Culture de pommes de terre sous paille (ou foin)

La culture de pommes de terre sous paille est très à la mode.

Certains jardiniers parlent de “culture de pommes de terre sous paille”, d’autres de “culture de pommes de terre sous paillis“, ou encore de “culture de pommes de terre sur gazon“…

Certains préfèrent la paille, d’autres le foin…

Nous verrons plus loin qu’il y a différentes approches possibles, plus ou moins semblables…

Mais nous pouvons résumer le principe en parlant de “culture de pommes de terre en permaculture”, avec pour principaux objectifs :

  • Une réduction du temps de travail
  • Une économie en eau
  • La fertilité du sol

Comme nous le verrons plus loin, la culture des pommes de terre sous paille présente en effet des avantages indéniables.

Mais ce n’est pas toujours une bonne chose…

Commençons par un exemple.

 

Voici la question que m’a envoyée, le 13 juin, Christian, adhérent à mon accompagnement personnalisé :

Culture de pommes de terre sous paillis
Cette culture précoce de pommes de terre effectuée par Christian s’est peu développée, probablement du fait d’un sol frais n’ayant pu se réchauffer à cause du paillage…

“Bonjour Gilles

J’ai planté les pommes de terre (Bintje et Rosabella) le 22 Mars 

C’est la première année que je cultive sous foin.

Je trouve que les plants sont restés chétifs (comparé aux années précédentes – 20 à 30 cm de hauteur) et ils n’ont toujours pas fleuri alors que les plants de Rosabella commencent sérieusement à jaunir.

C’est la première fois que mes pommes de terre ne fleurissent pas.

Est-ce que vous voyez une possible explication ?

D’avance merci.”

 

Et voici ma réponse :

“Il est très fréquent que des pommes de terre plantées précocement ne fleurissent pas… tout simplement par manque de temps de lumière et/ou de chaleur.

Le fait de pailler, empêchant le réchauffement du sol, allié à un mois de mai pluvieux et frais, aura accentuer les conditions non favorables à la floraison.

J’ajouterais que le paillage est aussi très probablement la cause d’une végétation s’étant peu développée ; c’est d’ailleurs l’une des grandes limites de cette pratique, notamment pour des cultures précoces.

culture classique de pommes de terre
Mes pommes de terre émeraude, plantées vers la mi-avril, et non paillées, étaient magnifiques (photo prise le 10 juin).

Personnellement, j’ai fait cette année (mais c’est ce que je fais à peu près tous les ans) 3 plantations de pommes de terre :

  • La première, des pommes de terre nouvelles Belle de Fontenay, a eu lieu vers la mi-mars. Je n’ai pas paillé… Les plants ne se sont pas non plus développés excessivement (40 cm de haut environ), n’ont pas non plus fleuri (et ne le feront pas…), et commencent également à jaunir (ce qui est normal 3 mois après la plantation, et selon les variétés, plus ou moins hâtives). J’ai néanmoins fait une première récolte très jolie cette semaine…
  • La deuxième, des émeraudes, plantées vers la mi-avril, n’a pas non plus été paillée (le sol était trop frais en mai… et les plants se sont développés très vite, du fait notamment des pluies abondantes) est superbe (1 bon mètre de haut) et supporte actuellement une très belle floraison. De belles récoltes à venir…
  • La troisième, des rosabella, effectuée seulement fin mai (à cause des pluies, je n’ai pas pu le faire vers la mi-mai, comme je le fais habituellement pour cette troisième et dernière série) est sortie il y a peu… je les ai buttées rapidement et vais les pailler (ce sont donc les seules qui seront paillées, car se développant en plein été).

