Jardin en Permaculture – Les Limites

Dans l’absolu, la permaculture est une approche idéale en matière de jardinage.

Et certains formateurs ne se privent pas pour présenter la permaculture comme La méthode parfaite… omettant, volontairement ou non, d’aborder également certains inconvénients de la permaculture au jardin.

Voyons quelles sont les limites de la permaculture, à travers un principe élémentaire du jardinage en permaculture : la couverture permanente du sol.

Limites de la permaculture – 1 : le travail manuel

Certes, dans un jardin familial de petite taille, il est tout à fait possible – et souhaitable – de travailler selon les principes de la permaculture, sans travail du sol.

Mais lorsqu’il s’agit d’une plus grande surface, cela devient tout de même plus compliqué.

Et il est complètement faux de penser que de couvrir un sol en permanence aura pour conséquence de n’avoir plus rien à faire…

Feuilles mortes pour couverture du sol
Couvrir le sol… c’est du boulot !

Couvrir le sol de son jardin représente déjà en soi un travail considérable. Et surtout, cela n’exclut pas des travaux de désherbage (de nombreuses adventices réussissent à traverser la couche de paillage) qui, dès lors, ne peuvent être effectués que manuellement (contrairement à une planche de cultures “nue” sur laquelle on peut utiliser des outils adaptés)… Ce qui est très fastidieux (même s’il est en général plus facile d’arracher une herbe dans un sol paillé).

Certains ne manqueront pas de me contredire avec l’exemple de la Ferme du Bec Hellouin (on en parle ici).

Ok… Mais dans cette ferme-centre de formation, des dizaines de stagiaires offrent (et même payent pour cela) leurs bras… Ce modèle n’est évidemment pas reproductible à l’infini…

Dans les faits, peu de maraîchers réussissent à travailler (et vivre de leur travail de production légumière) sans aucune mécanisation…

Et de même, pour un jardinier amateur travaillant sur une surface un peu conséquente, avec un objectif d’autonomie en légumes, il n’est pas aussi évident que cela de travailler réellement sans aucun travail du sol. Ce qui, au passage, n’est d’ailleurs pas tout à fait juste… Quand vous récoltez vos carottes par exemple, vous “travaillez” forcément la terre…).

Limites de la permaculture – 2 : les besoins en matériaux

Reprenons là aussi l’exemple de la Ferme du Bec Hellouin.

Partant d’études chiffrées, on en conclut qu’une parcelle de 1000 m² peut assurer un revenu à un maraîcher.

Sans revenir sur la charge de travail, cette conclusion est bien hâtive.

On parle bien de permaculture, non ?

Or, qui dit permaculture, dit autonomie (en tout cas autonomie maximale) en matière d’intrants…

Si votre potager recouvre une grande partie de votre jardin, où allez-vous trouver, en quantités suffisantes, les matériaux nécessaires pour couvrir ou fertiliser naturellement la terre de votre potager ?

Vous pourrez certes disposer des déchets végétaux issus de votre potager (déchets après nettoyage, allées) ou de ses pourtours (tailles de haies ou d’arbres, tontes, feuilles mortes…).

Mais vous vous rendrez vite compte que ce ne sera pas forcément suffisant.

Et il y a alors de fortes chances que vous n’ayez pas vraiment d’autres choix que de vous en procurer à l’extérieur (boules de foin ou de paille et fumiers chez des agriculteurs, BRF chez des forestiers ou élagueurs…).

Ma question est alors : dans l’absolu, qu’est-ce qui est le plus écologique ? Consommer du carburant (et polluer…) pour aller chercher et apporter des matériaux dans son jardin ? Ou travailler (à la Grelinette ou à la Campagnole), une partie de son potager (nous y reviendrons plus bas), quitte à laisser parfois le sol à nu ?

Quoi qu’il en soit, privilégiez en tout cas la proximité pour récupérer des matériaux.

En réalité, que ce soit pour un jardin familial ou professionnel, pour être en total accord avec les principes de la permaculture (en l’occurrence, utiliser des matériaux issus de votre propre environnement), il vous faut donc une surface totale bien supérieure à celle que vous allez cultiver (c’est d’ailleurs le cas à la Ferme du Bec Hellouin).

Limites de la permaculture – 3 :  la prolifération de “ravageurs”

J’emploie ici le terme ravageur volontairement… pour vous mettre la puce à l’oreille.

Car, en réalité, pas plus que les permaculteurs “revendiqués”, je ne considère que certains animaux seraient des ravageurs (ou nuisibles). Alors que d’autres seraient des auxiliaires (utiles).

