Certaines pratiques sont fortement préconisées en jardinage écologique, et ce, à juste titre.
Pourtant, elles ne sont pas forcément appropriées à toutes les situations.
Prenons quelques exemples concrets :
Le Paillage
Le paillage est un très bon exemple.
En bio, et à fortiori dans le courant de la permaculture, on recommande de ne jamais laisser le sol à nu.
C’est là en effet une très bonne recommandation pour ce qui concerne la vie du sol…
Mais ce n’est pas toujours approprié :
- En terre lourde, le paillage empêche le réchauffement du sol… Il est donc recommandé d’attendre que le sol soit suffisamment réchauffé (mai/juin) avant de mettre en place une couverture appropriée (plus la terre est lourde, moins le paillage doit être épais).
- Le paillage constitue un gîte de choix pour les rongeurs des champs. Pourvu que l’on y ajoute le couvert, en particulier des légumes racines, et ils s’installeront sur place. À mon sens, le paillage des légumes se développant dans le sol est donc peu recommandé ; ou tout moins la mise en œuvre de cette pratique devra alors être parfaitement réfléchie notamment en fonction des conditions de culture…
- Les limaces aiment également à nicher dans un bon paillage. Il peut donc être risqué d’y planter de jeunes plants, en particulier en période pluvieuse. Écarter provisoirement le paillage peut être alors préférable).
Les Semis Directs

Si les semis directs en pleine terre sont en général une bonne chose car évitant le stress du repiquage et favorable à un développement sain et harmonieux de la culture, on peut toutefois parfois préférer le semis en pépinière.
Voyons quelques cas pour lesquels il peut être souhaitable d’envisager de semer vos légumes en pépinière :
- Les légumes particulièrement appréciés des limaces qui les dévorent avant même qu’ils n’aient eu le temps de se développer. J’ai par exemple abandonné les semis directs de salades, car j’avais trop de pertes à déplorer.
- Certains légumes longs à germer : pour certains parce que la saison est trop courte si l’on attend le mois de mai pour les semer (aubergines et poivrons notamment), pour d’autres parce qu’ils sont souvent envahis par les adventices alors qu’ils ne sont pas même sortis de terre (je pense par exemple aux betteraves).
- Les légumes dont le repiquage favorise le développement du système racinaire, cela est vrai pour les tomates et les choux par exemple.
Les Engrais Verts
Les engrais verts, pour se développer, puisent dans les réserves du sol, ce qui est problématique dans les terres légères, déjà en général peu pourvues en éléments nutritifs.
Certes, les éléments ainsi puisés seront par la suite restitués… Mais sans gain évident, car les terres légères (sableuses) retiennent peu les matières organiques. Et donc les éléments minéraux contenus dans ces dernières et nécessaires au développement des plantes.
Si l’on prend en compte l’achat des semences d’engrais verts, le bénéfice est même loin d’être évident.
La Culture sur Buttes
Pratique encensée en permaculture, la culture sur buttes comportent elle aussi quelques restrictions d’usage :
- Buttes de terre : les simples buttes de terre s’assèchent très vite. On comprendra dès lors que cette pratique n’est pas forcément recommandée, en particulier dans les régions à étés secs en terre légère (à l’inverse des terres lourdes qui se ressuieront ainsi plus facilement).
- Buttes vivantes : les buttes vivantes (type lasagne) sont des supports de culture très riches ; elles présentent néanmoins l’inconvénient, tout comme un paillage épais, d’héberger fréquemment des rongeurs ainsi que de nombreuses limaces… Aussi, je m’abstiens personnellement d’y planter des salades (en tout cas en extérieur, car sous serre, c’est génial !) en particulier si le temps est humide.

En conclusion
On le voit bien, chaque situation est particulière.
Les conseils généraux figurant sur le web ou les livres doivent donc être pris avec des pincettes ; il en va d’ailleurs de même pour Mon Potager au Naturel, même si j’essaye justement d’y présenter les choses en fonction de différents environnements…
C’est justement là l’une des raisons d’être des prestations de conseils en ligne que je propose.
Pour bénéficier de conseils adaptés à vos propres conditions de culture,
Adhérez à ma prestation d’accompagnement individuel
Bonjour a tous
Je suis en Normandie et jai une terre lourde Monpotager est paillė et jai le même problème que vous avec les rongeurs
Je pense laisser le paillage de l’automne à la fin de l’hiver et faire toute ma culture sans, afin de garder les avantages qu’il apporte et d’éviter les ravages
Quen pensé vous ?
Bonjour Supermouette,
L’un des principaux avantages du paillage, en dehors du fait de participer à l’enrichissement de la terre, réside dans la couverture du sol, et donc de sa capacité à protéger celui-ci des actions du temps (notamment de l’ensoleillement estival avec le durcissement qu’il entraine) et de limiter l’évaporation, donc de faire des économies conséquentes en terme d’arrosages (économies en temps et éventuellement en coût financier… avec un intérêt écologique évident)… C’est donc en été qu’un paillage est le plus utile.
bonjour, merci pour votre article trés pertinent…
Effectivement chaque situation et chaque lieu sont différents.
