait suffisante. Mais là encore, c’est à vous de voir ce qui vous convient…
Ne tondez pas tout votre jardin en même temps
En tondant toutes vos surfaces de pelouses en même temps, vous détruisez l’habitat d’une multitude d’animaux, et donc notamment d’auxiliaires. Les coccinelles ou les carabes, notamment, apprécient les herbes hautes.
Pour laisser une chance à ces animaux de trouver un refuge adapté, préservez des niches d’herbes hautes…
Pour ce faire, échelonnez simplement vos tontes. Vous pouvez par exemple tondre 1/3 du terrain à chaque fois…
Ne tondez pas lorsque le sol est humide
En tondant sur un sol humide, vous allez inévitablement tasser celui-ci (piétinement, poids de la tondeuse).
Ce qui aura pour conséquence une asphyxie du sol, qui se matérialisera elle-même par l’apparition de mousses et de maladies cryptogamiques…
Par ailleurs, si l’herbe est mouillée, la tonte sera plus délicate… Et les lames de la tondeuse n’apprécient pas trop.
Alors, pour tondre, attendez au minimum que la pelouse soit sèche (évitez déjà la rosée…). Ou mieux, que la terre le soit également.
Arrêtez de tondre en pleine sécheresse !
Lorsque la sécheresse sévit, la pelouse ne pousse plus…
Mes voisins continuent quand même à tondre… jusqu’à ce qu’il ne reste qu’une surface complètement jaunie… quitte à semer une nouvelle pelouse à l’automne suivant…
Alors qu’en s’abstenant de tondre trop souvent, en ne tondant pas trop ras, et en cessant toute tonte lorsque les chaleurs deviennent trop élevées, la pelouse peut garder un aspect relativement vert.
Comment utiliser les tontes pour le jardin ?
Les tontes sont des matériaux verts, azotés.
Elles sont donc utiles pour les cultures, à commencer par la pelouse elle-même…
Laissez les tontes sur place
La pelouse, comme toute plante, a besoin d’azote pour pousser.
Aussi, laisser une partie des tontes sur place, vous apportez à votre pelouse de l’azote nécessaire à sa croissance.
Il ne s’agit pas pour autant de tout laisser. Car cela pourrait engendrer des pourritures.
Le mieux est de ratisser, sans cherche à tout ramasser. Mais en laissant au contraire une fine couche d’herbes coupées sur le sol.
Utiliser les tontes pour le compost
Les tontes d’herbes peuvent tout à fait être incorporées au compost.
Elles constitueront ainsi une partie des matériaux azotés nécessaires à un bon processus de compostage.
Mais, avant d’éviter qu’elles ne pourrissent, brassez le compost afin de les mélanger avec d’autres matériaux plus cellulosiques (broyat, feuilles mortes, paille…) que vous aurez eu soin d’apporter à votre compost.
Utiliser les tontes en paillage
Les tontes peuvent également être utilisées en paillage. Les légumes feuilles, les pommes de terre ou encore les concombres apprécient tout particulièrement un paillage avec des tontes.
Mais quelques précautions sont nécessaires.
Laissez-les d’abord sécher quelques jours, sans quoi les tontes risquent de macérer et d’ainsi provoquer une asphyxie du sol.
De même, les tontes s’agglomèrent facilement entre-elles. Aussi, une épaisseur trop importante empêchera l’eau et les rayonnements du soleil de pénétrer dans le sol… Ce qui aura également pour conséquence potentielle une asphyxie. Alors paillez léger (1 ou 2 cm en terre lourde et sinon 5 cm maximum) avec des tontes.
Cela dit, même si elles sont bénéfiques, les tontes ne suffisent pas pour un bon paillage. D’une part, elles vont disparaître en quelques semaines. Et, d’autre part, elles sont très pauvres en carbone (elles ne vont donc pas améliorer le sol de votre potager de façon durable).
Pour un paillage mieux équilibré, et plus durable, recouvrez autant que possible les tontes par des matériaux carbonés : par exemple de la paille, du foin ou encore du BRF au printemps et en été : et des feuilles mortes et/ou de la paille à l’automne.
Utiliser les tontes en purin azoté ?
