Nous nous intéressons aujourd’hui à la culture des pommes de terre.
Les pommes de terre poussent bien dans tout type de sols, à condition qu’ils soient suffisamment pourvus en matières organiques.
Modes de culture de la pommes de terre
Au potager naturel, la culture des pommes de terre peut s’envisager de différentes façons…
Classique
La terre est travaillée, de préférence à la Campagnole ou à la Grelinette.
Puis, peu avant la plantation, incorporez du compost mûr à raison de 40 à 50 kg pour 10 m². Cela représente environ une brouette et ½.
Buttez les rangs de pommes de terre afin de favoriser le développement des tubercules. Vous limiterez également ainsi les risques de verdissement.
Sous paille

Cette méthode de culture des pommes de terre, facilitant le travail et les récoltes, est en outre favorable à la vie du sol.
Elle a ainsi de plus en plus d’adeptes en permaculture.
Voici succinctement comment procéder :
- Commencez par tondre ou faucher la végétation.
- Puis recouvrez éventuellement le sol de carton.
- Épandez un peu de compost bien mûr.
- Déposez simplement les tubercules de pommes de terre sur le sol.
- Recouvrez ensuite la culture d’une épaisse couche de paille, ou de foin.
Je développe cette façon de procéder ici.
La mode des tours à pommes de terre
Une autre méthode est très en vogue chez les permaculteurs… les tours à pommes de terre.
Bon, c’est une technique qui fait beaucoup de vues sur Youtube (pour le plus grand bonheur des Youtubeurs qui la présentent)… Mais je vous mets au défi de trouver des vidéos de belles récoltes (Alors que certains parlent d’une centaine de kg de récoltes… dans un volume qui pourrait en accueillir tout au plus 10 ou 20 !)
Et pour cause, ça ne peut pas fonctionner correctement. Le feuillage (à part celui des tubercules du haut) se retrouve sans lumière et, faute de photosynthèse, les tubercules ne se développent pas (ou à peine).
Bon, si vous n’avez qu’un balcon ou une terrasse pour cultiver, vous aurez le plaisir de récolter quelques pommes de terre… Mais si votre objectif est d’assurer une vraie production, oubliez cette méthode.
La culture des pommes de terre
Fertilisation
La culture des pommes de terre est exigeante en termes de fertilisation.
Que ce soit en culture classique ou sous paille, un apport copieux (40 à 50 kg pour 10 m², soit environ une brouette et ½) de compost mûr sera bienvenu quelques jours avant la plantation.
En culture classique, le compost sera intégré superficiellement à la terre, alors que pour une culture sous paille, il sera simplement épandu directement sur le sol (ou les cartons) préalablement tondu.
À défaut de compost, un engrais organique du commerce pourra être utilisé (respectez les doses figurant sur les sacs).
Des apports de potasse (paillage avec des feuilles de consoude et/ou purin de consoude, vinasse de betteraves, ou patenkali par exemple) seront ensuite utiles pour favoriser le développement des tubercules. Ces engrais potassiques sont donc à apporter de préférence en cours de culture (environ 1 mois après la plantation).
Quand et comment planter les pommes de terre ?
On procède par plantations de tubercules sélectionnés, soit achetés en jardinerie ou mieux chez un producteur de plants bio (par exemple chez Payzons Ferme), soit de plants parfaitement sains issus de votre production précédente. À défaut, il est possible d’utiliser des pommes de terre du commerce (bio de préférence, sachant que les pommes de terre “conventionnelles” sont en général traitées avec des anti-germinatifs).
Un mois environ avant la date de plantation, mettez les plants à germer dans un local éclairé, aéré et à l’abri du gel (voyez ici l’article sur la germination des pommes de terre).
Les pommes de terre nouvelles sont plantées en février/mars, en général sous abri.
Les pommes de terre de conservation sont plantées en avril/mai.
Traditionnellement, on les cultive sur des lignes distantes de 50 à 70 cm.
En culture sous paille, vous déposerez simplement les pommes de terre sur le sol à 30-50 cm de distance.
En culture classique, pour planter des pommes de terre, vous pouvez creuser un sillon (de 15-20 cm de profondeur) et y déposer les tubercules, germes vers le haut, également à 30-50 cm sur la ligne.
Je procède plus simplement, comme je le montre dans cette courte vidéo :
Entretien de la culture
Binez entre les lignes dès la levée puis effectuez rapidement un premier « petit » buttage (en particulier si les saints de Glace – 11, 12 et 13 mai – ne sont pas passés) en recouvrant le feuillage. Cela protégera les jeunes pousses des éventuelles gelées.

Buttez à nouveau 3 semaines après la levée, cette fois de façon beaucoup plus conséquente.