En échelonnant ainsi mes cultures de pommes de terre, et surtout en ne paillant que la culture la plus tardive, je me donne toutes les chances d’avoir au moins une belle récolte…”

Il est toutefois indéniable que cultiver ses pommes de terre sous paille comporte quelques avantages non négligeables…

Avantages et inconvénients de cette méthode

Les avantages

Voici quelques bonnes raisons de cultiver ses pommes de terre sous paille :

  • Il n’y a en principe pas à préparer la terre (un simple fauchage suffit).
  • La plantation est beaucoup plus rapide puisque l’on dépose simplement les tubercules sur le sol.
  • On s’épargne la “corvée” du buttage (donc moins d’effort).
  • Le fait que le sol soit paillé entraîne des économies en eau.
  • Les récoltes sont facilitées (il suffit d’ouvrir le paillage, à la main).
  • Le paillage participe à la protection et à l’enrichissement du sol…

Mais comme nous l’avons vu avec l’exemple de Christian, ces avantages ne sont pas toujours suffisants pour compenser certains problèmes liés au paillage…

 

Les inconvénients

Cultiver les pommes de terre sous paille comporte quelques limites qu’il convient de ne pas négliger.

Sol non réchauffé

En cas de cultures précoces sur sol insuffisamment réchauffé, les éléments minéraux ne sont pas correctement libérés…

Comme le montre l’expérience de Christian, la végétation a alors du mal à se développer… Et les récoltes seront alors forcément moins conséquentes

 

Les rongeurs

Dans un paillis, les rongeurs risquent d’être très présents.

Et vos récoltes seront alors désastreuses : pommes de terre grignotées en partie ou totalement.

Aussi, si vous avez déjà des soucis avec les rongeurs, mieux vaut sans doute éviter la culture de pommes de terre sous paille et cultiver vos pommes de terre de façon plus classique.

 

Risques sanitaires

Dans de nombreuses vidéos de récoltes de culture de pommes de terre sous paille, on peut voir fréquemment des signes de maladies lors de récoltes (noircissements, pourritures…)…

Le contact des tubercules avec des matériaux en décomposition n’est, à mon sens, pas souhaitable (problème en particulier avec fumier ?).

 

Récoltes en général moins abondantes

Les quelques petites expériences que j’ai déjà menées par le passé n’ont pas été concluantes en termes de rendements.

Ce qui est d’ailleurs en général le cas dans les retours d’expérience que j’ai pu avoir : les rendements sont inférieurs à une culture classique.

Mais chez moi, ces expériences passées ont été faites plus précocement.

Cette année, j’ai donc décider de ne pailler que ma dernière plantation effectuée fin mai…

Quels matériaux utiliser ?

Pour commencer, pour une culture de pommes de terre sous paille, un bon compost pourra être utile comme fertilisant.

Certains mettent même du fumier, mais j’avoue craindre alors de sérieux problèmes sanitaires (voir par exemple ici – mais comme il n’y a pas la vidéo annoncée pour la récolte… On peut imaginer que l’expérience n’a pas été concluante…).

Ensuite, pour le paillage à proprement parler différents matériaux sont possibles :

  • Le foin
  • La paille
  • Du BRF (test non concluant chez moi il y a quelques années avec du BRF enfoui… À tester en paillage épais)

Les avis sont partagés quant à la préférence pour tel ou tel matériau de couverture, chacun présentant des arguments sans appel… Mais tous occultant le fait que chaque potager est régi par des règles qui lui sont propres ; règles découlant en particulier de la nature du sol et de sa qualité (vivant ou non…), mais aussi de son micro-climat ou encore des matériaux à notre disposition (si vous avez du foin chez vous, n’allez pas chercher de la paille à l’extérieur… C’est aussi cela la permaculture, non ?).

Pour ma part, je vous recommande donc, plutôt que d’obéir aveuglement à un dogme ou un autre, de tout simplement expérimenter avec le matériau le plus facilement disponible pour vous, ou d’éventuellement comparer différents paillages.

Un seul mot d’ordre donc : testez !

Quand et comment pailler ?

Vous l’aurez compris, cultiver des pommes de terre sous paille en début de saison risque fort de s’avérer assez décevant.

