Cultivez des pommes de terre nouvelles !

Récolter ses pommes de terre nouvelles est l’un des premiers bonheurs dans une saison de jardinier.

Personnellement, je ne m’en lasserai jamais : une pomme de terre primeur, simplement cuite à la vapeur avec une pointe de sel et éventuellement un peu de beurre…

Le délice, simple et suprême !

Ou encore quelques pommes de terre récoltées précocement au printemps, quelques carottes primeurs, des petits-pois et un ou deux oignons blancs fraîchement récoltés, une tige d’aillet (de l’ail frais récolté au printemps et dont on mange la tige)…

C’est parti pour une délicieuse jardinière de légumes, on ne peut plus printanière.

Oui, mais c’est un produit très coûteux dans le commerce…

Ça vous tente d’en produire vous-même dans votre potager ?

Allons-y…

Qu’est-ce que la pomme de terre nouvelle ?

Récolte de pommes de terre nouvelles
Récolte de pommes de terre primeurs Belle de Fontenay

Ce sont des pommes de terre, dont le cycle cultural (c’est-à-dire la durée entre la plantation et la récolte) est en général relativement court (à partir de 75 jours pour les plus rapides), et qui sont cultivées tôt en fin d’hiver, début de printemps.

Elles sont de préférence récoltées précocement, c’est-à-dire dès la floraison, alors que la peau est à peine formée…

Vous n’avez même pas à les éplucher. Un bon rinçage suffit.

Mais vous pouvez aussi très bien en laisser une partie plus longtemps en terre pour la conservation (ce ne seront alors plus des pommes de terre nouvelles).

Outre le bonheur d’en déguster en primeur au printemps, une culture précoce de pommes de terre présente quelques avantages :

  • Les risques de mildiou sont bien moindres au printemps qu’en début d’été (les températures sont en général trop peu élevées pour le développement du champignon).
  • Notons aussi que, du fait de leur culture précoce, les risques d’invasion de doryphores, pas encore sortis de terre, sont beaucoup moins importants que pour une culture classique.
  • Un autre avantage : les pluies étant souvent suffisantes au printemps, il n’y a en général pas besoin d’arroser…

Quelles variétés de pommes de terre en primeur ?

Voyons quelques variétés de pommes de terre pouvant être cultivées en primeur :

  • La Belle de Fontenay, ma préférée
  • La Noirmoitier, probablement la plus connue des pommes de terre nouvelles
  • La Margod, produisant de nombreux tubercules
  • La Sirtema, particulièrement précoce
  • L’Aniel, avec un cycle cultural également très court, cultivée de préférence sous tunnel
  • L’Appolo, qui se conserve aussi très bien
  • La Rosabelle, à peau rouge
  • La Rubis, avec également une peau rouge
  • La Claustar, très productive, choisie aujourd’hui par de nombreux maraîchers bio
  • etc.

La plupart des semences de ces variétés sont trouvables en bio notamment chez Paysons Ferme. Il s’agit d’un groupement de producteurs bretons, spécialiste des plants de pommes de terre biologiques.

Cultiver les pommes de terre nouvelles

Comme pour toute culture de pommes de terre, nous allons tout d’abord favoriser la germination des tubercules.

La germination des tubercules

Cette opération commence environ 1 mois avant la date de plantation prévue.

Placez vos tubercules dans une cagette plate, sans les superposer.

Placez les cagettes de germination dans un lieu suffisamment éclairé (mais pas en plein soleil), sec, aéré et frais (10 – 15 °C).

Un mois plus tard environ, les tubercules présenteront  des germes (normalement) trapus, de 2 ou 3 cm de long.

La plantation va pouvoir commencer… après avoir pris les précautions nécessaires.

Voyez ici un article justement consacré à la germination des pommes de terre.

Quand planter les pommes de terre nouvelles ?

Les feuilles de pommes de terre craignent fortement le gel… Un risque encore bien présent dans la plupart des régions si l’on plante en février ou mars, comme il se doit pour une culture de pommes de terre nouvelles.

Il va donc falloir protéger notre culture contre ce risque… Les veinards vivant dans le midi de la France peuvent éventuellement s’en passer.

L’idéal est de cultiver sous serre… Mais une culture de pommes de terre demande de la place… et ce n’est pas forcément évident.

D’autant plus que, dans la serre, vous souhaitez probablement cultiver des tomates, une solanacée, tout comme la pomme de terre… Or faire suivre une culture de tomates après une culture de pommes de terre n’est pas vraiment recommandé (Les besoins en éléments nutritifs – et donc leurs prélèvements dans le sol, sont sensiblement les mêmes ; on retrouve également les mêmes maladies et des ravageurs communs…).