Un paillage, par exemple avec des feuilles de consoude (apport de potasse) pourra être ensuite épandu, notamment si la culture des pommes de terre est un peu tardive, et ce, pour limiter l’évaporation.
Ces 3 premières phases d’entretien s’appliquent à une culture classique de pommes de terre. Elles n’ont pas lieu d’être en culture sous paille (la paille, en place dès le début de la culture, empêche les levées d’adventices et fait office de buttage).
Il est inutile d’arroser en début de végétation.
Par contre, s’il ne pleut pas, des arrosages sont préconisés à partir de la floraison, ceci afin de permettre aux tubercules de grossir correctement.
Mais cessez les arrosages au moins une semaine avant la récolte (afin que les tubercules ne soient pas gorgés d’eau, ce qui est important pour la conservation, mais aussi pour la saveur).
Ravageurs et maladies de la pomme de terre
Nous traitons en détail les ravageurs et maladies communs pour la culture des pommes de terre sur des articles spécifiques. Je vous invite à cliquer sur les liens (en bleu) ci-dessous pour voir comment éviter ces aléas.
Le mildiou est une maladie cryptogamique très fréquente, en particulier si le temps est pluvieux, sur une culture de pommes de terre. Des mesures préventives seront utiles pour limiter les risques de développement de la maladie.

Notez également que certaines variétés de pommes de terre s’avèrent plus résistantes que d’autres au mildiou, soit au niveau du feuillage, soit au niveau des tubercules.
Le doryphore est le principal ravageur de la pomme de terre. La culture peut être totalement détruite par une attaque massive…
Les taupins, ou plus précisément leurs larves, peuvent également causer des dégâts importants sur les tubercules.
La récolte des pommes de terre
Quand récolter les pommes de terre ?
Vous pouvez commencer la récolte de pommes de terre à partir de la floraison.
Le rendement sera alors assez faible, mais la qualité gustative très intéressante notamment pour les pommes de terre nouvelles.
Récoltez les pommes de terre destinées à la conservation par temps sec lorsque la végétation est totalement fanée. Le sol doit également être parfaitement ressuyé.
Comment récolter les pommes de terre ?
La Grelinette permet de récolter efficacement, sans risquer de blesser les tubercules.
Placez simplement l’outil un peu en retrait de la ligne de culture. Enfoncez les dents et soulevez.
N’hésitez pas à laisser les fanes sur le sol.
Voici une récolte de pommes de terre nouvelles Belle de Fontenay (le feuillage n’est pas encore fané) :
Comment conserver les pommes de terre ?
Pour se conserver correctement, les tubercules de pommes de terre doivent être sains.
J’entends par « sains », indemnes de maladies (notamment cryptogamiques – des taches sont alors en général visibles sur la peau), et non habités pas des larves ou insectes (trous souvent visibles).
Donc consommez en premier les pommes de terre abîmées, qui se conserveront mal.
Et stockez celles qui sont parfaitement saines, en tas (par exemple en cagettes), dans un endroit sec, frais (mais hors gel) et à l’abri de la lumière (grange, cellier, grenier).
Plus d’articles sur les pommes de terre
- Variétés de pommes de terre résistantes au mildiou
- Plants de pommes de terre – Gros ou petits ?
- Pourquoi et comment faire germer les pommes de terre ?
- Cultures de pommes de terre sous paille
- Cultivez des pommes de terre nouvelles
- Doryphore – Moyens préventifs et traitements naturels
- Le mildiou
Vos expériences, observations et questions sur la culture des pommes de terre sont bienvenues dans les commentaires ci-dessous.
Pas de problème pour la culture des pommes de terre avec taupins ,doryphores etc…mais avec des courtilières.Jardin biologique depuis des décennies et en biodynamie.Essai de traitement depuis 3 ans avec des nématodes,diminution mais toujours là.
Avez vous une autre solution?
Merci
Cordialement
https://www.un-jardin-bio.com/courtiliere-taupe-grillon/
Bonjour Gilles,
J’espère que vous allez bien,
J’ai pris connaissance de vos conseils afin de cultiver au mieux mes chères petites patates et sachez qu’ils ont portés leurs fruits. En d’autre thermes, jamais je n’ai pu, au cour de ma vie conséquente, apercevoir, après un coup de bêche, des pommes de terres d’une beauté éclatante. Ce qui n’était rien face à leur goût juste exceptionnel…
Je vous pris de bien vouloir croire, mon cher Gilles, en l’assurance de mes respectueuses et honorables salutations,
Geneviève De latour
Bonjour Geneviève,
ça fait toujours plaisir d’apprendre que mes conseils portent leurs fruits !