Si le temps du mois de mai est au beau fixe, vous pouvez éventuellement le faire pour des cultures mises en place en avril…

Personnellement, je ne le fais que pour ma dernière culture (mise en place en mai).

Mais distinguons différentes façons de procéder :

Culture de pommes de terre sous paille (ou pommes de terre sur gazon)

C’est la méthode la plus simple pour cultiver les pommes de terre sans travail du sol :

  • Étape 1 : fauchez l’herbe ;
  • Étape 2 : épandez du compost sur l’herbe fauchée (si votre terre est bien vivante, cette étape n’est pas indispensable) ;
  • Étape 3 : disposez les pommes de terre directement sur le sol, à distance voulue ;
  • Étape 4 : recouvrez de 15 à 20 cm minimum de foin ou de paille (Certains préfèrent le foin alors que d’autres ne jurent que par la paille… Le mieux est sans aucun doute de tester les 2 chez vous) ;
  • Étape 5 : rajoutez de la paille (ou du foin) à la levée, pour atteindre 50 à 60 cm d’épaisseur de paillage.

Je n’ai encore jamais testé cette méthode de culture de pommes de terre sous paille…

C’est envisagé pour l’an prochain.

Culture des pommes de terre sous paille avec carton

Cette méthode de culture de pommes de terre sous paille est une variante de la précédente.

Après avoir fauché, on pose du carton sur le sol, ce qui aura pour intérêt d’empêcher la levée de certaines adventices.

Ce sera utile si du liseron, du rumex ou autres plantes envahissantes et/ou virulentes sont présentes sur votre terrain.

  • Étape 1 : fauchez l’herbe ;
  • Étape 2 : posez du carton ;
  • Étape 3 : épandez du compost sur le carton (facultatif) ;
  • Étape 4 : faites des trous, à distance de plantation souhaitée, dans le carton ;
  • Étape 5 : déposez les pommes de terre dans les trous, afin qu’elles soient en contact avec le sol ;
  • Étape 6 : recouvrez de 15-20 cm de foin ou de paille ;
  • Étape 7 : complétez le paillage pour atteindre 50-60 cm d’épaisseur.

Notez que certains procèdent un peu autrement : le paillage est épandu avant de mettre les pommes de terre en place…

 

Fauche herbes
Fauche des herbes
Pose carton
Pose du carton
Culture pommes de terre sous paillis - pose foin
Foin épandu

Je n’ai personnellement encore jamais testé cette façon de procéder… Ce sera sans doute fait l’an prochain…

Culture de pommes de terre dans des planches en paillis permanent

Sur des planches de culture couvertes en permanence, on dépose simplement les pommes de terre sous le paillage.

Le paillage est complété après la levée pour atteindre là encore 50 ou 60 cm d’épaisseur.

J’ai fait un essai il y a 2 ans. Les plants se sont à peine développés et la récolte fut très médiocre…

Je dois toutefois préciser qu’il s’agissait d’une culture assez précoce (mise en place fin mars si je ne me trompe pas). Je ferai sans doute un autre essai l’an prochain, mais pour une mise en place plus tardive.

Culture de pommes de terre sur terre travaillée puis recouverte d’un paillage (je teste pour vous…)

Je teste cette année avec ma culture de pommes de terre Rosabelle, mise en place fin mai.

Précisons d’entrée que les tubercules ont été enfoncés dans la terre…

Il ne s’agit donc pas à proprement parler de culture de pommes de terre sous paille, pour laquelle on dépose simplement les tubercules sur le sol.

Mais cela me permettra tout de même de voir si ma culture se comporte correctement sous paillis (et notamment de vérifier à nouveau si les rongeurs ne causent pas trop de dégâts…) , et de faire quelques comparaisons quant au type de matériaux de couverture…

La terre a été travaillée à la Campagnole puis enrichie avec du compost bien mûr.