Je réfléchis plus en termes d’équilibres naturels…

Et c’est justement là que le bât blesse !

Tomates et choux paillés
Attention ! Un bon paillage est aussi synonyme de limaces et autres rongeurs…

Limaces, taupins, noctuelles (vers gris) ou campagnols raffolent d’une bonne couverture du sol.

Cette même couverture les met d’ailleurs à l’abri de leurs principaux prédateurs, à savoir les oiseaux.

Il n’est alors pas rare de voir des permaculteurs utiliser par exemple du Ferramol (pour tuer les limaces) ou autres insecticides biologiques pour éliminer d’autres intrus… Mettant rapidement à mal leurs convictions.

En appliquant ce principe de non-travail du sol sans discernement, vous vous retrouvez donc bien souvent à devoir tuer pour préserver vos cultures… Ce qui est finalement en opposition avec la philosophie de la permaculture.

Personnellement, je préfère adapter une approche plus pragmatique.

Une permaculture “pragmatique”

C’est d’ailleurs l’un des principes même de la permaculture !

Cette philosophie nous enseigne en effet qu’il nous faut observer, comprendre et nous adapter à chaque situation…

Mais beaucoup de jardiniers considèrent la permaculture comme une religion, avec des préceptes intangibles.

Et appliquent ainsi certaines pratiques sans aucun discernement… avec, trop souvent, de grosses déconvenues (je le vois presque tous les jours en coaching).

Prenons l’exemple des semis directs ou de plantations de jeunes plants de salades, particulièrement appréciés des animaux cités précédemment…

Nous l’avons vu, et peut-être en avez-vous fait l’amère expérience : les jeunes plantules sont rapidement dévorées par les limaces nichant dans un paillage.

Pour un semis de carotte je préfère travailler la terre plutôt que d'appliquer strictement certains principes de permaculture
Semis de carottes en terre travaillée…

Personnellement, même si le partage avec les animaux fait bien partie de mes principes, je ne sème pas pour qu’ils mangent tout… Mais avec quand même pour objectif de récolter ! Pas vous ?

Ainsi, plutôt que de couvrir systématiquement le sol, je préfère semer mes carottes en sol nu (qui sera en réalité rapidement protégé par des fanes de radis que je sème en parallèle). Et notamment au printemps, je plante mes salades aussi dans un sol nu. Et je les paille seulement lorsqu’elles sont bien développées).

De même, je veille à mettre des plants suffisamment développés dans une planche de culture paillée (ou butte). Sachant qu’ils seront moins appréciés que de jeunes plants bien tendres…

En conclusion

Nous avons vu ici quelques limites de la permaculture vis à vis de la couverture du sol… Mais ce ne sont pas les seuls inconvénients…

Mon objectif n’est pas ici de vous détourner de la permaculture, bien au contraire.

Mais je souhaite vous inviter à agir avec discernement.

La permaculture, pas plus qu’aucune autre approche de jardinage, n’est une science exacte.

Chaque façon de jardiner a ses avantages et ses inconvénients.

Et c’est seulement par l’expérience que l’on comprend cela, afin de prendre les bonnes décisions, au cas par cas, sans dogme établi à jamais.

Cette expérience, je la partage avec vous sur ce blog, et de façon plus “structurée” dans Mon Potager au Naturel.

 

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gui77
gui77
7 septembre 2019 16 h 24 min

je suis dans l’ensemble d’accord avec votre article, la couverture du sol est un élément fondamental pour y stimuler la vie à sa surface est à l’intérieur, trouver de la matière organique sans polluer n’est pas évident. Personnellement je ramasse des feuilles à l’automne et les mélange avec de l’herbe de tonte pour l’hiver et le printemps suivant, je réussis à avoir l’herbe de tonte par la commune. Mais ce n’est pas toujours suffisant, je mulch avec du brf récupérer chez des élagueur…mais la encore il y a bien évidemment de l’énergie et du pétrole pour broyer ces branches.

j’ai 120 mètre carré de surface. j’ai une couverture de brf d’environ 10 à 15 cm…je sais c’est beaucoup et ce n’est pas forcément nécessaire d’en mettre autant, le broyat vient en grande partie de mes troène que j’ai enlevé et broyé.

d’après de ce que j’ai observé par rapport à mon sol c’est qu’il à une tendance à l’hydromorphie, une litière de matière organique à sa surface est donc importante pour stimuler la vie du sol, mais chose tout aussi importante que la faune qui le constitue, la plante doit y être omniprésente car elle y joue un grand rôle dans le cycle de la fertilité. Sont système racinaire permet à l’eau de s’infiltrer et à l’air de circuler, de le décompacter et de le fertiliser.

