Intéressons-nous aujourd’hui aux légumes sensibles au gel.
Lorsqu’arrive le printemps, tout jardinier trépigne d’impatience.
Il lui tarde (comme on dit dans le sud-ouest) de semer, planter… Et ce plus particulièrement encore avec un mois d’avril ensoleillé.
Et c’est là qu’il convient de faire attention !
Car les légumes sensibles au gel ne manquent pas.
Mais j’espère ne pas arriver trop tard… Car des gelées ont été constatées dans bien des endroits ces derniers jours…
Et j’en sais quelque chose puisque je viens de voir mes pommes de terre nouvelles (les fameuses Belle de Fontenay) détruites par le gel… J’avais bien protégé mes tomates, aubergines, poivrons, courgettes et concombres déjà plantés dans la serre, tout comme mes plants encore en pépinière…

Mais j’ai oublié mes pommes de terre qui, elles, se trouvaient à l’extérieur. Coupable oubli !
Bon, ce n’est pas bien grave : ces pommes de terre vont normalement former de nouvelles feuilles soit à partir des parties des tiges se trouvant sous terre, soit à partir des tubercules. Néanmoins, la récolte en sera d’autant retardée et probablement aussi un peu moins conséquente.
Mais si les pommes de terre redémarrent après une gelée printanière, il n’en va pas de même pour des légumes plus fragiles…
Quels légumes sont sensibles au gel ?

En fait, tous les légumes-fruits craignent le gel…
Ainsi, les solanacées (tomates, aubergines, poivrons – mais également les pommes de terre) seront détruits si le gel les atteint… On observe alors des plants qui flétrissent dès la levée du soleil. S’ils sont sérieusement touchés, ils vont ensuite noircir et mourir…
Les cucurbitacées sont également très sensibles au gel. Ainsi, les jeunes plants de concombres, courgettes ou courges ne résisteront pas à des températures négatives.
Notons également parmi les légumes gélifs les haricots. Mais ces légumes n’aimant de toute façon pas les sols froids, je ne les sème personnellement jamais avant la mi-mai.
D’autres légumes, comme les fèves ou les pois, peuvent voir leur floraison détruite par le gel printanier. Mais, sauf gelée exceptionnellement forte, les plants eux-mêmes résisteront, et la conséquence se limitera alors à un simple retard de production (il y aura d’autres floraisons).
Comment protéger les légumes des gelées ?

