Non travail du sol, les questions qui fâchent…

Dans un jardin en permaculture, la “mode” est au non-travail du sol.

Le travail du sol est présenté comme une agression envers les différentes formes de vie qui y évoluent.

Et on risque également de déstructurer cette terre…

C’est juste… dans une certaine mesure.

Je suis pour ma part convaincu que le travail avec des outils respectueux de la vie du sol, comme la Grelinette (ou la Campagnole pour de plus grandes surfaces) n’est pas plus nocif que cela. Car les couches du sol ne sont pas retournées, et “l’agression” est de fait très douce… Contrairement au labour (qui est, en effet, fortement néfaste pour la vie du sol).

Cela dit, cultiver sans travailler la terre est bien bénéfique pour la fertilité du sol. Notamment en y préservant au maximum les différentes formes de vie.

Mais c’est, je pense, justement là une limite de cette approche, si écologique soit-elle à la base…

C’est ce que nous allons voir ici.

Je ne doute pas que cet article soulevera bien des controverses…

Nous pouvons en débattre dans les commentaires ci-dessous. Mais sachons respecter les opinions des autres.

Mais entrons dans le vif du sujet.

Le non travail du sol requiert de bonnes conditions de mise en œuvre.

Convaincus par le discours ambiant, de nombreux jardiniers se lancent directement en couvrant le sol… sans plus s’informer que cela.

Si cela s’avère une réussite pour certains d’entre eux, pour d’autres, c’est un fiasco total.

Car voilà, 2 conditions sont essentielles à la bonne évolution d’un sol :

  • La présence d’eau dans le sol
  • Une certaine chaleur

Si l’une ou l’autre de ces conditions n’est pas remplie, la vie ne pourra pas s’y développer correctement…

Et pour peu qu’il s’agisse d’un sol tassé, il en résultera une asphyxie du sol.

C’est donc là un écueil tout à fait évitable.

Mais encore faut-il faire les choses correctement.

En clair, ne couvrez jamais un sol lorsqu’il est sec (attendez des pluies pour le faire) ou froid (n’apportez pas une couverture du sol en plein hiver ou au début du printemps).

Un sol couvert abrite une faune importante, dont de nombreux “ravageurs”

À travers ma propre expérience, mais aussi les échanges que je peux avoir au sein de la prestation d’accompagnement personnalisé ou encore certains commentaires sur le blog, il ressort que la pratique de non-travail du sol, que ce soit avec un mulch permanent ou avec les semis directs dans un couvert vivant (une technique requérant en outre un matériel approprié…) posent bien des problèmes… de ravages animaux.

En effet, dans de telles conditions, la faune y est très présente.

C’est une bonne chose me direz-vous !

Oui, dans l’absolu, plus il y a de formes de vie, plus la biodiversité sera importante, et mieux les choses s’équilibreront d’elles-mêmes…

Mais, tout au moins pendant un certain nombre d’années (les choses peuvent finir par s’équilibrer…), la couverture permanente est souvent loin d’être aussi idyllique.

Car, parmi cette faune protégée, on trouve en quantités très conséquentes des limaces, de petits rongeurs et de nombreuses larves de “ravageurs du sol” (larve de hanneton ou ver blanc, larve de tipule, larve de noctuelle ou ver gris, larve de taupins ou encore de louvette…).

Chou dévoré par des limaces
Chou dévoré par les limaces… mieux vaut peut-être éviter le paillage pour certaines cultures au printemps ?

Et ces petits animaux sont voraces… Au point de pouvoir détruire une culture en moins de temps qu’il ne faut pour constater les dégâts, comme en témoigne par exemple Lucas (Mais je pourrais vous fournir des dizaines de témoignages allant dans ce sens) :

“Bonjour Gilles,
”Potageur” depuis seulement 3 ans, j’ai été envahi de limaces l’an dernier après avoir laissé en place (et en permanence) le BRF et autre paillis de tonte et de feuilles mortes.
Impossible de faire pousser une salade, replantation intégrale de tous mes plants de courgettes après que les premiers furent tous dévorés…
Cette année, je l’ai retiré intégralement en fin d’hiver, d’une part pour laisser la terre se réchauffer et également pour éviter le problème des limaces. Je remets le paillage uniquement lorsque les plants ont bien démarré.
Résultat spectaculaire : pas une limace en vue !
Pourvu que ça dure.”