Pour les carottes, il est vrai que le semis est délicat en sol couvert comme les salades ou les limaces s’en font un festin. Il ni a pas de technique miracle, pour mes salades je fais mes semis et une fois qu’elles sont suffisamment développé je les repique, j’attends un peus qu’elle soit suffisamment développé pour les pailler.

Pour moi les limaces joue un rôle important au jardin, il à été reconnu dans une étude qu’elle favorise la vie des champignons ou mycélium qui sont utile au potager, je pense qu’il ne faut pas essayer de les exterminer mais plutôt les favoriser…oui je sais que certains me diront que je suis fou… pourtant dans un potager ne recherchons nous pas un équilibre? cette équilibre passe par toute les formes de vie possible, si déséquilibre il y a, les maladie suivront.

Si les limaces sont présente, le carabe ne tardera pas à venir pour en réguler sa population, je l’ai constater personnellement ou encore les staphylins et j’en passe.

Je pense également qu’il n’est pas toujours judicieux de mettre une couverture végétale sur toute la surface du potager, les allées par exemples pourrait être enherbées par du trèfle incarnat ou du sainfoin de la vesce du raygrass ou un mélange d’herbe de prairie.
Cela favorise la biodiversité limite la progression sur nos planche de culture de certain ravageur puisqu’il peuvent y trouver refuge, et nourrit la vie du sol.

je vais teste cette technique l’année prochaine, car j’ ai vue certains maraicher le faire sur sol vivant avec des bon résultat.

Je pense qu’il faut favoriser un maximum la vie, observer, inter-agir mais apprendre à faire avec plutôt que contre…ont peut toujours trouver une solution sur sol vivant mais pour ce faire il faut déjà observer et ne pas avoir peur de se tromper.

Cosette Baeriswyl
Cosette Baeriswyl
31 décembre 2018 7 h 07 min

Merci pour ton article, c est rassurant! Cela fait 2 ans que j’ai lancer mon jardin, je n’ai évidement pas retourné ma terre mais du coup, j’ai zapper l’apport de fumier et la première année j’ai eu de belle réussite mais aussi beaucoup de légumes qui n’ont pas fonctionner, du à ma terre où il faudra que cet hivers j’ajoute du BRF car très humide et du coup les bactéries ne peuvent plus travailler correctement . Et pour cela je vais devoir récupérer des branchages chez qu’un qui s en débarrasse, car avec mes petits 300m2 de jardin, je suis limitée… et l année passé, j’ai une amie qui m’a donner de la paille, cela a bien fonctionner mais je doit la mettre tard dans la saison, car j’ai la maison de mes voisins qui me fait pas mal d’ ombre, et les salades , en 2 ans j’ai pas pu un manger une seule, alors pour cette année je change de stratégie et ça sera des gouttières récupérées fixée en hauteur rien que pour elles et j’espère enfin pouvoir me régaler!

Cédric
Cédric
10 décembre 2018 5 h 52 min

Bonjour à tous,

Je découvre votre blog, merci pour cet article ; je rejoint une bonne partie de ce qui est dit sur l’aspect technique, mais quel dommage…

Quel dommage que les jardiniers se revendiquent de tel ou tel bord, comme si nous devions nous identifier à un groupe bien petit bien défini. Et dès lors, attaquer les autres (en l’occurrence le groupe permaculture). Voir dénigrer certains.

Ne devrions-nous pas plutôt faire preuve de bienveillance entre nous, de coopération, complémentarité et donner envie à tout les non jardiniers de s’y intéresser quand ils tournent le regard vers nous ?

Que vont penser les néophytes qui liront votre article ? Leur donnez-vous envie d’en savoir plus ?

Je suis jardinier amateur avec ma compagne, et nous venons de créer un blog sur notre habitat, en incluant potager, poulailler, ruches, cuisine saine, maison, dans le sujets de nos publications.

Cette large approche, associée à une démarche écologique, trouvait une belle raisonnance dans la notion de permaculture, donc nous nous l’avons appelé https://jeune-pousse-permaculture.fr/

Nous paillons beaucoup, mais pas toujours, nous travaillons le sol de moins en moins, mais et alors ? Nous serons heureux de partager nos réussites et nos échecs, et j’espère que nous n’attireront pas de vilains commentaires sous prétexte d’avoir choisi le terme permaculture.