Je vous souhaite une très belle journée,
Gilles
Bonsoir Gilles, l’année dernière j’ai fait un petit essai de culture sous paille. Malheureusement nous avons eu un mois de mai très humide et du coup j’ai eu beaucoup plus de limaces sur cette parcelle que sur celle où j’avais enterré les pdt. Donc je pense que je vais rester sur la méthode traditionnelle cette année.
Bonsoir,
Cela fait 2 ans que je me suis mis au pommes de terre sous paille ( plutôt sous foin pour la 2ème année )
Hors j’ai remarqué que les pommes de terre posées sur le sol directement étaient à la récolte plus petites que celles qui avait été enterrées un peu ( juste posées et enfoncée très légèrement , pas enterrées complètement ) et cette différence est significative , presque le double de grosseur ! pourtant même apport de compost partout , même paillage .
Je ne vois pas pourquoi , quelqu’un a t il eu cette différence de résultat
Merci pour vos conseils
Bonjour Urgurth,
D’une manière générale, les rendements sont supérieurs avec les tubercules enterrés que s’ils sont posés sur le sol.
J’ai pu observer que les plants démarraient plus vite lorsque les tubercules sont enterrés. Je pense donc que c’est à ce niveau que cela se joue (une variété donnée a un temps de vie relativement précis… et en démarrant plus tard, le plant disposera donc de moins de temps pour le grossissement des tubercules).
Cordialement,
Gilles
Bonsoir,
Merci pour votre réponse donc je vais les “enterrer”” un peu cette année
Cordialement
Bonjour Gilles,
Merci pour vos conseils. Je cultive surtout des Rattes et des Charlotte, j’obtiens de maigres récoltes peut-être parce que les pieds meurent avant de fleurir. Je suis dans le Var, en bord de mer, la terre de mon petit potager est peu profonde et caillouteuse. Je n’arrose que très peu. Merci de bien vouloir me répondre.
Bonjour Régine,
Il n’est jamais facile de répondre quand il n’y a pas de question…
Bon, j’imagine que vous voulez savoir pourquoi vos récoltes sont décevantes.
Il faudrait étudier sérieusement la situation (ce que je ne peux faire qu’en accompagnement personnalisé) pour en déterminer la ou les causes… car celles-ci peuvent être nombreuses :
– manque d’eau (d’après ce que vous dites, c’est fort possible)
– manque de profondeur de sol (possible également)
– manque de fertilisation ou fertilisation non appropriée
– variétés peu adaptées à votre sol ou votre climat (testez-en d’autres…)
– maladies ou ravages animaux
– etc…
Cordialement,
Gilles
Merci pour votre réponse. Je vais arroser un peu plus cette année et bien fertiliser. On verra…
Un moyen pour limiter la population de larves de taupin ?
Cliquez sur le lien en bleu “taupins” dans l’article…
bonjour! pour les taupins,ce qui marche bien,c’est de faire un purin de fougères et d’arroser avec ,diluer a 10°/° deux semaines avant la plantation et moi,j’en met aussi quand les plants sont bien développer, j’étais envahie, et depuis que je le fais, j’ai beaucoup moins d’attaques, même si je trouve encore ces sâles bêbetes!!
Bonsoir Edith,
Merci pour votre commentaire.
Toutefois, notamment parce que ces larves se développent dans le sol, j’avoue être un peu sceptique quant à l’efficacité du purin de fougères sur les taupins.
D’autant plus que vous dites en trouver encore… En fait, comme je l’explique dans l’article consacré à cet animal (qui n’a rien de sale…), les populations de taupins ont naturellement tendance à baisser au fil du temps. Et c’est sans doute là la vraie raison de ce que vous avez pu observer.
Cordialement,
Gilles
Bonjour Gilles,
Merci , ces conseils sont toujours précieux.
En particulier, les petites video courtes montrant le geste , sont précieuses car ce savoir faire ne se trouve pas dans les livres , et quand on apprend seul ce n’est pas évident.
Quant à moi, cette année j’ai un enjeu : la lutte contre les rats taupins qui ont ravagé mon potager l’année dernière…zero pomme de terre ! (ou presque : mes petits enfants ont pu en récolter quelques poignées…le potager avec les petits enfants , c’est un bonheur !) C’est pourquoi notamment j’ai abandonné la couverture du sol par de la paille ou BRF, et je fais les pommes de terre « classiquement » cette année.
peut-être un article à venir sur la lutte contre les rats taupins ???
Bonne poursuite !
Bénédicte
Bonjour Bénédicte.
Merci.
Bon, le rat taupin n’exsite pas…
Donc soit vous voulez parler du rat-taupier, c’est à dire le campagnol (voyez alors ici), soit du taupin (voyez ici).
Cordialement,
Gilles