Pour ma part, convaincu de ne plus travailler et de ne plus laisser le sol nu j’utilise toutes sortes de paillis au pied de mes cultures, foin, paille, fauche de plantes sauvages etc…. problème majeur , j’offre le gite et le couvert a de nombreux campagnols….Pomme de terre,carottes,betteraves etc,tout y passe sans parler des semis direct ravagés par les galeries….Lorsque je retire le paillis presque plus de problème,alors que faire?
Protéger mon sol et ne pas recolter grand chose ou laisser mon sol nu sachant les graves inconvénients que cela entrainent?
Un conseils? une alternative?
Merci et bonne continuation .
Bonjour Krystoff,
C’est en effet un des gros inconvénients du paillage…
Personnellement, je ne paille pas les légumes racines, ou alors en apportant des couches très fines (renouvelées régulièrement par de nouveaux apports) ; et pour le reste, je paille assez tard (sol réchauffé), donc les plants sont en général suffisamment développés pour que les dégâts dûs aux campagnols restent limités.
Sinon, en cas de couverture permanente, il convient aussi de planter des plants déjà grands.
Bonne saison !
Gilles
Merci beaucoup Gilles pour votre réponse,vous me confirmez certaines pistes à suivre pour palier à mes soucis de campagnols. Vos pratiques et conseils sont pleins de bon sens….
Bonne saison à vous aussi !
Bonjour,
J’ai du foin en quantité. Je désire savoir si vous considérez le foin comme la paille…
Bonjour Isabelle,
Le foin peut tout à fait être utilisé en paillage.
Cela dit, ses propriétés ne sont pas les mêmes : le foin est plus azoté et se décompose plus vite que la paille.
Merci beaucoup pour cet article qui m’a appris beaucoup de choses. un autre conseil que je viens d’apprendre, c’est de réparer soi même les appareils de nos jardin : tondeuse… ! J’ai trouvé un site pas mal sur internet qui te permet de changer de pièces détachées de jardin quand tu veux ! c’est super comme votre site a vous ! Merci vraiment jardin bio !
bonjours a tout le monde
j’aimerai savoir avec quelle paille pourrai je paillé mon champ à défaut tous ce dont j’ai lu dans les différents commentaire excepté le compost; car je ne trouve pas ces pailles chez moi . merci
Toutes les pailles peuvent être utilisées Ibrahima : différents types de blés, orge, seigle, maïs, riz, millet, sorgho, épeautre…
Je suis très inquiet que cet article donne une mauvaise impression de ces différentes pratiques alors qu’elle devrait au contraire être encouragée dans la très grande majorité des cas. Bien sûr il y aura toujours des cas contraires! ( et quelqu’un en Lorraine nous expliquant qu’en 1948 etc etc…..)
Par exemple la culture sur butte de terre où vous parlez de déssechement , sans mentionner la ‘hugelkultur’ avec l’utilisation du bois enterré qui supprime la nécessité d’arrosage même en été
Et que vous puissiez ainsi remettre en cause les engrais verts aussi ‘vertement’!
Les sites bio sont ainsi on y lit tout et son contraire……..
Bonjour Stephan,
Libre à vous d’appliquer ces pratiques sans aucune restriction liée aux conditions de culture.
Pour ma part, j’essaye d’être un peu plus réfléchi dans mes choix techniques. Et j’invite évidemment mes lecteurs à en faire de même : il n’y a pas une technique parfaite répondant à toutes les conditions, mais au contraire une diversité de techniques adaptées ou non à des conditions particulières.
Les engrais verts par exemple ne sont pas une bonne chose en terre légère… je n’y peux rien ! Et je ne vais pas vous dire le contraire parce qu’un bio doit “aimer” les engrais verts… ça n’a pas de sens !
Cordialement,
Gilles
Merci beaucoup pour cet article qui m’a appris beaucoup de choses. Je comptais justement en faire un similaire sur mon site (https://samenssonlactudubio.wordpress.com).
Samensson
Merci pour ces pistes de réflexion intéressantes et bonne année à vous
Gary
Françoise,
Sans vouloir prendre la place de Gilles, comment savez-vous que votre terre a besoin tous les ans de fumier et de chaux, sachant qu’en plus, les 2 se contrarient ?
Que reprochez-vous à votre terre, parce que vu de loin, je n’apporterais ni l’un, ni l’autre ?
j’ai une terre sableuse que je dois composter absolument tous les ans je viens de le faire avec du fumier bovin .J’ai aussi un déséquilibre de chaux, j’en épends en été , et je cartonne quand mon sol est nu pour éviter les adventices mais il est certain que sous les cartons les limaces se plaisent . A vous lire je me demande si je ne vais pas enfouir mon compost et laisser comme jadis le gel faire son travail que de cartonner je pensais faire cette année des lasagnes pour la plantation des courgettes pour les mulots j’ai chats et chiens dans le jardin assez efficaces;
Là encore, merci pour ces petites mises au point essentielles car nous sommes encore si peu nombreux à contrer une certaine propagande qui consiste à faire l’apologie des buttes et du paillage pour tout et en toutes circonstances.