En tout cas nous essaierons de transmettre notre joie, de partager nos techniques, de donner envie !

Au plaisir de vous lire, et de peut-être collaborer.

Bonne journée 🙂

Cédric

Cédric
Cédric
12 décembre 2018 6 h 06 min
En réponse à  Gilles le Jardinier Bio

Bonjour Gilles,

Merci de m’avoir répondu. Je ne souhaite pas vous offenser. C’est ce que j’ai ressenti en lisant qui m’a fait écrire. Je me trompe probablement sur ce que vous vouliez dire.

Oui effectivement je parcours les différents blog intéressants, et j’entre en contact avec les personnes qui publient des articles, ont des blogs, des forums, etc.

J’y trouve plein d’information intéressante, ça me permet de rejoindre ce beau mouvement (de l’humilité envers la nature, la montée en compétences locales sur des sujets de base comme manger, etc). Et j’en profite pour me présenter à travers mon blog.

J’apprécie beaucoup votre démarche d’ouverture vers l’expérimentation, et je ferais attention à ne pas dire “certaines vérités qui ne seraient pas en accord avec la bible de la permaculture”, voir même, ne pas dire “certaines vérités”, mais juste parler de ce que nous faisons et ce que nous voyons !

Bonne journée Gilles,

Au plaisir de vous lire

Michel
Michel
9 décembre 2018 19 h 40 min

Je souriais avant même d’ouvrir ce lien de Gilles en me disant “oh là là, çà va fumer!”
Vous me direz que de la fumure en permaculture çà se tient…

Je ne peux détailler ici toutes les “adaptations” (pour les pragmatiques) ou les “déviances” (pour les puristes) que je fais par rapport à des principes “permaculturiens” que nous gagnerions à appliquer partout… avec un bon-sens à ne pas perdre.
Non, je ne surveille pas l’équilibre carbone/azote de mon compost à la calculette (d’ailleurs je n’en fais presque plus, je balance tout en surface)
.Oui j’utilise du BT (biologique mais agressif) sur mes choux de Bruxelles contre les chenilles sinon c’est la cata en moins de 10 jrs (et marre d’y passer 1H par jour presque inutile), mais je voile de suite pdt qques jrs au filet anti-insectes pour y empêcher tout accès et protéger toutes espèces…C’est pas puriste mais le rapport efficacité/protection me satisfait, et çà préserve mes nerfs un tantinet agacés par une destruction annoncée et fulgurante si je suis parti une semaine.
Oui je “béèréfise” plutôt en début d’été en paillage (bien mieux pour gêner les limaces que du paillis herbeux et pas de faim d’azote) avec ensuite un pourrissement de fin d’automne idéal et bienvenu, légèrement enfoui avec l’arrachage des légumes.
Oui je fraise en début de printemps après écartement de tout le paillis d’hiver, ma terre est bien contente (çà pousse mieux que dans mes planches surélevées que je ne ferai plus)…avec des vers de terre tjrs là. Puis je dépaille et je repaille allègrement selon les besoins (semis, binage et séchage contre les limaces et pour un réchauffement du sol si nécessaire).
Etc, etc…
Bref je rejoins pleinement Gilles dans son bilan.
J’approfondis la théorie pour apprendre et pour comprendre…et puis j’adapte çà en fonction des résultats antérieurs.
PS: Ce que faisait mon grand-père, comparé aux récents principes permaculturiens, çà serait considéré comme du grand n’importe quoi…et pourtant çà poussait merveilleusement bien! alors j’en prends pas mal dans la permaculture , mais je prends mon temps pour faire le tri.
Merci Gilles pour cette pondération bienvenue.

Pierre (Ste Faustine)
Pierre (Ste Faustine)
9 décembre 2018 16 h 12 min

Merci Gilles,
effectivement, on a eu les problèmes décrits et c’est pénible!!!
On va réorienter vers plus de fruits et moins de légumes, avec beaucoup de vivaces, des fleurs, et un max de diversité, plus pour la planète que pour la rentabilité.
ça implique de réduire les frais, forcément! et donc moins de travail manuel, on va laisser faire la nature en la guidant un peu. Un max de densité pour couvrir le sol avec du vivant.