Étant un matériau azoté, la tonte peut également, paraît-il servir pour la préparation d’un purin, à l’instar du purin d’ortie ou du purin de consoude…
Je n’ai personnellement jamais essayé le purin de tontes… Mais si vous l’avez fait, votre partage en commentaire ci-dessous sera bienvenu ! Tout comme le sont tous vos partages d’expérience, vos réticences ou accords avec ce que je dis dans cet article…
Merci Gilles pour tout vos bons conseils au fil des saisons. Je ne suis plus une jardinière débutante mais toujours une idée ou un petit truc à piocher.
Pour avoir un paillage équilibré, je stocke les feuilles mortes de l’automne. J’en étale une partie sur la pelouse, je passe la tondeuse par dessus avec le bac et hop, le bon mélange azoté et carboné que j’utilise pour nourrir et protéger la terre aux pieds des plantes. Toujours en fine couche, je renouvelle plusieurs fois dans la saison si besoin.
Merci pour vos articles !!
J’ai aménagée il y a moins d’un an et entre les travaux et la mise en place d’un potager, il n’y a aucun risque que la pelouse (qui tient plus du pré que de la pelouse) soit tondue toute les semaines!!
Le potager quant à lui est une friche de ronces, ortie et grande berce (principalement) dans lequel je n’ai défriché qu’une cinquantaine de mètre carré sur les 500 pour planter quelques légumes (commençons petit!)
J’ai fauchée une fois l’herbe (à la faux oui oui oui) ce qui m’a permis de garder les pâquerettes et autre fleurs basse, l’herbe étant tellement haute (50 a 80cm de haut) que ça m’a fait un vrai paillage. Alors je me pose une question: les tiges hautes de graminées, blé etc, font elles des paillages azotés ou carbonés?
Merci pour vos mail et votre blog!!
Bonjour Milena,
Ces herbes hautes sont assimilables à du foin. Ce sont des matériaux intermédiaires, plutôt équilibrés (donc apportant à la fois du carbone et de l’azote).
Cordialement,
Gilles
Merci pour votre réponse, je vais continuer à l’utiliser ainsi, pour l’instant je n’ai pas le temps de faire de mélange et je ne suis pas (encore) assez expérimentée pour cela… et puis ça me fait une bonne excuse pour faucher l’herbe moins fréquemment!
Merci pour tant de conseils; nous avons très peu d’arbres dans notre petit terrain, donc les tontes nous apportent toujours un peu plus pour notre compost. On vous lis avec intérêt!
Bonjour
J’ai toujours hésité car je pensais que cela allait propager trop de mauvais herbe dans mon potager
type pissenlit bouton d’or.
Bonjour Gilles, le purin de tonte donne un bon coup de fouet aux jeunes plants: salade, tomate,…
Merci Laurence !
Bonjour Gilles,
C’est exactement ce que je fais… c’est vous qui me l’avez appris ! J’en suis maintenant convaincue avec l’expérience de plusieurs années car effectivement l’herbe est plus résistante en été et en hiver quand elle est haute et cela fait un matériau pour commencer à retailler doucement au printemps. Dans mon actuel jardin, j’ai beaucoup de pâquerettes au printemps, c’est un plaisir de voir un jardin tacheté de blanc. Je tonds quand elles commencent à faner ou ne plus se voir avec les herbes trop hautes, en étalant sur plusieurs semaines.
Le seul vrai inconvénient est que certaines herbes non désirées se voient aussi davantage et poussent encore plus que l’herbe. Donc tout dépend de la quantité de ces herbes et de sa capacité à les maîtriser. Personnellement j’ai trop de potentille et d’oxalis et celui-ci a tendance à cacher le reste et à envahir tout le jardin y compris le potager s’il est encore à nu, dans le précédent jardin c’étaient des boutons d’or rampants donc je fais beaucoup d’arrachage à la main. Je ne suis pas sûre que tout le monde ait la patience et la santé pour le faire… Quand j’ai emménagé, la pelouse était tondue et semblait belle, une semaine après je découvrais plein d’adventices qui cachaient l’herbe, deux semaines après la pelouse a grillé avec la canicule. Moi je préfère contrôler ce qui pousse que ce cache misère.