Ces techniques ont un sens, uniquement quand elles répondent à des exigences du milieu. J’ai publié un article qui va dans ce sens au sujet des buttes : http://www.lejardinvivant.fr/2014/11/15/culture-sur-butte-permaculture-christophe-gatineau/
Bonne continuation
Cg
Merci, merci, merci
En effet je n’ai ni les mêmes contraintes ni les mêmes soucis qu’un potager familial
Cette mode des buttes lasagnes à tout va pose aussi des questions d’export de matière organique et plus prosaïquement dans mon cas monter des buttes lasagnes et les entretenir sur 1Ha …
pour ma part pour certaines cultures j’ai réalisé un cultibutte (mais la butte est ensuite nivelée au rotovator en fin de culture) et j’effectue un paillage noir sur d’autres (réchauffement du sol, diminution des besoins en eau).
Les engrais verts prennent leur place dans la rotation des cultures et la mise au repos de certaines parcelles, j’amende en triennal au fumier composté (apports de fond) et recouvre une partie avec une mince couche de BRF, déja en partie composté pour éviter la faim d’azote, en automne.
J’ai un sol hydromorphe fait de limons battants profonds sur une couche de graves qui se comportent comme de l’argile en hiver. Je n’ai pas encore suffisamment de recul mais je sous-sole/draine avec une mono dent kirpy avec boulet tous les 2 à 3 ans et j’ai converti un ancien localisateur d’azote en aérateur de sol qui me permet de fracturer/décompacter sur 20 cm, sans mélanger les horizons ni enfouir de matière organique décomposée (pas assez de fonds pour se payer des dents michel ou un actisol).
Pour finir et dès que je le peux je ne laisse pas un sol nu l’hiver. Au pire avant la mise en place des cultures, je broie et je laisse se décomposer sur place, sans tenir compte des restitutions de NPK dans mon calcul de fertilisation.
quoiqu’il en soit je raisonne mon travail en fonction de mon sol et des cultures sans apposer de dogme universel pour toutes les cultures
Couvrir le sol est une bonne chose… plus il y a de vie, moins il y a de déséquilibres… car il n’y a pas à proprement parlé d’indésirables dans la nature ; il peut en revanche y avoir des populations en surnombre, à cause de déséquilibres justement…
Je pose toujours la question si après les récoltes , il est judicieux de recouvrir la terre avec des feuilles mortes, du Brf, de la paille ou des déchets végétaux … Ne risquons-nous pas d’apporter des maladies et toutes sortes d’insectes indésirables ?????
Bonjour Gilles,
Merci pour cet article. Je suis partisan à 100% du jardinage bio mais c’est vrai qu’on ne parle que très rarement des précautions à prendre lorsqu’on utilise des techniques bio.
Pour ma part, j’ai paillé trop tot mes pieds de courgettes cette année, le sol n’était pas assez réchauffé. Résultat : un début de croissance retardé.
A bientot.
Ludo
Les campagnols de mon jardin ont solutionné le fait de pailler ou pas. Ils ont mangé les racines des courgettes ainsi que la rhubarbe. Donc aucune récolte de ces plantes!!!!!!!!!!! Et 20 mètres plus loin ils se sont occupés à ronger les griffes d’asperges!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Personnellement je paille toutes mes cultures avec du compost, en fin d’hiver ( pour ne pas offrir un gite aux campagnols ) , plutôt qu’avec de la paille , le sol se réchauffe encore mieux, du fait de sa couleur sombre , courges et fraises se développent à toute vitesse avec ce type de paillage… Je suis certain que d’autres jardiniers ont d’autres trucs , comme une couverture en carton ondulée etc…
En fin d’hiver doux et en automne , je pose des pièges à campagnols , que je déplace toutes les deux prises. Ils sont relevés au moins une fois par jour , en prenant soin de laisser le trou laissé par le piège bien ouvert. Si le trou est rebouché c’est qu’il y a encore des habitants, il faut continuer à piéger la galerie.
Les campagnols sont les proies préférées des rapaces ( effraie, grand duc, et autres rapaces diurnes) et des renards
Pour leur faciliter le travail il faut nettoyer le terrain, tondre si c est de la pelouse, dégager le pieds des murs… éclaircir pour que les prédateurs puissent chasser à vue, avec de la patience on limite grandement cette population souvent indésirable dans un potager , en leur rendant la vie dure, il déménageront.
bonjour
juste une petite video pour la gestion de vos limaces :
https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=szyWyR_PSTA
Vidéo très intérressante.
Merci, Echo Logique;