eddy
eddy
9 décembre 2018 12 h 41 min

bonjour Gilles et Membres , comme je l’ai déjà dis dans d’autre postes , je n’ai jamais couvert mon potager comme certains le préconises avec quoi que ce soit et j’ai toujours bien réussi mes légumes ,par contre j’étale mon composte sur ma terre avant l’hiver sans la retournée et au printemps je passe avec une fraise mais sur les 10à15cm pas plus et touts les 3à5 ans en automne je met du fumier et la je retourne avec une bèche ,mais pour ce qui est de couvrir je ne couvre que autour de mes légumes avec de la paille ou du foin ou encore avec des déchets d’herbe de pelouse fraichement coupé etc…, je pratique le potager et jardin depuis plus de 45ans ,biens sûr une année n’est pas l’autre tout dépend de dame nature et de la composition terre que l’on a et de quelques connaissances , mais quand on est attentif au temps qu’il fait on s’en arrange au mieux mais sans produits chimiques ,voila en gros ma façon et je mi tien tout en essayant la permaculture qui comme je l’ai dis plus haut cette année pour les tomates à bien fonctionner , De Toutes Façon quoi que vous fassiez avec votre potager si la manière dont vous procédez fonctionne bien il faut vous en tenir s’est que votre terre est bien adaptée à votre façon de faire, ce n’est que mon avis

Claire
Claire
9 décembre 2018 9 h 57 min

Bonjour, j’ai lu avec intérêt vos échanges. Merci à ceux qui ont rappelé que la permaculture est une philosophie qui insiste sur le design et agrade le sol par des apports de matière organique locale. Ceci permet d’avoir un sol vivant et fertile en 10 ans environ. C’est une démarche longue à l’échelle de la nature. En 10 ans, le milieu est plus varié et les ravageurs sont équilibrés. Les premières années, il n’y a pas d’équilibre et les pionniers comme les limaces qui structurent le sol sont effectivement nombreuses. On accepte 20% de perte au profit des auxiliaires. Concernant la couverture du sol, vous ne trouverez nulle part qu’il faut couvrir n’importe comment toute l’année. Vous oubliez qu’en maraîchage il y a des itinéraires techniques. Pour la carotte, on fait un faux semis et on n’a pas besoin de pailler car les feuilles font rapidement de l’ombre si vous semez serrés. Sinon vous avez la solution du radis qui pousse vite et fait couvre sol. Mais vous pouvez choisir un autre itinéraire technique en fonction de ce que vous voulez. Pour les salades , il faut effectivement les planter quand elles on perdu leurs cotylédons dont raffolent les limaces. On ne paille que plus tard. Je ne vais pas vous faire les itinéraires techniques légume par légume. Mais bon , ceci pour vous dire de ne pas confondre la philosophie de la permaculture qui agrade les sols et les itinéraires techniques qui sont utilisés par tous les maraîchers pour faire pousser les légumes. Les itinéraires changeant selon la vision que l’on a du sol et de notre environnement.

Victor
Victor
9 décembre 2018 9 h 48 min

Et oui, comme la plupart des choses, ont y retrouvent toujours avantages et inconvénients. Dans son jardin on peut se permettre nombre de légumes entamés par les petits rongeurs ou les limaces : On enlève la partie abimée du panais et hop en cuisine ! Les limaces mangent mes salades, j’en plante 15x plus, et hop en cuisine ! Sur l’étal du marché, en amap ou chez les restaurateurs .. j’y crois .. plus ou moins ..
D’autant plus sur 1000m²..
Pour ce qui est du Bec Hellouin, j’ai toujours considéré que oui 1000m² pouvait être viable; à conditions d’être entouré d’un hectare de terre choisies et conduite autour de ces 1000m² … ( Batiments,écosystèmes[bois,mare] et diverses terre afin d’organiser le transfert horizontale de matière fertilisante )
On est effectivement loin d’une ferme sur 1000m²
Actuellement sur la surface de 700m² où nous vivont (donc maison + “cour” sur le terrain), nous produisons tout nos légumes( mais pas les céréales donc loin d’une autonomie végétale quand même) et avons une basse-cour de 9 à 25 têtes selon la période de l’année. On donne ou échange nos surplus de légumes/oeufs etc. On produits plus que nos besoins (Bon on est que 2 à vivre sur le lieu)
Les animaux, les haies, arbres produisent la MO pour le jardin, donc autonomie en fertilisations .. sauf que bah on importe le grain des poules et canards ainsi que le foin des lapins (Malgrès qu’il soit principalement nourri par le jardin et un peu d’orge que l’on importe aussi ;p)

Sur ces 700m² on expérimente afin d’affiner notre futur projet d’installation et il est clair que c’est pas 300m² supplémentaire qu’il nous faut pour commencer une activités pro .. Plutôt 3000m², à minima, pour 2 personnes..