Dans ce cas, peut-être pouvez vous envisager l’utilisation de tunnel nantais. Ce tunnel, muni d’une bâche transparente, sera si besoin doublé d’une couche (voire plusieurs si les gelées peuvent être importantes chez vous) de voile d’hivernage.

Cette double protection vaut également à l’intérieur d’une serre.

Vos plants sont germés et les protections prêtes ? Alors c’est parti pour la plantation.

Comment planter des pommes de terre primeurs ?

La plantation s’effectue de façon classique :

Dans une terre préalablement travaillée à la Grelinette, ou à la Campagnole, et enrichie de compost bien mûr, vous avez 3 possibilités :

  • À la houe, creusez un sillon d’une dizaine de cm de profondeur. Placez-y les plants à 20-25 cm de distance (un écartement suffisant pour les pommes de terre nouvelles). Refermez le sillon.
  • Tous les 20-25 cm, creusez des trous individuels de 10-12 cm de profondeur. Placez-y les plants et refermer.
  • Si la terre est bien meuble et pas trop humide (dans le cas contraire, des mottes dures risquent de se former, empêchant la sortie des jeunes pousses), plantez une bêche et placez le plant sous la bêche, au fond du trou ainsi créé. Retirez la bêche ; le trou se refermera tout seul. Répétez l’opération tous les 20-25 cm. Si vous prévoyez de grandes lignes de culture, cette technique est plus rapide et moins douloureuse pour le dos que la plantation trou par trou. Elle est aussi moins fatigante que de tracer de longs sillons à la houe…

Écartez les lignes de cultures d’une cinquantaine de cm (là encore, c’est suffisant pour une culture de pommes de terre nouvelles).

Note : vous pouvez aussi envisager de les cultiver sous paillis, mais j’avoue ignorer si cette pratique, de plus en plus prisée par les jardiniers, est vraiment adaptée à la culture des pommes de terre nouvelles (le sol restant froid en raison de la couverture ne risque-t-il pas de nuire à la culture ?)… Aussi, si vous avez déjà essayé, votre témoignage est bienvenu dans les commentaires plus bas.

Les pommes de terre n’appréciant pas trop la concurrence des herbes spontanées (certaines risquent d’étouffer ou tout au moins de prendre le dessus sur les jeunes plants), en culture classique, un binage sera en général utile juste après la levée.

Sans plus attendre (alors que pour une culture de pommes de terre de saison, on le fera plutôt 3 ou 4 semaines après), quelques jours après le binage (voir aussitôt après si des gelées sont annoncées), buttez une première fois les jeunes pousses.

C’est là une pratique habituelle et nécessaire (sauf pour une culture de pommes de terre sous paillis – l’une des raisons du succès de ce mode de culture) visant à favoriser le grossissement des tubercules tout en les protégeant du verdissement (ce qui rend les pommes de terre impropres à la consommation). Mais, dans le cas d’une culture précoce, cela présentera également l’avantage de recouvrir rapidement les jeunes pousses, empêchant ainsi les éventuelles gelées d’anéantir le feuillage.

N’hésitez pas à butter plusieurs fois afin de protéger encore les nouvelles pousses.

Sachez toutefois que, dans la majorité des cas, si les feuilles sont détruites par le gel, les tubercules formeront de nouveaux germes… et produiront quand même. Mais souvent en moins grosses quantités (le plant est plus faible) et bien entendu, plus tardivement…

Si le sol n’est pas trop froid, vous pourrez ensuite couvrir le sol avec un paillis (Mais une culture de pommes de terre recouvrant rapidement le sol, ce n’est pas une nécessité absolue. Notez également que le paillage risque d’amener pas mal de petits rongeurs, friands eux aussi de jeunes pommes de terre… Et c’est là par contre l’un des inconvénients majeurs de la culture de pommes de terre sous paillis…).

Quand récolter les pommes de terre nouvelles ?

Pour récolter vos pommes de terre (pas seulement les nouvelles), utilisez de préférence votre Grelinette. Cela facilite grandement la récolte et limite également les risques de blessures sur les tubercules (Du moins si vous vous y prenez bien ; c’est-à-dire en plaçant les dents de l’outil suffisamment en retrait de la ligne de culture).

Nous l’avons déjà dit : la récolte s’effectue précocement.

Dès la floraison, déterrez un ou deux pieds pour voir ce que cela donne… Les tubercules seront peut-être encore minuscules… Dans ce cas, attendez encore une semaine ou deux avant de ramasser vos pommes de terre nouvelles.

Mais ne récoltez pas pour autant tout d’un coup. Faites-le au contraire au fur et à mesure de vos besoins (ayant une peau encore très fine, la pomme de terre nouvelle récoltée précocement se conservera peu…).

Les dernières récoltes, avec la peau bien formée, se conserveront tout aussi bien que celles de conservation.

Bonne dégustation !

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