Aussi, et c’est sur ce point que j’aimerais en venir, pour protéger leurs cultures. Les “adeptes” du non-travail du sol finissent très souvent par utiliser des insecticides (bio)…

Le commentaire posté par Marc sur l’article sur le hanneton est très significatif :

“Je suis maraîcher en AB, mes cultures sont donc mon moyen de subsistance. Je n’ai pas à me plaindre des hannetons. S’il y a dégât par le taupin c’est très marginal. En revanche, comme je travaille presque exclusivement en non-travail du sol j’utilise beaucoup de paillage ( paille / engrais vert ). Ce qui m’oblige à utiliser du produit anti limace. Et cette année, j’ai eu la très grande surprise de constater une surpopulation de tipules ! Ils dévastaient 75 % de mes plantations en quelques jours… Alors dans ces deux cas, la pérennité de mon exploitation est mise en jeu. Je dois donc faire appel soit à l’orthophosphate de fer, soit à la lutte biologique avec les nématodes.”

Je comprends tout à fait la position de Marc.

Un maraîcher ne peut voir ses cultures détruites sans réagir… On le comprend.

Et j’imagine que si vous entretenez un potager familial, même si l’enjeu est moindre que pour un professionnel, c’est aussi avant tout dans le but de récolter et de pouvoir déguster de bons légumes…

La réaction est donc bien souvent la même chez un jardinier amateur… Qui va lui aussi entrer dans une lutte sans merci pour préserver ses cultures…

Mais, bien évidemment, ces anti-limaces ou autres pesticides, même s’ils sont “bio” et, pour certains, plus ou moins sélectifs, auront finalement une incidence sur la biodiversité (ne serait-ce qu’en enlevant le pain de la bouche des oiseaux)…

En gros, nous gagnons d’un côté, mais perdons de l’autre !

Soyons clairs : je ne veux en aucun cas condamner ici la pratique du non travail du sol.

Mais nous sommes tout au moins en droit de nous interroger un peu plus sur son bien-fondé en toutes circonstances…

Semis en ligne de carottes
J’effectue mes semis directs en sol travaillé…

J’ai personnellement quelques planches de cultures ainsi menées depuis quelques années – mais ces planches accueillent seulement des plants déjà bien développés et donc moins vulnérables aux attaques… j’ai par contre abandonné les semis directs ou même les cultures de salades sur ces parcelles… Plutôt que d’avoir recours à des insecticides, fussent-ils naturels. Et je paille ces parcelles “nues” quelques semaines, seulement lorsque les plants sont déjà développés.

C’est un choix.

J’ai en effet le sentiment que le jeu n’en vaut pas forcément la chandelle…

À quoi bon s’évertuer à préserver la vie d’un côté si c’est finalement pour n’avoir de l’autre côté d’autre choix que de la détruire ?

La remise en question du labour est, à mon sens, salutaire… Mais doit-on pour autant cesser totalement de “préparer” une terre pour offrir des conditions optimum de levée et de développement à nos semis ?

Ne peut-on pas tout simplement concilier travail du sol et respect de la vie de ce sol, notamment en utilisant une Grelinette ou une Campagnole ?

Qu’en pensez-vous ?

J’en suis pour ma part convaincu.

Mais je suis tout à fait disposé à remettre en question mon point de vue actuel… Pourvu que l’on me propose des solutions naturelles efficaces, autres que des insecticides, pour remédier à ces problèmes de ravageurs en sols couverts en permanence

Et n’oubliez pas que seules les observations concrètes que vous pourrez faire chez vous, avec un sol et un climat particulier, ont une réelle valeur.

En d’autres termes, la théorie est une chose, la réalité du terrain en est une autre.

Aussi, plutôt que de continuer à vous présenter ma vision des choses, je vous invite cordialement à partager vos propres expériences… dans les commentaires ci-dessous (Inutile de me répondre par email… J’en reçois trop pour y répondre, et il serait dommage que je sois le seul à en profiter).

Précisez si possible au mieux votre situation géographique, votre climat et les caractéristiques du sol de votre jardin, afin de peut-être pouvoir tirer quelques enseignements utiles à tous.

Ouvrons le débat !

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