J’ai commencé par buter légèrement les plants quelques jours après la levée, puis j’ai épandu des feuilles de consoude en premier paillage protecteur (pour ne pas laisser le sol à nu trop longtemps avec les chaleurs alors très fortes) et nourricier (les feuilles vont libérer des éléments nutritifs en se décomposant).

Ensuite, ma planche de culture est divisée en 3 parties afin de pouvoir comparer :

  • 1/3 laissé à nu (hormis les feuilles de consoude, qui vont vite se décomposer)
  • 1/3 recouvert de paille (20 cm)
  • 1/3 recouvert d’un broyat constitué cet hiver et issu d’un vieux marronnier. Ce n’est pas du BRF car constitué principalement de vieux bois (même s’il y avait aussi quelques jeunes branches). Le processus de décomposition est bien entamé…

Comparaison de différents modes de culture

Mais je vous montre ça en vidéo, tout en revenant également sur mes cultures de pommes de terre plus précoces et non paillées :

 

Premières observations

Et voici mes premières observations sur ma dernière culture de pommes de terre sous paille (mais avec travail préalable du sol) cette année (Rosabelle), pour comparaison entre paillage avec du broyat, paillage avec de la paille, et pas de paillage :

 

Promis, l’an prochain, je teste la culture des pommes de terre sous paille, dans les règles de l’art cette fois !

 

À suivre…

Essai de culture de pommes de terre sous paillis dans les règles de l’art (maj 12 août 2022)

Comme promis l’an passé, je teste cette année la culture de pommes de terre sous paillis, mais cette fois sans travail du sol.

Le fainéant que je suis a étouffé les adventices en posant une bâche noire sur le sol (pendant environ 1 mois). Mais vous pouvez aussi tondre ou faucher à ras.

 

 

Dans de telles conditions (canicule, sécheresse… et pas d’arrosage !), l’expérience s’avère positive.

Et le fainéant que je suis (surtout quand il fait vraiment trop chaud…) est content !

Le travail est vraiment minime :

  • J’ai posé une bâche pour éliminer les adventices ;
  • J’ai épandu un peu de compost ;
  • Les tubercules ont été déposés sur le compost puis recouvert d’une quinzaine de centimètres de foin ;
  • Un mois après, j’ai complété la couverture (qui avait déjà un peu baissé) d’une trentaine de cm de foin ;
  • 3 mois après la plantation, je commence à récolter mes premières pommes de terre à la main, dans le paillis.

Allez… On va dire 1/2 heure de travail en tout et pour tout pour ce petit essai.

Ajoutons à cela que les pommes de terre récoltées dans le paillis sont parfaitement saines (même pas de verdissement)… et délicieuses (cuisson un peu longue, car elles sont bien fermes).

Je vais donc continuer à expérimenter l’année prochaine (sans doute plusieurs plantations à quelques semaines d’écart, notamment afin d’essayer de mieux cerner les conditions propices à cette méthode).

Si les conditions climatiques sont identiques l’an prochain, j’arroserai probablement quand même deux ou trois fois…

Et si le temps est pluvieux, ou frais… Ben,.. On verra ce que cela donne (c’est le but).

Conclusion

La culture de pommes de terre sous paille requiert de pouvoir disposer, sinon sur son propre terrain, ou au moins dans un environnement proche (il ne s’agit pas de faire venir des bottes de foin, ou de paille de l’autre côté du pays…), de matières organiques végétales en quantités importantes.

Il me semble essentiel ici, peut-être encore plus qu’habituellement, d’adapter notre approche aux conditions climatiques ou au sol…

Un seul mot d’ordre donc : testez différentes méthodes de culture de pommes de terre sous paille, expérimentez et observez !

Et ne mettez peut-être pas tous vos œufs dans le même panier…

Personnellement, je pense que je continuerai à cultiver, dans mon potager naturel, des pommes de terre de façon classique.

 

Vos questions (sur le sujet traité ici) et vos partages d’expériences sont bienvenus en commentaires ci-dessous.

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