Ca on le savait, c’est pour ça qu’on ne se précipite pas. On essaye de voir combien d’argent on à réellement besoin pour vivre, et comment y parvenir sans y passer 70H chacun/semaines et en respectant nos envies et attentes.

Au final on se projette sur une surface d’au moins 2he50are minimum.
Le projet étant d’élever un nombre limité de volaille et de cochongliers en sous bois dans une sorte de forêt comestible afin de limiter les intrants alimentaires (sans les supprimer, je ne veux en aucun cas devenir céréalier.. ça ne me parle pas).
On aimerait implanter une petite chèvrerie donc quelques prairies permanente et temporaire. et 1000 à 1500m² cultivé. Effectivement on est deux, on ne projette pas que du maraîchage, et on ne sera pas religieusement dans la “permaculture” (chacun y voit ce qu’il veut y voir d’où les guillemets) 100% autonome.
Sur le papier ça comment à ressembler à quelque chose. Mais pour être viable il faudra bien plus de 1000m² même si effectivement en projection il est possible de sortir une bonne part de nos revenus de cette surface elle serait incapable de fonctionner en autonomie. A exportation élevée, fertilisation adaptée !

Pour ce qui est des légumes à moins forte valorisation on se pose la question de la traction animale, sans l’avoir trop développer. On est un peu septique sur la possibilité de mettre en place ça simultanément. La charge de travail et d’investissement supplémentaire parait importante pour “l’installation”

De plus la plus grosse contrainte est de trouver le foncier adapté, pouvant répondre à nos besoins tout en nous permettant de valoriser la production.
Car produire une valeur théorique ne fait pas rentrer d’argent, faut-il pouvoir vendre cette production. Même avec une sources a la maison du fumiers bio de la paille du foin gratuit d’à coté, je ne pourrai pas payer mes impôts en courgettes. Il faudra donc vendre ces courgettes ..

Pour les limaces sous paille plus précisément, les canards coureurs indiens font un travail exceptionnel ! tout ça en plus de pondre des œufs comestibles et avec très peu de dégâts quand ils se déplacent. Cependant ils apprécient les épinards, certaines salades, les feuilles de betteraves et de bettes. Avantages ? Inconvénients ?
Chez nous les 4 canards étaient de base prévue en liberté, du coup on “parc” les légumes feuille attaqué et les poules et lapins en parcs.
Et à l’hiver, après les premières journées de gel, hop les poules rejoignent les canards.

On commence à bien réguler les limaces tout en préservant epinards et compagnie). Cependant la rotation des parcelles accessibles ou non au canards = travail supplémentaire.

Bon tout ça pour dire qu’il n’y à aucune recette magique. Il faut rester réaliste, pragmatique et construire son projet sur des hypothèse de rentabilité basse (Mauvaise année ). Il faut aller voir derrière les chiffres et adapter les solutions à nos besoins et contraintes.

Jérôme Dehondt
Jérôme Dehondt
9 décembre 2018 7 h 59 min

Bonjour Gilles,
Même si la fin de l’article est assez modéré, ce serait sympa de ne pas alimenter/propager l’idée (fausse) consistant à définir la permaculture comme un ensemble de techniques. Dont “la couverture permanente” ou encore la culture sur buttes (je connais un permaculteur au Mali qui cultive en cuvette). J’ai (presque) eu l’impression de lire du Alain Baraton (chroniqueur “jardinier” – sic – complètement dépassé de France Inter).
Ce qui définit la permaculture, c’est avant tout son éthique et sa méthode de conception. Les techniques sont ensuite choisies en fonction du ‘design’ obtenu – ces techniques pouvant fort bien intégrer de la mécanisation d’ailleurs.
Quant à la couverture permanente justement, il se trouve que c’est une des bases de l’agriculture de conservation. Certains agriculteurs bio commencent à avoir de très bons résultats sans mettre leur sol à nu (mais avec des équipements spécifiques pour semer/planter à travers le mulch permanent). Plus proche du jardinage, les praticiens du réseau Maraîchage sur sol vivant (MSV) montrent qu’il est possible d’avoir des pratiques très vertueuses sans travail du sol et une couverture quasi-permanente (sans pour autant créer des déséquilibres favorables aux adventices et autres ravageurs).
Enfin, l’argument du contre-exemple du Bec Hellouin ne devrait plus être utilisé, ce lieu ayant depuis longtemps montré ses limites dans l’application des principes éthiques de la permaculture.
Merci donc de ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain et de participer à la diffusion d’une permaculture porteuse d’une autre vision du jardinage, de l’agriculture, du monde.
Bien amicalement,
Jérôme, paysan bio