Le moyen le plus sûr de prévenir la destruction de vos légumes par le gel consiste à patienter… Et attendre que soient passés les saints de Glace (ou plus sûr encore la fin de la Lune Rousse) pour mettre en terre ces légumes sensibles au gel…
Mais si vous voulez récolter ces légumes suffisamment tôt dans la saison (si vous attendez par exemple la fin de la Lune Rousse pour planter vos tomates cette année, soit le 25 mai, vous ne récolterez vos premières tomates que courant août, au mieux…).
Protéger les jeunes plants de légumes sensibles tant que des gelées sont possibles est donc une bonne chose à entreprendre.
Vous cultiverez alors sous serre ou démarrerez vos plants sous châssis.
Mais même dans ces conditions, un voile d’hivernage (ou un voile de forçage) pourra s’avérer insuffisant si les températures descendent bien en dessous de 0 °C – on considère qu’un voile fait gagner 4 à 5 °C.).
Et si vous n’avez ni serre, ni châssis, il demeure possible de protéger vos plants du gel avec un tunnel nantais.
Une dernière chose : ne mettez pas tous vos œufs dans le même panier… Mais échelonnez vos cultures.
Concrètement, avant la mi-mai, plantez seulement une partie de vos légumes sensibles au gel… La majorité attendra cette période pour être installé au potager naturel (Nous parlons ici de la mise en place dans le jardin ; mais si vous faites vous-même vos plants, ou envisagez de le faire, les semis en pépinière sont à effectuer plus tôt).
Vous limiterez ainsi les risques.
Et oui, semer des haricots nains en cette période même en intérieur ou sous couche chaude est fortement déconseillé. Heureusement que Gilles est là pour nous le rappeler !
Merci pour ce billet sur les gelées d’avril qui va remettre les pendules à l’heure.
Les jardiniers semblent avoir oublié que nos anciens appelaient “Lune Rousse” la lune qui suit Pâques, et cela parce qu’elle grillait toute végétation avec les fortes gelées nocturnes.
Pour ce qui est des méthodes de protection contre les gelées, je me permet de partager ce qu’on nous avait enseigné à l’école d’agrobiologie de Beaujeu.
La silice et la valériane ont comme particularités de fortifier les plantes contre le gel, et aussi d’augmenter localement la température de plusieurs degrés.
Pour la silice, on utilise de la frêle séchée, récoltée l’année précédente, que l’on prépare en décoction.
Pour la valériane, on utilise de la poudre de racines en infusion ou décoction.
Préventivement :
Dès que la végétation démarre au printemps, et notamment dès que les bourgeons des arbres commencent à gonfler, on pulvérise sur l’ensemble de la végétation un mélange des deux décoctions diluées à 5 % avant dynamisation, et cela une à deux fois par semaine, de préférence le matin.
Dès l’annonce des gelées, soit 15 à 10 jours avant, on fait une pulvérisation chaque jour, diluée à 10 % avant dynamisation, toujours le matin (avant midi solaire).
En période de gel :
Préparer son mélange la veille au soir, décoction de prêle + décoction de racines de valériane diluées à 10 %.
Vers 3 ou 4 heures du matin, selon l’intensité du gel annoncé, dynamiser la préparation.
Dès que les températures sont négatives, commencer à pulvériser jusque vers 1 heure après le lever du soleil.
La pulvérisation va former une gangue de glace autour des parties gélives et les protéger du froid, mais la silice et la valériane vont augmenter la température à l’intérieur de cette gangue et éviter tout dégât.
J’ai pratiqué ainsi depuis le début des années 90 tant que j’ai eu mon exploitation, et continue à le faire dans mon jardin, sauf que désormais je me contente d’agir préventivement.
Si cela n’a pas été suffisant pour les abricots, cerises, prunes, pommes et poires ont tenu le coup à des températures proches de -8 °C (et -4°C encore hier).
Pour la vigne, j’utilise une autre méthode apprise aussi à Beaujeu : je taille le plus tard possible.
Ma vigne taillée il y a 20 jours est encore en “repos”, et donc je n’avais aucune jeune pousse en danger.
Ce qui nuit à notre époque, c’est la précipitation. Un de mes voisins avait déjà planté ses tomates…
Voilà, je suis content d’avoir partagé quelque chose appris il y a plus de 30 ans et que je pratique depuis.
Merci beaucoup pour ce partage d’expérience (méthode biodynamique) Claude !
Bonjour Gilles et la Dordogne!
Aïe ce printemps 2021! Après un mois de mars agréable et printanier, cette 1ère quinzaine d’avril aura fait parler d’elle … et c’est pas encore fini! Quel type de matériel et d’installation modeste conseillez-vous pour protéger nos plants dans un petit potager familial? (je pense aux plants de pommes de terre, les fèves et fraises en fleurs) …. Bien à vous, et bonne saison Isis
Bonjour Isis,
Un simple voile de forçage ou d’hivernage peut en général suffire.
Sinon, les tunnels nantais sont aussi tout à fait abordables.
Voyez les liens (en bleu) dans l’article
Cordialement,
Gilles
Salut Gilles !
Super article, il est toujours bon d’inciter les gens à attendre et ne pas se précipiter. Car c’est souvent l’assurance de grandes déceptions une fois les gels tardifs passés.
Je vais mettre un lien vers ton article dans mon article sur le mois de mai au jardin : http://www.jardinerfute.com/mai/
En espérant que ça pousse les gens à ne pas se précipiter, le jardinage est affaire de patience. 🙂
À bientôt !
Bonjour à tous,
Merci beaucoup pour cet article ! Jeune jardinière, je n’avais jamais vu les dégâts du gel sur des plantes…j’ai cru que ma serre avait trop chauffé !!! Et mes kiwis tout jeunes plantés à la Sainte Catherine ont aussi gelé. L’un des deux est mort je crois, et maintenant comment reconnaître lequel est mâle ou femelle ;-).
Même de jeunes chênes verts (je vis dans le Gard) et pédonculés ont grillé…impressionnant.
Dans le midi, les fleurs des arbres fruitiers étaient passées mais je me demande si cela va faire des dégâts quand même…les jeunes pommes sont là… à voir.
Bon courage à tous dans cette météo aléatoire,
Morgane
Bonjour Morgane,
Une info pour le kiwi que le palisse sur une tonnelle protégé des vent de Nord Est: ne pas le coller à une façade; et pour les tiges gelées, il doit repartir du pied en cours de printemps.
Pour les fleurs: Le mâle ressemble à une fleur de Millepertuis. La femelle est plus courte avec un pistil prononcé.
Etienne de Lorraine
Lorsque des feuilles de courgettes ont pris le gel, est-ce qu’il vaut mieux les enlever pour éviter le développement de champignons sur la feuille atteinte ? Sachant que le fait de couper laissera aussi une porte d’entrée aux maladies.. Qu’est-ce qui est préférable ?
Pour moi aussi, les tomates sous serre protégées par du voile de forçage n’ont pas résisté au deuxième coup de froid, ma première session plantée dans un bon paillage est atteinte à 90%, et mes plants en pots ont souffert. Ce soir ils passent la nuit à la maison, pas le choix !
Chaque soir, je protège mes plants fragiles sous serre de 24 m² avec des voiles non tissés. Les tomates commencent à fleurir, qq fraises en pots se colorent, les cucurb. en pots n’avancent pas trop vite. J’avais protégé une partie de mes pommes de terre ( dehors), bien avancées puisque déjà butées 1 fois avec un voile en plastique, elles ont grillé, mais celles sur lesquelles j’avais placé une plaque de polycarbonate de 16 mm réhaussée par des cagettes sont restées bien vertes. Les feuilles de kiwi sont grillées ainsi que celles de kaki, et de noyer . les dégâts sur les autres fruitiers ne se verront que plus tard !Nous avons eu jusqu’à -4° sous abri dans ma cabane de jardin. Les abeilles travaillent beaucoup dans la journée. Elles pompent leur boisson dans les godets que je place dehors dès qu’il fait 12°. et le rentre la nuit dans la veranda.
Mon kiwi a grillé de même, toutes les feuilles sont tombées… c’st foutu vous pensez ou…? mes fraises sous cloches n’ont pas l’air d’avoir trop souffert….a suivre….
Je cultive a 930m, sous voile, tunnel, serre et a l’air libre !
D’après mon pépiniériste, le kiwi s’en remettra (les miens aussi ont grillé), mais il n’y aura pas de fruits cette année.
Gilles, tes plants de patates ressemblent à mes plants de tomates ! Plantés sous serre et protégés en urgence par un voile de forçage, cela n’a pas suffit. Il a fait -7° hier matin, et la quasi totalité de mes plants ont cuit. Seuls quelques cœurs de bœuf et osu blue ont survécu. J’avais également mis un tunnel plastique sur l’un des rangs, faute de voile. Ceux là s’en sont mieux sortis.
Que ça me serve de leçon ! J’attendrai les saints de glace, même sous serre, l’an prochain.