J’ai oublié de répondre à votre question un autre week-end : je pense qu’une formation sur les aromatiques serait une bonne idée.
Belle journée et merci pour vos articles.
bonjour, concernant les adventices je vous suggère de regarder ce que dit Gérard Ducerf sur les plantes bio-indicatrices (par ex. sur le site ver de terre production). Exemple. J’ai eu un pré recouvert de liserons après le passage d’un engin qui m’avait creusé une mare puis étalé la terre. je me suis bien gardé de vouloir les éradiquer. Aujourd’hui il n’y a plus de liserons. ils ont fait leur travail de décompactage. (travail que j’ai trouvé plutôt rapide, c-à-d, 3 ou 4 ans).
bien cordialement.
Bonjour Marc,
Merci pour vos conseils. J’avais déjà un peu lu les avantages de ces adventices bio-indicatrices mais je vais approfondir en suivant vos indications.
C’est pour ça que je ne contrôle pas tout non plus pour laisser la nature œuvrer. Je laisse le rumex dans les coins où il ne gêne pas, le liseron au fond du jardin etc.
Mais le problème est que je n’ai pas un pré, juste un jardin dans une maison en lotissement. 4 ans avec que du liseron, de l’oxalis, de la potentille et du chiendent, qui finiraient par tout étouffer même les pâquerettes… si on rajoute les pissenlits (que je laisse quand même un peu au printemps pour les insectes et que je coupe quand il y a assez de fleurs) ça ne devient vraiment pas esthétique et je risquerais d’avoir des plaintes de mes voisins…
Je suis épatée que le liseron soit parti tout seul ! J’en ai aussi dans ce jardin depuis mon arrivée il y a presque 3 ans (je ne sais pas depuis quand il y était et k on a construction n’est pas recente) et il ne part pas du tout, même dans les endroits où je l’ai laissé entièrement pousser à son aise. J’ai plutôt l’intention qu’il prolifère. La terre est sans doute tassée en profondeur mais en surface elle est suffisamment décompactée. Je la trouve moins compacte que celle de mon ancienne maison. Peut-être l’excès d’azote car il y a eu des poules.
Bien cordialement
Bonjour Christine,
Comme beaucoup l’ont déjà dit, le meilleur traitement naturel pour se débarrasser du liseron et autres plantes envahissantes, est l’épuisement.
Comme vous j’ai aménagé un potager à l’emplacement d’un poulailler laissé à l’abandon, complètement recouvert de liserons.
1. J’ai ramassé tous les bouts de racines que je découvrais en travaillant le sol.
2. Au fil du temps, dès qu’un liseron poussait dans mes cultures (tout petit), je l’arrachais à la main ou en m’aidant d’une ancienne bêche à betteraves.
RESULTAT : Après deux ans de cette surveillance, ils se sont faits plus que rares, puis ont disparu.
Bon courage, la récompense en vaut la peine.
Merci pour toutes ces idées chaque mois.
Petit commentaire sur la tonte en humide : les lames de tondeuse n’apprécient pas ? l’herbe est au contraire plus tendre et moins abrasive. Tester la coupe à la faux (ou au dard selon les régions) sur herbe sèche et humide : le choix de la version humide se fait rapidement.
Bonjour Jean-Claude,
Je parle des lames de la tondeuse… ce n’est pas la même chose. Et il y a aussi la question du pietinnement…
Personnellement je dépose les tontes de pelouse dans mon compost et comme engrais azoté, j’utilise du purin de choux (3,5 Kg de feuilles de choux pour 10 litres d’eau)
Bonjour, merci pour vos conseils toujours de bon aloi.
je désherbe des parties de mon jardin (je n’ai pas de tondeuse, pour le moment) et j’hésite à mettre ce que j’arrache en paillage, je crains que les graines éventuelles se ressème et m’envahissent à nouveau, de ce que je ne veux pas au milieu de mes plantations. Merci de votre réponse, bonne journée, cordialement
Françoise
Bonjour Françoise,
C’est un faux problème… Il y a de toute façon plein de graines dans le sol, sans parler des oiseaux qui en dispersent un peu partout…
Cordialement,
Gilles