jean-marie
jean-marie
9 décembre 2018 2 h 22 min

merci de ne pas critiquer la ferme du Bec-Hellouin sans vous renseigner, ses résultats ont été controlés par Agro-ParisTech (rapport dispo sur le net) et je doute que ceux-ci n’aient pas remarqué une main d’oeuvre gratuite le cas échéant.

Blanc
Blanc
8 décembre 2018 20 h 17 min

Bonjour,

Merci pour votre article et votre blog que je suis.

Ayant travaillé au Bec Hellouin je peux vous assurer que les stagiaires payants ne participent pas aux parcelles de maraîchage pro. Ce serait bien de cesser de colporter ces absurdités. Le modèle marche très bien, comm d’autres et il y a sûrement des critiques justifiées a faire comme partout, mais celle du travail fournis par les stagiaires est fausse . Merci d’arreter avec ca.

Bien à vous

Nicolas Blanc

Jean Marc LHOMME
Jean Marc LHOMME
8 décembre 2018 18 h 32 min

L”idée de limite n’est que dans la tete.

Car à 1000 m2 de culture on peut associer 9000 m2 de bois . Cela ne represente qu’un hectare et cela donne l’autonomie sur une vie .

J’invite entre autre chacun à regarder un peu de prés la solution centenaire
https://www.youtube.com/watch?v=LtWlyUblyaw

Et bien sur chacun peut y integrer de l’aquaponie.

eddy
eddy
8 décembre 2018 17 h 42 min

bonsoir ,merci Gilles pour ses explications ,j’ai fait cette année une expérience en permaculture pour mes tomates et je ne savais plus quoi faire avec toutes ses tomates , donc très satisfait mais à confirmer en 2019 ,pour ma part au sujet des herbes qui poussent dans mon potager je pratique comme suit je ne nettoie que ce qui ne fleuris pas et les herbes qui ne fleurissent pas ainsi que les feuilles abimées je les met entre les lignes de légumes de cette façon j’ai eu moins de légumes abimés par les escargots et limaces ,pour celles qui fleurissent je les laissent en place elles attirent les insectes polinisateur don certains ce nourrissent de pucerons et autres , ce que je fait également et cela ne me prend que +- demi heure quand le soir tombe je vais récolté les limaces les escargots et je vais les déposés dans les campagnes près des bocages parce qu’il ont le droit de vivre comme tout animales , je ne comprend pas les jardiniers ou potagistes qui les tuent avec des produits qui de plus sont toxiques cela nuis aussi au oiseaux qui s’en nourrissent ,contant de vous lire ,a+

Mathilde
Mathilde
10 décembre 2018 10 h 06 min
En réponse à  eddy

Je pratique de la même manière et j’ai essayé le paillis avec des feuilles de chênes ou de fougères sensées éloigner les limaces et escargots et des feuilles hachées de verveine citronnelle : effectivement, j’en ai moins (quid des purins ?). J’enlève le paillis au moment où mes légumes ressèment et maintenant je n’en mets qu’autour de chaque plant assez haut. Pas mal de semis et plants en pots aussi . Ce qui console de la présence des limaces et escargots : leur bave est un puissant engrais, leurs déjections sont utiles aux vers de terre. Entre ça et mettre nos urines dans les trous de taupes, je m’en sors bien. Oiseaux : éviter de leur donner des graines traitées vendues en jardinerie : ils raffolent des noix abimées, et faites des vers de farine !… Jardineries : gaffe aux vers à tête triangulaires dans godets et pots, qui vont tuer vos vers de terre !

Marie-Noëlle
Marie-Noëlle
8 décembre 2018 11 h 59 min

Oui Théo a raison
Il faut vraiment lire le livre “le potager du paresseux”
Ou regarder Didier Helmstetter sur you tube: c’est mieux que de la permaculture
Et au diable les dogmes: tout peut faire farine au bon moulin des méthodes de culture!

Teo sans H ;-)
Teo sans H ;-)
9 décembre 2018 8 h 20 min
En réponse à  Gilles le Jardinier Bio

Je ne suis pas sur que tu ai eu le temps de lire le livre ou voir beaucoup de ses vidéos…
1) il ne cultive rien en terre nue, à la limite dels lignes ouvertes dans le foin de 2 a 5 cm (à peu pres, il ne donne pas de chiffre sur ce point)

2) son seul travail: dérouler (grande surface) et étaler son foin, pour ouvrir des minis sillons pour les plantes à absolument semer, il favorise les plantation aux semis en pleine terre)

de plus, comme tout jardinier modéré, il dit que ce n’est pas Une méthode / un dogme à suivre aveuglément, mais à chaqcun de l’adapter, selon le lieu et le climat, par exemple…

* son seul autre effort: accepter certaines pertes (même ponctuellement importantes) due à certains animaux: campagnol surtout; taupes un peu et sangliers (tenus plus ou moins à l’écart) -il est au moins partiellement en bordure de forêt-

Q: ‘du BT’ ?
insecticide ?

René
René
8 décembre 2018 10 h 53 min

Pas très d’accord, pour avoir, cette année, exclus tout désherbage, la production a été abondante, je reconnais que ce principe n’est pas applicable à une exploitation professionnelle car cela augmente la charge de travail mais est tout-à-fait réalisable comme cela est confirmé par Didier de la Porte dans la visite de sa ferme (https://www.youtube.com/watch?v=VrcPw6gPBOk). Les ravageurs lorsque des protections comme des filets ne sont pas possible ou efficace, et toujours dans le cadre amateur, il faut accepter la “part du ravageur”, surtout lorsque comme moi on est attaqué par une troupe de campagnols qui se régalent de betteraves ou d’endives. Le mildiou est aussi un problème mais si l’on a suffisamment de pieds de tomates on en préserve quand même et ceux qui sont atteints continuent à produire des fruits qui arrive à maturité sains. Dans ce domaine on ne peut avoir des recettes absolues car il y a beaucoup trop de variables à commencer par le milieu, et aussi le jardinier.

Jagot
Jagot
8 décembre 2018 10 h 11 min

Tout à fait d’accord. ..j’accepte la “philosophie “de la permaculture et j’essaie de prendre le meilleur de leur pratique ou qui correspond le mieux à mon terrain et cultures en oubliant leur dogmatisme….
J’ai beaucoup paillé…j’ai été envahi de rats taupiers..qui ont aussi apprécié les jeunes arbres fruitiers..Merci de nuancer les promesses de récoltes et d’absence de travail, chacun fait son travail dans un respect et un partage avec la nature, son sol le plus vivant possible.
Merci.

richard
richard
8 décembre 2018 9 h 52 min

bonjour, réflexions pertinentes ,on voit qu’il y a de l’expérience sous-jacente..J’ai vu le bec hellouin,bien sûr,c’est devenu un business..mais pour un jardinier béotien comme moi;c’est quand même beau.

Agnese
Agnese
8 décembre 2018 9 h 45 min

Merci de la modération de votre article. Je suis une débutante qui s’informe avec passion , tout en redoutant l’intégrisme. Et qui privilégie le bon sens, quand il semble avéré.

Isabelle Bacquenois
Isabelle Bacquenois
8 décembre 2018 9 h 41 min

Merci Gilles pour cette analyse qui pourrait presque s’étendre à tout! Et se résumer à ‘ modération adaptation ouverture discernement ‘
Perso j’aime beaucoup la permaculture mais j’ai aussi appris à y mettre des bémols des dièses voir des croches pour faire des sauts dans d’autres techniques et assouplir les choses… – et moi au final – 😊

Christine
Christine
7 décembre 2018 10 h 40 min

Je lis toujours vos articles avec intérêt, justement pour votre approche pragmatique ! Avez-vous entendu parler de Charles Dowding, jardinier maraîcher à petite échelle en Angleterre, qui cultive sans travailler la terre ? Lui aussi est adepte du pragmatisme. Si vous lisez l’anglais, son site web (http://charlesdowding.co.uk) vous intéressera peut-être. J’utilise ses méthodes et ça marche très bien.

Teo Nordistacat
Teo Nordistacat
8 décembre 2018 8 h 14 min
En réponse à  Christine

Sans avoir besoin de traverser le ‘chanel’ (et qui ressemble apparemment beaucoup à ce dont tu parles en GB) cherchez et regardez sur Youtube ‘le potager du paresseux’…
ou (idée de cadeau) le livre trés théorique, complet et TRES pratique du même nom ‘le potager du paresseux’ sorti il y a moins d’un an (9 mois environ)

Teo